GALA AU METROPOLITAN OPERA 1991

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°658 Octobre 2010Par : Pavarotti, Domingo, Freni - Direction James LevineRédacteur : Marc Darmon (83)

Le Metro­po­li­tan Ope­ra de New York est une des scènes d’opéra les plus célèbres et la qua­li­té de ses pro­duc­tions est très éle­vée, même si des esprits cha­grins les trouvent trop « clas­siques ». Pour célé­brer l’anniversaire des vingt-cinq ans de son démé­na­ge­ment au Lin­coln Cen­ter, on orga­ni­sa en 1991 ce gala excep­tion­nel, avec sur scène une pléiade pro­pre­ment inéga­lable de stars. Le besoin de retrans­mis­sion à la télé­vi­sion de l’événement (les places dans la salle se ven­dirent jusqu’à 2500 dol­lars) nous a per­mis d’en conser­ver le témoi­gnage, édi­té il y a quelques semaines sur un double DVD Deutsche Grammophon.

Coffret du DVD Gala au metropolitan opéra 1991Trois heures de musique, témoi­gnages des heures glo­rieuses du Met, à une époque où beau­coup de salles euro­péennes se dam­naient pour avoir une seule de ces vedettes sur la scène. Un acte de Rigo­let­to, un de Othel­lo, et l’acte cen­tral de La Chauve-Sou­ris, pro­lon­gés par un réci­tal fes­tif forment un pro­gramme équi­li­bré. Les pro­duc­tions dont ces actes d’opéra sont extraits sont très carac­té­ris­tiques du Met, avec ses décors dignes du ciné­ma et ses cos­tumes riches, adap­tés à la taille de la salle, repré­sen­ta­tions à mille lieues des mises en scène et décors modernes, « recher­chés » et mini­ma­listes que l’on voit sur nos scènes d’aujourd’hui.

Après un Stars & Stripes chan­té par toute la salle debout, l’acte final de Rigo­let­to réunit le duc de Man­toue de Pava­rot­ti, le bouf­fon de Leo Nuc­ci, le Spa­ra­fu­cile de Nico­laï Ghiau­rov et la Gil­da de Che­ryl Stu­der. Dans cet acte tra­gique, les airs (notam­ment La Don­na è mobile, « Sou­vent femme varie, bien fol qui s’y fie », pilier des réci­tals de ténors) et ensembles (le célèbre qua­tuor) se suc­cèdent jusqu’à la tra­gé­die finale. Nous avons là un Pava­rot­ti brillan­tis­sime. D’ailleurs, contrai­re­ment à ce qu’on a beau­coup dit, il est visuel­le­ment tout à fait cré­dible, encore jeune et habillé en aris­to­crate. Conscient du côté excep­tion­nel de la soi­rée, Pava­rot­ti en fait beau­coup dans son célèbre air, tenant plu­sieurs secondes de plus le do final, à la grande joie des spec­ta­teurs. Dans l’esprit d’une soi­rée de gala, la réa­li­sa­tion vidéo pri­vi­lé­gie les gros plans sur les chanteurs.

Dans Othel­lo, c’est l’autre ténor vedette du Met, Pla­ci­do Domin­go, qui joue le Maure de Venise. Il met en cause l’honneur pour­tant irré­pro­chable de la Des­dé­mone de Mirel­la Fre­ni, admi­rable de sen­si­bi­li­té et de souf­france. Magni­fique également.

Après Ver­di, le rideau s’ouvre sur le second acte de La Chauve-Sou­ris de Johann Strauss, où l’intrigue, au milieu d’airs et d’ensembles sur des valses vien­noises, donne le pré­texte à un réci­tal des plus grands chan­teurs du moment et des gloires du Met. Pré­sen­tés par la jeune Anne- Sofie von Otter se suc­cèdent, excu­sez du peu, Her­mann Prey, June Ander­son, Fre­de­ri­ca von Stade, Kath­leen Bat­tle, Tho­mas Hamp­son, Samuel Ramey, Mirel­la Fre­ni. Le bou­quet final étant un duo de La Bohème par Pava­rot­ti et Domin­go, excep­tion­nel car c’était la pre­mière fois que ces deux monstres sacrés chan­taient ensemble (bien avant les célèbres « concerts des trois ténors »), et parce que Domin­go y chante la par­tie de baryton.

Le véri­table archi­tecte de cette soi­rée, c’est son chef d’orchestre James Levine. Exemple de fidé­li­té, Levine est encore aujourd’hui le direc­teur musi­cal du Met, où il a désor­mais diri­gé plus de 2 500 fois.

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