Drone avec positionnement laser embarqué. ( DONECLE)

Des inspections guidées par laser

Dossier : Les dronesMagazine N°718 Octobre 2016
Par Matthieu CLAYBROUGH (09)

L’ins­pec­tion d’ou­vrages d’ac­cès dif­fi­cile est cou­ram­ment effec­tué par drones, mais le posi­tion­ne­ment n’est pas tou­jours par­fait. Donecle a bre­ve­té un sys­tème de repé­rage par laser qui aug­mente la pré­ci­sion et per­met une navi­ga­tion auto­nome. La pre­mière appli­ca­tion : l’ins­pec­tion d’un avion frap­pé par la foudre. 

Avec le déve­lop­pe­ment récent des drones civils, de nom­breuses indus­tries y ont vu le moyen idéal d’inspecter rapi­de­ment des zones dif­fi­ciles d’accès sur des struc­tures de taille imposante. 

Les solu­tions étu­diées ou mises en œuvre prennent typi­que­ment la forme d’un drone mul­ti­ro­tor télé­pi­lo­té équi­pé d’une charge utile (appa­reil pho­to, camé­ra ther­mique ou autre) qui sert d’œil « dépor­té » aux ins­pec­teurs qui n’ont pas à se dépla­cer phy­si­que­ment pour l’inspection.

“ Un drone multirotor qui sert d’œil déporté ”

Cette solu­tion manuelle, bien qu’actuellement pri­vi­lé­giée, pré­sente trois incon­vé­nients majeurs : 

  • la néces­si­té de for­mer des télé­pi­lotes en nombre important ; 
  • la dif­fi­cul­té de pilo­ter un drone dans des envi­ron­ne­ments indus­triels com­plexes avec un risque de collision ; 
  • et la dif­fi­cul­té de trai­ter les don­nées acquises dont le posi­tion­ne­ment est impré­cis et la répé­ta­bi­li­té mauvaise. 

REPÈRES

La majorité des structures, objets industriels et ouvrages d’art nécessitent des inspections visuelles régulières afin de s’assurer de leur bonne santé. Afin de pouvoir juger au mieux de l’état des structures, il est nécessaire d’évoluer au plus près de celles-ci, et donc d’employer des moyens d’accès conséquents (échafaudages, lignes de vie, chariots élévateurs, etc.).
Ces inspections sont à la fois dangereuses, coûteuses et génératrices d’importantes pertes de revenus liées à l’indisponibilité.

DES TECHNOLOGIES POUR ASSURER L’AUTONOMIE DES DRONES

De nom­breux indus­triels sou­haitent auto­ma­ti­ser inté­gra­le­ment le pro­ces­sus d’inspection, en uti­li­sant des drones auto­ma­tiques acqué­rant des don­nées de manière autonome. 

Cela requiert un sys­tème de posi­tion­ne­ment per­for­mant, suf­fi­sam­ment pré­cis pour posi­tion­ner les défauts détec­tés, indé­pen­dant de toute infra­struc­ture externe pour être por­ta­tif et fonc­tion­nel quel que soit l’environnement, inté­rieur ou extérieur. 

Les solu­tions actuelles com­binent au mieux deux de ces éléments. 

LES LIMITES DU GPS


Donecle a déve­lop­pé une tech­no­lo­gie bre­ve­tée de posi­tion­ne­ment laser embar­qué. © DONECLE

Le posi­tion­ne­ment des drones en exté­rieur a lar­ge­ment béné­fi­cié des avan­cées du GPS. La majo­ri­té des drones du mar­ché exploitent un signal GPS en hybri­da­tion avec un sys­tème iner­tiel embarqué. 

En exté­rieur, la pré­ci­sion du GPS n’est géné­ra­le­ment pas suf­fi­sante pour être uti­li­sée sur des ins­pec­tions de struc­tures indus­trielles, et les tech­no­lo­gies de GPS dif­fé­ren­tiel demandent une ins­tal­la­tion et une cali­bra­tion complexes. 

En envi­ron­ne­ment fer­mé, l’atténuation impor­tante des signaux satel­li­taires engendre des erreurs de posi­tion­ne­ment impor­tantes, voire com­pro­met toute pos­si­bi­li­té de loca­li­sa­tion, ren­dant le GPS caduc. 

Enfin, un signal GPS peut aisé­ment être brouillé ou fal­si­fié, avec des consé­quences directes sur la sécu­ri­té des opérations. 

LOCALISATION PAR CAMÉRAS ET MIRES

Un drone doté de mires ou mar­queurs peut être loca­li­sé via un réseau de camé­ras ins­tal­lées autour de la struc­ture à ins­pec­ter. Cette tech­no­lo­gie a l’avantage d’une pré­ci­sion cor­recte mais est peu flexible et très coûteuse. 

Chaque envi­ron­ne­ment requiert une ins­tal­la­tion ad hoc, et plus la struc­ture est grande, plus le nombre de camé­ras doit être important. 

