Pasteur et ses lieutenants

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°687 Septembre 2013Par : Maxime SCHWARTZ (59) et Annick PERROTRédacteur : Jean SALENÇON (59)Editeur : Paris – Odile Jacob – 2013 – 15, rue Soufflot, 75005 Paris. Tél. : 01 44 41 64 84

Le récit d’Annick Per­rot et Maxime Schwartz couvre quelque cent vingt ans, de 1822, année de la nais­sance de Louis Pas­teur à Dole, à 1943, date de la mort de Yersin.

Livre : Pasteur et ses lieutenants par annick PERROT et Maxime SCHWARTZUn récit dont les acteurs prennent eux-mêmes par­fois la plume, à com­men­cer par le pre­mier d’entre eux, Pas­teur, que les auteurs com­parent à un chef mili­taire entou­ré de ses lieu­te­nants. La com­pa­rai­son est sédui­sante mais, prise au pied de la lettre, elle ris­que­rait de conduire à sous-esti­mer les rôles joués par Émile Duclaux, Émile Roux, Albert Cal­mette, (Alexandre) Yer­sin ou Élie Metchnikoff.

C’est bien le pro­pos du livre que de s’attacher à mettre en lumière ceux que la gloire de Pas­teur a peut-être occul­tés, en sou­li­gnant leurs contri­bu­tions déci­sives. « Apôtres de l’évangile pas­to­rien », ils ont répan­du la bonne pen­sée et les bonnes pra­tiques dans le temps et dans l’espace, et c’est un des grands mérites de Pas­teur que d’avoir su choi­sir de tels talents, com­plé­men­taires aux siens, qui lui étaient atta­chés par l’admiration indé­fec­tible qu’ils lui portaient.

Cette double com­pa­rai­son mili­taire et apos­to­lique carac­té­rise bien la dyna­mique de l’ouvrage, struc­tu­ré en 29 cha­pitres d’une dizaine de pages maxi­mum : cha­cun d’eux appelle irré­sis­ti­ble­ment la lec­ture du sui­vant : un récit et non une suc­ces­sion de biographies.

La chro­no­lo­gie annexée est très pré­cieuse, qui aide à suivre les mul­tiples déve­lop­pe­ments des thèmes de recherche et des décou­vertes et les rami­fi­ca­tions de l’entreprise. Le style est simple et alerte et l’on appré­cie la varié­té intro­duite par la parole, ou plu­tôt l’écriture, don­née par tel ou tel cha­pitre à Pas­teur, Duclaux, Roux, Cal­mette, Yer­sin qui « racontent », textes construits à par­tir des cor­res­pon­dances ou de pro­pos rap­por­tés dans des ouvrages cités dans la biblio­gra­phie qui compte une qua­ran­taine de références.

On doit signa­ler que les auteurs ont pris soin, chaque fois qu’il le fal­lait, de pré­ci­ser, d’expliquer ces pro­pos, voire de les repla­cer dans les contextes scien­ti­fiques contem­po­rain ou actuel, par des notes de bas de pages simples et bien docu­men­tées. On a ain­si le sen­ti­ment d’être au coeur de l’action, de la « guerre contre les microbes » décla­rée en 1848 avec les tra­vaux de Pas­teur sur les tar­trates et dont les auteurs nous rap­pellent qu’elle n’a pas de fin.

Dans son dis­cours, lu par son fils Jean-Bap­tiste, à l’occasion de son jubi­lé, Pas­teur s’adressait aux « jeunes gens » en ces termes : « Vivez dans la paix sereine des labo­ra­toires et des biblio­thèques. Dites-vous d’abord : Qu’ai-je fait pour mon ins­truc­tion ? Puis, à mesure que vous avan­ce­rez : Qu’ai-je fait pour mon pays ? jusqu’au moment où vous aurez peut-être cet immense bon­heur de pen­ser que vous avez contri­bué en quelque chose au pro­grès et au bien de l’humanité. Mais que les efforts soient plus ou moins favo­ri­sés par la vie, il faut, quand on approche du grand but, être en droit de se dire : J’ai fait ce que j’ai pu. »

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