Le point de vue des élèves

Dossier : Les prépasMagazine N°703 Mars 2015
Par Pierre LASZLO

Selon Anto­nin Assoun, les pré­pas pré­sentent l’avantage énorme de dis­po­ser d’un unique pro­fes­seur par matière, là où l’université offre des cours avec des pro­fes­seurs qui tournent au cours de l’année : « Chaque pro­fes­seur suit ses élèves et leur est vrai­ment dévoué.

En échange, on demande aux élèves un tra­vail inten­sif mais, après tout, le but est de réus­sir aux concours. L’échéance des concours per­met de pour­suivre un objec­tif motivant.

« Enfin, contrai­re­ment à la fac, on demande un réel tra­vail de réflexion cultu­relle, hors du contexte scien­ti­fique, avec les heures de langues et de français-philosophie. »

REPÈRES

Trois élèves de classes préparatoires du lycée Louis-le-Grand apportent ici leur témoignage. Actuellement en première ou deuxième année de CPGE, ils ont choisi la section MP* (Mathématiques et sciences physiques).
Les matières scientifiques principales qu’ils étudient sont donc les mathématiques et les sciences physiques. Ils doivent en outre choisir une spécialisation : SI (sciences de l’ingénieur) ou Informatique.
Les étudiants des CPGE scientifiques présentent les concours des ENS (Écoles normales supérieures), des écoles d’ingénieurs et des écoles supérieures militaires.

Des différences entre établissements

Le sys­tème des classes pré­pas fait que les emplois du temps et les pro­grammes offi­ciels sont les mêmes dans chaque établissement.

« Les lycées de province ont moins l’habitude des “gros concours” »

« On dit sou­vent que “ce n’est pas la pré­pa qui per­met d’intégrer telle école, c’est le tra­vail de l’étudiant”.

« Dans la pra­tique, il y a une grande dif­fé­rence selon l’établissement. J’ai moi-même effec­tué mon année de “sup” dans un lycée de pro­vince. Ter­mi­nant major en maths j’ai pos­tu­lé pour ma “spé” à Louis-le-Grand où j’ai été accep­té en MP*. Je constate une nette dif­fé­rence entre ce qui se fait ici et ce qui se fait dans mon lycée d’origine.

QUELQUES POINTS FAIBLES

Les critiques du système des classes préparatoires sont généralement apportées par des personnes qui n’en ont jamais fait l’expérience.
Certains évoquent un système de reproduction des élites. Si jamais c’est le cas, ce n’est pas la prépa qui est en cause mais le manque d’information et de formation qui précède la classe prépa, et chacun peut trouver une prépa qui lui convienne.
Ceux qui ont « fait » une prépa en sont ravis.

« Celui-ci n’a pas l’habitude des “gros concours” et centre ses pré­pa­ra­tions sur le concours des ENSI. Les élèves ont ten­dance à limi­ter leurs efforts.

« En contre­par­tie, les élèves dont le niveau est plus faible peuvent suivre une pré­pa qui leur est plus adap­tée, sans avoir à se traî­ner dans une classe dont ils n’ont pas le niveau. Mais des élèves brillants se retrouvent dans des classes moins rele­vées, sans béné­fi­cier des avan­tages des “grands lycées parisiens”. »

Une stratification

« Deux fac­teurs expliquent cette stra­ti­fi­ca­tion des élèves. Le pre­mier est psy­cho­lo­gique. « Ceux qui ne sont pas pris dans les pré­pas les plus sélec­tives pensent géné­ra­le­ment qu’ils n’ont aucune chance et pré­fèrent se rabattre direc­te­ment sur des concours moins sélec­tifs sans essayer de s’impliquer et de tra­vailler suf­fi­sam­ment pour ten­ter leur chance.

S’ensuit une ambiance de classe moins tra­vailleuse, moins com­ba­tive face aux difficultés.

