Blu-Ray Grands pianistes du XXe siècle Classic Archive

Grands pianistes, violonistes et violoncellistes du XXe siècle

Dossier : Arts,Lettres et SciencesMagazine N°716 Juin/Juillet 2016Rédacteur : Marc DARMON (83)Editeur : Deux Blu-Ray Euroarts Classic Archive 3073974 et 3073984

Deux Blu-Ray, cha­cun avec quinze heures de docu­ments d’ar­chives des plus impor­tants artistes du XXe siècle 

Il fau­drait dix fois plus d’espace à cette rubrique pour rendre hom­mage à cette édi­tion de docu­ments d’archives des plus impor­tants artistes du XXe siècle. En effet, chaque Blu-Ray ren­ferme plus de quinze heures de docu­ments d’archives mémo­rables, tour­nés pour la télé­vi­sion dès ses débuts, par les plus grands. 

Tous ces monstres sacrés que l’on écoute reli­gieu­se­ment au disque sont là, en image et donc vivants devant nous. 

Remer­cions Euroarts de cette ini­tia­tive, car en réunis­sant en longs Blu-Ray ces docu­ments (sou­vent d’origine INA) qui étaient parus indi­vi­duel­le­ment en DVD chez EMI (un DVD de plus d’une heure par artiste, donc dix fois plus encom­brant et dix fois plus cher), il les rend acces­sibles au plus grand nombre. 

La col­lec­tion Clas­sic Archive contient éga­le­ment un Blu-Ray consa­cré aux chefs d’orchestre (Kara­jan, Munch, Giu­li­ni, Klem­pe­rer, etc.), et un autre aux chan­teurs (Schwarz­kopf, Fischer-Dies­kau, Ber­gan­za, Chris­toff, etc.). 

Mais concen­trons- nous ici sur les Blu- Ray consa­crés aux pia­nistes et aux vio­lo­nistes et violoncellistes. 

Le bou­quet de pia­nistes est par­fait, mais bien sûr on pour­rait dis­cu­ter du choix des dix artistes sélec­tion­nés (pas de Rich­ter, par exemple). 

La sec­tion Glenn Gould adjoint un enre­gis­tre­ment célèbre de la Sixième Par­ti­ta de Bach au film de Bru­no Mon­sain­geon Gould l’alchimiste. Il faut voir jouer Glenn Gould, sur la chaise défon­cée de son enfance, voû­té et chan­ton­nant en jouant, pour (re)-découvrir une com­po­sante du musi­cien qu’on n’imagine pas tou­jours en écou­tant ses enregistrements. 

Il faut l’entendre com­men­ter la musique, décla­rer par exemple que le musi­cien qu’il res­pecte le plus est le vir­gi­na­liste Orlan­do Gib­bons (1583−1625), puis le voir impro­vi­ser sur des ouver­tures de Wag­ner dont il connaît par cœur les opé­ras, pour com­prendre, par­tiel­le­ment, la com­plexi­té de ce per­son­nage hors norme. 

Les Pré­ludes de Debus­sy par Artu­ro Bene­det­ti Miche­lan­ge­li sont une réfé­rence en com­pact disc. Ils sont ici avec l’image (en cou­leur), qui est très enrichissante. 

Le pro­gramme Liszt et Cho­pin de Georges Czif­fra, fil­mé à Paris après son éva­sion de la Hon­grie tota­li­taire, est fidèle aux disques que l’on connaît (notam­ment une 6e Rhap­so­die hon­groise diabolique). 

Superbes pro­grammes de Kempff (trois sonates de Bee­tho­ven et deux longs cycles de Schu­mann), d’Aldo Cic­co­li­ni, de Byron Janis (concer­tos de Rach­ma­ni­nov, natu­rel­le­ment), du grand Emil Gilels (le concer­to de Tchaï­kovs­ki) et d’Alfred Bren­del (la Ham­merk­la­vier de Bee­tho­ven), seul pia­niste encore vivant de cette antho­lo­gie (reti­ré depuis 2008). 

Blu-Ray Grands violonistes et violoncellistes du XXe siècle Classic ArchiveLes deux heures fil­mées à Paris dans les années 1960 consa­crées à Sam­son Fran­çois sont une mer­veille : les deux concer­tos de Ravel (ce sont ses inter­pré­ta­tions qui font encore réfé­rence au disque), le concer­to de Grieg et le pre­mier de Cho­pin, avec en bis des pièces de Debussy. 

Mais le tré­sor de ce Blu-Ray de pia­nistes sont les deux heures consa­crées au pia­niste chi­lien Clau­dio Arrau, selon moi un des plus grands, peut-être le plus grand. Citons dans ce pro­gramme un Car­na­val de Schu­mann incroyable, et la der­nière sonate de Bee­tho­ven, la 32e, qu’Arrau a tou­jours réussie. 

Le Blu-Ray consa­cré aux vio­lo­nistes et vio­lon­cel­listes est de la même veine. Sans tout citer, men­tion­nons Ros­tro­po­vitch inter­pré­tant les concer­tos de Pro­ko­fiev et de Chos­ta­ko­vitch, dont il est le dédicataire. 

Ain­si que l’heure consa­crée à Paul Tor­te­lier, où on le voit jouer en famille, son fils, son épouse et sa fille étant éga­le­ment des artistes de classe inter­na­tio­nale, et où il montre le lien entre Chos­ta­ko­vitch et Bach. 

Et le pro­gramme de Nathan Mil­stein, avec la grande Cha­conne de Bach (dont on ché­rit la ver­sion au disque). 

L’apogée de cet ensemble est le pro­gramme de Chris­tian Fer­ras, avec la sonate de Franck (encore une réfé­rence au disque) et sur­tout le concer­to de Sibe­lius, en concert public, constam­ment en prise de risque et sur le fil du rasoir, encore plus impres­sion­nant que le disque offi­ciel enre­gis­tré avec Karajan. 

Bien enten­du il s’agit de docu­ments d’archives, qui n’ont rien à voir avec le confort sonore et visuel des pro­duc­tions récentes en haute défi­ni­tion. Pour autant, la qua­li­té est satis­fai­sante compte tenu de l’âge de ces pro­duc­tions (cer­taines prises, par exemple Ros­tro­po­vitch, Isaac Stern, Bren­del et Bene­det­ti Miche­lan­ge­li, sont même en couleur). 

La télé­vi­sion fran­çaise s’honorait, à l’époque de la chaîne unique, de fil­mer et dif­fu­ser de tels tré­sors d’art et de culture.

Poster un commentaire