« L’intérêt intellectuel passe avant les affaires »

Dossier : X-Projets : la « Junior Entreprise » de l’XMagazine N°682 Février 2013
Par Marc AUBERTIN (X11)

Qu’y a‑t-il de com­mun entre une équipe de rug­by et une « Junior Entreprise » ?

Elles sortent de la mêlée, foncent et trans­forment vic­to­rieu­se­ment les essais.

Talon­neur émé­rite, le vice-pré­sident Marc Auber­tin, accom­pa­gné de son « numé­ro 8 » Tho­mas Tri­nelle, lui-même res­pon­sable de la Com­mu­ni­ca­tion, nous explique la tac­tique du binet X‑Projets, qui consti­tue la Junior Entre­prise de l’École.

Organiser les missions

« D’abord, il faut obte­nir une « mis­sion », le plus sou­vent auprès de petites entre­prises à leurs débuts, ou de cabi­nets de conseil. Mais nous essayons aus­si d’obtenir des mis­sions d’ingénierie auprès de grands groupes.

L’écueil serait de se conten­ter de sujets faciles et sans grande valeur ajou­tée, tels que la mise au point de sites Inter­net, tarte à la crème des juniors entreprises.

Sara Fleur SULTAN (11)Sara Fleur Sul­tan (2011), pré­si­dente d’X‑Projets, âgée de vingt et un ans, a tou­jours été pas­sion­née par le monde de l’entreprise. Après deux années de classe pré­pa­ra­toire où déjà elle s’intéresse de très près au fonc­tion­ne­ment du sys­tème bour­sier, elle fonde Zèbré­tudes dès son arri­vée à Poly­tech­nique. Il s’agit d’une socié­té qui met en rela­tion des étu­diants de Grandes Écoles avec des élèves de dif­fé­rentes pré­pas sou­hai­tant un sou­tien sco­laire. Spor­tive, elle pra­tique aus­si la boxe et le handball.

« Cette année, nous avons déjà noué une ving­taine de contacts et nous en espé­rons une cen­taine, qui pour­rait conduire à cin­quante mis­sions effectives.

« Il faut ensuite orga­ni­ser la mis­sion. L’équipe de base com­porte un réfé­rant mis­sion, un chef de pro­jet et un inter­ve­nant. Le réfé­rant mis­sion, membre béné­vole du binet X‑Projets, suit le bon dérou­le­ment du pro­jet en com­mu­ni­quant acti­ve­ment avec le chef de pro­jet. Ce rôle est d’ailleurs cru­cial lorsque de jeunes chefs de pro­jet prennent en main des missions.

Le chef de pro­jet, quant à lui, consti­tue l’interface avec le client. L’intervenant, lui, est un élève inté­res­sé par le sujet et qui sera rémunéré.

« Mais, pré­cise Marc Auber­tin, nous ne vou­lons sur­tout pas tom­ber dans le tra­vers de la recherche de rému­né­ra­tion. Notre inté­rêt est essen­tiel­le­ment intellectuel. »

Un appel au peuple

Com­ment s’effectue la recherche des intervenants ?

Pas de bénéfices
Le module élé­men­taire d’intervention, bap­ti­sé « jour-étude », cor­res­pond à envi­ron huit heures de tra­vail effec­tif. Il est fac­tu­ré 300 euros sur les­quels l’intervenant reçoit 180 euros nets. Les 120 euros res­tant couvrent les charges, ali­mentent éven­tuel­le­ment un fonds de réserve et les sub­ven­tions annuelles, une Junior Entre­prise n’ayant pas le droit de faire des béné­fices. Ces sub­ven­tions sont des sommes d’argent que la Junior Entre­prise reverse aux binets plus cultu­rels afin de par­ti­ci­per au dyna­misme de la pro­mo­tion. Une mis­sion moyenne com­prend cinq à dix « jours-étude » répar­tis sur un à deux mois.

« N’importe quel élève peut pro­po­ser sa col­la­bo­ra­tion et nous com­men­çons tou­jours par un appel au peuple, le plus sou­vent via le site Intra­net, bap­ti­sé « Fran­kiz », qui com­porte un module dédié à XPro­jets. Cha­cun peut ain­si faire connaître ses pôles d’intérêt, ses domaines de com­pé­tence et sa disponibilité.

« En pra­tique, tous les can­di­dats trouvent chaus­sure à leur pied. En effet, ils suivent les actua­li­tés des dif­fé­rentes mis­sions pro­po­sées et ne s’engagent uni­que­ment lorsque la mis­sion leur convient.

