DVORAK

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°641 Janvier 2009Par : DvorakRédacteur : Marc Darmon (83)

Les oeuvres du com­po­si­teur tchèque Anton Dvo­rak ne sont pas faciles à trou­ver en DVD, à part natu­rel­le­ment la Sym­pho­nie du Nou­veau Monde, dont il faut conseiller le concert de C. Abba­do à Ber­lin (DVD Euroarts). Dvo­rak est pour­tant un des musi­ciens les plus impor­tants du XIXe siècle. L’édition par Arthaus des concerts qui ont eu lieu àCoffret de DVD : The Dvorak Cycle Franc­fort lors d’une tour­née de l’Orchestre sym­pho­nique de Prague, il y a une quin­zaine d’années, est une bonne occa­sion de voir des grandes œuvres moins cou­rues dans des condi­tions idéales.

Sous la direc­tion des chefs P. Altri­cher, J. Beloh­la­vek et sur­tout L. Pesek, nous avons là des pièces majeures du réper­toire roman­tique, de très grande qua­li­té et par­fai­te­ment inter­pré­tées : Sym­pho­nies n° 7 et 8, Concer­to pour vio­lon­celle (avec le grand Misha Mais­ky, en soliste), Danses slaves, le rare mais magni­fique Concer­to pour pia­no… Comme tou­jours, voir le concert apporte beau­coup par rap­port à un disque. L’enchaînement des voix et des phra­sés, l’engagement des solistes, des chefs d’orchestre et des ins­tru­men­tistes sont idéa­le­ment sen­tis grâce à l’image. Une expé­rience de vrai plaisir.

Nous vou­drions détailler par­ti­cu­liè­re­ment le DVD consa­cré au Sta­bat mater, oeuvre encore moins sou­vent jouée et enre­gis­trée, même en disque. Cette suc­ces­sion de dix mou­ve­ments lents qui se ter­mine en apo­théose est extrê­me­ment poi­gnante. Le Requiem, l’autre œuvre reli­gieuse impor­tante de Dvo­rak, don­nait une impres­sion de gran­deur. Mais le sen­ti­ment pré­pon­dé­rant géné­ré par le Sta­bat mater est la mélan­co­lie. La plu­part des mou­ve­ments débutent dans un mur­mure, dont émerge peu à peu une musique de plainte, extrê­me­ment pre­nante et recueillie. Rien ne prouve que le com­po­si­teur ait vou­lu tra­duire les évé­ne­ments fami­liaux dou­lou­reux sur­ve­nus en 1875 dans cette oeuvre de 1876, mais l’oeuvre fait preuve d’une telle sin­cé­ri­té qu’on ne peut s’empêcher de pen­ser que Dvo­rak se soit sen­ti proche des souf­frances de la Vierge décrites dans les dix mouvements.

La mise en image par­ti­cipe aus­si à la sen­sa­tion excep­tion­nelle qu’offre ce DVD : le choeur mixte est très impres­sion­nant, autour de l’orgue gigan­tesque. Le contraste entre les hommes en noir et les femmes dans une tenue d’un mauve sou­te­nu, debout der­rière le riche orchestre, est saisissant.

Un très beau DVD.

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