LES ARMEMENTS DU PROCHAIN SIÈCLE

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°663 Mars 2011Par : Alain Crémieux (55)Rédacteur : Marcel Bénichou (51)

Couverture du livre : Les armements du prochain siècleNon ! L’éditeur ne s’est pas trom­pé. C’est bien du XXIIe siècle qu’il s’agit et non des cent pro­chaines années. Certes, les arme­ments qui seront uti­li­sés dans cin­quante ans sont déjà aujourd’hui dans les labo­ra­toires et Alain Cré­mieux, qui a bai­gné dans l’univers de la recherche pen­dant plu­sieurs années, le sait bien, mais le défi reste surprenant.

Le risque était grand d’aller au-delà de la pros­pec­tive habi­tuelle et de ver­ser dans le lyrisme et la scien­ce­fic­tion. Mais l’auteur, dont le natu­rel est plus por­té sur la froide ana­lyse, se garde aisé­ment de ces écueils. En pre­nant appui sur l’histoire de l’armement pour éclai­rer l’avenir (le rêve de tout his­to­rien), il fait res­sor­tir des constantes, des évo­lu­tions et des rythmes lents rare­ment ana­ly­sés. Ne se conten­tant pas d’étudier les pers­pec­tives du pro­grès tech­nique qui doit beau­coup à la science civile et les pres­sions qui s’exercent sous la forme du tech­no­lo­gy push, il essaie de pré­voir le mili­ta­ry pull, la demande mili­taire et ses fac­teurs géo­gra­phiques, démo­gra­phiques, éco­no­miques et sociologiques.

Il dépasse ain­si par le haut la tra­di­tion­nelle contro­verse qui reproche aux ingé­nieurs de pous­ser à une sophis­ti­ca­tion des maté­riels géné­ra­trice de sur­coûts et de retards. Cepen­dant, le livre recule à juste titre devant l’imprévisible fac­teur idéo­lo­gique. Et tant pis si un lec­teur, gour­mand d’annonces sur le choc des croyances, est déçu !

Cette sérieuse façon de faire n’est pas sans rap­pe­ler la faveur dont a béné­fi­cié il y a un demi-siècle la polé­mo­lo­gie de Gas­ton Bou­thoul, une science de plus, celle de la guerre. Aujourd’hui, Alain Cré­mieux donne l’impression de pas­ser au stade des tra­vaux pra­tiques… enfin, sans faire la guerre !

Après avoir dit quelques mots de la démarche, on se gar­de­ra, bien sûr, de dévoi­ler les pré­vi­sions. En effet, le livre baigne dans une indé­niable atmo­sphère de sus­pense tant on se demande jusqu’au bout où l’auteur va bien pou­voir arri­ver et on s’en vou­drait de la détruire. On peut tout de même dire qu’il y a un pari impli­cite dans cet ouvrage : après deux guerres mon­diales et une troi­sième, ter­ri­fiante, frô­lée pen­dant un demi-siècle, et mal­gré les pro­grès conti­nus dans les arme­ments, l’humanité sera tou­jours là à l’horizon choisi.

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