Le logement au péril du territoire

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°528 Octobre 1997Par : Jean-Paul LACAZE (49)

La poli­tique publique du loge­ment pour­rait-elle mieux répondre à l’objectif de ren­for­cer l’unité et l’identité de nos ter­ri­toires locaux et régio­naux ? La réponse pro­po­sée passe par une longue enquête sur le fonc­tion­ne­ment des mar­chés fon­ciers et immobiliers.

Le carac­tère aty­pique de ces deux types de biens ne per­met pas de se conten­ter des théo­ries éco­no­miques usuelles sur la for­ma­tion des prix, et il faut recou­rir à des notions com­plé­men­taires emprun­tées à la géo­gra­phie sociale. À court terme, les images sociales des quar­tiers et des immeubles sont très stables. Leur évo­lu­tion, tou­jours lente et pro­gres­sive, résulte soit de mou­ve­ments dif­fus d’embourgeoisement ou de pau­pé­ri­sa­tion, soit de l’action déli­bé­rée des muni­ci­pa­li­tés pour accom­pa­gner ou frei­ner de telles ten­dances spontanées.

L’étude du rôle des acteurs pro­fes­sion­nels et pri­vés met en évi­dence d’autres spé­ci­fi­ci­tés comme le com­por­te­ment patri­mo­nial des ménages et des entre­prises. De nom­breuses régu­la­tions limitent les marges de manœuvre de ces acteurs, et la dis­pa­ri­tion des pénu­ries aiguës ins­talle désor­mais les mar­chés des loge­ments d’occasion comme les régu­la­teurs cen­traux des dis­po­si­tifs de for­ma­tion des prix fon­ciers et immobiliers.

Ce constat explique pour­quoi l’accent exces­sif mis sur la construc­tion neuve en rai­son de son impact sur l’emploi immé­diat a for­te­ment contri­bué à la déstruc­tu­ra­tion des ter­ri­toires urbains et conduit à de regret­tables effets pervers.

La forte iner­tie du sys­tème des loge­ments trans­forme en effet les mau­vaises solu­tions aux pro­blèmes du jour en nou­veaux pro­blèmes pour demain.

Une décen­tra­li­sa­tion pro­gres­sive des régimes d’aides publiques pour­rait contri­buer à tem­pé­rer les incon­vé­nients de la situa­tion actuelle si elle per­met de mieux répondre à l’objectif de ren­for­cer l’appropriation des ter­ri­toires locaux par leurs habitants.

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