DES BALISES EN RÉSEAU

D’autres solu­tions à base de balises, uti­li­sant des tech­no­lo­gies ultra-wide band (UWB), WLAN dif­fé­ren­tiel ou GPS d’intérieur (LPS, local posi­tio­ning sys­tem), per­mettent de s’adapter aux spé­ci­fi­ci­tés de l’environnement et d’offrir une cou­ver­ture dans des endroits clos ou ne béné­fi­ciant pas d’une bonne cou­ver­ture GPS (sous des tabliers de ponts par exemple). 

Ces sys­tèmes pré­sentent quatre inconvénients : 

  • réso­lu­tion spa­tiale insuf­fi­sante pour des appli­ca­tions requé­rant un niveau de pré­ci­sion élevé ; 
  • ins­tal­la­tion des balises longue et coûteuse ; 
  • néces­si­té d’effectuer une nou­velle cali­bra­tion à chaque ins­pec­tion pour des objets mobiles (avion, train, etc.) ; 
  • esti­ma­tion impos­sible de l’angle de lacet du drone (en exté­rieur, c’est le champ magné­tique ter­restre qui est utilisé). 

LE LASER, SOLUTION D’AVENIR

Inpection d'un avion sous un hangar
Le posi­tion­ne­ment laser per­met de repé­rer avec une grande pré­ci­sion les éven­tuels défauts détec­tés. JETSTAR A320-200 © CREATIVE COMMONS

Afin de répondre à ce manque, Donecle a déve­lop­pé une tech­no­lo­gie bre­ve­tée de posi­tion­ne­ment laser embar­qué, per­met­tant au drone de se posi­tion­ner pré­ci­sé­ment sans recou­rir à un sys­tème externe (satel­li­taire, balises ou autre). 

Plus pré­ci­sé­ment, chaque drone embarque plu­sieurs cap­teurs laser à balayage per­met­tant d’obtenir un nuage de points tri­di­men­sion­nels de son envi­ron­ne­ment. Ces infor­ma­tions sont alors exploi­tées pour esti­mer la posi­tion du drone rela­tive à l’objet qu’il doit inspecter. 

Le recours à la télé­mé­trie laser auto­rise un haut niveau de pré­ci­sion (de l’ordre du cen­ti­mètre) et per­met de s’adapter à des envi­ron­ne­ments complexes. 

Ce sys­tème peut ain­si être uti­li­sé de manière indif­fé­rente en exté­rieur ou en inté­rieur, per­met­tant d’évoluer dans des han­gars et dans des endroits confi­nés, où la récep­tion de signaux GPS et l’installation de sys­tèmes de balises seraient impossibles. 

Cette tech­no­lo­gie per­met une auto­ma­ti­sa­tion com­plète du vol de drone, la détec­tion et l’évitement auto­ma­tique d’obstacles, ain­si que la facul­té d’opérer simul­ta­né­ment plu­sieurs drones avec une unique sta­tion sol. 

Enfin, elle per­met éga­le­ment de géo­ré­fé­ren­cer l’ensemble des don­nées cap­tu­rées et ain­si de posi­tion­ner pré­ci­sé­ment les défauts détectés. 

DES MILLIONS D’EUROS ÉCONOMISÉS SUR L’INSPECTION DES AVIONS

La pre­mière appli­ca­tion d’un tel sys­tème se trouve dans le sec­teur aéro­nau­tique où l’immobilisation d’un avion repré­sente un coût très impor­tant pour son exploi­tant, envi­ron 10 000 dol­lars par heure d’immobilisation non planifiée. 

“ Le recours à la télémétrie laser autorise un haut niveau de précision ”

Un avion est ins­pec­té de manière pla­ni­fiée, mais aus­si lors d’événements impré­vus (impact de foudre, grêle, forei­gn object damage, etc.). Ins­pec­ter l’intégralité de la sur­face externe mobi­lise plu­sieurs per­sonnes avec des moyens maté­riels impor­tants (pla­te­formes, cha­riots élé­va­teurs) pour des durées pou­vant dépas­ser dix heures, avec poten­tiel­le­ment plu­sieurs annu­la­tions de vols à la clé. 

L’utilisation de drones per­met de gagner du temps et des moyens : le sys­tème déve­lop­pé par Donecle divise par 20 la durée d’inspection d’un aéronef. 

Le posi­tion­ne­ment laser per­met ici de conduire des ins­pec­tions à l’intérieur de han­gars de main­te­nance, de posi­tion­ner avec une grande pré­ci­sion les éven­tuels défauts détec­tés, et enfin d’éviter tout dom­mage sup­plé­men­taire à des avions valant plu­sieurs cen­taines de mil­lions d’euros.

Cette solu­tion est actuel­le­ment tes­tée par plu­sieurs com­pa­gnies aériennes et centres de main­te­nance aéro­nau­tique et devrait entrer en ser­vice dans les mois à venir. 

Donecle – lightning fast aircraft inspections

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