Le Mariage de Figaro

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°557 Septembre 2000Par : une mise en scène de Michel BouttierRédacteur : Philippe OBLIN (46)

L’Espace-Marais, situé dans le quar­tier pari­sien du Marais comme son nom l’indique, n’est pas à pro­pre­ment par­ler un théâtre, mais plu­tôt un pla­teau enca­dré de murs et pla­fond peints de noir mat, équi­pé d’un long pra­ti­cable, d’un jeu com­plet de herses et des­ti­né à la for­ma­tion des comé­diens. D’un côté de cette manière de scène, on a cepen­dant éta­bli des bancs per­met­tant d’accueillir, après les heures de cours, une soixan­taine de spec­ta­teurs plus avides d’originalité que de confort.

L’originalité rési­dant dans l’extrême proxi­mi­té des comé­diens et non dans les pro­grammes : l’Espace-Marais se voue sur­tout à des auteurs sans sur­prise et le gros de la clien­tèle est fait de lycéens dési­reux de voir jouer des pièces figu­rant au pro­gramme du bac, ce dans des condi­tions d’accès sim­pli­fié, peu coû­teuses et somme toute amusantes.

Il est en effet plai­sant, et d’ailleurs ins­truc­tif, de regar­der les acteurs comme si l’on était soi-même un élève-comé­dien obser­vant le jeu d’un cama­rade en atten­dant son propre tour, dans l’intimité d’une classe de conservatoire.

De sorte que j’ai aimé la leçon de comé­die don­née par l’équipe de Michel Bout­tier. Pour leur part en effet, les comé­diens ni leur met­teur en scène ne fron­daient le texte de Beau­mar­chais et nous don­naient au contraire un Mariage de Figa­ro fort sage et bien agréable à écouter.

Ce qui n’est pas si facile tant la pièce, si l’on veut bien y réflé­chir, est plu­tôt mal­adroi­te­ment bâtie, avec la recon­nais­sance de Mar­cel­line comme mère de Figa­ro – tout à fait le genre mélo, “ ciel, la croix de ma mère ! ” façon Pixe­ré­court – et sur­tout pour finir le noc­turne au jar­din et son échange de cos­tumes entre la com­tesse Alma­vi­va et Suzanne, entraî­nant des confu­sions d’une grande invraisemblance.

Il aura fal­lu vrai­ment tout le talent de dia­lo­guiste quelque peu contes­ta­taire de Beau­mar­chais pour faire accé­der au rang de chef‑d’oeuvre, rele­vant du patri­moine de l’humanité – Mozart s’en ins­pi­ra – une intrigue aus­si boi­teuse. Dia­lo­guiste certes mais aus­si, et même sur­tout, créa­teur de per­son­nages inoubliables.

Je pense, outre à Figa­ro bien enten­du, déjà fami­lier aux fer­vents du Bar­bier de Séville, au jeune Ché­ru­bin, tour à tour pué­ril, éna­mou­ré, bou­deur, espiègle, mer­veilleu­se­ment inter­pré­té au Marais par une fille mutine, pleine de finesse, et aus­si de métier : l’instant d’avant, ou d’après, chan­geant de rôle, elle savait aus­si bien emplir la scène des criaille­ries de la tru­cu­lente Marcelline.

Ce n’est pas don­né à tout le monde.

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