Jean-Jacques-LEVALLOIS-31

Jean-Jacques LEVALLOIS (31) 1911–2001

Dossier : ExpressionsMagazine N°597 Septembre 2004Par Michel LOUIS (51)
Par Claude BOUCHER (69)

Jean-Jacques Leval­lois, ingé­nieur géné­ral géo­graphe hono­raire, secré­taire géné­ral hono­raire de l’As­so­cia­tion inter­na­tio­nale de géo­dé­sie, est décé­dé à Paris le 31 août 2001 dans sa quatre-vingt-onzième année à la fin d’une car­rière pro­fes­sion­nelle exem­plaire, toute consa­crée à la géodésie. 

Pen­dant près d’un demi-siècle, il fut à la fois, en France, cher­cheur, théo­ri­cien, pra­ti­cien, pro­fes­seur et un guide sûr et un modèle pour des géné­ra­tions de jeunes géo­dé­siens. Au plan inter­na­tio­nal, il se consa­cra pen­dant plus de trente ans, dont quinze comme secré­taire géné­ral, aux acti­vi­tés de l’As­so­cia­tion inter­na­tio­nale de géo­dé­sie et tra­vailla ain­si en étroite coopé­ra­tion avec les géo­dé­siens du monde entier. 

Né le 26 juin 1911 en région pari­sienne, il fit de bonnes études scien­ti­fiques et inté­gra l’É­cole poly­tech­nique en 1931. À la sor­tie de l’É­cole, en 1934, il fit pen­dant quelques années car­rière dans l’ar­mée. De tem­pé­ra­ment assez indé­pen­dant et se sen­tant atti­ré par une car­rière plus scien­ti­fique, il opta en 1937 pour le Ser­vice géo­gra­phique de l’ar­mée (SGA). L’in­fluence de Georges Per­rier, pro­fes­seur de géo­dé­sie-astro­no­mie à l’É­cole poly­tech­nique, n’é­tait sans doute pas étran­gère à ce choix et à la nais­sance de la voca­tion de géo­dé­sien du jeune offi­cier Leval­lois. Ce der­nier pro­fi­ta alors en arri­vant au SGA des cours de géo­dé­sie et d’as­tro­no­mie pro­fes­sés par Georges Lacla­vère et Pierre Tar­di. Il mit immé­dia­te­ment en pra­tique ses fraîches connais­sances dans ces dis­ci­plines lors des tra­vaux de consti­tu­tion du réseau géo­dé­sique de 1er ordre en France, sur le ter­rain, puis au bureau pour les cal­culs en découlant. 

Lors­qu’en juillet 1940 le Ser­vice géo­gra­phique de l’Ar­mée fut dis­sout et don­na nais­sance à l’Ins­ti­tut géo­gra­phique natio­nal (IGN), le capi­taine J.-J. Leval­lois sou­hai­ta inté­grer ce ser­vice civil et fut nom­mé ingé­nieur géo­graphe. Pen­dant la durée de la guerre il put conti­nuer à par­ti­ci­per aux tra­vaux de géo­dé­sie en France (paral­lèle de Tou­louse et sta­tions de Laplace, de Belus et Cha­de­nac, comme adjoint à G. Lacla­vère). À la Libé­ra­tion, il rejoint Paris et est affec­té au Bureau tech­nique de la géo­dé­sie, comme res­pon­sable des études. Il se consacre notam­ment à des tra­vaux d’a­dap­ta­tion des réseaux géo­dé­siques euro­péens, pour les­quels il donne rapi­de­ment d’ex­cel­lentes solu­tions. Ces tra­vaux sont fort appré­ciés des armées alliées dont le haut com­man­de­ment adresse à l’I­GN et à M. Leval­lois ses satis­fac­tions » pour l’ar­deur, la grande com­pé­tence scien­ti­fique déployée dans diverses études d’un grand inté­rêt géo­dé­sique, aux­quelles il a don­né les solu­tions les plus remar­quables « . Il faut voir là un des traits de la per­son­na­li­té de J.-J. Leval­lois : il conçoit et il réalise. 

