la Kommiss

Dossier : La Tradition et les Traditions de l'X des origines à nos joursMagazine N°331 Juin 1978
N° 331 Juin 1978
La Kom­miss, à laquelle il a été fait maintes fois allu­sion dans le cha­pitre consa­cré au bahu­tage, est une ins­ti­tu­tion fort ancienne, puis­qu’elle parais­sait bien éta­blie lors de la paru­tion des ouvrages d’Al­bert Lévy, de Pinet et de Cla­ris, en 1894 et 1895. Celle « com­mis­sion » était ini­tia­le­ment une délé­ga­tion tem­po­raire d’an­ciens qui « jugeaient » les conscrits à leur arri­vée et « cotait » bur­les­que­ment cer­tains d’entre eux d’a­près leurs par­ti­cu­la­ri­tés phy­siques ou morales ; après quoi elle se dissolvait.

La Kom­miss, à laquelle il a été fait maintes fois allu­sion dans le cha­pitre consa­cré au bahu­tage, est une ins­ti­tu­tion fort ancienne, puis­qu’elle parais­sait bien éta­blie lors de la paru­tion des ouvrages d’Al­bert Lévy, de Pinet et de Cla­ris, en 1894 et 1895.

Celle « com­mis­sion » était ini­tia­le­ment une délé­ga­tion tem­po­raire d’an­ciens qui « jugeaient » les conscrits à leur arri­vée et « cotait » bur­les­que­ment cer­tains d’entre eux d’a­près leurs par­ti­cu­la­ri­tés phy­siques ou morales ; après quoi elle se dissolvait.

Mais, très vite, par une exten­sion pro­gres­sive de ses pou­voirs, elle se consti­tua en orga­ni­sa­tion per­ma­nente demi-secrète (du moins quant à cer­tains de ses actes) et s’employa à faire échec à l’au­to­ri­té en main­te­nant contre elle « le désordre et les traditions ».

La Kom­miss était élue après la Kès et com­por­tait douze « pitaines » assis­tés d’un grand bour­ral et de plu­sieurs bour­reaux. Le chef de cette équipe, coif­fé d’un vieux képi de géné­ral, était le géné K. Les pitaines étaient dèsi­gnés par leurs spé­cia­li­tés : pitaine pein­ture, pitaine court-jus, pitaine chi­mie, pitaine char­pente, pitaine magnan, pitaine gueule, et sur­tout pitaine clefs.

Ce der­nier était la che­ville ouvrière de la Kom­miss. En un temps où toutes les portes de l’É­cole ne s’ou­vraient pas avec un seul et même passe, comme c’est aujourd’­hui le cas à Palai­seau, le pitaine- clefs don­nait accès à tous les locaux indis­pen­sables à la vie clan­des­tine de la pro­mo­tion : cryptes, labos, soutes à vivres, caves à vin et binets de toute espèce.

Cer­tains pitaines-clefs étaient d’une habi­le­té pro­di­gieuse. On raconte que la com­bi­nai­son et la clef de l’un des coffres de l’ad­mi­nis­tra­tion ayant été per­dues, le Géné­ral fit appel au pitaine-clef qui pra­ti­qua l’ou­ver­ture en quelques minutes, après avoir deman­dé qu’on le lais­sât seul devant le coffre.

C’est à son adresse de cro­che­teur émé­rite ser­vie par une rare audace que Ron­de­nay, pitaine-clef de la pro­mo­tion 33, dut de pou­voir s’é­va­der du camp de Lübeck, puis, plus tard, d’un camp de triage anglais1.

Après la fin du bahu­tage, l’une des acti­vi­tés essen­tielles de la Kom­miss était la pré­pa­ra­tion d’a­gapes men­suelles, les « magnans de Kom­miss ». Ceux-ci se dérou­laient géné­ra­le­ment dans l’une des caves de l’É­cole. Il était fait hon­neur au pâté de lapin des réserves, à la gigan­tesque ome­lette pré­pa­rée par le pitaine magnan. Le tout copieu­se­ment arro­sé de vin rouge et accom­pa­gné de chan­sons de l’É­cole, enton­nées avec vigueur sous la direc­tion du « pitaine gueule ».

Tout le folk­lore poly­tech­ni­cien reten­tit ain­si sous les voûtes du Joffre ou du Monge au cours de ces magnans noc­turnes. Le cha­meau, la boi­teuse, et bien sûr, l’Ar­tilleur de Metz ; plus tard La bête du Gévau­dan, C’est nous les basoff Car­va, et le fameux Pauvre Petit Nange. Rien que du clas­sique, comme on voit.

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1. Ron­de­nay fut, après l’ar­res­ta­tion de Boul­loche (34), délé­gué mili­taire pour la région pari­sienne, puis pour la zone Nord. Arrê­té de nou­veau par les Alle­mands, tor­tu­ré sans résul­tat. il fut fina­le­ment abat­tu enfo­rêt de Mont­mo­ren­cy (15.8.1944)

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