Énergie 2005–2015 en Europe : virage vers de nouvaux rivages

Dossier : Entreprise et managementMagazine N°618 Octobre 2006
Par Alain CHARDON (88)

Défi pétrole

Défi pétrole

Avant d’a­bor­der les ques­tions de nou­veaux rivages et de virages de socié­té et d’en­tre­prise – qui ne vont pas de soi lors­qu’on est dans la conduite au quo­ti­dien des affaires – il est utile de prendre quelques lignes pour s’impré­gner de la force du contexte à venir, qui nous paraît vite éloi­gné dans la vie quo­ti­dienne des affaires. La situa­tion la moins pro­bable est que les choses conti­nuent linéai­re­ment comme elles l’ont fait dans les vingt der­nières années.

La dépendance énergétique et l’accès plus difficile au pétrole et au gaz nous posent un premier défi.

La Com­mu­nau­té euro­péenne craint que son taux de dépen­dance éner­gé­tique ne passe de 50 % aujourd’­hui à 70 % en 2030, avec les consé­quences que l’on sait sur la fac­ture éner­gé­tique (encore plus fortes à terme). Les maxi­ma de pro­duc­tion ont été pas­sés en pétrole au Royaume-Uni, en Nor­vège, et en gaz au Royaume-Uni et aux Pays-Bas ; seule la pro­duc­tion gazière nor­vé­gienne est appe­lée à croître.

Dans le monde la ten­sion entre la demande et l’offre s’est accrue ces deux der­nières années. Le baril de pétrole attei­gnait 77 dol­lars à l’heure où nous écri­vions ces lignes à la mi-juillet. Ils résultent à la fois d’une demande qui a dépas­sé les pré­vi­sions (crois­sance aux USA, en Chine, en Inde, crois­sance mon­diale qui a dépas­sé les 5 % plu­sieurs années de suite), d’un sous-inves­tis­se­ment dans les années quatre-vingt-dix dans l’ex­plo­ra­tion – pro­duc­tion comme dans le raf­fi­nage, des ten­sions géo­po­li­tiques (conflit en Irak, en Iran, au Proche-Orient, atti­tudes natio­na­listes au Vene­zue­la, en Boli­vie, en Rus­sie) et de plu­sieurs oura­gans dont Katri­na qui ont réduit les capa­ci­tés de pro­duc­tion du golfe du Mexique.

Enfin la com­pé­ti­tion pour l’ac­cès aux res­sources tant pétro­lières que gazières s’a­vive entre l’Eu­rope et des pays comme les États-Unis et les puis­sances asia­tiques, voire même avec la Rus­sie, sans men­tion­ner l’é­mer­gence des com­pa­gnies pétro­lières natio­nales ayant voca­tion à mieux contrô­ler l’exploi­ta­tion de leurs propres res­sources, par oppo­si­tion aux majors inter­na­tio­nales historiques.

Les inves­tis­se­ments consen­tis en ce moment dans les tech­no­lo­gies de pro­duc­tion (smart ope­ra­tions), d’ex­plo­ra­tion, de raf­fi­nage font que les éco­no­mistes de l’A­gence inter­na­tio­nale de l’éner­gie (OCDE) ain­si que l’E­ner­gy Infor­ma­tion Admi­nis­tra­tion (USA DOE) pré­voient une hausse signi­fi­ca­tive des volumes et une baisse par­tielle des prix actuels jus­qu’en 2010, puis à nou­veau une hausse pro­gres­sive et désor­mais conti­nue des prix.

Tou­jours est-il que Thier­ry Des­ma­rest pré­vient qu’il est peu pro­bable que le baril redes­cende à 25 $ (c’est une litote). Il anti­cipe éga­le­ment le peak-oil (maxi­mum de pro­duc­tion, avant une baisse iné­luc­table) d’i­ci quinze à vingt-cinq ans, avec une pro­duc­tion mon­diale supé­rieure de 30 % à la pro­duc­tion actuelle. De leur côté les « pes­si­mistes » situent le peak-oil dès 2010–2020 (voire en ce moment pour les plus pes­si­mistes d’entre eux). Rap­pe­lons que la crois­sance de la pro­duc­tion ralen­ti­ra avant l’at­teinte du « pic » (qui sera peut-être un pla­teau bos­se­lé sur plu­sieurs années) : la ten­sion offre-demande, donc les « chocs-prix » liés au peak-oil pré­cé­de­ront de plu­sieurs années celui-ci. Au rythme actuel, le peak-gas sui­vrait d’en­vi­ron une ving­taine d’an­nées le peak-oil, donc là aus­si du vivant de nombre d’entre nous.

Le recours mas­sif au char­bon est donc ten­tant. Il est abon­dant, avec la crois­sance actuelle il peut cou­vrir cent ans de consom­ma­tion mon­diale. Il est déjà la pre­mière source d’éner­gie pour la pro­duc­tion de l’élec­tri­ci­té, même en Europe (40 % de l’élec­tri­ci­té mon­diale : 35 % pour l’Eu­rope hors de France, 50 % pour les États-Unis, 75 % pour la Chine). Mais il émet des quan­ti­tés de gaz à effet de serre supé­rieures de 40 % à 100 % par rap­port au pétrole et au gaz pour le même ser­vice ren­du. Ce qui nous amène à la deuxième contrainte majeure que nous aurons à anti­ci­per dans cha­cun de nos sec­teurs économiques.

