La Genèse

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°592 Février 2004Par : Jacques GRUOT (37)Rédacteur : Robert BONNAL (36)

Voi­ci une approche ori­gi­nale de l’étude du livre de la Genèse.

Ce n’est pas celle d’un lec­teur en quête de sens qui inter­roge le texte en espé­rant qu’il en déga­ge­ra des indi­ca­tions éclai­rantes pour lui sur Dieu, sur le monde, sur l’humanité.

Ce n’est pas non plus celle d’un éru­dit, d’un exé­gète, qui, par une démarche his­to­ri­co-cri­tique (ou autre), scrute les ori­gines du texte, ou plu­tôt des textes, leur his­toire, leurs contextes, pour en esti­mer la pertinence.

Non, Gruot prend le texte comme il est, pour argent comp­tant, a‑t-on envie de dire. Il en fait effec­ti­ve­ment une lec­ture lit­té­rale, sans le dis­cu­ter, comme d’ailleurs l’a fait l’Église pen­dant des siècles et comme il l’a reçu lui-même dans son caté­chisme des années vingt. Sans se deman­der si l’on est dans le mythe ou dans l’histoire, sans s’interroger sur les dif­fé­rentes tra­duc­tions pos­sibles. Il uti­lise comme seul maté­riau de son étude la ver­sion fran­çaise de la Bible de Jéru­sa­lem et les notes qu’elle contient.

Quelle est donc sa pro­blé­ma­tique ? Comme il l’indique dans son intro­duc­tion, il part de quelques a prio­ri :

  • Selon l’Église, la Genèse, comme tout livre de la Bible, est un texte révé­lé – ou ins­pi­ré – par Dieu et donc plei­ne­ment véridique.
  • Or il four­mille de redites, d’invraisemblances et de contradictions.
  • De plus, c’est un livre dif­fi­cile, rebu­tant, dont on arrête vite la lec­ture sans cher­cher à l’analyser.

Sa démarche a pour objet prin­ci­pal de pro­cé­der à une ana­lyse cri­tique du texte. Lec­teur sans par­ti pris et vigi­lant, il se com­porte comme un natu­ra­liste qui, en pré­sence d’un objet incon­nu, se livre à un exa­men détaillé et en fait une des­crip­tion aus­si pré­cise que pos­sible. Il cherche à débrous­sailler le texte pris au pre­mier degré, dans ses répé­ti­tions, dans ses confu­sions, dans ses contra­dic­tions. Il fait la syn­thèse, dans des tableaux clairs et inté­res­sants, d’un grand nombre de sujets tels que les alliances, les pro­messes, les généa­lo­gies, les patriarches, les data­tions, les âges, les peu­plades, les lieux, etc.

Et mani­fes­te­ment il prend plai­sir à poin­ter tout ce qui cloche, tout ce qui est inco­hé­rent. Il le fait avec son humour caus­tique et pince-sans-rire, bien connu de ses cama­rades, ce qui donne quelques moments de lec­ture réjouis­sants. Pour ma part, ce flo­ri­lège de per­plexi­tés éta­bli par Gruot ne m’a nul­le­ment sur­pris ni per­tur­bé dans la lec­ture moins “ naïve ” que je fais de la Genèse, mais il m’a bien diverti.

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