Livre : ÉCONOMIE DU BIEN COMMUN de Jean Tirole (73)

Économie du bien commun

Dossier : Arts,Lettres et SciencesMagazine N°719 Novembre 2016Par : Jean TIROLE (73)Rédacteur : François Xavier MARTIN (63)Editeur : Presses universitaires de France – 2016 – (PUF), 6, avenue Reille, 75014 Paris. Tél. : 01 58 10 31 92.

Jean Tirole pro­pose de clas­ser les éco­no­mistes en deux caté­go­ries : les héris­sons qui, gui­dés par une idée fixe, défendent de façon qua­si obses­sion­nelle un para­digme qu’ils jugent essen­tiel, et les renards, moins média­tiques, qui se méfient des théo­ries glo­bales et bâtissent, à par­tir de plu­sieurs approches, des ana­lyses et des recom­man­da­tions sou­vent nuancées. 

Notre cama­rade tient de ces deux ani­maux. Renard, il explique en termes simples ce qu’est la science éco­no­mique et quelle est l’activité de ses cher­cheurs ; il nous donne ensuite une ana­lyse lim­pide et nuan­cée de grands pro­blèmes actuels tels que les aspects éco­no­miques du défi cli­ma­tique, la per­sis­tance du chô­mage fran­çais, le futur de l’Europe, la crise finan­cière de 2008, les consé­quences de la mon­dia­li­sa­tion et de la numérisation. 

Héris­son, il porte un juge­ment sans appel sur ce qu’il appelle « le reten­tis­sant échec éco­no­mique, cultu­rel, social et envi­ron­ne­men­tal des éco­no­mies pla­ni­fiées » face aux résul­tats obte­nus par les éco­no­mies de marché. 

Pour autant, cela ne fait pas de Jean Tirole le par­ti­san d’un libé­ra­lisme débri­dé, car il sait fort bien que ce der­nier n’amène à l’optimum éco­no­mique pré­vu par la théo­rie clas­sique que si chaque pro­duit ou ser­vice est pro­po­sé à de nom­breux clients par de mul­tiples four­nis­seurs, tous ces acteurs étant bien infor­més et agis­sant de façon rationnelle. 

Dès qu’un mar­ché s’écarte de ces condi­tions idéales, des groupes de pres­sion et des socié­tés sont en mesure de pro­fi­ter au maxi­mum de rentes de situation. 

Dans un tel contexte, Jean Tirole estime que la res­pon­sa­bi­li­té des éco­no­mistes est de pro­po­ser aux poli­tiques les mesures régle­men­taires d’organisation des mar­chés dont la mise en œuvre inlas­sable inci­te­ra les four­nis­seurs majeurs de biens et de ser­vices à conti­nuer à inno­ver, à opti­mi­ser la qua­li­té et le coût de leur pro­duc­tion et à la vendre à des prix qui en per­met­tront une dif­fu­sion maxi­male, et à ne pas se conten­ter d’exploiter jusqu’à l’excès leurs posi­tions dominantes.

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