Ensuite, il y a effec­ti­ve­ment une dif­fé­rence cer­taine de niveau pour ce qui est des capa­ci­tés de concen­tra­tion et de tra­vail mais aus­si d’assimilation et de réuti­li­sa­tion du savoir dans les contextes nou­veaux. Face à cette dif­fé­rence de niveau et d’intérêt des élèves, l’enseignement des pro­fes­seurs s’adapte. »

La valeur du temps

Pour Ele­na Matias, le sen­ti­ment de perdre un temps pré­cieux est constam­ment là, même lorsqu’on parle à des amis, voire à la famille.

« On se dit “je pour­rais être en train d’avancer mon devoir”. C’est un peu triste, mais bon, d’ici quelques mois ça sera terminé.

« Mais beau­coup de cli­chés qui cir­culent sont faux.

“ On peut avoir de vrais amis malgré l’ambiance des concours ”

« Le pre­mier, qui m’a fait le plus peur, évoque la méchan­ce­té des pro­fes­seurs. Cer­tains disent que le but des pro­fes­seurs en pré­pa est d’humilier les élèves, de les trai­ter comme s’ils étaient idiots. Je ne me suis jamais trou­vée dans cette situa­tion, tout au contraire.

« On dit aus­si qu’en pré­pa on ne peut avoir de vrais amis parce que c’est un concours et que tes cama­rades se réjouissent de tes mau­vaises notes. Ça ne m’est pas arri­vé non plus. J’ai connu des gens très inté­res­sants, qui ont des goûts proches des miens, très sym­pa­thiques et avec qui je m’entends très bien.

« Je crois que ces deux idées fausses étaient mes plus grandes peurs avant de venir en pré­pa, sur­tout en tant qu’étrangère (Cata­lane, de Bar­ce­lone). Je ne connais­sais per­sonne à Paris et je ne connais­sais pas très bien le fonc­tion­ne­ment des classes préparatoires.

« En revanche, ce qu’on dit sur deux années (voire trois) où tu tra­vailles comme jamais dans ta vie, avec un temps très limi­té pour faire du sport ou de la musique, est tota­le­ment vrai, mais je trouve que ça per­met d’acquérir une méthode de tra­vail qui me sera très utile dans le futur. »

Changer de filière

Joseph de Vil­ma­rest, lui, a sui­vi un autre parcours.

« N’ayant pas été accep­té dans une pres­ti­gieuse pré­pa en MPSI l’année der­nière, je me suis retrou­vé en PCSI ici. J’avais en effet fait le choix de pla­cer Louis-le-Grand en PCSI devant d’autres MPSI.

« Ma pas­sion pour les maths et l’informatique excé­dant tou­jours celle pour la phy­sique et la chi­mie et leur influence sur mes résul­tats étant visible, j’ai convain­cu le pro­vi­seur de me chan­ger de filière, et je suis pas­sé en MP*1. J’en suis très satis­fait, bien que le niveau en maths soit net­te­ment plus relevé. »

LES PRÉPAS SCIENTIFIQUES

Ces classes préparatoires s’adressent aux bacheliers S souhaitant intégrer une école d’ingénieurs.
  • La prépa MPSI : mathématiques, physique et sciences de l’ingénieur
    La prépa MPSI est, avec PCSI, la voie qui accueille le plus d’élèves. Elle s’adresse aux lycéens qui aiment les mathématiques, la physique et sont à l’aise avec l’abstraction. À privilégier aussi pour ceux qui sont intéressés par l’informatique. Deux filières en deuxième année : MP ou PSI.
  • La prépa PCSI : physique, chimie et sciences de l’ingénieur
    Accordant une large place à l’expérimentation, la prépa PCSI offre un cocktail de matières scientifiques plus équilibré qu’en MPSI. C’est aussi la voie à choisir pour les élèves attirés par la chimie. Elle donne accès à deux filières en deuxième année : PC ou PSI.
  • La prépa PTSI : physique, technologie et sciences de l’ingénieur La prépa PTSI constitue une formation de haut niveau en sciences industrielles. Dans toutes les matières, les notions étudiées sont rattachées au concret dans la mesure du possible.
  • La prépa PSI : physique et sciences de l’ingénieur Accessible à partir des voies MPSI, PCSI ou PTSI, la prépa PSI propose une approche transversale des mathématiques, de la physique et des sciences industrielles au service de l’étude d’objets technologiques complexes.
SOURCE : ONISEP

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