Jean-Pierre Grima (54), 1934–2002

Dossier : ExpressionsMagazine N°583 Mars 2003Par Bernard DUCONGÉ (59)

Le décès bru­tal de l’ex­pert Jean-Pierre Gri­ma, le 7 jan­vier 2002, des suites d’un double infarc­tus, a cau­sé une pro­fonde tris­tesse par­mi les pro­fes­sion­nels de la construc­tion à Mar­seille, où il avait œuvré depuis plus de qua­rante années.

Né à Alger en décembre 1934, d’une famille d’o­ri­gine mal­taise, il est reçu à l’É­cole poly­tech­nique après de solides études secon­daires au lycée Bugeaud à Alger. Après un ser­vice mili­taire dans les trans­mis­sions, il entre chez Pont-à-Mous­son, mais décide rapi­de­ment de créer son bureau d’é­tudes en béton armé à Mar­seille. Il aura bien­tôt avec lui une équipe d’une ving­taine de col­la­bo­ra­teurs, puis se voue­ra pro­gres­si­ve­ment à l’ex­per­tise à par­tir de 1970 : ins­crit tout d’a­bord sur la liste de la cour d’ap­pel d’Aix-en-Pro­vence en 1905, son enver­gure natio­nale est consa­crée par sa nomi­na­tion sur la liste de la Cour de cas­sa­tion en jan­vier 1992. Pen­dant trente années, il trai­te­ra de front plu­sieurs dizaines d’ex­per­tises judi­ciaires tout en déve­lop­pant pro­gres­si­ve­ment une impor­tante clien­tèle privée.

Paral­lè­le­ment, il met son éner­gie et ses com­pé­tences au ser­vice de la cité pho­céenne, tout d’a­bord comme conseiller muni­ci­pal de Mar­seille aux côtés de Théo Lom­bard et Jean-Claude Gau­din de 1971 à 1976, puis en pro­fes­sant la résis­tance des maté­riaux à l’É­cole d’ar­chi­tec­ture de Mar­seille, à Lumi­ny, jus­qu’en 2000. Il don­ne­ra aus­si cours et confé­rences aux uni­ver­si­tés de Constan­tine, de Lomé au Togo et Dakar au Séné­gal, et sui­vra la for­ma­tion de l’I­HEDN (Ins­ti­tut des Hautes Études de la Défense natio­nale) en 1982.

Son ouver­ture sociale se mani­fes­te­ra dans de nom­breux domaines : le Cercle algé­ria­niste lui per­met­tait de culti­ver ses racines ; il contri­bue­ra à la créa­tion du Grou­pe­ment régio­nal des experts aixois (GRECA) ; il pré­si­de­ra plus de dix années le groupe X‑Sud-Est et le repré­sen­te­ra au sein du Grou­pe­ment des grandes écoles (GRECO) ; il par­ti­ci­pe­ra pen­dant plus de dix ans au Lions Club de Mar­seille-Pros­pec­tive avant d’être accueilli au sein de l’ordre des che­va­liers de Malte et d’y ani­mer diverses actions sociales et culturelles.

Il n’hé­si­tait pas à défendre avec logique et vigueur des posi­tions ori­gi­nales, même lors­qu’elles allaient à l’en­contre du poli­ti­que­ment cor­rect. Il avait reje­té la soi-disant culture télé­vi­suelle et ban­ni la télé­vi­sion de son domi­cile, sans s’en por­ter plus mal. Il aimait pro­vo­quer en affec­tant de par­ler encore en mil­lions d’an­ciens francs !

Ses obsèques, le ven­dre­di 10 jan­vier, ont réuni autour de sa famille et de ses nom­breux amis une foule qui rem­plis­sait l’ab­baye Saint-Vic­tor dont le chœur aus­tère était rehaus­sé par dix che­va­liers de l’ordre de Malte en grands man­teaux blancs, rouges ou noirs. Que son épouse Jean­nine, qui fut élève de taupe à Alger avec lui, puis pro­fes­seur de mathé­ma­tiques à Mar­seille, et ses enfants, Régis et Elsa, trouvent ici l’ex­pres­sion de nos condo­léances, et sachent com­bien tous ceux qui ont connu Jean-Pierre par­tagent leur peine.

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