Ses pre­miers tra­vaux scien­ti­fiques seront éga­le­ment remar­qués par l’A­ca­dé­mie des sciences qui lui décerne – ain­si qu’à son jeune assis­tant, Michel Dupuy, – le Prix Saulces de Frey­ci­net en 1948. J.-J. Leval­lois va conti­nuer à diri­ger et ani­mer les tra­vaux de trai­te­ment des don­nées géo­dé­siques dans les­quels il sait impli­quer des jeunes ingé­nieurs de talent enthou­sias­més par l’am­biance de tra­vail et la qua­li­té des résul­tats (c’est le début des cal­culs électroniques !). 

En 1962, il est nom­mé direc­teur de la géo­dé­sie à l’I­GN. À ce niveau, il applique tou­jours les mêmes prin­cipes : orga­ni­ser le tra­vail, impli­quer tout le per­son­nel et déve­lop­per les méthodes et les outils. La Direc­tion de la géo­dé­sie se réforme de l’in­té­rieur : les dif­fé­rentes uni­tés com­mu­niquent mieux entre elles, des pas­se­relles per­mettent des échanges de per­son­nels et le niveau scien­ti­fique s’é­lève. Elle se tourne aus­si vers l’ex­té­rieur, son direc­teur invite des spé­cia­listes fran­çais et étran­gers à venir dis­cu­ter avec ses ingé­nieurs. Il orga­nise avec le Centre natio­nal de la recherche scien­ti­fique et le Centre natio­nal d’é­tudes spa­tiales des col­loques inter­na­tio­naux sur les sujets nou­veaux qui pré­oc­cupent les géo­dé­siens, géo­dé­sie spa­tiale entre autres. Dans ce der­nier domaine, il pousse l’I­GN à s’im­pli­quer dans les études et travaux. 

C’est sous son impul­sion et avec la col­la­bo­ra­tion des ingé­nieurs des labo­ra­toires tech­niques de l’I­GN que sont mises au point des chambres pho­to­gra­phiques balis­tiques. Elles per­met­tront, de 1960 à 1967, de résoudre les pro­blèmes de liai­son géo­dé­sique à grandes dis­tances : France-Afrique du Nord, Europe-Açores, Europe-Afrique, et de déve­lop­per le savoir-faire des géo­dé­siens fran­çais dans ce domaine, théo­rie, tra­vaux et cal­culs, sans oublier la dis­cus­sion des résul­tats. Des com­pé­tences existent donc dans quelques centres fran­çais : géo­dé­siens, géo­phy­si­ciens, astro­nomes. J.-J. Leval­lois pense alors faire tra­vailler ensemble tous ces spé­cia­listes de la géo­dé­sie spa­tiale nais­sante et il va mener, pour l’I­GN, des négo­cia­tions avec les repré­sen­tants des orga­nismes concer­nés. Elles abou­ti­ront, en 1971, à la créa­tion du Groupe de recherches de géo­dé­sie spa­tiale (GRGS) for­mé par le Bureau des lon­gi­tudes, le Centre natio­nal d’é­tudes spa­tiales, l’Ins­ti­tut géo­gra­phique natio­nal et l’Ob­ser­va­toire de Paris. Désor­mais la géo­dé­sie fran­çaise est bien pré­sente dans toutes les acti­vi­tés spa­tiales natio­nales et internationales. 

Les tra­vaux de géo­dé­sie » ter­restre » ne sont pas négli­gés pour autant : les obser­va­tions du réseau de 1er ordre de la Nou­velle Tri­an­gu­la­tion fran­çaise s’a­chèvent en 1957. Pour obte­nir les meilleures coor­don­nées pos­sibles dif­fé­rentes méthodes de cal­culs des grands sys­tèmes sont mises au point avec la par­ti­ci­pa­tion active du chef de direc­tion. Puis ce réseau est inté­gré dans l’en­semble des réseaux de l’Eu­rope de l’Ouest et du Nord pour consti­tuer le nou­veau Datum européen. 

