Cimenter un puits de pétrole

Les mains dans le cambouis

Dossier : PolytechniciennesMagazine N°712 Février 2016
Par Jeanne LANTZ (09)

J’ai tou­jours aimé les sciences. Après le bac, il m’a donc paru natu­rel de conti­nuer dans cette voie en fai­sant une pré­pa. J’avais tou­jours été bonne en maths, mais une baisse de niveau en pre­mier tri­mestre de ter­mi­nale et un goût pour la chi­mie m’ont fait choi­sir PCSI-PC.

“ Je n’aurais jamais imaginé pratiquer un métier où avoir les mains propres serait un luxe ”

Ma pré­pa s’est très bien pas­sée. Avec une sœur et un frère plus âgés déjà pas­sés par là, je savais à quoi m’attendre. Je savais aus­si que, quel que soit l’avis des profs, la seule chose qui comp­tait était le résul­tat des concours.

Applications concrètes

Une fois à l’X, j’ai conti­nué à choi­sir mes cours en fonc­tion de mes goûts, me concen­trant sur la chimie.

Je vou­lais pra­ti­quer un métier qui aurait des appli­ca­tions concrètes ; j’ai donc ache­vé mes études avec un mas­ter en génie chi­mique à l’Imperial Col­lege de Londres.

À la fin de mes études, à la recherche d’une expé­rience en lien avec la pro­duc­tion, j’ai déci­dé de m’orienter vers l’industrie lourde.

Terrain et recherche

C’est à X‑Forum que j’ai décou­vert le pro­gramme Tech & Field de Schlum­ber­ger où, après dix-huit mois de ter­rain, j’irais en centre de R & D. Le double aspect ter­rain et recherche m’a convain­cue de l’intérêt de ce pro­gramme qui me per­met­trait d’expérimenter deux types d’activités, solu­tion idéale pour choi­sir plus tard en connais­sance de cause.

Actuel­le­ment, je suis dans la par­tie ter­rain du pro­gramme avant de rejoindre le centre de R & D de Hous­ton en avril.

Cimenter les puits de pétrole

J’habite donc à Mid­land, au Texas, et je tra­vaille dans le dépar­te­ment de cimen­ta­tion de Schlumberger.

Mon tra­vail consiste à super­vi­ser la cimen­ta­tion de puits de pétrole, sur­tout dans un but d’étanchéité.

Mon tra­vail consiste à super­vi­ser la cimen­ta­tion de puits de pétrole prin­ci­pa­le­ment dans un but d’étanchéité. Une fois le puits foré et le tuyau ins­tal­lé, les clients nous appellent pour que nous allions cimen­ter le puits.

Nous arri­vons à l’heure dite, nous ins­tal­lons nos camions et nos lignes et, après véri­fi­ca­tion des don­nées et de nos lignes, nous pom­pons les dif­fé­rents fluides nécessaires.

Super­vi­ser l’ensemble demande du sens pra­tique plus que de la tech­nique. Voir les résul­tats de ses efforts apporte la satis­fac­tion du tra­vail bien fait.

Au milieu de nulle part

Mal­gré ses 110 000 habi­tants, Mid­land ne pré­sente aucun inté­rêt et se situe à cinq heures de route de tout endroit inté­res­sant, mais seule­ment à une demi-heure ou trois heures de route des puits de pétrole.

Avec une mère ingénieure, je ne me suis jamais posé de questions sur ma capacité à devenir ingénieure moi aussi.
Et le côté militant féministe de ma mère m’a probablement influencée sur le choix d’un métier dans un domaine encore peu féminisé (nous sommes trois femmes superviseurs sur douze et toutes les équipes sont uniquement masculines).
C’est amusant d’être la jeune ingénieure qui supervise une équipe constituée d’hommes qui ont jusqu’au double de mon âge et dont beaucoup sont d’anciens militaires.

Je suis d’astreinte pen­dant quinze jours, période pen­dant laquelle je vais entre sept et douze fois sur un puits : chaque inter­ven­tion dure entre quatre et vingt-quatre heures et démarre à toute heure du jour et de la nuit.

Je dis­pose ensuite de six jours pour me repo­ser, voir du pays et des amis.

La pratique avant la théorie

À l’X, je n’aurais jamais ima­gi­né pra­ti­quer un métier où avoir les mains propres serait un luxe. Pour­tant, je pro­fite de ce style de vie un peu par­ti­cu­lier mais qui pré­sente cer­tains avantages.

Avoir un métier aus­si proche de l’application réelle et une pre­mière approche du mana­ge­ment avant de prendre du recul en tra­vaillant sur un aspect plus théo­rique est exac­te­ment ce que je cherchais.

Poster un commentaire