Défi climat

La lutte contre le chan­ge­ment cli­ma­tique consti­tue le second défi – non le moins redoutable.

Le GIEC1 est la réfé­rence mon­diale en matière de syn­thèse scien­ti­fique sur la connais­sance du cli­mat et de son évo­lu­tion, sur les impacts du chan­ge­ment qui est à l’œuvre sur le globe et les acti­vi­tés humaines et enfin sur les émis­sions de gaz à effet de serre ain­si que les moyens de les dimi­nuer. Cet orga­nisme est pla­cé à la fois sous l’é­gide de l’O­NU et de l’Or­ga­ni­sa­tion météo­ro­lo­gique mon­diale. Il a été créé à la demande du G7 en 1988, et tous les pays membres de l’O­NU en sont adhé­rents. Le GIEC publie tous les cinq ans un rap­port de syn­thèse de la connais­sance dont chaque mot est soi­gneu­se­ment pesé.

Il résulte de cette syn­thèse que le chan­ge­ment cli­ma­tique est déjà là avec cer­ti­tude. La tem­pé­ra­ture moyenne glo­bale a aug­men­té de 0,6° en un siècle. Les mini­ma noc­turnes aug­mentent encore plus vite (c’est d’ailleurs l’im­pos­si­bi­li­té de récu­pé­rer la nuit qui a cau­sé la mor­ta­li­té en 2003), les satel­lites pho­to­gra­phient la dimi­nu­tion de la cou­ver­ture des glaces arc­tiques, le nombre d’é­vé­ne­ments cli­ma­tiques extrêmes par décen­nie est pas­sé de 13 pour les années soixante à 72 pour les années quatre-vingt-dix, avec des coûts mul­ti­pliés par dix en dol­lars constants.

L’Or­ga­ni­sa­tion météo­ro­lo­gique mon­diale a en outre sou­li­gné récem­ment que les années 2001–2005 sont les cinq années les plus chaudes après 1998 depuis que les sta­tis­tiques de tem­pé­ra­tures ont été créées en 1850.

Mais sur­tout les scé­na­rios éva­luent une hausse des tem­pé­ra­tures sup­plé­men­taire d’i­ci 2100 dans une four­chette 1,4° à 5,8°, selon le type d’é­vo­lu­tion éco­no­mique et socié­tale de la pla­nète, soit plu­sieurs fois ce qui a été obser­vé jus­qu’i­ci. Or il ne s’a­git que de moyennes annuelles glo­bales, qui cachent des hausses plus impor­tantes par exemple aux hautes lati­tudes en hiver, dans les lati­tudes inter­mé­diaires en été, sur les terres par oppo­si­tion aux océans, la nuit par oppo­si­tion au jour.

Quelles consé­quences le GIEC consi­dère-t-il comme moyen­ne­ment à for­te­ment pro­bables ? Dans le bas de la four­chette, des effets posi­tifs ou néga­tifs appa­raissent loca­le­ment. Dans le haut de la four­chette, ils sont pro­ba­ble­ment mas­si­ve­ment néga­tifs. Selon que l’on se situe dans le bas ou le haut de la four­chette, la diver­si­té des espèces bio­lo­giques devrait se réduire dans quelques pays ou dans une majo­ri­té de pays. En effet il leur sera dif­fi­cile d’é­vo­luer aus­si rapi­de­ment que le chan­ge­ment cli­ma­tique. La fré­quence des évé­ne­ments extrêmes (inon­da­tions, tem­pêtes, séche­resses…) devrait s’ac­croître, voire for­te­ment s’ac­croître au-delà des niveaux actuels, avec des impacts sur la san­té et la richesse.

Concer­nant les inon­da­tions dues à des tem­pêtes côtières, le GIEC éva­lue par exemple que le nombre d’i­non­dés pour­rait pas­ser de 40 mil­lions de per­sonnes par an actuel­le­ment à 100 mil­lions si des mesures de pro­tec­tion sont prises, voire 250 mil­lions en l’ab­sence d’in­ves­tis­se­ments sup­plé­men­taires. Les impacts sur l’a­gri­cul­ture sont déli­cats à éva­luer, posi­tifs ou néga­tifs selon les zones pour une aug­men­ta­tion faible des tem­pé­ra­tures, plus cer­tai­ne­ment néga­tifs pour les pays en déve­lop­pe­ment (et pour l’ensem­ble des pays pour des hausses fortes). Du point de vue de la san­té, les mor­ta­li­tés hiver­nales devraient bais­ser (moins d’hi­vers rudes), en revanche plus de mor­ta­li­té serait obser­vée en été. Selon des simu­la­tions de Météo France, dans le cas d’un scé­na­rio moyen un été sur deux en 2100 cor­res­pon­drait au fameux mois d’août 2003. Les impacts sur l’eau seraient néga­tifs (qua­li­té hygié­nique dégra­dée du fait de la tem­pé­ra­ture, demande accrue, dis­po­ni­bi­li­té for­te­ment chan­gée selon les zones).

