Henri Lamaison (39) 1918–2000

Dossier : ExpressionsMagazine N°558 Octobre 2000Par : Robert AUBLET (33)

Le 10 avril 2000 a été inhu­mé à Saint-Jacut-de-la-Mer (Côtes-d’Ar­mor) Hen­ri Lamai­son, décé­dé le 6 avril à Paris.

Né le 3 juin 1918 à Dax, Hen­ri Lamai­son, après des études à Bor­deaux et à Paris, fut reçu à l’É­cole poly­tech­nique en juin 1939. Mobi­li­sé en sep­tembre, il fut aus­si­tôt diri­gé sur l’É­cole d’ap­pli­ca­tion d’ar­tille­rie à Fon­tai­ne­bleau puis, en jan­vier 1940, affec­té à une bat­te­rie de tir du 14e régi­ment d’ar­tille­rie, régi­ment pro­ve­nant comme lui du Sud-Ouest. Avec elle, il par­ti­ci­pa à toutes les opé­ra­tions de la cam­pagne de France, ce qui lui valut une cita­tion à l’ordre de la Divi­sion pour » son sang-froid, son calme et son mépris du danger « .

Comme tant d’autres, il fut fait pri­son­nier le 23 juin, et, mal­gré sept ten­ta­tives d’é­va­sion, il pas­sa cinq années en cap­ti­vi­té, inter­né en avril 1942 au camp de repré­sailles de Col­ditz puis à celui de Lübeck dans lequel étaient regrou­pés » les enne­mis du Reich « , offi­ciers fran­çais, résis­tants, com­mu­nistes et juifs, qui ne devaient pas en res­sor­tir vivants. Là encore Hen­ri ten­ta une éva­sion de groupe par un tun­nel creu­sé sous l’in­fir­me­rie, mais en vain.

Libé­ré par les Anglais le 2 mai 1945, il se mit pen­dant un mois à leur dis­po­si­tion, prit pos­ses­sion du port de Lübeck, et res­ta avec eux pour tra­quer les SS et secou­rir, nour­rir et rapa­trier les dépor­tés de Ber­gen-Bel­sen et autres camps avant la mise en place de l’au­to­ri­té d’oc­cu­pa­tion anglaise.

Ren­tré en France, Hen­ri pas­sa une année à l’É­cole poly­tech­nique puis à l’É­cole natio­nale du pétrole, et entra en 1947 à Esso Stan­dard SAF. Tout d’a­bord ingé­nieur de recherches à la direc­tion indus­trielle à Paris, il pour­sui­vit sa car­rière en 1955 à la raf­fi­ne­rie de Port-Jérôme en qua­li­té d’ad­joint au chef du dépar­te­ment tech­nique, en 1957, chef du dépar­te­ment tech­niques et labo­ra­toires puis en 1958 comme direc­teur tech­nique de la raffinerie.

En 1961, il fut nom­mé direc­teur de la coor­di­na­tion et des études éco­no­miques au siège social. Après un pas­sage en 1964 à Esso inter­na­tio­nal, à New York en tant que direc­teur du plan­ning des appro­vi­sion­ne­ments, il fut nom­mé direc­teur de la raf­fi­ne­rie de Port-Jérôme en 1965, puis direc­teur des opé­ra­tions à la direc­tion logis­tique en 1968.

Deve­nu direc­teur du Logis­tics Plan­ning à Esso Europe, à Londres, en 1969, il rejoi­gnit en juin 1971 Esso Stan­dard SAF en qua­li­té de direc­teur géné­ral adjoint. En 1973, il suc­cé­da au pré­sident Jacques Bal­let et devint pré­sident-direc­teur géné­ral de Esso-France. Il prit sa retraite en 1979.

Un de ses anciens col­la­bo­ra­teurs a écrit sur lui :

» Le pré­sident Hen­ri Lamai­son a été un très grand pré­sident pour la Socié­té Esso. Vis-à-vis des action­naires amé­ri­cains d’a­bord, car il a su leur faire com­prendre l’im­por­tance et la valeur de leur filiale fran­çaise. Cela s’est tra­duit de façon concrète par de très nom­breux inves­tis­se­ments qu’il a obte­nus tant dans le raf­fi­nage que dans le » com­mer­cial » et qui per­mettent aujourd’­hui à Esso SAF d’être à la pointe de la concurrence. »

» Vis-à-vis du per­son­nel d’Es­so, sur les cadres notam­ment, où son cha­risme extra­or­di­naire a eu un impact en pro­fon­deur. Je me sou­vien­drai tou­jours de son fameux adage » ayez tou­jours une » posi­tive approach » qui résu­mait en trois mots sa propre démarche et celle qu’il sou­hai­tait voir se déve­lop­per en cha­cun de nous. »

Reve­nu à Saint-Jacut-de-la-Mer (Côtes-d’Ar­mor) où il avait une mai­son de la famille de son épouse et y pas­sait ses vacances, il se mêla acti­ve­ment à la vie de la popu­la­tion locale, en par­ti­cu­lier au monde des pêcheurs qui recon­nais­saient ses qua­li­tés de navi­ga­teur de plai­sance, si bien qu’en 1983 il fut élu maire de Saint-Jacut. Il dut, hélas, au bout de six mois, démis­sion­ner de sa fonc­tion de maire pour rai­sons de san­té, res­tant tou­te­fois membre du Conseil municipal.

Offi­cier de la Légion d’hon­neur, titu­laire de la médaille des Éva­dés, il était membre de l’U­nion natio­nale des anciens com­bat­tants, aus­si les dra­peaux des diverses asso­cia­tions d’an­ciens com­bat­tants de Saint-Jacut lui ren­dirent un der­nier et juste hom­mage lors de son inhumation.

Commentaire

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11 août 2020 à 19 h 01 min

Hen­ri Lamai­son, très grand per­son­nage et pdg Esso France. Il res­te­ra dans l’his­toire un grand résis­tant, sur­ement gaul­liste. N’ou­blions pas. Il fut maire de la com­mune de St Jacut de la mer pas long­temps. Je sou­haite que les habi­tants de cette com­mune gardent un bon sou­ve­nir de lui.

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