Coffret du blue-ray : La passion selon Saint Matthieu

J.-S. BACH : Passion selon Saint Matthieu

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°682 Février 2013Par : l'orchestre du Gewandhaus de Leipzig, Georg Christoph Biller, directionRédacteur : Marc DARMON (83)

Repré­sen­ter la Pas­sion selon saint Mat­thieu en public est un véri­table défi. Pen­dant près de trois heures se suc­cèdent des chœurs et cho­rals, récits et airs, néces­si­tant un chœur à trois par­ties et de nom­breux solistes. La repré­sen­ta­tion publiée ici relève d’une gageure encore plus grande : jouée dans l’église Saint- Tho­mas de Leip­zig, à l’emplacement même où eurent lieu les pre­mières repré­sen­ta­tions entre 1727 et 1742, cette Pas­sion est inter­pré­tée comme à l’époque depuis le chœur de l’église devant le grand orgue, chœur très sur­éle­vé ici par rap­port au public qui entend donc le récit de la Pas­sion sans vrai­ment bien voir les musiciens.

À l’issue de la repré­sen­ta­tion, les spec­ta­teurs quittent l’église recueillis sans un bruit et natu­rel­le­ment sans un applau­dis­se­ment. Cette recons­ti­tu­tion res­pecte l’usage d’alors, pour cette Pas­sion mais éga­le­ment pour les can­tates que Bach fai­sait jouer heb­do­ma­dai­re­ment à Saint- Tho­mas lorsqu’il en était le cantor.

Cette église, qui avait déjà cinq cents ans à l’époque du com­po­si­teur, est natu­rel­le­ment désor­mais tout entière un hom­mage à Bach : on y voit son tom­beau autour duquel sont de façon assez émou­vante regrou­pés les spec­ta­teurs pri­vi­lé­giés, on y voit plu­sieurs vitraux à l’image du com­po­si­teur, et natu­rel­le­ment le chœur de cent jeunes gar­çons de l’église, le célèbre et for­mi­dable Tho­ma­ner­chor, se consacre toute la semaine à célé­brer la musique de Bach.

Bach com­po­sa quatre Pas­sions selon les quatre évan­giles. Seules deux nous sont par­ve­nues, celles selon Jean et Mat­thieu. La Pas­sion selon saint Jean est plus concen­trée, plus théâ­trale. La Pas­sion selon saint Mat­thieu est plus gran­diose, suc­ces­sion de magni­fiques chœurs et airs, enca­drés par le récit de l’évangéliste, sur un texte du poète de Leip­zig Picander.

Ce n’est donc ni un opé­ra (Bach n’en a pas com­po­sé, alors que ses contem­po­rains exacts, Haen­del, Vival­di et Rameau, s’en s’ont fait une spé­cia­li­té), ni un véri­table oratorio.

Plus encore que d’habitude, la res­ti­tu­tion en DVD (pré­fé­rez ici aus­si le Blu-Ray, pour béné­fi­cier du son magni­fique et d’une image très belle de l’église et des artistes) per­met de pro­fi­ter de cette repré­sen­ta­tion de façon idéale, et néces­sai­re­ment mieux que les spec­ta­teurs pré­sents ce jour-là, pla­cés très en des­sous du niveau des artistes.

Nous voyons par­fai­te­ment cet orchestre superbe, enri­chi d’une viole de gambe comme sou­hai­té par Bach, et ce chœur large, entiè­re­ment mas­cu­lin, les voix fémi­nines étant chan­tées par des enfants.

Nous voyons aus­si idéa­le­ment les solistes, tous des hommes, même pour la voix d’alto, à une excep­tion près.

C’est un suc­ces­seur de Bach, l’actuel can­tor de Leip­zig, Georg Chris­toph Biller, qui dirige ici la Pas­sion selon saint Mat­thieu. Il dirige un des plus grands orchestres du monde, l’orchestre du Gewand­haus de Leip­zig. Nous avons com­men­té il y a quelques années ici un enre­gis­tre­ment de la Messe en si cap­tée dans les mêmes condi­tions. Cette Pas­sion est encore plus réus­sie ; l’attention et l’émotion ne fai­blissent jamais.

N’hé­si­tez pas.

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