Enfin, plus on fonc­tionne dans des scé­na­rios de type « Busi­ness as Usual », plus la pro­ba­bi­li­té de voir des phé­no­mènes à seuils ou des phé­no­mènes vio­lents appa­raître est pos­sible voire pro­bable. Le GIEC cite notam­ment le risque accru de voir les cir­cu­la­tions océa­niques être per­tur­bées si la tem­pé­ra­ture monte trop, alors qu’elles jouent un rôle de régu­la­tion impor­tante à l’é­chelle du globe.

Une par­tie des scien­ti­fiques estime que nous avons une fenêtre de tir de dix à vingt ans pour ini­tier des mesures cor­rec­trices consé­quentes, après quoi les phé­no­mènes de seuils et d’i­ner­tie aug­men­te­raient for­te­ment le risque de rendre les chan­ge­ments irréversibles.

Même combat

Le défi de l’in­dé­pen­dance éner­gé­tique et le défi cli­ma­tique se rejoignent en ce sens que l’éner­gie pèse pour 80 % des émis­sions glo­bales en Europe, la pro­duc­tion élec­trique pesant à elle seule pour 38 % des émis­sions de CO2.

À part la ten­ta­tion du recours au char­bon, ils par­tagent qua­si­ment les mêmes leviers de solu­tion (effi­ca­ci­té, mixes éner­gé­tiques, sobrié­té) quels que soient les sec­teurs (indus­trie, ser­vices, bâti­ments, trans­ports, pro­duc­tion d’éner­gie). Répondre à la ques­tion du cli­mat per­met de répondre à la ques­tion de la sécu­ri­té éner­gé­tique, même si cette der­nière est sans doute mieux com­prise et plus prio­ri­taire dans l’a­gen­da des acteurs éco­no­miques et politiques.

Nouveaux rivages

Dans ce contexte notre obser­va­tion des mar­chés euro­péens de l’éner­gie et les tra­vaux de pros­pec­tive que nous avons pu mener avec nos clients nous per­mettent de déga­ger sept ten­dances de long terme, qui sont déjà appa­rentes aujourd’­hui en Europe (la France, avec son parc nucléaire qui pro­duit 80 % de l’élec­tri­ci­té a ses spé­ci­fi­ci­tés). Ces ten­dances touchent non seule­ment le sec­teur de l’éner­gie, mais aus­si l’en­semble des sec­teurs éco­no­miques par ricochet.

Sept tendances pour un nouvel ordre énergétique jusque chez les particuliers et les entreprises

1) Aug­men­ta­tion des prix de l’éner­gie. Quoi qu’il arrive (et au-delà d’une éven­tuelle baisse par­tielle momen­tanée en cette fin de décen­nie) les prix de l’éner­gie sont appe­lés à aug­men­ter pour l’une ou l’autre des deux rai­sons sui­vantes. Soit c’est le prix intrin­sèque de l’éner­gie qui fait l’aug­men­ta­tion du prix glo­bal, parce que les poli­tiques de pré­ven­tion des chocs éner­gé­tiques ou cli­ma­tiques ont été insuf­fi­santes pour limi­ter la demande. Soit c’est l’aug­men­ta­tion du prix du CO2 qui fait l’aug­men­ta­tion du prix com­plet de l’éner­gie, du fait d’ob­jec­tifs contrai­gnants sur les mar­chés CO2 (ou via d’autres ins­tru­ments de poli­tique publique comme la taxa­tion) : cela dimi­nue la demande. Le prix intrin­sèque d’a­chat aux pays pro­duc­teurs a moins aug­men­té, les réserves sont consom­mées moins rapi­de­ment, le peak-oil est retar­dé et lis­sé. Dans les deux cas, les uti­li­sa­teurs pri­vés comme les entre­prises doivent s’atten­dre à une aug­men­ta­tion conti­nue… et durable du prix de l’éner­gie, avec en prin­cipe une meilleure visi­bi­li­té dans le second cas, donc une meilleure capa­ci­té des agents à anti­ci­per et une meilleure sta­bi­li­té sociale et économique.

2) Ten­dance à la fusion des opé­ra­teurs en Europe (élec­tri­ciens, gaziers), pour atteindre les tailles cri­tiques per­met­tant de faire face aux fortes contraintes d’in­ves­tis­se­ment et d’ob­te­nir un meilleur pou­voir de négo­cia­tion en matière d’ap­pro­vi­sion­ne­ment sur la scène internationale.

3) Retour de l’in­ter­ven­tion­nisme public, parce que les mar­chés seuls ne peuvent répondre aux défis de l’indé­pen­dance éner­gé­tique et de la lutte contre le cli­mat. La déré­gu­la­tion a démar­ré dans les années quatre-vingt-dix lorsque l’éner­gie n’é­tait plus un sujet stra­té­gique. Le retour des ten­sions éner­gé­tiques sur le devant de la scène va ame­ner les pou­voirs publics à exer­cer un rôle plus fort, a mini­ma en termes d’o­rien­ta­tions et de soutiens.

