Bloodile

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°618 Octobre 2006Par : Didier Sébilo, illustrations de Jacqueline PegouretRédacteur : Philippe OBLIN (46)

Parmi les lec­teurs de romans, il s’en trouve, et peut-être plus qu’on ne croit, de por­tés à fuir les auteurs casse-pieds, véhi­cules de mes­sages qui inter­pellent. Ils pré­fèrent se lais­ser envoû­ter par la poé­sie de l’étrange, le mys­tère des êtres et le sou­rire des choses. C’est à ceux-là que je m’adresse, ceux-là qui aiment à lire et relire Le Pays où l’on n’arrive jamais, Le Rivage des Syrtes ou encore Le Grand Meaulnes, tout au moins la pre­mière par­tie, parce qu’ensuite l’invraisemblable l’emporte par trop sur l’étrange.

À eux, mes frères de pen­sée, je recom­man­de­rai de s’abandonner au charme d’un bref roman, Bloo­dile, qui les emmè­ne­ra rôder dans les sévères parages d’Ouessant en com­pa­gnie de per­son­nages d’une poi­gnante véri­té, mal­gré des des­ti­nées peu ordi­naires. L’auteur, Didier Sébi­lo, est ingé­nieur comme vous et moi. C’est dire qu’il garde, comme vous j’espère, le sens du réel, ce qui n’annihile pour­tant en rien son ima­gi­na­tion pro­di­gieuse, à la Jules Verne de L’Île mys­té­rieuse, mais sans le côté pédant de ce der­nier avec ses degrés de lon­gi­tude et de lati­tude à tout bout de champ.

Et puis, Didier Sébi­lo connaît et aime la mer, spon­ta­né­ment omni­pré­sente aus­si dans les deux romans que je viens d’évoquer, comme si cette pré­sence était indis­pen­sable à l’expression poé­tique du mys­tère, comme si d’ailleurs la Sologne d’Alain-Fournier en tenait lieu, toute char­gée qu’elle est aus­si d’infinitude et de secrets.

Alors n’hésitez pas. Plon­gez dans Bloo­dile et n’en res­sor­tez pas, même si les deux ou trois pre­mières pages vous semblent d’abord un peu diluées. La suite vous enchan­te­ra tant que vous aurez envie de relire ce début, aus­si­tôt le livre refermé.

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