Les neuf fondamentaux de l’éducation

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°579 Novembre 2002Par : Yannick BONNET (52)Rédacteur : Gilbert CASTELLANET (52)

Ins­truc­tion, édu­ca­tion : deux mots qui dési­gnent des acti­vi­tés pro­fon­dé­ment dif­fé­rentes dans leurs fina­li­tés. Le but de l’instruction est de trans­mettre des savoirs et des savoir-faire, choses faciles à conce­voir et résul­tats faciles à véri­fier. Il est bien moins évident de for­mu­ler les fina­li­tés de l’éducation et de lui assi­gner des cri­tères de réussite.

Ins­truc­tion et édu­ca­tion sont inti­me­ment liées : l’instruction contri­bue à l’éducation, et réci­pro­que­ment. Ces rela­tions, banales dans tout objet d’étude, ne devraient pas inter­dire de les dis­tin­guer – en divi­sant la dif­fi­cul­té… pour les faire pro­gres­ser dans leurs domaines respectifs.

Pour­tant la confu­sion entre ces deux notions paraît constante et géné­rale. Sans remon­ter à Rous­seau, on peut en voir des causes contem­po­raines, d’abord dans la sub­sti­tu­tion de l’éducation natio­nale à l’instruction publique de jadis, ensuite dans l’influence anglo-saxonne : le mot anglais, edu­ca­tion, signi­fie ensei­gne­ment, instruction.

Le pre­mier mérite de Yan­nick Bon­net est de trai­ter de l’éducation, et de l’éducation seule­ment. Son second mérite – banal pour les scien­ti­fiques et les juristes – est de défi­nir les termes avant de les utiliser.

L’auteur constate que l’éducation est néces­sai­re­ment un condi­tion­ne­ment ; on peut ajou­ter que sa fina­li­té est néces­sai­re­ment morale. Or il y a beau­coup de morales pos­sibles, et bien des formes de condi­tion­ne­ment. Yan­nick Bon­net, père et grand-père, ex-DRH, ex-direc­teur de l’École supé­rieure de chi­mie de Lyon, ex-créa­teur d’entreprise, et désor­mais prêtre catho­lique, ne pro­pose évi­dem­ment pas les mêmes fina­li­tés que les tenants du “ il est inter­dit d’interdire ” ou que les États tota­li­taires qui éduquent les enfants pour qu’à l’occasion ils dénoncent leurs parents.

Sa défi­ni­tion de l’éducation est réa­liste et nuancée :

“ L’éducation est un condi­tion­ne­ment fort, des­ti­né à rendre l’éduqué le plus maître pos­sible de ses condi­tion­ne­ments, pour qu’il les pilote au mieux, en vue de réus­sir sa vie, d’être tout sim­ple­ment heu­reux. L’éducation vise donc à l’effacement pro­gres­sif de l’éducateur. ”

Ceci posé, il pré­sente les trois axes prin­ci­paux du pro­jet éducatif :

  • favo­ri­ser le déve­lop­pe­ment de la personne,
  • favo­ri­ser son inté­gra­tion har­mo­nieuse dans la vie sociale,
  • l’aider à trou­ver un sens à sa vie.

Trois prin­cipes fon­da­men­taux sont for­mu­lés pour cha­cun des trois axes, d’où le titre et la struc­ture de l’ouvrage.

Ce livre asso­cie avec bon­heur la sim­pli­ci­té du lan­gage et la hau­teur de vues. Les parents – pre­miers édu­ca­teurs de leurs enfants – y retrou­ve­ront leurs pré­oc­cu­pa­tions et leurs doutes quo­ti­diens. Et l’essentiel est dit, ramas­sé dans des for­mules per­cu­tantes. On est loin du pathos et de l’amphigourisme des pen­seurs paten­tés qui règnent sur les direc­tives offi­cielles et sur les médias.

Un livre qui s’adresse à tous, croyants ou non.

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