Un autre grand chan­tier de géo­dé­sie natio­nal a été éga­le­ment entre­pris à l’i­ni­tia­tive et sous la res­pon­sa­bi­li­té de J.-J. Leval­lois, il s’a­git de la reprise du réseau de nivel­le­ment de 1er ordre en France. Le réseau exis­tant (réseau Lal­le­mand obser­vé dans les années 1880) ne répon­dait plus aux exi­gences modernes : pré­ci­sion insuf­fi­sante, dis­pa­ri­tion de nom­breux repères, affais­se­ment de ter­rain sous cer­taines zones, sur­rec­tion dans d’autres. Avec l’ac­cord du direc­teur de l’I­GN, le réseau de 1er ordre fut donc repris, de 1962 à 1967, avec de nou­velles normes de pré­ci­sion, des mesures de pesan­teur asso­ciées et la fer­me­ture des mailles de bor­dure. Ce nou­veau réseau a été inté­gré aisé­ment au Réseau euro­péen uni­fié de nivel­le­ment (REUN). Des com­pa­rai­sons avec les réseaux anté­rieurs (Lal­le­mand, Bour­da­loue) montrent des phé­no­mènes qu’il y a lieu d’ap­pro­fon­dir (niveau des mers, sur­rec­tion des zones mon­ta­gneuses…). J.-J. Leval­lois n’a pas man­qué de lan­cer ces études, tant au plan natio­nal qu’européen. 

Il a aus­si vou­lu doter la France d’un cane­vas astro­no­mique afin d’é­tu­dier les dévia­tions de la ver­ti­cale sur le ter­ri­toire natio­nal. Il a fait obser­ver un cane­vas d’en­vi­ron 500 points com­muns au réseau géo­dé­sique. Il a ensuite, à par­tir de ces don­nées, cal­cu­lé un géoïde astro-géo­dé­sique pour la France, qu’il éten­dra à toute l’Eu­rope à l’aide des dévia­tions de ver­ti­cales col­lec­tées par le bri­ga­dier Bomfoul. 

J.-J. Leval­lois ne s’est pas uni­que­ment conten­té de faire vivre et pro­gres­ser la géo­dé­sie, il l’a ensei­gnée dans dif­fé­rentes écoles fran­çaises spé­cia­li­sées dans la for­ma­tion pro­fes­sion­nelle (École natio­nale des sciences géo­gra­phiques, IGN, École supé­rieure des géo­mètres et topo­graphes, Conser­va­toire natio­nal des arts et métiers, École natio­nale du génie rural, minis­tère de l’A­gri­cul­ture) et à l’u­ni­ver­si­té (diplôme d’é­tudes appro­fon­dies d’as­tro­no­mie et de méca­nique céleste). En ces occa­sions, il a rédi­gé des cours adap­tés aux buts pour­sui­vis par ces for­ma­tions. Il s’est ins­pi­ré de ses expé­riences pro­fes­sion­nelles, de ses dis­cus­sions avec des col­lègues fran­çais et étran­gers et de l’é­tude des publi­ca­tions de leurs tra­vaux (il a appris le russe pour lire les ouvrages des géo­dé­siens russes comme Molodensky). 

Pour cou­ron­ner sa car­rière d’en­sei­gnant il met un point d’hon­neur à rédi­ger et publier, en 1969, un ouvrage, en langue fran­çaise, inti­tu­lé Géo­dé­sie géné­rale, fai­sant le point, trente ans après la paru­tion du Trai­té de Géo­dé­sie de Pierre Tar­di et Georges Lacla­vère, des connais­sances » géné­rales » en géo­dé­sie. Pour la par­tie » méca­nique céleste et mou­ve­ment des satel­lites arti­fi­ciels « , Jean-Jacques Leval­lois a reçu le concours de Jean Kova­levs­ky, grand spé­cia­liste en la matière. Inutile de pré­ci­ser que cet ouvrage a eu un grand suc­cès auprès des géo­dé­siens, étu­diants et pro­fes­seurs, fran­çais et étran­gers (il a été tra­duit en anglais et espagnol). 

