Le Bassin d’essais des carènes fête ses cent ans

Dossier : ExpressionsMagazine N°627 Septembre 2007
Par Toan NHAM (05)
Par Jean-Marc QUENEZ (86)

Sur le stand « navires non conven­tion­nels » : Laurent GIOVACHINI, le pré­fet J. LAISNE, P. BASCARY et J.-B. PÈNE se font pré­sen­ter les études des années quatre-vingt sur ce type de navires par B. LAMBERTI et P. PERDON.


Sur le stand « navires non conven­tion­nels » : Laurent GIOVACHINI, le pré­fet J. LAISNE, P. BASCARY et J.-B. PÈNE se font pré­sen­ter les études des années quatre-vingt sur ce type de navires par B. LAMBERTI et P. PERDON.

La céré­mo­nie offi­cielle, qui s’est dérou­lée sous le patro­nage du délé­gué géné­ral pour l’ar­me­ment, a été pré­si­dée par l’in­gé­nieur géné­ral de l’ar­me­ment Laurent Gio­va­chi­ni, adjoint du délé­gué, en pré­sence de plu­sieurs hautes auto­ri­tés mili­taires de la Marine natio­nale et de la délé­ga­tion géné­rale pour l’ar­me­ment, ain­si que des repré­sen­tants de la Région dont le sous-pré­fet des Ande­lys et le maire de Val-de-Reuil. Les bas­sins de carènes étran­gers étaient for­te­ment repré­sen­tés : Qine­tiq (l’un des bas­sins bri­tan­niques), le Kry­lov Ins­ti­tute (Rus­sie), l’In­sean (Bas­sin ita­lien), Marin (Bas­sin des Pays-Bas), le Bas­sin autri­chien, le David Tay­lor Research Cen­ter (USA), Marin­tek (Nor­vège), le CTO (Pologne), le tun­nel hydrau­lique de Zagreb (Croa­tie). Notons éga­le­ment la pré­sence de l’A­gence euro­péenne de Défense et de la Marine italienne. 

La journée s’est déroulée en trois parties.

Le matin était consacré à plusieurs conférences :

J.-M. Que­nez, sous-direc­teur tech­nique du Bas­sin, a rap­pe­lé l’his­toire du Bas­sin d’es­sais des carènes ; P. Per­don, expert en manœu­vra­bi­li­té de sous-marins, a évo­qué l’his­toire de cent ans d’es­sais de sous-marins au Bas­sin (c’est à peine moins que l’âge de l’arme sous-marine en France) ; S. Cor­dier, archi­tecte du porte-avions n° 2, a rap­pe­lé suc­cinc­te­ment les ser­vices ren­dus par le Bas­sin pour les grands pro­grammes navals d’au­jourd’­hui et de demain (le sous-marin d’at­taque Bar­ra­cu­da, la fré­gate fran­co-ita­lienne Fremm, le porte-avions fran­co- bri­tan­nique PA2) ; le capi­taine de vais­seau B. Paul­mier a résu­mé les besoins de la Marine natio­nale en ce début de XXIe siècle ; enfin ; B. Ales­san­dri­ni, pro­fes­seur à l’É­cole cen­trale de Nantes, a résu­mé l’é­tat des recherches en hydro­dy­na­mique numé­rique aujourd’hui. 

Le bassin de traction de Val-de-Reuil de 545 m de long construit en l’an 2000 a été officiellement inauguré, à l’occasion du centenaire :

Marc FERRIÉ, direc­teur du Bas­sin et Oli­vier BARRILLON, petit-fils d’Émile BARRILLON, découvrent la plaque du nou­veau nom du bas­sin de Val-de-Reuil.

