Le mystère français

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°688 Octobre 2013Par : Hervé Le Bras (63) et Emmanuel ToddRédacteur : Jean-Claude PRAGER (64), président d’X-Économie-Démographie

Livre : LE MYSTÈRE FRANÇAIS par Hervé Le Bras (63) et Emmanuel Todd« La France ne va pas si mal dans ses pro­fon­deurs. » C’est là une conclu­sion majeure de ce superbe livre abon­dam­ment docu­men­té en chiffres et en cartes. Mer­ci à notre cama­rade Her­vé Le Bras (63) de son mes­sage en cette période où hors du décli­nisme, point de salut intellectuel.

La France n’est pas ce mori­bond décrit trop sou­vent avec une délec­ta­tion per­verse, elle a bien résis­té à l’accroissement des inéga­li­tés ren­con­tré dans les autres pays. Mais la mon­tée des extrêmes, la droi­ti­sa­tion de la vie poli­tique, certes com­mune à l’ensemble des pays déve­lop­pés, phé­no­mène « navrant mais pas ter­ri­fiant », montrent bien l’anxiété des Fran­çais devant des chan­ge­ments trop rapides et mal compris.

« Le pays souffre d’un dés­équi­libre entre son cœur libé­ral et éga­li­taire, qui fit la Révo­lu­tion » et « sa péri­phé­rie, autre­fois fidèle à l’idée de hié­rar­chie, et sou­vent de tra­di­tion catho­lique, désor­mais dominante ».

Une accé­lé­ra­tion mal gérée du chan­ge­ment éco­no­mique et social, au lieu de ren­for­cer les ten­dances libé­rales de l’ouverture, a accen­tué le retour de la main « puis­sante du passé ».

Toc­que­ville aurait conclu de la même manière. La France doit cher­cher ses res­sorts d’adaptation en elle-même, en s’appuyant sur « une pous­sée édu­ca­tive maxi­male », plu­tôt que par une imi­ta­tion mal­adroite d’autres modèles étrangers.

Et au contraire même, « son cœur indi­vi­dua­liste, anar­chiste et rebelle » peut être une force très grande dans l’économie entre­pre­neu­riale de la connais­sance, où les méca­nismes de l’innovation sont plus proches d’un mou­ve­ment brow­nien que des sché­mas orga­ni­sés et colbertistes.

Pour tous nos cama­rades, du public ou du pri­vé, pour nos diri­geants, ce livre est une bien­ve­nue leçon d’histoire et de réa­li­tés sociales.

Poster un commentaire