Barrage de KALETA en Guinée

L’international avant tout

Dossier : PolytechniciennesMagazine N°712 Février 2016
Par Lamis ALJOUNAIDI (02)

Mon par­cours pro­fes­sion­nel est inter­na­tio­nal avant tout. J’évolue depuis 2006 dans le finan­ce­ment de pro­jets d’infrastructures. J’ai débu­té au sein d’institutions de finan­ce­ment du développement.

“ Élargir mon focus géographique et diversifier les points de vue ”

Depuis Paris, Rabat, Washing­ton ou Jéru­sa­lem, j’ai contri­bué au finan­ce­ment d’infrastructures néces­saires pour les ser­vices de base : déchet­te­ries par enfouis­se­ment, routes rurales, trans­ports urbains, dis­tri­bu­tion d’électricité et effi­ca­ci­té énergétique.

J’ai ensuite évo­lué au sein de la Com­mis­sion de régu­la­tion de l’énergie fran­çaise, où j’ai contri­bué à la mise en place de cadres pro­pices aux inves­tis­se­ments dans le comp­tage évo­lué, les inter­con­nexions et les moyens de pro­duc­tion et d’efficacité éner­gé­tiques en zones insulaires.

Des projets dans le monde entier

Je suis reve­nue à l’international il y a moins d’un an. Chez Trac­te­bel Engi­nee­ring, un bureau d’études en ingé­nie­rie à orien­ta­tion inter­na­tio­nale, j’appuie nos clients pour finan­cer leurs pro­jets de cen­trales de pro­duc­tion hydroélectrique.

En contre­par­tie d’une spé­cia­li­sa­tion sec­to­rielle, ce nou­veau défi me per­met d’élargir mon champ géo­gra­phique et de diver­si­fier les points de vue. Je contri­bue à des pro­jets en Afrique sub­sa­ha­rienne, en Europe de l’Est et en Asie. Mes clients sont des agences gou­ver­ne­men­tales, des banques et des fonds d’investissement.

Les pro­jets sont finan­cés par les ins­ti­tu­tions de finan­ce­ment du déve­lop­pe­ment, les banques chi­noises ou les fonds d’investissement et les banques commerciales.

Heureux hasards

En pré­pa, à Tunis, je ne connais­sais pas l’existence de mon métier actuel. À défaut d’avoir une idée très claire de ce que je ferais plus tard, je me diri­geais vers la recherche et m’intéressais à l’informatique fondamentale.

Mon par­cours doit beau­coup au hasard : une ren­contre avec un X 99 qui fai­sait un mas­ter à Sciences-Po m’a ame­née à cette formation.

Une de mes pro­fes­seures de Sciences-Po m’a ensuite diri­gée vers l’AFD. Et c’est autour d’un déjeu­ner avec des cama­rades de pro­mo que j’ai été orien­tée vers le site de car­rières de la Banque mondiale.

Kalé­ta, un bar­rage réa­li­sé en Gui­née par Chi­na Water and Elec­tric Com­pa­ny et dont la construc­tion a été super­vi­sée par Trac­te­bel Engi­nee­ring France pour le compte de l’État gui­néen, maître d’ouvrage. Ce bar­rage se trouve à 7 km de Soua­pi­ti, le pro­jet sur lequel je tra­vaille actuel­le­ment. Les deux ouvrages sont for­te­ment liés.

Un métier masculin

Tra­di­tion­nel­le­ment, le métier que j’exerce est mas­cu­lin. Autour de moi, mes col­lègues plus âgés, essen­tiel­le­ment des hommes, ont par­ta­gé leur vie pro­fes­sion­nelle entre plu­sieurs pays, n’hésitant pas à démé­na­ger femme et enfants tous les deux ou trois ans au gré des mis­sions. Rares sont donc les épouses qui ont pu mener une car­rière épa­nouis­sante paral­lèle à celle de leur conjoint.

En tant que femme, et même si j’ai la chance de vivre une rela­tion de couple éga­li­taire, je ne me pro­jette pas dans un mode de vie simi­laire. Il m’est pour­tant arri­vé de ren­con­trer des familles qui ont pri­vi­lé­gié la car­rière de l’épouse sur celle de l’époux. Des cas excep­tion­nels ou limi­tés dans le temps.

Faire des concessions

Depuis la nais­sance de mon enfant il y a plus de cinq ans, je suis à la recherche de l’équilibre opti­mal entre mon épa­nouis­se­ment pro­fes­sion­nel et ma vie de famille. Nous avons fait appel aux ser­vices d’une nou­nou de toute confiance. Je me suis aus­si éloi­gnée de l’international pen­dant les cinq pre­mières années.

Comme beau­coup de parents actifs de ma géné­ra­tion, je suis tiraillée entre le désir de pas­ser plus de temps en famille et celui de consa­crer plus d’énergie à ma car­rière. Nos vies sont faites de petites conces­sions de part et d’autre.

Un conseil à une jeune fille de pré­pa ? faire ses choix sur la base de ses pré­fé­rences per­son­nelles, en s’affranchissant des a prio­ri cultu­rels sur le genre.

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