Bordeaux 1993 et 1994 : conseils d’achat

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°527 Septembre 1997Rédacteur : Laurens DELPECH

La hausse des prix des crus clas­sés de Bor­deaux est appe­lée à se pour­suivre, ou au moins à culmi­ner à un niveau éle­vé. Les ama­teurs ont donc tout inté­rêt à gar­nir leur cave avec des 93 et des 94 en atten­dant une loin­taine et hypo­thé­tique baisse des cours. Comme il s’agit de vins de garde, nous nous sommes inté­res­sés à une sélec­tion de Crus Bour­geois et de Crus Classés.

Le millésime 1993

Ce mil­lé­sime a connu des pluies abon­dantes au moment des ven­danges qui ont contri­bué à une cer­taine dilu­tion de la plu­part des vins. Rive droite (Pome­rol, Saint-Émi­lion), les vins n’ont pas beau­coup de struc­ture, mais ils sont tendres et char­meurs. Dans le Médoc et les Graves, les vins sont souples et aimables. Le mil­lé­sime 1993 n’a pas pro­duit de vins de grande garde, mais des vins agréables à boire dès main­te­nant et qui le res­te­ront dans les années qui viennent.

Le millésime 1994

Il a aus­si plu au moment des ven­danges, mais 94 marque un pro­grès sur le plan aro­ma­tique et dans le domaine de la com­plexi­té et de la lon­gueur par rap­port à 93. Les vins ont une ten­dance à être un peu fermes et tan­niques, ce qui indique un bon poten­tiel de garde.

Une bonne stra­té­gie d’achat consiste à acqué­rir des 93 pour une consom­ma­tion rapide et des 94 pour la garde.

Voi­ci les vins qui – cha­cun dans sa caté­go­rie – sont de bons rap­ports qualité-prix :

  • Châ­teau Car­bon­nieux 1993 (blanc),
    Pessac-Léognan, 

    Robe jaune pâle avec des reflets verts. Nuances de fumé, de fruits secs grillés et de tilleul. Attaque nette, belle évo­lu­tion au palais sur des notes fine­ment citron­nées. Domi­nante de sua­vi­té. On peut le trou­ver aux envi­rons de 90 F la bouteille.
  • Domaine de Che­va­lier 1994 (rouge), Pes­sac-Léo­gnan, Cru Clas­sé de Graves
    Robe rubis. Arômes de fruits (fram­boise, cerise) avec des notes de grillé et de moka. En bouche, belle struc­ture ; les tan­nins sont très fins. Beau­coup de race et de com­plexi­té. Aux envi­rons de 150 F la bouteille.
  • Châ­teau Smith-Haut Lafitte 1993 (rouge),
    Pes­sac-Léo­gnan, Cru Clas­sé de Graves

    Robe rouge sombre et brillante. Nez de vanille et de fruit rouge (fram­boise). Attaque douce, beau­coup de fruit, mais aus­si une très belle struc­ture. Superbe finale. Un vin déjà très agréable. Aux envi­rons de 110 F la bouteille.
  • Châ­teau L’Église d’Armens 1994,
    Saint-Émi­lion Grand Cru

    Robe rubis. Nez de fruits mûrs et de prunes cuites. En bouche, les tan­nins sont soyeux. Belle per­sis­tance. À attendre ou à décan­ter plu­sieurs heures avant de le ser­vir (le matin pour le soir, par exemple). Un excellent Saint-Émi­lion aux envi­rons de 45 F la bouteille.
  • Châ­teau Canon-La Gaf­fe­lière 1994,
    Grand Cru Clas­sé de Saint-Émilion

    Robe rouge sombre. Nez de fruits noirs avec des arômes fumés. Un peu fer­mé. Attaque élé­gante, en bouche, il est dense et char­nu. On sent la pré­sence des tan­nins. À attendre. Aux envi­rons de 160 F la bouteille.
  • Châ­teau Pou­jeaux 1993, Moulis,
    Cru Bour­geois

    Gre­nat fon­cé. Nez frui­té, avec des notes de can­nelle et de cuir. L’attaque est douce, la struc­ture frui­tée et la finale est très bien équi­li­brée. On com­prend que ce vin ait reçu en avril 1996 le “ Decan­ter Award ” dans une dégus­ta­tion com­pa­ra­tive de Crus Bour­geois, en même temps que le Châ­teau Socian­do-Mal­let. Aux envi­rons de 95 F la bouteille.
  • Châ­teau Arnauld 1993, Haut-Médoc,
    Cru Bour­geois

    Robe d’une belle cou­leur gre­nat. Nez flat­teur de prune, de cas­sis et de fraise mis en valeur par un boi­sé très fin. En bouche, le vin est à la fois dense et d’une grande fraî­cheur. Beaux tan­nins bien ronds. Un vin déli­cieux, qui a notam­ment été rete­nu par Del­ta Air­lines pour sa classe Affaires. Aux envi­rons de 50 F la bouteille.
  • Châ­teau Pontet-Canet 1993, Pauillac,
    Cin­quième Cru Classé

    Robe gre­nat fon­cé. Nez réglis­sé et fine­ment boi­sé avec une note de mine de crayon. L’attaque est douce, la struc­ture est frui­tée, fin de bouche aro­ma­tique. Encore un peu sévère, à attendre. Aux envi­rons de 130 F la bouteille.
  • • Châ­teau Bra­naire-Ducru 1993, Saint-Julien,
    Qua­trième Cru Classé

    Gre­nat fon­cé. Nez vanillé avec des notes d’épices. Attaque ronde, belle struc­ture frui­tée, beau­coup de gras et d’opulence. Les tan­nins sont très pré­sents. Belle lon­gueur, com­plexi­té. Un vin savou­reux, presque sen­suel, qui plaît beau­coup. Aux envi­rons de 115 F la bouteille.
  • Châ­teau Mon­trose 1993, Saint-Estèphe,
    Deuxième Cru Classé

    Gre­nat noir. Nez puis­sant de mûre sau­vage, de tabac, de bois et de terre mouillée. Attaque souple et fine qui évo­lue sur une struc­ture assez grasse et concen­trée. Les tan­nins sont ser­rés mais cré­meux. Magni­fique finale réglis­sée. Très beau vin, char­meur et fin, qui n’atteindra son apo­gée que dans quelques années. Aux envi­rons de 175 F la bouteille.
  • Châ­teau Pichon-Lon­gue­ville Com­tesse de Lalande 1993
    Pourpre. Nez fin et frui­té avec des notes de cas­sis et une touche de cara­mel. En bouche, il est rond, gras et frui­té. Bonne per­sis­tance réglis­sée et flo­rale sur des notes raf­fi­nées d’encre et de bois. Un vin racé, beau­coup de classe. Aux envi­rons de 250 F la bouteille.

Où acheter ces vins ?

Vous pou­vez trou­ver ces vins dans le com­merce (cavistes, grandes sur­faces…) ou les ache­ter (par caisse de 12 bou­teilles) au négoce de la place de Bor­deaux ; en ce cas, grou­pez vos com­mandes pour réduire les frais de trans­port qui sont loin d’être négli­geables pour des petites quantités.

Voi­ci deux bonnes adresses :

MCN-Fico­fi, 64, quai des Char­trons, 33300 Bor­deaux, tél. : 05.57.87.56.77, fax : 05.57.87.56.84.

Grands Vins de Gironde, 2, che­min Rivet, 33450 Saint-Lou­bès, tél. : 05.57.97.07.20, fax : 05.57.97.07.27.

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