Les polytechniciens en géographie

Dossier : Géo-information et SociétéMagazine N°662 Février 2011Par : Christian Marbach (56)
Par Christian MARBACH (56)

Si la géo­gra­phie est bien, comme le pro­pose le Petit Larousse, la science qui a pour objet la des­crip­tion de la terre, on peut affir­mer que les poly­tech­ni­ciens s’y sont adon­nés dès la fon­da­tion de leur école. Plu­sieurs dizaines d’entre eux n’ont-ils pas par­ti­ci­pé de manière plus que signi­fi­ca­tive à l’ex­pé­di­tion d’É­gypte pour ensuite en tirer cet excellent ouvrage de géo­gra­phie qu’est la Des­crip­tion de l’É­gypte, réa­li­sant à cette occa­sion un modèle éton­nant de ce que peut être un livre de géo­gra­phie à la fois scien­ti­fique, docu­men­té et plai­sant à parcourir ?

Pour eux, décrire cette terre nou­velle a bien consis­té à faire œuvre de géo­graphe, c’est-à-dire à décrire, défi­nir, clas­ser, com­pa­rer, comp­ter, dénom­brer, mesu­rer, nom­mer tout ce qui carac­té­rise un ter­ri­toire : les dis­tances et les reliefs, les cli­mats et les roches, les villes et les monu­ments, la faune et la flore, évi­dem­ment aus­si les populations.

Tout de suite, ils ont dans ce but uti­li­sé avec enthou­siasme les outils maté­riels ou logiques dont ils dis­po­saient : ins­tru­ments scien­ti­fiques appor­tés ou rem­pla­cés et recons­ti­tués en cas de perte, équa­tions et théo­rèmes éven­tuel­le­ment néces­saires. Ils ont aus­si à cette occa­sion su mettre au point des tech­niques ou des méthodes de cal­cul nouvelles.

Il n’est donc pas éton­nant de trou­ver des noms de poly­tech­ni­ciens don­nés à des places ou des rues, ou célé­brés par des monu­ments dans toute la France. Mais aus­si, ailleurs dans le monde. Déjà Napo­léon deve­nu empe­reur en avait envoyé des dizaines dans les pays euro­péens qu’il domi­nait. Plus tard, c’est dans de nom­breuses colo­nies que des poly­tech­ni­ciens ont eu à faire oeuvre de géo­graphes, en Afrique, à Mada­gas­car, en Indo­chine, ou encore dans les contrées où les ame­naient les conflits, en Cri­mée ou au Mexique.

À notre époque, nous avons sou­vent du mal à por­ter un regard serein sur ces épi­sodes où se mêlent les appé­tits d’ex­ploi­ta­tion et les apports de civi­li­sa­tion. En par­cou­rant le récit de la vie de notre cama­rade Louis Archi­nard (1868), qui conquit le Sou­dan vers 1890, on peut y lire l’i­nex­cu­sable occu­pa­tion colo­niale d’un ter­ri­toire, ou la salu­taire ingé­rence d’un civi­li­sa­teur sup­pri­mant un sys­tème d’es­cla­vage odieux ; mais on peut en tout état de cause affir­mer que Louis Archi­nard, ses col­lègues et ses suc­ces­seurs y ont lan­cé la connais­sance géo­gra­phique de pays entiers, préa­lable à un déve­lop­pe­ment utile aux habitants.

J’ai­me­rais citer ici quelques noms de poly­tech­ni­ciens qui ont bien méri­té de la géo­gra­phie, et qui ont témoi­gné que notre col­lec­ti­vi­té a culti­vé cet inté­rêt intel­lec­tuel avec per­ma­nence. Par­mi les plus célèbres, Fran­çois Ara­go (1803) contri­bua à la mesure du méri­dien, ce qui le condui­sit en par­ti­cu­lier à affron­ter des bateaux de cor­saires et de bar­ba­resques en Médi­ter­ra­née. Ou, Guillaume Dufour (1807), de natio­na­li­té suisse, excep­tion­nelle per­son­na­li­té de bâtis­seur, pro­fes­seur, mili­taire et paci­fi­ca­teur. Nos amis suisses rendent hom­mage à notre École poly­tech­nique chaque fois qu’ils contemplent une des planches de la carte Dufour, cou­vrant toute la Suisse, réa­li­sée par lui entre 1833 et 1865.

Moins connu, mais tel­le­ment atta­chant, Auguste Bra­vais (1829), major de sa pro­mo­tion, tel­le­ment dési­reux de voya­ger qu’il refu­sa le corps des Mines pour deve­nir marin, par­ti­ci­pa à une pas­sion­nante expé­di­tion à moti­va­tion scien­ti­fique et géo­gra­phique en Lapo­nie et au Spitzberg.

Plus récem­ment, Jean-Fran­çois Cler­voy (1978) ou Phi­lippe Per­rin (1982) sont des poly­tech­ni­ciens cos­mo­nautes, dont les mis­sions ont contri­bué avec éclat à la connais­sance de la Terre et de l’Univers.

Commentaire

Ajouter un commentaire

Her­vé Kablarépondre
11 février 2011 à 10 h 59 min

Et la géo­lo­ca­li­sa­tion
Et les X dans la géo­lo­ca­li­sa­tion ? Entre Face­book, Fours­quare, voi­ci un sujet qui devient de plus en plus important…

Répondre