Contrat pluriannuel 2007–2011 : le point de vue des entreprises

Dossier : L'École polytechniqueMagazine N°622 Février 2007
Par Jean-Martin FOLZ (66)

Il serait mani­fes­te­ment pré­somp­tueux de pré­tendre expri­mer de façon unique le point de vue de l’en­semble des entre­prises : elles sont à l’é­vi­dence si dif­fé­rentes par la nature de leurs acti­vi­tés, par la géo­gra­phie de leurs mar­chés et de leurs implan­ta­tions, par leurs prin­cipes d’or­ga­ni­sa­tion et par la diver­si­té des per­sonnes qui les composent.

Il serait mani­fes­te­ment pré­somp­tueux de pré­tendre expri­mer de façon unique le point de vue de l’en­semble des entre­prises : elles sont à l’é­vi­dence si dif­fé­rentes par la nature de leurs acti­vi­tés, par la géo­gra­phie de leurs mar­chés et de leurs implan­ta­tions, par leurs prin­cipes d’or­ga­ni­sa­tion et par la diver­si­té des per­sonnes qui les composent.

Il n’en demeure pas moins qu’ap­pa­raissent de fortes conver­gences et la Fon­da­tion de l’É­cole poly­tech­nique est pré­ci­sé­ment dans son rôle en les expri­mant puisque, créée pour cela en 1987, elle n’a ces­sé d’œu­vrer en pleine confiance avec la direc­tion de l’É­cole pour recom­man­der, accom­pa­gner et sou­te­nir les axes essen­tiels de son évo­lu­tion, afin que le « Pro­duit poly­tech­ni­cien » conti­nue à répondre aux attentes des entre­prises dans un monde glo­bal où la com­pé­ti­tion fait rage.

C’est d’ailleurs bien dans ce monde de com­pé­ti­tion et de concur­rence inter­na­tio­nales que se trouve aujourd’­hui plon­gée l’É­cole poly­tech­nique. En ce début de XXIe siècle, les attentes, et sans doute convient-il plu­tôt de dire les exi­gences, des entre­prises à l’é­gard des ins­ti­tu­tions de for­ma­tion supé­rieure asso­cient à des demandes per­ma­nentes des dimen­sions nou­velles d’excellence.

Pour l’É­cole poly­tech­nique, une étape majeure a été fran­chie avec la mise en œuvre de la réforme à laquelle la Fon­da­tion a signi­fi­ca­ti­ve­ment contri­bué, en par­ti­cu­lier pour ce qui concerne l’in­ter­na­tio­na­li­sa­tion de l’École.

Le monde de l’en­tre­prise se féli­cite des pro­grès majeurs qu’ont été d’une part le cur­sus diplô­mant sur quatre ans des poly­tech­ni­ciens et d’autre part l’ac­crois­se­ment du nombre des élèves étran­gers comme celui des élèves fran­çais réa­li­sant leur 4e année d’é­tudes à l’é­tran­ger, et ce d’au­tant plus que ces avan­cées ont été réa­li­sées sans remise en cause des tra­di­tions de mul­ti­dis­ci­pli­na­ri­té et d’ex­cel­lence qui ont fait la renom­mée de l’École.


X‑Forum 2005 © Phi­lippe Lavialle – EP

Le contrôle par l’É­cole poly­tech­nique elle-même de l’en­semble du cur­sus des quatre années de for­ma­tion jus­qu’à l’en­trée dans la vie pro­fes­sion­nelle garan­tit une conti­nui­té de la res­pon­sa­bi­li­té de for­ma­tion et doit per­mettre un dia­logue plus fruc­tueux entre les entre­prises et l’É­cole. La direc­tion est tra­cée, mais il reste encore du che­min à par­cou­rir et l’É­cole doit sans aucun doute consa­crer tous ses efforts à ces liens avec son aval. D’ores et déjà, le monde des entre­prises se réjouit que 75 % des poly­tech­ni­ciens rejoignent ses rangs dès la sor­tie de leur for­ma­tion, ce qui, avec l’aug­men­ta­tion des effec­tifs par pro­mo­tion, a lar­ge­ment accru le vivier de cadres à fort poten­tiel dans lequel elles peuvent puiser.

Par ailleurs, l’at­teinte rapide des objec­tifs d’in­ter­na­tio­na­li­sa­tion de l’É­cole consti­tue un indé­niable suc­cès ; elle per­met à la fois de confron­ter les élèves issus des classes pré­pa­ra­toires fran­çaises à la diver­si­té des cultures qui devien­dra leur lot quo­ti­dien dans la vie pro­fes­sion­nelle et d’ac­croître le rayon­ne­ment à l’é­tran­ger de l’É­cole poly­tech­nique par la mul­ti­pli­ca­tion des échanges d’é­tu­diants de haut niveau avec les meilleures ins­ti­tu­tions de la planète.