Cette ins­tal­la­tion por­te­ra doré­na­vant le nom d’É­mile Bar­rillon, ancien direc­teur du Bas­sin d’es­sais des carènes de 1920 à 1940. Marc Fer­rié, direc­teur du Bas­sin, a pro­non­cé le dis­cours d’i­nau­gu­ra­tion. Sui­vant la tra­di­tion occi­den­tale des bas­sins de carènes, il s’est fait ensuite remettre une fiole « d’eau de Froude » (pro­ve­nant du pre­mier bas­sin de trac­tion au monde fon­dé en 1871 par William Froude à Tor­quay) remise par Mar­tin Renil­son, direc­teur de la branche marine de Qine­tiq (UK), et une autre d’eau du der­nier bas­sin de trac­tion pari­sien encore opé­ra­tion­nel aujourd’­hui (qui sera pro­chai­ne­ment fer­mé) par Jean-Claude Dern, ancien direc­teur du « Bas­sin » à Paris de 1988 à 1996. Marc Fer­rié a ain­si bap­ti­sé le bas­sin roli­va­lois en ver­sant les deux fioles, imi­tant ain­si le geste du fils de William Froude lors­qu’il empor­ta en 1887 de l’eau de Tor­quay pour la ver­ser dans le nou­veau bas­sin de l’A­mi­rau­té bri­tan­nique à Has­lar (aujourd’­hui le bas­sin de Qine­tiq) pour signi­fier la filia­tion entre les deux bas­sins et repris depuis lors par tous les direc­teurs de bas­sin de trac­tion en signe de conti­nui­té du tra­vail com­men­cé à Torquay. 

Les invi­tés ont pu décou­vrir les acti­vi­tés du centre sur les stands expli­quant l’his­toire des essais fran­çais de navires tant mili­taires que civils, voi­liers ou à hélice, sur des thèmes aus­si variés que la cavi­ta­tion de pro­pul­seurs, la sta­bi­li­té dyna­mique du navire sur la houle, la mesure de contraintes dans les struc­tures navales sou­mises à la houle. Un stand pré­sen­tait en par­ti­cu­lier les résul­tats obte­nus grâce aux simu­la­tions numériques. 

Le cœur de la journée a enfin consisté en trois discours officiels du centenaire :

l’un pro­non­cé par Laurent Gio­va­chi­ni, le deuxième par Marc Fer­rié, et le troi­sième par le maire de Val-de-Reuil Marc-Antoine Jamet. 

La solen­ni­té de la jour­née, consa­crée à une épo­pée si inti­me­ment mêlée à l’his­toire fran­çaise du XXe siècle, n’a pas pri­vé les invi­tés de moments d’in­tense émo­tion, tel l’ins­tant où le petit-fils de Bar­rillon a décou­vert la plaque com­mé­mo­ra­tive qui asso­cie désor­mais au bas­sin de Val-de-Reuil le nom de son grand-père – et ceci en pré­sence de sa femme et de sa fille, témoi­gnant la recon­nais­sance du centre pour le tra­vail de ses anciens et de la conti­nui­té entre les générations. 


Laurent GIOVACHINI pro­nonce le dis­cours offi­ciel du cen­te­naire. On dis­tingue sur la table les cadeaux des ins­ti­tuts étran­gers dont l’appareil de mesure de Vienne au milieu.

Quelques moments drôles ont éga­le­ment égayé cette jour­née : ain­si se sou­vien­dra-t-on de Gerald Stras­ser, direc­teur du Bas­sin autri­chien (bas­sin créé sous l’Em­pire aus­tro-hon­grois et tou­jours en acti­vi­té), remet­tant à son homo­logue fran­çais un appa­reil de mesure du couple et de la pous­sée d’un pro­pul­seur, com­man­dé en 1938 ! 

La livrai­son avait alors été empê­chée par l’An­schluss et l’ins­tru­ment avait été réex­pé­dié par la douane alle­mande vers Vienne qui, devant le fait accom­pli, déci­da d’u­ti­li­ser cet appa­reil à ses propres fins pen­dant une ving­taine d’an­nées avant de le conser­ver dans son musée. 

À l’oc­ca­sion du cen­te­naire, cette livrai­son fut enfin hono­rée dans la bonne humeur géné­rale : mal­gré le retard de soixante-dix ans, le Bas­sin s’est enga­gé à vali­der le fonc­tion­ne­ment de cet appa­reil et à ren­voyer un pro­cès-ver­bal d’ac­cep­ta­tion en bonne et due forme !

Poster un commentaire