Pour toute cette acti­vi­té, ses tra­vaux et ser­vices, J.-J. Leval­lois a reçu de nom­breuses dis­tinc­tions fran­çaises, on note par­ti­cu­liè­re­ment : la croix de guerre, les palmes aca­dé­miques, le grade d’of­fi­cier de la Légion d’hon­neur. Il a aus­si été membre cor­res­pon­dant de l’A­ca­dé­mie des sciences et du Bureau des lon­gi­tudes où il appor­ta son concours qua­si­ment jus­qu’à ses der­niers jours. 

Mais la car­rière de Jean-Jacques Leval­lois a lar­ge­ment débor­dé du cadre natio­nal, ses qua­li­tés d’or­ga­ni­sa­teur méti­cu­leux et bien­veillant, ses tra­vaux de géo­dé­sie pra­tique et théo­rique l’ont fait appré­cier de ses col­lègues étran­gers et par­ti­cu­liè­re­ment au sein de l’As­so­cia­tion inter­na­tio­nale de géo­dé­sie. Dans le sillage de Georges Per­rier et de Pierre Tar­di il entre à l’As­so­cia­tion dès 1951 comme secré­taire adjoint, puis en devient secré­taire géné­ral à par­tir de 1960 jus­qu’en 1975. Pen­dant toute cette période, pour­sui­vant l’œuvre de ses pré­dé­ces­seurs, il affirme le rôle du Bureau cen­tral de l’AIG, véri­table cœur qui irrigue tous les organes de ce grand corps, sec­tions, com­mis­sions, groupes spé­ciaux d’études. 

Tout d’a­bord, il remet sur de bons rails le Bul­le­tin Géo­dé­sique, véri­table outil de liai­son entre les membres de l’As­so­cia­tion : offi­ciels, membres indi­vi­duels, comi­tés natio­naux. La reprise en main du Bul­le­tin par le Bureau cen­tral, après une période quelque peu chao­tique, se tra­duit vite par la remon­tée du nombre des abon­nés et la satis­fac­tion des lec­teurs et des auteurs d’ar­ticles de bonne qua­li­té. J.-J. Leval­lois s’in­té­resse aus­si à l’a­mé­lio­ra­tion du fonc­tion­ne­ment de l’AIG : notant la néces­si­té d’une prise en compte de l’ap­port des tech­niques spa­tiales à la géo­dé­sie, il sug­gère une évo­lu­tion des struc­tures internes de l’As­so­cia­tion. Un comi­té de sages (comi­té Cas­si­ni) se réunit à Londres en 1970 et met au point cette nou­velle struc­ture qui est adop­tée par l’As­sem­blée géné­rale, à Mos­cou en 1971. 

De même, le secré­taire géné­ral, se fai­sant l’é­cho des pré­oc­cu­pa­tions de nom­breux géo­dé­siens, pro­pose que l’As­so­cia­tion revoie, sans retard, les » constantes fon­da­men­tales de réfé­rence » du modèle ter­restre adop­tées en 1924 et 1930. En consé­quence, à l’As­sem­blée géné­rale de Lucerne (1967), l’UG­GI et l’AIG for­mulent des vœux pour de nou­velles valeurs de a, GM et J2 et la publi­ca­tion dans le Bul­le­tin Géo­dé­sique des para­mètres de l’el­lip­soïde équi­po­ten­tiel (ellip­soïde de réfé­rence 1967) cor­res­pon­dant à ces valeurs. 

Un groupe d’ex­perts est alors dési­gné pour mettre au point ces para­mètres, il com­prend, outre J.-J. Leval­lois, J. Kova­levs­ky, H. Moritz et S. Mil­bert. Les résul­tats des cal­culs menés sépa­ré­ment par ces quatre spé­cia­listes, à par­tir de leurs propres for­mules et méthodes, sont par­fai­te­ment en accord. Le secré­taire géné­ral publie les détails et résul­tats de cette magni­fique opé­ra­tion dans la » Publi­ca­tion spé­ciale n° 3 du Bul­le­tin Géo­dé­sique : Sys­tème géo­dé­sique de réfé­rence 1967 « . Des mesures ulté­rieures plus pré­cises résul­tant d’ob­ser­va­tions nou­velles et plus nom­breuses per­mettent de défi­nir un nou­veau sys­tème de réfé­rence en 1980 qui, lui-même, sera encore amé­lio­ré par la suite. Mais ce seront tou­jours les for­mules et méthodes éla­bo­rées par le groupe de 1967 qui seront uti­li­sées pour le cal­cul des para­mètres du sys­tème de réfé­rence évolutif. 

