Croître et investir dans l’avenir

Dossier : L’industrie nucléaire après FukushimaMagazine N°686 Juin/Juillet 2013
Par Philippe KNOCHE (89)

À la suite de l’accident de Fuku­shi­ma, des éva­lua­tions com­plé­men­taires de sûre­té (ECS), pilo­tées par l’Autorité de sûre­té nucléaire (ASN), ont été réa­li­sées en France à la demande du Pre­mier ministre et de l’Union euro­péenne. Cet exer­cice consis­tait à ima­gi­ner l’inimaginable, c’est-à-dire des situa­tions qui dépas­se­raient par leur ampleur celles prises en compte lors des réexa­mens de sûre­té régu­liers des ins­tal­la­tions, déjà mis en œuvre depuis de nom­breuses années.

REPÈRES
Are­va exploite en France 12 sites indus­triels liés au cycle du com­bus­tible : dans l’amont, sur des acti­vi­tés de conver­sion, d’enrichissement et de fabri­ca­tion de com­bus­tible nucléaire, ain­si que dans l’aval, sur des acti­vi­tés de trai­te­ment et de recy­clage. La socié­té inves­tit chaque année 400 mil­lions d’euros dans la main­te­nance et le ren­for­ce­ment de la sûre­té et de la sécu­ri­té de ses installations.

Pour les ins­tal­la­tions du cycle comme pour les réac­teurs, les conclu­sions de ces éva­lua­tions ont fait l’objet d’un rap­port de l’ASN au gou­ver­ne­ment qui a été ren­du public au début de l’année 2012. Il en res­sort, pour ce qui concerne Are­va, que les ins­tal­la­tions du cycle du com­bus­tible pré­sentent une résis­tance signi­fi­ca­tive aux agres­sions envisagées.

Des installations résistantes

Ima­gi­ner l’inimaginable

Dans un sou­ci d’amélioration per­ma­nente, nous nous sommes éga­le­ment enga­gés à ren­for­cer notre orga­ni­sa­tion de crise pour garan­tir la résis­tance de nos ins­tal­la­tions. 200 mil­lions d’euros seront ain­si inves­tis dans la construc­tion de quatre bâti­ments de ges­tion de crise, sur les sites de La Hague, Tri­cas­tin, Romans et Mélox (Mar­coule).

Améliorer la sûreté du parc actuel

Il convient d’apporter éga­le­ment aux élec­tri­ciens des solu­tions pour opti­mi­ser le niveau de sûre­té de leurs cen­trales et moder­ni­ser leurs parcs nucléaires. C’est l’objectif de l’initiative que nous avons prise à tra­vers le pro­gramme bap­ti­sé « Safe­ty Alliance », qui, avec plus de 80 pro­jets lan­cés dans 16 pays, a déjà géné­ré plus de 170 mil­lions d’euros de commandes.

Une force d’intervention nationale
Dans le sou­ci de mieux gérer des crises a été créée la Fina (Force d’intervention natio­nale Are­va), mobi­li­sable sous 48 heures, et capable d’apporter un sou­tien humain et maté­riel à un site nucléaire en dif­fi­cul­té suite à un inci­dent majeur. Cette force, venant des autres uni­tés du groupe, consti­tuée d’experts tech­niques for­més aux situa­tions d’urgence, est capable d’intervenir de manière auto­nome. Elle se coor­donne avec les exploi­tants locaux, les pou­voirs publics et les autres ren­forts nationaux.

Dans ce contexte, nous pro­po­sons une gamme de 35 pro­duits, de ser­vices et de solu­tions déve­lop­pés autour de trois piliers : résis­tance aux catas­trophes natu­relles, robus­tesse de la fonc­tion de refroi­dis­se­ment et pré­ven­tion de tout dom­mage sur l’environnement. Ce qui nous a per­mis de rem­por­ter plu­sieurs appels d’offres pour des ins­tal­la­tions de fil­tra­tion de rejets et de trai­te­ment de l’hydrogène, par exemple.

À cha­cun des trois impé­ra­tifs de sûre­té iden­ti­fiés au sein de Safe­ty Alliance, nous pro­po­sons des études, des pro­cé­dures et des mises à niveau qui consti­tuent à la fois des solu­tions éprou­vées de pre­mier plan et des inno­va­tions tech­no­lo­giques déve­lop­pées spé­ci­fi­que­ment pour répondre aux nou­velles pro­blé­ma­tiques des électriciens.

Prises de commandes
Impé­ra­tifs de sûreté
(pro­gramme Safe­ty Alliance)
Impératifs de sûreté intégrés à Safety Alliance

Résister aux chutes d’avions

Le réac­teur EPR est le modèle le plus récent issu de la filière fran­çaise des réac­teurs à eau pres­su­ri­sée. Sa puis­sance varie de 1600 à 1700 MWe en fonc­tion des pro­jets. Il est actuel­le­ment en construc­tion en Fin­lande (Olki­luo­to 3), en France (Fla­man­ville 3) et en Chine (Tai­shan 1 et 2).

