Crescendo

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°625 Mai 2007Par : Yonathan EBGUY (97)Rédacteur : Billy AMZAL (96)Editeur : Éditions le Manuscrit - 2006 - 20, rue des Petits Champs, 75002 Paris. Tél. : 01.48.07.50.00

Yona­than Ebguy (97) sort son pre­mier roman Cres­cen­do aux Édi­tions le Manus­crit. Cres­cen­do évoque les des­sous exis­ten­tiels d’une élite fran­çaise, jeune et inquiète : voi­ci les affres sen­ti­men­tales, reli­gieuses, iden­ti­taires d’un poly­tech­ni­cien aux rêves déca­lés. Autour d’Octave, le héros en pleine intros­pec­tion, gra­vitent Fran­çois le dan­dy pia­niste, Gré­goire l’indispensable per­son­nage de conte, Bas­tien alcoo­lique dépres­sif et Louis, le prag­ma­tique au centre des conflits du groupe, conflits éclai­rés. Ce sont les quatre amis, les frères de sang, les « com­pa­gnons de cor­dée » d’Octave.

Cres­cen­do passe par l’ascension des classes pré­pas, l’intégration à l’École poly­tech­nique, et le rap­port au pou­voir, à l’excellence, bref à ce qu’on peut faire de sa vie quand on a des clefs en main mais qu’on n’est jamais cer­tain qu’elles ouvrent la mai­son de nos rêves.

Dou­ce­ment le roman se tend. Cora­lie, la femme aimée décrite avec jus­tesse, dou­ceur et oni­risme, est à la fois trou­blée et trou­blante. Leur rela­tion sera le déto­na­teur en Octave d’une insi­dieuse fatigue, d’une petite folie se fau­fi­lant entre couple intense et socié­té pres­sante. Octave semble s’égarer. « Il faut se don­ner les moyens de mou­rir jeune » se répète-t-il sans trop savoir quel sens don­ner à cette phrase. La réus­site tend les bras à Octave et sous ces bras ten­dus, il y a une immense fosse.

Avec une écri­ture dyna­mique, style inci­sif et lyrique à la fois (il y a du Cohen, il y a du Céline), Yona­than Ebguy et Cres­cen­do nous emmènent dans les replis de l’âme d’Octave, notre frère à tous, cet enfant du siècle pétri des tour­ments du siècle.

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