Le contrat plu­ri­an­nuel vise à fran­chir une nou­velle étape per­met­tant notam­ment au cam­pus de Palai­seau de prendre une autre dimen­sion pour se pla­cer par­mi les meilleures ins­ti­tu­tions scien­ti­fiques et aca­dé­miques sur la scène internationale.

Le monde de l’en­tre­prise ne peut que se réjouir de ces objec­tifs et sou­haite, en par­ti­cu­lier par l’in­ter­mé­diaire de la Fon­da­tion de l’É­cole poly­tech­nique, s’as­so­cier étroi­te­ment à la défi­ni­tion des nou­veaux objec­tifs et à la mise en œuvre des moyens, notam­ment humains et finan­ciers, qu’ils requièrent. Il veille­ra tout spé­cia­le­ment à ce que les actions d’é­lar­gis­se­ment néces­saires ne remettent pas en cause les carac­té­ris­tiques tra­di­tion­nelles d’ex­cel­lence de l’É­cole poly­tech­nique telles qu’elles résultent de la sélec­tion exi­geante des can­di­dats à l’en­trée et du contrôle rigou­reux des résul­tats tout au long du cur­sus jus­qu’au diplôme final.

Face à ce nou­veau contrat plu­ri­an­nuel, le point de vue des entre­prises peut se pré­sen­ter selon quelques grandes lignes de force.

L’en­tre­prise a bien enten­du tou­jours besoin de spé­cia­listes qu’elle peut recru­ter dans de nom­breuses ins­ti­tu­tions en pointe dans leurs domaines res­pec­tifs ; mais elle doit aus­si de plus en plus dis­po­ser d’un vivier de cadres à bon poten­tiel, pré­pa­rés à évo­luer aux inter­faces des dis­ci­plines et à maî­tri­ser la com­plexi­té crois­sante des tech­no­lo­gies et des orga­ni­sa­tions. La tra­di­tion for­te­ment plu­ri­dis­ci­pli­naire de l’en­sei­gne­ment de l’É­cole poly­tech­nique conserve toute sa valeur dans le monde de l’en­tre­prise d’au­jourd’­hui et de demain, et doit être réso­lu­ment main­te­nue car elle confère aux poly­tech­ni­ciens de pré­cieux atouts pour l’avenir.

Les entre­prises vivent aujourd’­hui la réa­li­té de la glo­ba­li­sa­tion dans leurs mar­chés, dans leurs implan­ta­tions indus­trielles, dans la loca­li­sa­tion de leurs acti­vi­tés de recherche, d’in­gé­nie­rie ou de sys­tèmes d’in­for­ma­tion, dans la diver­si­té de leurs concur­rents et de leurs action­naires. Elles sont de plus en plus atten­tives à la capa­ci­té de leurs jeunes cadres à évo­luer effi­ca­ce­ment dans un contexte inter­na­tio­nal grâce à une pré­coce expo­si­tion à d’autres cultures qui doit per­mettre une meilleure appré­hen­sion de la diver­si­té et donc une meilleure appré­cia­tion des com­plé­men­ta­ri­tés. Bien sou­vent d’ailleurs les direc­tions des res­sources humaines sont deve­nues ou en passe de deve­nir très multinationales.

De façon symé­trique, les entre­prises recherchent des cadres étran­gers, ori­gi­naires des pays ou régions du monde qui sont prio­ri­taires dans leurs stra­té­gies, qui ont acquis par leur for­ma­tion une bonne ouver­ture à la culture fran­çaise afin de pou­voir déve­lop­per implan­ta­tions et par­te­na­riats dans leurs zones cibles.

À cet égard, outre le recru­te­ment direct d’é­lèves étran­gers, le déve­lop­pe­ment par l’É­cole poly­tech­nique d’un réseau de coopé­ra­tion avec quelques grandes uni­ver­si­tés euro­péennes, sur la base de cri­tères d’ex­cel­lence com­muns, doit consti­tuer un atout supplémentaire.

À des degrés variables selon la nature de leurs acti­vi­tés, les entre­prises sont prêtes à valo­ri­ser dans leurs orga­ni­sa­tions des for­ma­tions com­plé­men­taires abou­tis­sant au doc­to­rat dans l’un des domaines d’ex­cel­lence de la recherche à l’É­cole poly­tech­nique. Mais l’ac­cueil de ces doc­teurs ne peut concer­ner qu’une pro­por­tion limi­tée des recru­te­ments de poly­tech­ni­ciens et exige bien enten­du que les champs de recherche cor­res­pon­dants soient clai­re­ment tour­nés vers l’ap­pli­ca­tion et donc sus­cep­tibles de conduire l’en­tre­prise vers des avan­cées compétitives.

Le monde de l’en­tre­prise sou­haite que soit pré­ser­vé un bon équi­libre dans les orien­ta­tions des élèves à la sor­tie de l’É­cole poly­tech­nique, et qu’en par­ti­cu­lier se main­tienne un fort attrait de ces jeunes à haut poten­tiel pour les métiers d’ingénieur.