4) Forte prio­ri­té à l’ef­fi­ca­ci­té éner­gé­tique et à la maî­trise de la demande en éner­gie. Les « Néga­watts » (éner­gie éco­no­mi­sée pour un même ser­vice ren­du) consti­tue­ront en quelque sorte une des pre­mières « sources d’éner­gie » des pays, des par­ti­cu­liers et des entre­prises. Délais­sée dans les années quatre-vingt-dix, cette « source d’éner­gie » revient en force, avec l’a­van­tage de four­nir une meilleure visi­bi­li­té que les éner­gies clas­siques : à par­tir d’un inves­tis­se­ment connu, le même ser­vice est ren­du avec moins d’éner­gies clas­siques, donc moins d’in­cer­ti­tude sur le coût final de l’u­sage, qu’il concerne le bâti­ment, les trans­ports, ou la pro­duc­tion de biens et de services.

5) Mixes éner­gé­tiques plus variés pour la pro­duc­tion des éner­gies de réseau (cen­tra­li­sée et décen­tra­li­sée). La double contrainte du cli­mat et de la dépen­dance éner­gé­tique est telle qu’il fau­dra savoir faire feu de tout bois. Dans les usages cen­tra­li­sés, le recours aux éner­gies fos­siles devrait avoir ten­dance à se faire plus varié, sans qu’il nous soit pos­sible de parier plu­tôt sur le char­bon ou le gaz à ce stade. D’i­ci vingt ans, la pos­si­bi­li­té de cap­tu­rer et sto­cker sous terre les émis­sions de CO2 en sor­tie d’u­sine élec­trique pour­ra chan­ger la donne. La part du nucléaire s’ac­croî­tra sans doute par néces­si­té, dans des pro­por­tions d’au­tant plus grandes que l’ac­cep­ta­tion des citoyens sur le sujet sera grande et que seront faibles les efforts que la socié­té déve­lop­pe­ra en matière de solu­tions effi­caces et de maî­trise de la demande.

Les éner­gies décen­tra­li­sées (réseaux de cha­leur, grands renou­ve­lables comme l’éo­lien, la bio­masse indus­trielle) se déve­lop­pe­ront, ain­si que de nou­veaux équi­libres entre les cogé­né­ra­tions de cha­leur, froid, élec­tri­ci­té. Enfin à plus long terme l’hy­dro­gène pour­ra se déve­lop­per. Il n’est tou­te­fois qu’un « vec­teur », comme l’élec­tri­ci­té, et non une éner­gie natu­relle : son béné­fice dépend de la façon dont nous le pro­dui­rons. Il appor­te­rait néan­moins plus de sou­plesse que l’élec­tri­ci­té. Il est en effet plus faci­le­ment sto­ckable et il peut être uti­li­sé dans les bâti­ments comme pour les transports.

6) Plus d’éner­gies renou­ve­lables pour la pro­duc­tion de cha­leur et d’élec­tri­ci­té à large échelle et dans les usages finaux dif­fus (bâti­ments), ain­si que pour les transports.

7) Plus d’éner­gies répar­ties ou dif­fuses chez les clients finaux (entre­prises, par­ti­cu­liers, admi­nis­tra­tions). La solu­tion éner­gé­tique s’é­la­bo­re­ra désor­mais sur place chez le client, et elle sera com­po­site. Fin pro­bable du « tout élec­trique », du « tout fuel » ou du « tout gaz », déli­vrant mas­si­ve­ment de l’éner­gie « en ouvrant le robi­net ». La solu­tion conju­gue­ra une ratio­na­li­sa­tion du besoin (cf. 2), la pro­duc­tion d’éner­gie sur place (éner­gie renou­ve­lable par exemple solaire, pompe à cha­leur, petite, mini ou micro-cogé­né­ra­tion, récu­pé­ra­tion d’éner­gie fatale, c’est-à-dire d’éner­gie pro­duite sur le site pour d’autres rai­sons qu’­éner­gé­tiques et habi­tuel­le­ment per­due, etc.) et le com­plé­ment avec une éner­gie clas­sique qui apporte la sou­plesse. Là encore l’in­ves­tis­se­ment sera une ques­tion de ren­ta­bi­li­té, de visi­bi­li­té des coûts à long terme et de maî­trise du risque.

Per­met­tons-nous à ce stade une incise toute poly­tech­ni­cienne. Nous avons ten­dance à valo­ri­ser comme seules solu­tions effi­caces les solu­tions très cen­tra­li­sées, dont le nucléaire est un bon exemple, consé­quence sans doute de notre édu­ca­tion jaco­bine et tech­ni­ciste. N’ou­blions pas la puis­sance des mar­chés de masse. Quand les condi­tions de mar­ché sont mûres et les filières de dis­tri­bu­tion consti­tuées, ce qui est petit peut deve­nir nom­breux (!) donc rela­ti­ve­ment mas­sif et effi­cace (atteinte de parts de mar­ché signi­fi­ca­tives en quelques années).

