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Dossier : Le quarantième anniversaire des polytechniciennesMagazine N°677 Septembre 2012
Par Nathalie GAILLARD (94)

Com­ment témoi­gner aujourd’hui de la diver­si­té des car­rières que l’on peut mener après une école d’ingénieurs ?

Se laisser guider par ses aspirations

J’ai choi­si le corps des Télé­coms à la sor­tie de Poly­tech­nique, en 1997. À l’époque, le mar­ché des télé­coms s’ouvrait à la concur­rence, le mobile et l’Internet com­men­çaient à se déployer lar­ge­ment dans les foyers et les entre­prises. J’avais envie de contri­buer à cette révo­lu­tion du numé­rique, si impor­tante pour le quo­ti­dien de cha­cun. J’ai donc rejoint France Télé­com comme ingé­nieur com­mer­cial sur le mar­ché des entre­prises, puis je suis deve­nue ingé­nieur com­mer­cial grands comptes d’un client du sec­teur public. J’ai ensuite pris la direc­tion d’une équipe mar­ke­ting en charge des ser­vices appli­ca­tifs sur le mar­ché entre­prises : le début du cloud. L’étape sui­vante a été la mise en place de la pre­mière délé­ga­tion de ser­vice public de France Télé­com en Corse, avant d’être nom­mée direc­teur com­mer­cial de la divi­sion opérateurs.

Aujourd’hui, je suis direc­teur adjoint de l’un des six pro­grammes stra­té­giques lan­cés par le groupe Orange, avec pour objec­tif de déve­lop­per de nou­veaux ser­vices pour les four­nis­seurs de conte­nus sur Inter­net, qu’il s’agisse de por­tails Web ou de sites mar­chands. Mes choix de postes ont fina­le­ment tou­jours été for­te­ment influen­cés par mes propres aspi­ra­tions per­son­nelles : déve­lop­per des ser­vices inno­vants, et être en prise directe avec les clients. Il est en effet impor­tant pour cha­cun de s’épanouir dans son acti­vi­té professionnelle.

Se confronter au client

Pour­quoi deve­nir ingé­nieur ? Le modèle fami­lial a clai­re­ment joué : un père ingé­nieur et une mère pro­fes­seur de mathé­ma­tiques. De plus, je sou­hai­tais « construire des choses ». Le choix des télé­coms s’est impo­sé en rai­son de l’actualité sec­to­rielle de l’époque et du poten­tiel d’usages. Enfin, très rapi­de­ment, j’ai été inté­res­sée par des postes orien­tés « rela­tion client » plu­tôt que tech­nique : il était impor­tant pour moi d’interagir avec des clients, car la satis­fac­tion du client est l’un des enjeux clés d’une entre­prise pour construire une bonne rela­tion dans la durée. De plus, la confron­ta­tion directe avec le client est extrê­me­ment enri­chis­sante et stimulante.

Une for­ma­tion d’ingénieur influence for­te­ment la manière d’aborder les choses et de rai­son­ner. Elle incite notam­ment à res­ter très fac­tuel, à anti­ci­per la solu­tion glo­bale mais aus­si son dérou­le­ment dans les détails jusqu’à son terme. La for­ma­tion scien­ti­fique apprend éga­le­ment à gérer la créa­ti­vi­té : com­ment iden­ti­fier les pos­sibles pour répondre à un pro­blème concret, et com­ment dérou­ler le rai­son­ne­ment et les étapes pour résoudre le pro­blème. Les choix que l’on fait résultent d’une com­bi­nai­son d’opportunités et d’aspirations per­son­nelles. On se construit ensuite au fur et à mesure des orien­ta­tions que l’on prend. C’est ain­si qu’une for­ma­tion d’ingénieur peut mener à des métiers très dif­fé­rents, et à de très nom­breux sec­teurs d’activité : il ne faut pas pen­ser cette for­ma­tion comme res­tric­tive sur les choix à venir, mais comme un trem­plin vers de nom­breuses opportunités.

Mieux communiquer

Les modèles jouent un rôle impor­tant dans les choix que l’on fait à dix-huit ans. Mal­gré les poli­tiques volon­ta­ristes de nom­breuses entre­prises pour favo­ri­ser l’embauche de femmes ingé­nieurs, il y a encore peu de jeunes filles qui font ce choix de for­ma­tion. Je n’en connais pas toutes les rai­sons, mais il faut en tout cas cas­ser l’idée que les for­ma­tions scien­ti­fiques ne peuvent pas per­mettre à une femme de s’épanouir. À nous cer­tai­ne­ment, femmes ingé­nieurs, de mieux com­mu­ni­quer sur nos métiers.

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