Cet épi­sode montre bien que J.-J. Leval­lois se révé­lait comme un excellent admi­nis­tra­teur sou­cieux de main­te­nir l’As­so­cia­tion dans son rôle de réfé­rence des connais­sances phy­siques et dyna­miques du solide-Terre, mais aus­si comme un géo­dé­sien dési­reux de faire avan­cer ces connais­sances. Aus­si a‑t-il appor­té de nom­breuses contri­bu­tions : champ exté­rieur de la pesan­teur, poten­tiel ter­restre, dévia­tion de la ver­ti­cale, géoïde astro-géo­dé­sique en France et en Europe, géoïde gra­vi­mé­trique, et aus­si études expé­ri­men­tales sur la réfrac­tion géo­dé­sique menées avec ses élèves ingé­nieurs de l’É­cole natio­nale des sciences géo­gra­phiques au cours des années 1950. 

Après avoir quit­té sa charge de secré­taire géné­ral de l’AIG, J.-J. Leval­lois pren­dra en 1975 celle de direc­teur du Bureau gra­vi­mé­trique inter­na­tio­nal. Il en main­tien­dra l’ac­ti­vi­té pen­dant quatre années dif­fi­ciles à Paris, tout en pré­pa­rant le trans­fert à Tou­louse où le nou­veau direc­teur, G. Bal­mi­no, trou­ve­ra de meilleures condi­tions de tra­vail. Et en 1980, l’AIG confie à J.-J. Leval­lois la direc­tion d’un groupe spé­cial d’é­tudes (GSE n° 067) : His­toire de la Géo­dé­sie. Il était tout dési­gné pour ce nou­veau poste en rai­son de ses hautes com­pé­tences en géo­dé­sie et de sa par­faite connais­sance de l’his­toire géo­dé­sique. Il venait en effet de publier dans le Bul­le­tin Géo­dé­sique une » Notice his­to­rique » sur l’As­so­cia­tion inter­na­tio­nale de Géo­dé­sie, depuis la créa­tion de la » Mit­te­leu­ropäische Grad­mes­sung « , en 1864, jus­qu’en 1979. Ce docu­ment a révé­lé les talents d’his­to­rien du secré­taire géné­ral hono­raire de l’As­so­cia­tion et a four­ni ain­si une réfé­rence his­to­rique bien docu­men­tée et très complète. 

Après 1984, J.-J. Leval­lois n’a plus de fonc­tion offi­cielle à l’AIG, mais il revoit avec plai­sir les membres du Comi­té exé­cu­tif lors des réunions à Paris. Il conti­nue encore quelques études sur la pesan­teur et le géoïde, ne négli­geant pas les apports de l’ou­til GPS en géo­dé­sie. Pour­sui­vant ses recherches his­to­riques sur la géo­dé­sie, il publie, en 1988, une impor­tante his­toire de la géo­dé­sie fran­çaise inti­tu­lée Mesu­rer la Terre – 300 ans de géo­dé­sie fran­çaise : de la toise du Châ­te­let au satel­lite.

Pour cou­vrir tout le spectre des acti­vi­tés géo­dé­siques fran­çaises il a su faire par­ti­ci­per à cette œuvre C. Bou­cher, pour la géo­dé­sie spa­tiale récente, et les ingé­nieurs J. Bour­goin, A. Como­let-Tir­man et A. Rou­ber­tou du SHOM, pour l’ap­port des hydro­graphes et des marins. C’est encore un ouvrage fort com­plet, riche de consi­dé­ra­tions sur l’ap­port des géo­dé­siens fran­çais à la connais­sance de la Terre que J.-J. Leval­lois livre à un très large public. 