Il appa­raît aujourd’­hui clai­re­ment que les défis à rele­ver, dans des domaines de plus en plus com­plexes, donnent aux métiers d’in­gé­nieur un rôle essen­tiel dans la décen­nie à venir. En outre, par­mi ces ingé­nieurs, la pro­por­tion encore insuf­fi­sante mais en crois­sance régu­lière de femmes est un élé­ment posi­tif pour l’é­qui­libre et l’ef­fi­ca­ci­té des organisations.

Les entre­prises ne peuvent que se réjouir de l’ac­cent mis dans le nou­veau contrat plu­ri­an­nuel sur la dimen­sion humaine de la for­ma­tion, sur le déve­lop­pe­ment du sens des res­pon­sa­bi­li­tés et des qua­li­tés de lea­der­ship. Le pro­jet X 2000 avait déjà mis en avant ces aspects majeurs de la for­ma­tion poly­tech­ni­cienne qui sont essen­tiels à la car­rière des futurs diri­geants ou entrepreneurs.

Cette liste, for­cé­ment réduc­trice des qua­li­tés atten­dues du pro­duit poly­tech­ni­cien, cor­res­pond sans aucun doute aux vœux des entre­prises dont les ins­tances diri­geantes ont une forte com­po­sante fran­çaise ; mais elle doit aus­si s’ap­pli­quer pour les entre­prises mon­diales dans les­quelles un nombre crois­sant de poly­tech­ni­ciens seront à l’a­ve­nir ame­nés à exer­cer leurs talents.

À cet égard, les sec­teurs de la finance et du conseil ont ouvert la voie ; les qua­li­tés des poly­tech­ni­ciens y sont déjà recon­nues par de grands groupes internationaux.

L’in­dis­cu­table visi­bi­li­té inter­na­tio­nale dans ces sec­teurs des for­ma­tions de l’É­cole doit abso­lu­ment s’é­tendre à tous les sec­teurs industriels.

Cela dit, il ne faut cer­tai­ne­ment pas oublier que nombre de grandes ins­ti­tu­tions ou uni­ver­si­tés équi­va­lentes des grandes écoles fran­çaises pro­posent aux entre­prises des can­di­dats de grande valeur qui dis­posent dès l’o­ri­gine de cer­tains traits de cette culture anglo-saxonne aujourd’­hui indis­pen­sable à la vie dans les plus grandes socié­tés internationales.

Il importe donc plus que jamais d’ac­croître la noto­rié­té de l’É­cole poly­tech­nique sur la scène inter­na­tio­nale en tirant le meilleur par­ti de ses nou­velles rela­tions aca­dé­miques comme de la contri­bu­tion de ses élèves inter­na­tio­naux à son rayonnement.

La pré­sence mani­feste sur le cam­pus de Palai­seau de pro­fes­seurs étran­gers de pre­mier rang aux côtés des meilleurs ensei­gnants fran­çais doit être un signe tan­gible de cette évolution.

Avec la réforme X 2000, le tour­nant du siècle a per­mis à l’É­cole poly­tech­nique de mar­quer sa volon­té d’a­dap­ta­tion aux exi­gences de son mar­ché, celui du pro­duit poly­tech­ni­cien. Les entre­prises ont été par­ti­cu­liè­re­ment atten­tives à cette évo­lu­tion et s’y sont asso­ciées étroi­te­ment par l’en­tre­mise de la Fon­da­tion qui les représente.

À pré­sent, dans le cadre du nou­veau contrat plu­ri­an­nuel, les entre­prises attendent qu’en main­te­nant soi­gneu­se­ment la sélec­tion tou­jours très exi­geante de son concours d’en­trée, l’É­cole poly­tech­nique relève avec la plus grande ambi­tion les défis de la mon­dia­li­sa­tion et par­vienne à une recon­nais­sance durable par­mi les meilleures ins­ti­tu­tions mon­diales de for­ma­tion scien­ti­fique et humaine à la fois.

Confron­tées en per­ma­nence à une com­pé­ti­tion inter­na­tio­nale tou­jours plus rude, les entre­prises attendent des orga­nismes de for­ma­tion, et de l’É­cole poly­tech­nique en par­ti­cu­lier, qu’ils sti­mulent chez leurs élèves la créa­ti­vi­té et la volon­té d’en­tre­prendre. Les nom­breux exemples de créa­tions d’en­tre­prises réus­sies par les poly­tech­ni­ciens montrent déjà la voie.

Pour toutes ces rai­sons, les entre­prises sou­haitent une rela­tion étroite, confiante et construc­tive avec la direc­tion de l’É­cole poly­tech­nique tant sur le plan des pro­grammes d’en­sei­gne­ment que de celui des orien­ta­tions de la recherche afin de contri­buer à la réus­site des ambi­tions de l’É­cole, qui rejoignent très lar­ge­ment leurs propres enjeux stra­té­giques. Telle est depuis son ori­gine la mis­sion de la Fon­da­tion de l’É­cole poly­tech­nique, une mis­sion que celle-ci est prête à ampli­fier et à élargir. 

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