Icare trahi

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°679 Novembre 2012Par : Jean-Paul AUFFRAYRédacteur : François BUFFET (57)Editeur : Éditions Viviane Hamy – 2011 - 89, rue du Faubourg- Saint-Antoine, 75011 Paris.

Éva­riste Galois, au cours d’une vie très brève, a révo­lu­tion­né la façon d’appréhender l’Algèbre et l’Analyse.

Né en 1811 à Bourg-la-Reine, il n’eut d’autre maître que sa mère, qui lui incul­qua une solide culture classique.

Couverture du livre ICARE TRAHI de jean-Paul AUFFRAYAdmis en rhé­to­rique à Louis-le- Grand à la ren­trée de 1826, il ne fut pas jugé assez mûr et il dut retour­ner en seconde. Il en pro­fi­ta pour entrer, paral­lè­le­ment, en Mathé­ma­tiques pré­pa­ra­toires et c’est là qu’il eut la révé­la­tion de ses extra­or­di­naires facul­tés. Il y fit son édu­ca­tion, avec le sou­tien notam­ment du pro­fes­seur Richard. Le seul objec­tif qui lui parut en cohé­rence avec sa pas­sion était d’entrer à l’École poly­tech­nique mais, n’étant pas pré­pa­ré à la tech­nique et au rituel du concours d’entrée, il y échoua deux fois.

Il fut nom­mé à l’École nor­male, alors appe­lée École pré­pa­ra­toire. Il avait déjà rédi­gé son pre­mier mémoire, mais Cau­chy, qui devait le pré­sen­ter à l’Académie des sciences, l’égara. À l’école, il conti­nua à tra­vailler seul et il rédi­gea, en vue du Grand Prix de Mathé­ma­tiques, un impor­tant mémoire, qui fut per­du à la suite du décès du secré­taire per­pé­tuel de l’Académie.

Il adhé­rait à l’esprit des Trois Glo­rieuses. Il ne sup­por­tait pas l’esprit de l’École nor­male, qui s’opposait à celui de l’École poly­tech­nique de Vaneau. Il se lia avec des répu­bli­cains (Ras­pail, Blan­qui…). Il fut exclu de l’école pour avoir mis en cause publi­que­ment son direc­teur. Son troi­sième mémoire fut reje­té, sur le rap­port de Poisson.

Son enga­ge­ment en poli­tique l’amena, lors d’un ban­quet répu­bli­cain, à por­ter à Louis-Phi­lippe un toast ambi­gu qui fut inter­pré­té comme un appel à un atten­tat contre le roi. Arrê­té, il fut incar­cé­ré à la pri­son Sainte-Péla­gie, mais il fut acquit­té en appel. Il fut arrê­té à nou­veau et condam­né à six mois de pri­son pour port d’armes et port illé­gal de l’uniforme de la Garde natio­nale, qui venait d’être dis­soute. Il retour­na à Sainte-Péla­gie, où il conti­nua ses tra­vaux. Trans­fé­ré dans une mai­son de san­té, il y ren­con­tra « une coquette », qui est sou­vent don­née comme la cause du duel où il fut tué, à 20 ans.

Éva­riste Galois ne fut recon­nu que long­temps après sa mort. Liou­ville pro­cé­da, en 1846, à la pre­mière publi­ca­tion de son œuvre mathé­ma­tique, dont un élé­ment majeur est le concept de Groupe.

Cette œuvre a ouvert des voies qui s’appliquent encore aujourd’hui dans des domaines aus­si variés que la bio-infor­ma­tique, la chi­mie, l’astrophysique, la cryp­to­gra­phie ou la modé­li­sa­tion des com­mu­ni­ca­tions. Elle conti­nue d’inspirer les tra­vaux de nom­breux mathé­ma­ti­ciens du monde entier.

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