Portrait d'Odile LACOIN

Odile Lacoin (04), Jeune Afrique

Dossier : TrajectoiresMagazine N°715 Mai 2016
Par Pierre LASZLO

Née d’un père du pays du rug­by et d’une mère came­rou­naise, Odile Lacoin a une per­son­na­li­té atta­chante et se pas­sionne pour la psy­cho­lo­gie. Après un diplôme de mana­ge­ment elle fait car­rière dans le conseil. Membre du pôle Afrique de son cabi­net elle a une grande influence dans ce continent.

Éton­nante de véri­té. Ouverte, franche, expres­sive. Toutes les ques­tions dotées d’une réponse qui fuse, immé­diate et pré­cise. Son plus ancien sou­ve­nir est d’une fête foraine à Dax. Du côté pater­nel, Odile Lacoin est en effet ori­gi­naire de ce pays du rugby.

Entrée à l’École après une pré­pa au lycée Louis-le-Grand, elle y sui­vit les pas de sa famille, dont son oncle Ber­nard Julia, major du concours d’entrée à l’X et à la Rue d’Ulm. Elle y apprit à tra­vailler, et y goû­ta la sti­mu­la­tion intellectuelle.

Deux pro­fes­seurs de Louis-le-Grand la mar­quèrent sur­tout, MM. Gold­stein en maths et Col­son en physique-chimie.

Indépendance et tradition

Aupa­ra­vant, l’entièreté de sa sco­la­ri­té secon­daire se fit à la Mai­son d’éducation de la Légion d’honneur. Ses acquis de cette autre école pres­ti­gieuse furent l’indépendance, l’autonomie, l’attachement aux tra­di­tions aussi.

Elle y eut comme pro­fes­seur d’histoire en cin­quième Mme Gré­pi­net, un ensei­gne­ment dont elle garde un grand souvenir.

De son père Jean, ban­quier, elle tire l’importance de l’éducation et l’excellence sco­laire, ain­si que l’accent du rug­by­man sur la com­pé­ti­ti­vi­té spor­tive : à l’X, elle ado­ra jouer au handball.

De sa mère Jeanne, came­rou­naise, experte-comp­table à Bourg-la-Reine, elle acquit l’autorité et le sens de la rigueur. Lors de son ser­vice natio­nal, à l’École navale, elle acquit enfin l’aptitude au commandement.

Ses racines came­rou­naises sont fortes, elle compte de nom­breux cou­sins, oncles et tantes à qui elle rend visite « le plus sou­vent pos­sible » à Yaoundé.

Un bel alliage

Bref, elle est faite d’un bel alliage. De la caté­go­rie des aciers spé­ciaux. Durant sa sco­la­ri­té à l’X, Odile Lacoin majo­ra en psy­cho­lo­gie et socio­lo­gie. Le talent dont elle est le plus fière est de « com­prendre la psy­cho­lo­gie des personnes ».

Elle s’inscrivit récem­ment à X‑Afrique et au binet Afrique il y a un an. Ces binets conti­nuent de la mobiliser.

Une grande école, pourquoi pas moi ?

Pen­dant ces années 2004–2007, tous ses amis de Mas­sy, les jeunes des Ulis, avaient les pires dif­fi­cul­tés à s’en sor­tir. C’est en pen­sant à eux que, tous les mer­cre­dis, l’élève de l’École poly­tech­nique enca­dra un groupe de lycéens issus de telles ban­lieues sen­sibles. Cela prit la forme d’un autre binet, qu’elle fon­da en 2005, « Une Grande École, pour­quoi pas moi ? ».

« Nous allons être là pour les pous­ser, leur faire prendre conscience de leurs pos­si­bi­li­tés. C’est ce qui leur man­quait », sou­ligne Odile.

« Et puis, on est jeunes. Le contact passe mieux. Ils ont nos numé­ros de por­tables. Le cam­pus leur est ouvert parce que bien sou­vent ils manquent d’un endroit calme pour étu­dier. » Ce fut, dit-elle, « la grande fier­té de ma vie ».

Après sa sco­la­ri­té à Palai­seau, elle sui­vit en 2007–2008 l’enseignement de la Said Busi­ness School d’Oxford, dont elle est diplô­mée en mana­ge­ment. Après l’Angleterre, elle revint à Paris : elle se sen­tait plus inté­grée, moins « dif­fé­rente » à Londres qu’à Paris. Excel­ler socia­le­ment lui est un impé­ra­tif, presque moral.

Viser la performance

Odile Lacoin acquit ensuite une demi-dou­zaine d’années d’expérience dans le conseil, au cabi­net A. T. Kear­ney, dans la dis­tri­bu­tion, les biens de grande consom­ma­tion et les maté­riaux de construc­tion ; pour y amé­lio­rer la per­for­mance opérationnelle.

“ Exceller socialement lui est un impératif, presque moral ”

En outre, elle est membre du pôle Afrique de ce cabi­net. Elle et ses col­lègues ont l’oreille des gou­ver­ne­ments afri­cains comme des inves­tis­seurs occidentaux.

Ils ont aidé l’Éthiopie à mettre en place la pre­mière chaîne ali­men­taire du pays. Tou­jours dési­reuse de créer du lien avec l’Afrique, Odile Lacoin est éga­le­ment à l’initiative de plu­sieurs clubs ou groupes de réflexion et d’échanges sur la Toile.

Enfin, elle fait par­tie du jury pour l’Afrique des Car­tier Women’s Ini­tia­tive Awards, qui récom­pensent chaque année l’esprit d’entreprise de plu­sieurs femmes à tra­vers le monde.

Le jour­nal répu­té Jeune Afrique la dési­gna comme l’une des cin­quante Afri­caines les plus influentes au monde.

Accomplissement

Odile Lacoin a une pré­sence impres­sion­nante par son authen­ti­ci­té, l’ouverture à son inter­lo­cu­teur, la sim­pli­ci­té et une évi­dente joie de vivre. J’aurai com­mis une belle bourde, si mon texte ne vous a pas convain­cus aus­si qu’elle a une per­son­na­li­té attachante.

Elle me laisse l’impression d’une per­sonne accom­plie, sans doute capable de prouesses, peut-être encore à l’affût de sa voie.

Mais pour elle, réus­sir est une aven­ture col­lec­tive. Car, et de longue date, sa devise est : « Ce sera tou­jours mieux ensemble. »

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