Plus de technologie, de services, de financement

En consé­quence le mar­ché de l’éner­gie ne sera plus un mar­ché de kilo­watt­heures ou de molé­cules à consom­mer, mais de plus en plus un mar­ché de « ser­vice éner­gé­tique » opti­mi­sé carac­té­ri­sé par :

• plus de technologie

Hier on dis­po­sait d’une éner­gie fos­sile abon­dante, peu chère et uti­li­sable sans modé­ra­tion, avec des appa­reils dont on cher­chait à limi­ter d’a­bord le coût (chauf­fage, moteurs…). Demain satis­faire son besoin éner­gé­tique requiert plus de tech­no­lo­gie à la fois pour évi­ter les pertes inutiles d’éner­gie (iso­la­tions, com­mandes du bâti­ment, comp­tage intel­li­gent des consom­ma­tions appe­lé aus­si smart mete­ring), ain­si que pour pilo­ter un appa­reillage éner­gé­tique plus com­plexe et plus com­po­site (éner­gie renou­ve­lable et clas­sique, cogé­né­ra­tion, appa­reils, véhi­cule hybride…).

• plus de services

La mise en œuvre de solu­tions mul­ti-éner­gies ain­si que d’ac­tions en amont de maî­trise du besoin éner­gé­tique exige des com­pé­tences plus poin­tues, donc plus de ser­vices chez le client, dans des seg­ments qui sont actuel­le­ment sépa­rés : d’un côté le bâti­ment, de l’autre les chauf­fa­gistes, du troi­sième les ges­tion­naires de biens, du qua­trième les ven­deurs de maté­riels indus­triels, infor­ma­tiques et commu­ni­cants, enfin les opé­ra­teurs éner­gé­tiques. Qui empor­te­ra le morceau ?

• plus de financement

Dans le contexte d’une éner­gie qui se ren­ché­rit, inves­tir dans des solu­tions plus tech­no­lo­giques aug­mente le besoin de solu­tions de finan­ce­ment pour les entre­prises et les par­ti­cu­liers. Qui le four­ni­ra et sous quelle forme (à part, inté­gré à la fac­ture éner­gé­tique, sous forme d’a­bon­ne­ments ou de packs de ser­vices…) ? Les ban­cas­su­rances, les ins­tal­la­teurs, les nou­veaux acteurs du ser­vice énergétique ?

Facteur 4

La ques­tion des ordres de gran­deur de ces évo­lu­tions est d’im­por­tance. Sta­bi­li­ser à +2° la tem­pé­ra­ture glo­bale en 2100 sup­pose de divi­ser par deux les émis­sions mon­diales de gaz à effet de serre en 2050. Compte tenu de la crois­sance des pays en voie de déve­lop­pe­ment, cela amène nos pays indus­triels à divi­ser leurs émis­sions par quatre.

L’A­gence inter­na­tio­nale de l’éner­gie pré­voit au contraire une aug­men­ta­tion de 30 % des émis­sions euro­péennes d’i­ci 2050 (fac­teur 0,75).

L’ob­jec­tif « Fac­teur 4 » a été repris par Jacques Chi­rac (et Tony Blair). En France il a été ins­crit dans la loi sur l’éner­gie du 13 juillet 2005. Il n’est pas pour autant faci­le­ment attei­gnable : en Europe il sup­pose que cha­cun d’entre nous rame­nions nos émis­sions pro­fes­sion­nelles et per­son­nelles de 6–8 tonnes à 2 tonnes de CO2 par an. Deux tonnes cor­res­pondent par exemple à 10 000 km en voi­ture OU une demi-sai­son de chauf­fage au fuel ou au gaz d’une mai­son indi­vi­duelle OU un aller retour trans­at­lan­tique. On mesure là le défi.

Cela sup­pose de réorien­ter pro­fon­dé­ment les sys­tèmes de pro­duc­tion d’éner­gie, d’aug­men­ter à des niveaux supé­rieurs à ceux des années 70–80 les efforts d’ef­fi­ca­ci­té éner­gé­tique, de faire réno­ver et iso­ler for­te­ment par leurs pro­prié­taires les bâti­ments exis­tants à un rythme plu­sieurs fois plus éle­vé que le rythme actuel, à faire évo­luer pro­fon­dé­ment les véhi­cules, les modes de trans­port et la quan­ti­té de dépla­ce­ments nécessaires…

Virage

Cré­dible, pas cré­dible ? Quelles condi­tions pour un virage dans les dix ans ?

Des chan­ge­ments de cette ampleur sont néces­saires d’un point de vue scien­ti­fique pour évi­ter de réels désa­gré­ments… mais ils paraissent a prio­ri peu cré­dibles à l’ho­ri­zon de notre vie pro­fes­sion­nelle tant ils semblent consé­quents. Ils sup­posent sur­tout des déci­sions poli­tiques fortes à l’é­chelle de l’Eu­rope ou des pays membres, que ne pour­ront prendre les per­son­nels poli­tiques que s’il y a à la fois une pres­sion éco­no­mique (prix de l’éner­gie) et une pres­sion socié­tale importantes.