« Du côté des chefs de pro­jet, la recherche s’établit de la même manière, le poste est pro­po­sé en prio­ri­té aux élèves de la pro­mo­tion. À défaut, l’un des 20 membres du binet assure alors la fonc­tion pour pou­voir réa­li­ser la mission. »

Les juniors entreprises au sein du marché

Avec les bas prix pra­ti­qués ne peut-on taxer une junior entre­prise de concur­rence déloyale vis-à-vis d’entreprises réelles, de conseil en par­ti­cu­lier, qui doivent faire face à leurs mul­tiples charges ?

Marc Aubertin (11) Thomas Trinelle (11)
X‑Projets
Pré­si­dente : Sara Fleur Sul­tan (11)
Vice-pré­sident : Marc Auber­tin (11)
Secré­taire géné­rale : Rim Hariss (11)
Tré­so­rier : Jean-Maxime Pas­quet (11)
Res­pon­sable du Pôle Mis­sion : Bap­tiste Las­combes (11)
Res­pon­sable du Pôle RH : Dimi­tri Korn­blum (11)
Res­pon­sable de la Com­mu­ni­ca­tion : Tho­mas Tri­nelle (11)
Site Inter­net : www.xprojets.com/
Marc Auber­tin (2011), vice-pré­sident d’X‑Projets, est âgé de vingt et un ans et ori­gi­naire de Bre­tagne. Il a pré­pa­ré les concours à Sainte- Gene­viève, où il était repré­sen­tant des élèves. Il s’est éga­le­ment impli­qué dans l’organisation de camps pour la jeu­nesse. Adepte de para­chu­tisme, il joue aus­si en tant que pre­mière ligne dans l’équipe de rug­by de l’École. Tho­mas Tri­nelle (2011), res­pon­sable de la Com­mu­ni­ca­tion d’X‑Projets, est âgé de vingt ans. Il a mené ses études secon­daires à Hong Kong, pour des rai­sons fami­liales, puis au lycée Saint-Louis. Il anime le binet X‑Chine pour aider les élèves d’origine chi­noise à mieux s’adapter. C’est un pia­niste émé­rite. Il joue aus­si en troi­sième ligne dans l’équipe de rug­by de l’École. Une mon­tée en puissance
Une junior entre­prise, par défi­ni­tion, s’appuie sur des col­la­bo­ra­teurs éphé­mères. La pro­mo­tion 2007 s’y était peu inté­res­sée. Un renou­veau timide a été amor­cé avec la pro­mo 2009. La pro­mo 2010 a son­né un nou­veau départ avec 20 cama­rades actifs. La pro­mo 2011, actuel­le­ment aux com­mandes, a réuni 21 cama­rades dans son état-major, avec des res­pon­sa­bi­li­tés variées : pré­si­dence et admi­nis­tra­tion, com­mu­ni­ca­tion interne et externe, res­sources humaines, rela­tions avec les autres écoles, orga­ni­sa­tion des missions.

« Je n’ai pas connais­sance de tels conflits, répond Marc Auber­tin. Nos mis­sions sont néces­sai­re­ment de courte durée et géné­ra­le­ment sans suite. Elles font appel à des com­pé­tences très pré­cises liées à ce que nous appre­nons à l’École. Les clients, par­mi les­quels des cabi­nets de conseil eux-mêmes, voient par­fois dans le fait de nous confier une mis­sion une manière de nouer un pre­mier contact avec les étudiants.

Aus­si, en dehors de l’aspect finan­cier, les clients d’X‑Projets appré­cient sur­tout le regard neuf que peuvent appor­ter des jeunes exté­rieurs à leur entre­prise. Ils s’intéressent à la visi­bi­li­té de l’entreprise au sein de la popu­la­tion étu­diante et y voient une pos­si­bi­li­té de recru­te­ment pour de futurs stages : natu­rel­le­ment, cela faci­lite leur recherche de futurs collaborateurs. »

Obli­ga­tion de moyen, pas de résultat.

Une activité raisonnable

Ne peut-on craindre, pour les inter­ve­nants, un sur­croît de tra­vail incom­pa­tible avec la pour­suite sereine de leurs études ?

« En pra­tique, ils peuvent y consa­crer entre cinq et quinze heures par semaine, mais sou­vent beau­coup moins. Comme je l’ai dit pré­cé­dem­ment, ajoute Marc Auber­tin, nous pri­vi­lé­gions l’intérêt intel­lec­tuel. Il ne s’agit pas de gagner de l’argent. De plus, l’École ne pro­pose pas d’horaire amé­na­gé, comme c’est le cas ailleurs, afin de consa­crer du temps au binet. »

Pro­pos recueillis par
Jean-Marc Cha­ba­nas (58)

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