Intervention

Dossier : Les X étrangersMagazine N°559 Novembre 2000
Par François AILLERET (X56)

Je m’ex­prime ici au double titre de l’A.X. qui est d’une cer­taine façon la voix de la com­mu­nau­té poly­tech­ni­cienne et aus­si d’Élec­tri­ci­té de France, grande entre­prise natio­nale qui n’en est encore qu’à l’aube de son déve­lop­pe­ment international.

Je m’ex­prime ici au double titre de l’A.X. qui est d’une cer­taine façon la voix de la com­mu­nau­té poly­tech­ni­cienne et aus­si d’Élec­tri­ci­té de France, grande entre­prise natio­nale qui n’en est encore qu’à l’aube de son déve­lop­pe­ment international.
C’est de l’a­ve­nir qu’il faut par­ler aujourd’­hui et d’a­bord de l’a­ve­nir de l’É­cole : elle doit res­ter fidèle à un cer­tain nombre de valeurs et de prin­cipes mais en même temps se trans­for­mer en pro­fon­deur pour se pré­pa­rer au monde de demain.

Les inva­riants sont bien clairs, c’est la qua­li­té de recru­te­ment de l’en­sei­gne­ment et aus­si de l’ac­qui­si­tion de connais­sances et d’ex­pé­rience par les élèves. C’est aus­si l’é­qui­té du recru­te­ment et il est vrai qu’à cet égard l’ou­ver­ture néces­saire et pro­gres­sive de nou­velles voies de recru­te­ment appelle à une vigi­lance par­ti­cu­lière pour évi­ter le dés­équi­libre entre ces filières et fer­mer la porte à tout favoritisme.

Et puis l’É­cole doit conser­ver sa per­son­na­li­té spé­ci­fique tout en la renou­ve­lant ; ain­si la sup­pres­sion du ser­vice mili­taire obli­ga­toire en France intro­duit une nou­velle donne et il convient de pro­po­ser aux élèves d’autres occa­sions de contact avec des jeunes, de leur âge mais de carac­té­ris­tiques très dif­fé­rentes, et en tout cas beau­coup moins favo­ri­sés au moment de s’en­ga­ger dans la vie active.p> Depuis une dizaine d’an­nées la trans­for­ma­tion de l’É­cole a été entre­prise avec le confor­te­ment d’un tronc com­mun poly­scien­ti­fique, le choix entre des filières lar­ge­ment dif­fé­ren­ciées de la for­ma­tion humaine par l’ou­ver­ture sur la socié­té, l’in­ci­ta­tion à pro­lon­ger les années d’É­cole par une for­ma­tion plus direc­te­ment pro­fes­sion­nelle pré­pa­rant les élèves à deve­nir ser­vi­teurs d’É­tat, cher­cheurs ou hommes d’entreprise.

Dans cette évo­lu­tion, le déve­lop­pe­ment en pro­fon­deur de la dimen­sion inter­na­tio­nale de l’É­cole est une volon­té qui s’est déjà tra­duite dans les faits : deuxième voie de recru­te­ment sur dos­siers de jeunes étran­gers (la pre­mière étant celle très ancienne du concours com­mun), ensei­gne­ment pous­sé des langues, recru­te­ment de pro­fes­seurs ou ensei­gnants étran­gers, faci­li­tés pour stages, voyages ou for­ma­tions dans d’autres pays… L’ob­jec­tif a été clai­re­ment fixé et le mou­ve­ment est engagé.

EDF avait, il y a encore peu, l’i­mage d’une entre­prise avant tout tech­ni­cienne et hexa­go­nale. Mais les fac­teurs d’é­vo­lu­tion sont très forts.

La libé­ra­li­sa­tion des mar­chés de l’éner­gie dans le monde et en par­ti­cu­lier en Europe a intro­duit la concur­rence dans ce qui était par­tout le domaine de monopoles.

Les pays déve­lop­pés sont repus d’éner­gie et la crois­sance de la demande y res­te­ra faible alors que les besoins non satis­faits sont consi­dé­rables dans le reste de la pla­nète ; les experts consi­dèrent que les trois quarts du déve­lop­pe­ment des sys­tèmes élec­triques dans le monde se situe­ront, au cours des vingt-cinq pro­chaines années, en Chine, Asie du Sud-Est et Amé­rique latine. Les pays déve­lop­pées qui veulent conser­ver le rang de leur indus­trie élec­trique doivent s’y por­ter comme inves­tis­seurs et opérateurs.

Il est donc natu­rel qu’EDF ait un objec­tif de fort déve­lop­pe­ment inter­na­tio­nal condui­sant à une part de plus de 30 % à l’é­tran­ger du chiffre d’af­faires du groupe EDF, d’i­ci à une dizaine d’années.

C’est dire qu’EDF a un véri­table besoin d’in­gé­nieurs aptes à la res­pon­sa­bi­li­té inter­na­tio­nale. Il s’a­gi­ra de jeunes Fran­çais, bien pré­pa­rés pour cela par le sys­tème édu­ca­tif et aus­si de cadres étran­gers qui pour beau­coup auront l’a­tout d’une double for­ma­tion et expé­rience, en France et à l’é­tran­ger. EDF doit donc recru­ter de jeunes étran­gers qui sou­vent après quelques années en France pour­ront aller prendre des res­pon­sa­bi­li­tés éle­vées au sein du groupe dans leurs propres pays. Mais il faut aus­si embau­cher des cadres étran­gers de culture, de dis­ci­plines et de pro­fils très divers.

L’É­cole poly­tech­nique et les autres écoles d’in­gé­nieurs peuvent consti­tuer pour EDF comme pour les entre­prises fran­çaises en voie d’in­ter­na­tio­na­li­sa­tion un atout essen­tiel dans la com­pé­ti­tion mondiale.

Poster un commentaire