Que peut-il arri­ver en 2005–2020 qui fasse que la « réa­li­té phy­sique » des impacts éner­gie et cli­mat ait autant de poids que la « réa­li­té cou­rante » éco­no­mique (CAC 40…) et sociale (le CPE, la Coupe du Monde…) ?

L’ac­crois­se­ment de la dépen­dance éner­gé­tique, une dif­fi­cul­té accrue à s’ap­pro­vi­sion­ner en pétrole et en gaz à prix sup­por­table, des crises géo­po­li­tiques qui se répètent sont l’élé­ment de réponse a prio­ri le plus pesant.

Néan­moins la connais­sance scien­ti­fique à l’oc­ca­sion de la publi­ca­tion des rap­ports du GIEC en 2007 puis vers 2013 peut éga­le­ment jouer, en pré­ci­sant la loca­li­sa­tion et la quan­ti­fi­ca­tion des effets pro­bables du réchauf­fe­ment cli­ma­tique sur nos éco­no­mies, sans négli­ger les com­plé­ments d’infor­ma­tion sur les « mau­vaises sur­prises » pos­sibles que l’on entre­voit aujourd’­hui concer­nant par exemple la réac­tion des océans (peu de bonnes sur­prises pour l’instant !).

Enfin les pre­miers effets ponc­tuels peuvent éga­le­ment faire prendre conscience du carac­tère majeur de l’en­jeu : évé­ne­ments aux USA ou en Asie (tem­pêtes, séche­resses, pluies, cani­cules) ou en Europe, via des effets ponc­tuels affec­tant signi­fi­ca­ti­ve­ment un ou plu­sieurs sec­teurs éco­no­miques ou sociaux (agri­cul­ture, habi­tat, eau). Comme cela est arri­vé pour les pluies acides, les États-Unis peuvent éga­le­ment réus­sir à déve­lop­per des bre­vets qui leur four­nissent un avan­tage com­pé­ti­tif (séques­tra­tion du CO2, éco­no­mie de l’hy­dro­gène, éner­gies décar­bo­nées…) et qui les amènent à pas­ser de freins à accé­lé­ra­teurs sur les dis­po­si­tions de type Kyo­to, du fait des mar­chés que cela crée.

En résu­mé : nous ne sommes pas à l’a­bri d’une vraie accé­lé­ra­tion en matière de déci­sions poli­tiques et régle­men­taires à l’ho­ri­zon de cinq à quinze ans. Elle tou­che­rait d’a­bord le sec­teur rési­den­tiel et ter­tiaire, pour lequel les pro­grès sont les plus acces­sibles et les plus créa­teurs de ser­vices. L’é­vo­lu­tion du sec­teur des trans­ports est encore trop liée à la crois­sance, il com­porte de fortes iner­ties et exige des évo­lu­tions très struc­tu­rantes : il n’é­vo­lue­ra sans doute for­te­ment qu’a­près et sous une pres­sion accrue. L’in­dus­trie et l’éner­gie pour­sui­vront leurs actions d’ef­fi­ca­ci­té, qu’elles n’ont jamais aban­don­nées même dans les années quatre-vingt-dix pour des rai­sons d’ef­fi­ca­ci­té économique.

Foison d’opportunités dès maintenant

Les dix années qui viennent de pas­ser ont été celles de la restruc­tu­ra­tion du mar­ché de l’éner­gie – en fait le mar­ché des opé­ra­teurs his­to­riques – selon la chaîne bien éta­blie pro­duc­tion-trans­port-dis­tri­bu­tion-com­mer­­cia­­li­­sa­­tion, ce qui n’a pas fon­da­men­ta­le­ment chan­gé la façon d’a­bor­der l’éner­gie, mais plu­tôt de la commercialiser.

Sous l’ef­fet des ten­dances de long terme ci-des­sus, les dix années qui viennent vont voir une restruc­tu­ra­tion beau­coup plus pro­fonde, floue et créa­tive, accen­tuant le pas­sage du mar­ché de la four­ni­ture éner­gé­tique à celui du ser­vice éner­gé­tique. Cette évo­lu­tion est d’ores et déjà enga­gée sous le triple effet :

de la déré­gu­la­tion qui s’a­chève et qui offre un accès plus ouvert aux clients finaux, tant pour les opé­ra­teurs (chute du prin­cipe de spé­cia­li­té, qui leur per­met d’of­frir des ser­vices « au-delà du comp­teur »), que pour les entre­prises. Par exemple les entre­prises d’ins­tal­la­tion et main­te­nance remontent vers le ser­vice éner­gé­tique « inté­gré » aux col­lec­ti­vi­tés locales ;
des tech­no­lo­gies inno­vantes et moins chères (éner­gies renou­ve­lables, mais aus­si tech­no­lo­gies de l’in­for­ma­tion et de la com­mu­ni­ca­tion déve­lop­pées par les construc­teurs de maté­riels et par les opé­ra­teurs télécoms) ;
 du déve­lop­pe­ment des méca­nismes de sou­tien à l’éner­gie durable : obli­ga­tions régle­men­taires, inci­ta­tions fis­cales et tarifs de rachats, mar­chés à cer­ti­fi­cats pour les gaz à effet de serre (cer­ti­fi­cats noirs), les éner­gies renou­ve­lables (cer­ti­fi­cats verts), les éco­no­mies d’éner­gie (cer­ti­fi­cats blancs), les bio­car­bu­rants, qui créent de nou­velles opportunités.

