Coffret du DVD -FRANZ LISZT : CONCERTOS POUR PIANO avec Daniel Barenboïm, piano, Pierre Boulez, direction

Franz LISZT : Concertos pour piano

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°678 Octobre 2012Par : Daniel Barenboïm, piano, Pierre Boulez, directionRédacteur : Marc DARMON (83)

Une affiche para­doxale, et pour­tant un de mes plus beaux disques ! Para­doxale, pour plu­sieurs rai­sons. Pierre Bou­lez est un com­po­si­teur contem­po­rain qui par­tage son temps avec la direc­tion d’orchestre, mais que l’on ima­gine mal comme « simple » accom­pa­gna­teur dans des concer­tos pour pia­no. Et si nous avons l’habitude de l’entendre dans la musique contem­po­raine, les auteurs du XXe siècle (Stra­vins­ki, Mah­ler, etc.) ou Wag­ner, nous ne l’attendions pas dans des œuvres d’un roman­tisme échevelé.

Daniel Baren­boïm est, lui, un pia­niste et chef d’orchestre incroyable, qui allie une musi­ca­li­té extra­or­di­naire et un enga­ge­ment huma­niste à dépla­cer les mon­tagnes. Mais on le connaît mieux dans les œuvres de Mozart, Bee­tho­ven (sonates et concer­tos, pour ces deux com­po­si­teurs), Schu­bert (Impromp­tus à cou­per le souffle) que dans des œuvres vir­tuoses comme le sont ces Concer­tos de Liszt.

Et pour­tant cet enre­gis­tre­ment est une des plus grandes réus­sites de ces der­nières années. Et beau­coup de rai­sons peuvent l’expliquer.

Tout d’abord, Liszt était à la fois un pia­niste « pyro­tech­nique » qui com­po­sait des œuvres pia­nis­tiques sou­vent extrê­me­ment vir­tuoses qu’il jouait lui-même, don­nant le sem­blant de l’improvisation, mais aus­si un com­po­si­teur d’œuvres orches­trales très pro­gres­sistes et nova­trices. Il a notam­ment inven­té le genre du « poème sym­pho­nique » et lui a don­né ses lettres de noblesses, avant d’influencer son gendre Richard Wagner.

C’est pour­quoi voir Pierre Bou­lez diri­ger Liszt, et en faire res­sor­tir toute la moder­ni­té, est fina­le­ment loin d’être incongru.

De plus le pro­gramme inter­cale, entre les Concer­tos de Liszt, deux œuvres orches­trales de Wag­ner de la même époque. Tout d’abord l’ouverture de Faust (1840−1855), très peu jouée, qui lie sty­lis­ti­que­ment en une ving­taine de minutes Schu­mann et Men­dels­sohn d’un côté, Mah­ler et Richard Strauss de l’autre.

La seconde œuvre de Wag­ner est Sieg­fried Idyll, com­po­sée à l’occasion de la nais­sance en 1869 de son fils Sieg­fried, petit-fils de Liszt. Sieg­fried Idyll reprend beau­coup de thèmes (voyage sur le Rhin, le cor, l’oiseau-chanteur, etc.) de la Tétra­lo­gie (Sieg­fried prin­ci­pa­le­ment) de Wag­ner, que Bou­lez diri­gea de nom­breuses années à Bay­reuth dans une pro­duc­tion qui fit date.

Mais c’est Baren­boïm qui rend cet enre­gis­tre­ment excep­tion­nel. Avec un pia­no magni­fi­que­ment enre­gis­tré, le pia­niste nous enchante constam­ment, que l’écriture soit vir­tuose, pas­sages que Baren­boïm maî­trise en fait abso­lu­ment, ou qu’elle soit fine et sub­tile. Le célèbre tou­cher de Baren­boïm est là d’une richesse qu’on n’avait pas enten­due depuis longtemps.

Alors que le style de la par­ti­tion de pia­no est constam­ment varié, on a l’impression d’un pia­niste qui le domine par­fai­te­ment, l’attention ne peut se relâ­cher une seconde.

Le son est sublime, et l’image haute défi­ni­tion par­faite. Je le redis, un de mes disques à emme­ner sur l’île déserte.

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