Un réac­teur cer­ti­fié par quatre autorités
L’EPR est le seul réac­teur de 3e géné­ra­tion à avoir été cer­ti­fié par quatre auto­ri­tés de sûre­té, en France, en Fin­lande, en Chine et en Angle­terre. Dans son rap­port, suite aux ECS, l’Autorité de sûre­té nucléaire fran­çaise sou­ligne que « ce type de réac­teur assure déjà une pro­tec­tion amé­lio­rée à l’égard des acci­dents graves. En par­ti­cu­lier, ce réac­teur a inté­gré, dès sa concep­tion, des dis­po­si­tions pour faire face à l’éventualité d’accidents avec fusion du cœur et aux com­bi­nai­sons d’agressions ». L’ASN ajoute que « l’ensemble des sys­tèmes néces­saires à la ges­tion des situa­tions acci­den­telles, y com­pris graves, est pré­vu pour res­ter opé­ra­tion­nel pour un séisme ou une inon­da­tion pris en compte dans le réfé­ren­tiel de sûreté ».

L’EPR est avant tout un réac­teur évo­lu­tion­naire qui a pris en compte, dès sa concep­tion, le retour d’expérience acquis grâce à l’exploitation des parcs nucléaires fran­çais et alle­mand depuis plu­sieurs décen­nies. Les concepts de sûre­té de l’EPR sont fon­dés sur une approche déter­mi­niste éten­due aux acci­dents graves et enri­chie d’une ana­lyse pro­ba­bi­liste à la concep­tion pour parer aux évé­ne­ments extrêmes.

La double enceinte de confi­ne­ment, le sys­tème de fil­tra­tion et de contrôle de l’hydrogène, le récu­pé­ra­teur de corium ain­si que plu­sieurs redon­dances des sys­tèmes de sécu­ri­té sont autant d’évolutions qui per­mettent de réduire la pro­ba­bi­li­té de fusion du cœur et de limi­ter l’impact sur l’environnement en cas d’accident grave, comme la chute d’un avion commercial.

Le pro­jet Tai­shan montre aujourd’hui les avan­cées du retour d’expérience des chan­tiers d’Olkiluoto et de Fla­man­ville. Comme sou­vent dans le cadre de grands pro­jets, l’effet de série joue un rôle majeur dans la recherche de com­pé­ti­ti­vi­té et de fia­bi­li­té. Cela nous amène à bâtir de nou­velles offres, en col­la­bo­ra­tion avec EDF, sur le socle solide du retour d’expérience.

Un pilier de la transition énergétique

Notre pla­nète aura besoin en 2050 de deux fois plus d’énergie qu’aujourd’hui

L’accident de Fuku­shi­ma, l’émotion qu’il a sus­ci­tée, et les déci­sions de cer­tains gou­ver­ne­ments d’abandonner le nucléaire ont pu faire dou­ter cer­tains du rôle fon­da­men­tal qu’il aura à jouer dans l’avenir.

Or, à long terme, nous nous accor­dons tous sur un constat : en gar­dant son rythme de déve­lop­pe­ment actuel, notre pla­nète aura besoin en 2050 de deux fois plus d’énergie qu’aujourd’hui.

Double enceinte de confinement de l'EPR
EPR double enceinte de confinement

Or, cette crois­sance de la demande d’énergie va deve­nir de plus en plus com­plexe à satis­faire en rai­son d’attentes diverses : com­pé­ti­ti­vi­té, emploi, lutte contre la pré­ca­ri­té éner­gé­tique, lutte contre le dérè­gle­ment cli­ma­tique, maî­trise de la consom­ma­tion, sécu­ri­té d’approvisionnement, etc.

Nous par­ta­geons la convic­tion que le modèle actuel, fon­dé sur la pré­do­mi­nance des éner­gies fos­siles, doit être adap­té. Le nucléaire, sûr et com­pé­ti­tif, sera l’un des piliers de cette tran­si­tion énergétique.

Ces grands enjeux expliquent que, mal­gré l’accident de Fuku­shi­ma, de nom­breux pays ont confir­mé leur pro­gramme nucléaire. En 2012, Are­va a enre­gis­tré une crois­sance de ses acti­vi­tés nucléaires de plus de 2 %, ain­si qu’un car­net de com­mandes record, mal­gré la sor­tie de l’Allemagne du nucléaire et l’arrêt de 90 % des réac­teurs japonais.

C’est pour­quoi le sec­teur du nucléaire, et Are­va en par­ti­cu­lier, conti­nue d’investir dans l’avenir. Cet inves­tis­se­ment se tra­duit par la pour­suite des recru­te­ments : plus de 1 200 pour l’année 2013, dont envi­ron 500 ingé­nieurs et cadres.

Pour l’ensemble du nucléaire, le Comi­té stra­té­gique de la filière nucléaire (CSFN) confirme que, compte tenu de la crois­sance et du renou­vel­le­ment des com­pé­tences, ce sont 110 000 recru­te­ments qui seront à effec­tuer dans la filière d’ici 2020.

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1 juillet 2013 à 5 h 55 min

Croitre et inves­tir
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