Jeu des acteurs : cela bouge, bien au-delà des opérateurs historiques

Dans ce foi­son­ne­ment les acteurs sont ame­nés à bou­ger les lignes pour se sai­sir d’op­por­tu­ni­tés, cha­cun avec ses atouts.

Les opé­ra­teurs éner­gé­tiques sont inté­res­sés par le déve­lop­pe­ment du ser­vice en aval du comp­teur. Ils ont pour eux la légi­ti­mi­té de la four­ni­ture d’éner­gie, la force de la rela­tion client peu intense mais de masse (plu­sieurs mil­lions de clients). Ils doivent en revanche évo­luer for­te­ment sur la rela­tion client de proxi­mi­té et l’a­ni­ma­tion en propre de réseaux de ven­deurs, d’ins­tal­la­teurs, étran­gères à leur culture de ser­vice indus­triel de masse qui n’é­tait en contact avec les clients qu’à l’oc­ca­sion de la fac­tu­ra­tion ou des réclamations.

Les ESCO (ener­gy ser­vice com­pa­nies) ont le savoir-faire de rela­tions clients fortes (col­lec­ti­vi­tés locales, entre­prises, rési­den­tiel col­lec­tif), de ges­tion de contrats fon­dés sur le ser­vice éner­gé­tique et les gains d’ef­fi­ca­ci­té dans la durée. C’est leur métier d’a­ni­mer des réseaux d’a­gences qui gèrent à la fois le tech­nique et le com­mer­cial (ser­vice de proxi­mi­té). Le mar­ché de l’é­vo­lu­tion des mixes éner­gé­tiques, de l’éner­gie dif­fuse, de la maî­trise de la demande éner­gé­tique semble donc fait pour eux. Pas­ser le saut quan­ti­ta­tif du « Fac­teur 4 » sup­pose néan­moins de trou­ver com­ment étendre leurs pres­ta­tions de ges­tion des sys­tèmes ther­miques à la ges­tion glo­bale des besoins éner­gé­tiques, y com­pris l’élec­trique et sur­tout les stra­té­gies d’op­ti­mi­sa­tion du besoin. Elles touchent au bâti­ment et aux compor­te­ments des occu­pants : il y a là un saut de savoir-faire.

Les socié­tés de main­te­nance et d’ins­tal­la­tion élec­trique remontent vers les contrats de per­for­mance (meilleure ges­tion des consom­ma­tions), dans une logique d’ES­CO, ain­si que vers les métiers de dis­tri­bu­tion et de pro­duc­tion décen­tra­li­sée (renou­ve­lables).

Les indus­triels et fabri­cants de maté­riels remontent vers le ser­vice à la façon d’IBM qui est pas­sé de la pro­duc­tion de maté­riels au consul­ting et l’aide à la mise en place de solu­tions métier chez le client. L’éner­gie appelle des solu­tions plus com­plexes et suit le même che­min que l’in­for­ma­tique (Schnei­der, Sie­mens s’en­gagent dans des contrats de per­for­mance énergétique).

Les entre­prises de télé­com­mu­ni­ca­tions inves­tissent éga­le­ment le seg­ment du ser­vice énergétique.

Des gise­ments d’ef­fi­ca­ci­té se trouvent dans l’in­tel­li­gence et le pilo­tage du bâti­ment, de la mai­son et des installations.

Les col­lec­ti­vi­tés locales enfin ont un rôle impor­tant à jouer en matières d’é­co­no­mies d’éner­gie (dis­po­si­tif de cer­ti­fi­cats d’é­co­no­mies d’éner­gie) sur leurs propres consom­ma­tions et par leur action à l’é­chelle du ter­ri­toire auprès des entre­prises et des particuliers.

La transformation des entreprises : apports d’un cabinet de conseil

Il résulte d’a­bord de la dis­cus­sion pré­cé­dente que les entre­prises et les pou­voirs publics sont déjà confron­tés à des ques­tions stra­té­giques et opé­ra­tion­nelles sur trois mar­chés très concrets : celui des cer­ti­fi­cats noirs (émis­sions CO2), le busi­ness to busi­ness vert (grands renou­ve­lables), les mar­chés blancs (éco­no­mies d’éner­gie et petits renouvelables).

Cela amène Cap­ge­mi­ni Consul­ting – cabi­net de conseil en mana­ge­ment pour lequel je tra­vaille – à inter­ve­nir sur ces ques­tions tout d’a­bord sur des actions opé­ra­tion­nelles clas­siques (défi­nir les nou­veaux pro­ces­sus et l’or­ga­ni­sa­tion concer­nant par exemple la ges­tion des émis­sions de CO2, des cer­ti­fi­cats bio­car­bu­rants, ou des kWh renou­ve­lables, jus­qu’à la mise en place des solu­tions infor­ma­tiques cor­res­pon­dantes). Néan­moins ces mar­chés blancs, noirs, verts ont cha­cun leurs propres com­plexi­tés. Il convient de bien les connaître, ce qui néces­site un inves­tis­se­ment cer­tain car ils consti­tuent à eux seuls un univers.

