L’Internet de confiance au cœur même de la stratégie de La Poste

Dossier : La confiance électroniqueMagazine N°582 Février 2003
Par Jean-Paul BAILLY (65)

Chacun en convient, la révo­lu­tion numé­rique, et la démul­ti­pli­ca­tion des canaux d’é­changes qu’elle auto­rise, aura consi­dé­ra­ble­ment faci­li­té la ren­contre de l’offre et de la demande. Elle consti­tue ain­si une for­mi­dable oppor­tu­ni­té, au sens où elle per­met de mul­ti­plier les contacts, d’ac­cé­lé­rer les flux et de créer de la valeur.

Cepen­dant, ce for­mi­dable poten­tiel ne sera plei­ne­ment uti­li­sé que si ces nou­veaux canaux ou médias offrent des garan­ties for­melles équi­va­lentes à celles qui pro­tègent aujourd’­hui les échanges tra­di­tion­nels écrits.

Retrouver les vertus du courrier

De tout temps, le cour­rier a été recon­nu comme un échange non répu­diable parce que signé, daté et authen­ti­fiable de manière certaine.

C’est ce qui fait la force d’un média dont il faut rap­pe­ler qu’il fut inven­té par Cyrus le Perse, au VIe siècle… avant notre ère.

Or, il est clair que le « mail » Inter­net clas­sique est un média qui, aujourd’­hui, n’offre pas les mêmes garanties.

Avec la trans­po­si­tion par­tielle de la direc­tive euro­péenne du 12 décembre 1999 et la loi du 13 mars 2000 la France s’est dotée d’un cadre légis­la­tif for­mel qui auto­rise enfin la recon­nais­sance juri­dique de la preuve et de la signa­ture élec­tro­niques. À tra­vers cette avan­cée légis­la­tive déci­sive s’ouvre donc un dis­po­si­tif tech­nique et juri­dique qui pré­cise les com­pé­tences et res­pon­sa­bi­li­tés des acteurs de la « cer­ti­fi­ca­tion élec­tro­nique », néces­saire à la construc­tion de la preuve élec­tro­nique, et qui per­met la nais­sance d’un nou­veau marché.

La Poste dis­pose donc désor­mais du cadre néces­saire lui per­met­tant, tout sim­ple­ment, de faire son métier ; por­ter, dans le monde des échanges élec­tro­niques, les valeurs qu’elle porte dans le monde des échanges phy­siques : la proxi­mi­té et l’ac­ces­si­bi­li­té, bien sûr, mais aus­si et sur­tout la sécu­ri­té et la confiance.

Le cas de La Poste, de ce point de vue, est pro­ba­ble­ment repré­sen­ta­tif d’une évo­lu­tion cultu­relle majeure bien plus large qui voit les tiers de confiance pro­gres­si­ve­ment faci­li­ter l’ac­cès à l’en­semble de leurs ser­vices et moder­ni­ser leurs échanges et rela­tions avec leurs clients.

Construire la chaîne de la confiance

Avec la déma­té­ria­li­sa­tion des flux d’é­changes, les entre­prises ont besoin d’un cadre de sécu­ri­té qui va bien au-delà de la seule signa­ture élec­tro­nique, et qui englobe notam­ment des ser­vices d’ho­ro­da­tage et de conser­va­tion. Aux dif­fi­cul­tés pure­ment tech­niques s’a­joute en outre un frein d’ordre sta­tu­taire : à qui puis-je faire confiance pour garan­tir, auprès de tiers, la vali­di­té de mes échanges numériques ?

L’un des prin­ci­paux enjeux du monde numé­rique est donc de créer et d’or­ga­ni­ser la chaîne et le mar­ché de la confiance, en lui per­met­tant de trou­ver son équi­libre économique.

Ain­si La Poste a d’a­bord fait ses pre­miers pas en créant avec Sagem la pre­mière auto­ri­té fran­çaise de cer­ti­fi­ca­tion des échanges élec­tro­niques, Certinomis.

Grâce à cette exper­tise tech­nique recon­nue, La Poste a pu déve­lop­per pro­gres­si­ve­ment l’en­semble des ser­vices néces­saires au monde des échanges numé­riques, et notam­ment un « Cachet élec­tro­nique de La Poste fai­sant foi ».

Elle offre ain­si aux entre­prises l’ac­cès à ses ser­vices de preuve élec­tro­nique, ain­si qu’au cachet élec­tro­nique, en pro­po­sant des inter­faces stan­dard, y com­pris en marque blanche, que La Poste a ren­dues publiques à cet effet.

Enfin, ayant construit un envi­ron­ne­ment conforme aux fon­de­ments de « l’In­ter­net de confiance », La Poste peut déli­vrer aujourd’­hui des appli­ca­tions repré­sen­tant ses ser­vices et pro­cé­dures métiers, comme la lettre recom­man­dée élec­tro­nique, trans­po­sant dans le monde numé­rique leur valeur juridique.

Cet effort de longue haleine lui per­met d’ac­tua­li­ser ain­si les valeurs tra­di­tion­nelles de confiance de La Poste, en lui per­met­tant de deve­nir rapi­de­ment l’un des futurs tiers garants de réfé­rence des échanges for­mels. Gageons ain­si que bien d’autres tiers de confiance emboî­te­ront le pas de la déma­té­ria­li­sa­tion et que les entre­prises sau­ront s’emparer des nou­velles faci­li­tés d’é­changes élec­tro­niques, cer­ti­fiés et sécu­ri­sés au plan juridique.

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