Pour une œuvre aus­si impor­tante, pour une car­rière aus­si bien rem­plie tout entière consa­crée à la géo­dé­sie, J.-J. Leval­lois a reçu de nom­breuses récom­penses natio­nales et inter­na­tio­nales. Ce sont ces der­nières qui l’ont le plus tou­ché, la plus impor­tante de toutes est sûre­ment » la médaille Leval­lois » créée en 1979 par l’As­so­cia­tion inter­na­tio­nale de géo­dé­sie en hom­mage à Jean-Jacques Leval­lois pour son œuvre valeu­reuse au sein de l’As­so­cia­tion, en par­ti­cu­lier pen­dant la longue période où il en fut le secré­taire géné­ral, de 1960 à 1975. 

La médaille Leval­lois est alors décer­née tous les quatre ans en recon­nais­sance d’é­mi­nents ser­vices ren­dus à l’As­so­cia­tion ou à la géo­dé­sie en géné­ral. Et le pre­mier réci­pien­daire de cette médaille fut Charles Whit­ten, pré­sident de l’AIG de 1960 à 1963. Quelle chance pour l’AIG d’a­voir eu pen­dant la période 1960–1980 ces deux grands géo­dé­siens à son service ! 

Michel Louis (51)
et Claude Bou­cher (69)

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CORMIER Pierrerépondre
12 juillet 2017 à 14 h 51 min

Ancien Élève de Jean-Jacques Levallois 

Je me suis appuyé per­son­nel­le­ment sur les connais­sances que m’a­vait incul­quées Jean-Jacques Leval­lois, mon maître à pen­ser en matière de géo­dé­sie et astro­no­mie, durant mes deux années à l’É­cole Natio­nales des Sciences Géo­gra­phiques 1949–51.

En par­ti­cu­lier lorsque, ayant ensei­gné ces matières au Liban à l’É­cole Supé­rieure d’In­gé­nieurs de Bey­routh, j’en­tre­pris de com­pen­ser le réseau géo­dé­sique Syro-Liba­nais ain­si que celui de Nivel­le­ment avec l’aide de mes élèves deve­nus ingé­nieurs à la Direc­tion des Affaires Géo­gra­phiques Liba­naises et de la puis­sance des nou­veaux moyens de cal­cul élec­tro­nique de l’I.G.N. (CAB 500 puis IBM 1130). 

Par­tant des tra­vaux du Mémo­rial de l’In­gé­nieur en Chef Lejeune, je pus consta­ter que la notion de dévia­tion de la ver­ti­cale n’é­tait pas encore très bien assi­mi­lée dans les années 1920, époque de la créa­tion de la géo­dé­sie des Éta­blis­se­ments Fran­çais du Levant. En par­ti­cu­lier les cor­rec­tions à appli­quer aux points de Laplace de l’ob­ser­va­toire de Ksa­ra et de la base de Bab en Syrie du nord avaient été omises, d’où une erreur, non com­prise à l’é­poque, de plus de 2 minutes d’o­rien­ta­tion de la chaîne géodésique. 

Cet écart était dû au fait que Ksa­ra, situé sur le flanc est du Mont Liban, se trouve en une zone mal choi­sie en matière d’o­rien­ta­tion de la ver­ti­cale du fait des masses mon­ta­gneuses à proxi­mi­té (Val­lée de la Bekaa et l’An­ti-Liban en face). 

De même le nivel­le­ment n’ap­pli­quait que la cor­rec­tion ortho­mé­trique, alors que nous nous étions ser­vi des tra­vaux de gra­vi­mé­trie sur tout le Liban que venait de réa­li­ser Jean Thi­ber­ghien pour sa thèse de doc­to­rat en intro­dui­sant les alti­tudes nor­males pour faire fer­mer les tra­verses de pre­mier ordre. Les écarts attei­gnaient jus­qu’à 40 cm.

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