Un exemple type de pro­jet opé­ra­tion­nel amu­sant qui requiert éga­le­ment à la fois des com­pé­tences spé­ci­fiques au sujet et des com­pé­tences de ges­tion de pro­jet clas­siques pour un grand cabi­net : main­te­nant que vous, lec­teur, êtes sen­si­bi­li­sé au sujet de la dépen­dance éner­gé­tique et de la lutte contre le cli­mat, vous pour­riez exi­ger de votre direc­teur finan­cier et de votre direc­teur déve­lop­pe­ment durable qu’ils pilotent le pro­chain pro­jet de maî­trise des coûts avec une comp­ta­bi­li­té en euros, kg CO2 et kWh éco­no­mi­sés : tant d’eu­ros de dépla­ce­ments en avion éco­no­mi­sés équi­valent à tant d’é­mis­sions évi­tées. Idem pour la consom­ma­tion d’élec­tri­ci­té de la pho­to­co­pieuse ou des postes fixes lais­sés allu­més 24 h/24 h. Cela per­met d’i­den­ti­fier les gise­ments tant éco­no­miques qu’­éner­gé­tiques et CO2 de l’en­tre­prise, d’a­gir concrè­te­ment « pour le cli­mat », de moti­ver les troupes pour une uti­li­té éthique, de féli­ci­ter les équipes les plus per­for­mantes, voire de valo­ri­ser des certificats…

Plus sérieu­se­ment lors­qu’on en vient aux ques­tions stra­té­giques, le fait de connaître les enjeux liés à l’éner­gie et au cli­mat, ain­si que les logiques des mar­chés blancs, noirs, verts per­met d’a­bor­der dif­fé­rem­ment les ques­tions types telles que :

 com­ment ces mar­chés sont-ils appe­lés à se déve­lop­per, quelle stra­té­gie d’en­trée sur ce mar­ché, où dans la chaîne de valeur ?
 com­ment les logiques de cer­ti­fi­cats déma­té­ria­li­sés inter­fèrent-elles avec mes busi­ness clas­siques ? Sont-elles de nature à les modi­fier ou ne sont-elles qu’un à côté ?
 à terme, quelles sont les menaces et les oppor­tu­ni­tés que peuvent faire peser sur les acti­vi­tés de mon entre­prise le chan­ge­ment cli­ma­tique ou les crises énergétiques ?
 quand ces « virages » peuvent-ils arri­ver (avant 2010, pas avant 2020) ? quelle veille stra­té­gique mettre en œuvre ?
 la nature des poli­tiques qui seront mises en place dans les pays étant incer­taine et variable, quel est l’é­ven­tail de scé­na­rios aux­quels je dois me pré­pa­rer ? Com­ment une approche quan­ti­ta­tive peut-elle nous faire tou­cher du doigt les enjeux ?
 quelles déci­sions robustes prendre quel que soit l’a­ve­nir, quels paris prendre, com­ment évi­ter les contre­sens, sur­tout pour des inves­tis­se­ments lourds ?
 quelle atti­tude prendre à court terme pour mes choix d’in­ves­tis­se­ments à longue durée de vie, dont la ren­ta­bi­li­té pour­rait être mise en péril par une modi­fi­ca­tion de l’ac­ti­vi­té à par­tir de 2015–2020 ?
 com­ment gérer au mieux le fac­teur temps ? la crois­sance puis la décrois­sance sur telle ou telle acti­vi­té ? L’en­trée dans une acti­vi­té dont on sent qu’elle est iné­luc­table mais pas encore tout à fait mûre ?

Le rôle d’un cabi­net de conseil en stra­té­gie et trans­for­ma­tion est de pré­sen­ter les élé­ments sur ces défis tels qu’ils se pré­sentent actuel­le­ment à la connais­sance. Il est pos­sible que ces défis contiennent des rup­tures qui soient en léger déca­lage avec la vision linéaire et sécu­ri­sante qu’ap­pré­cient les mar­chés. Mais le propre d’une entre­prise est de ne pas avoir d’a prio­ri phi­lo­so­phique par rap­port à des muta­tions pré­vi­sibles ou pro­bables, pour­vu qu’elle trouve des clients à ser­vir et des ser­vices à fournir.

Conclusion

La période qui vient ouvre de grandes pos­si­bi­li­tés d’in­no­va­tion et de trans­for­ma­tion, aus­si pas­sion­nantes que lors­qu’à l’a­près-guerre nos aînés recons­trui­saient l’Eu­rope, les bar­rages élec­triques, les lignes hautes ten­sion, pleins de confiance dans le progrès !

L’en­jeu est aujourd’­hui de savoir construire un monde viable à moyens fos­siles et émis­sions limi­tés. Il s’a­git tou­jours d’éner­gie, d’œu­vrer pour notre bien-être et celui de nos conci­toyens et de per­mettre l’é­vo­lu­tion sans désa­gré­ments de nos éco­no­mies et de nos entreprises.

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