Assurances : étudier, innover et responsabiliser pour mieux protéger

Dossier : Le changement climatique ............................ 2e partie : Les MesuresMagazine N°680 Décembre 2012
Par Jacques de PERETTI (80)
Par Philippe MARIE-JEANNE (84)

Le constat est main­te­nant bien étayé : des fré­quences (pour les assu­reurs) en aug­men­ta­tion et des dom­mages éco­no­miques qui pro­gressent bien plus vite. L’accroissement des richesses assu­rées et le taux de péné­tra­tion de l’assurance, la migra­tion vers les zones à risque sont à ce stade les prin­ci­paux fac­teurs expli­ca­tifs de l’évolution de la charge des assu­reurs qui, en cin­quante ans, de 1950 à 2000, a été mul­ti­pliée par 20.

« I can cal­cu­late the motions of the hea­ven­ly bodies, but not the mad­ness of people. » (Sir Isaac Newton)

Dix des quinze plus grandes villes du monde sont sou­mises aux risques de sub­mer­sion marine. Les études de l’OCDE et de la Banque mon­diale indiquent un accrois­se­ment dans les pro­chaines années de la part des popu­la­tions expo­sées aux risques climatiques.

Enfin, le vieillis­se­ment des infra­struc­tures accroît encore la vul­né­ra­bi­li­té de nos socié­tés aux évé­ne­ments natu­rels. Ce phé­no­mène concerne les pays déve­lop­pés, mais plus encore les pays émergents.

REPÈRES
Les dom­mages nés de catas­trophes natu­relles sont en aug­men­ta­tion constante depuis trente ans. L’année 2011 a été, avec 2005 et 2008, une année par­ti­cu­liè­re­ment tou­chée par les catas­trophes avec un mon­tant de dom­mages éco­no­miques attei­gnant un chiffre record de 370 mil­liards de dol­lars. Et l’observation des dom­mages éco­no­miques cau­sés par les catas­trophes natu­relles sur les trente der­nières années indique que les assu­reurs ont bien à gérer une hausse ten­dan­cielle des pertes assurées.
Trente ans d'augmentation constante des dommages nés de catastrophes naturelles sont en
Catas­trophes natu­relles 1980–2011. En vert, les dom­mages éco­no­miques, en bleu les dom­mages assu­rés et la ten­dance. Source : Munich Re, 2012.

Volatilité accrue des risques

Plus qu’aux évo­lu­tions moyennes du cli­mat, les assu­reurs sont sen­sibles à l’évolution de la fré­quence des évé­ne­ments « moyens » comme le gel de 2010–2011 ou de 2012 accrois­sant la vola­ti­li­té des résul­tats, mais sur­tout à l’évolution des évé­ne­ments extrêmes modi­fiant leur sol­va­bi­li­té ain­si que leurs résul­tats. La cor­ré­la­tion entre l’évolution des moyennes cli­ma­tiques et l’accroissement de la fré­quence de sur­ve­nance des évé­ne­ments extrêmes semble être indi­quée par les études récentes. Deuxième risque le plus impor­tant en assu­rance dom­mage, les catas­trophes natu­relles seront plus que jamais un enjeu majeur pour les assureurs.

Act of God ou actes humains ?

Les dom­mages assu­rés ne repré­sentent qu’un tiers des dom­mages économiques

Nos socié­tés pro­duisent tou­jours des risques. L’intensité des dom­mages éco­no­miques est le plus sou­vent la consé­quence de l’imprévoyance, de l’impéritie ou de la pau­vre­té. Rap­pe­lons le cas édi­fiant d’Haïti, où aucune règle construc­tive usuelle n’était respectée.

Mais l’ensemble des pays, riches ou pauvres, doit encore faire des efforts sur la qua­li­té du bâti et la cohé­rence de l’aménagement du ter­ri­toire. En France, les normes de construc­tion, en par­ti­cu­lier en matière de res­pect des normes sis­miques, sont encore à amé­lio­rer, ain­si que la per­ti­nence et l’efficacité des Plans de pré­ven­tion des risques naturels.

Concen­tra­tion des richesses
Un exemple illustre ce phé­no­mène : cal­cu­lé en dol­lars constants, le coût éco­no­mique de l’ouragan de 1926 sur la Flo­ride s’élève à un mil­liard de dol­lars, mais, en tenant compte des expo­si­tions actuelles, à 188 milliards !
Infra­struc­tures dangereuses
Selon une étude de l’American Socie­ty of Civil Engi­nee­ring, un quart des ponts des États-Unis seraient défec­tueux, et il y aurait d’importants pro­blèmes sur les réseaux de dis­tri­bu­tion et de trai­te­ment des eaux. La remise en état néces­si­te­rait 2 200 mil­liards de dol­lars, à com­pa­rer aux 900 mil­liards prévus.

Un marché de l’assurance concentré sur les pays riches

La frac­ture assu­ran­tielle entre pays riches et pauvres s’ajoute à la frac­ture cli­ma­tique. Les dom­mages éco­no­miques ne sont pas tota­le­ment cou­verts par l’assurance, et ce taux de cou­ver­ture dépend non seule­ment du type d’événement, mais aus­si des régions.

Ain­si, en 2011, les dom­mages assu­rés ne repré­sentent qu’un tiers des dom­mages éco­no­miques esti­més, que ce soit par absence de méca­nisme d’assurance ou parce que cer­tains dom­mages sont tra­di­tion­nel­le­ment exclus des cou­ver­tures actuelles (par exemple les pertes indirectes).

Quatre situa­tions
En matière de cou­ver­ture des risques natu­rels, nous pou­vons dis­tin­guer quatre types de situation :
1) des struc­tures de finan­ce­ment éta­tique comme en Hol­lande ou au Danemark ;
2) des sché­mas public-pri­vé comme en France (régime de Cat’Nat’ plus sys­tème de cou­ver­ture pri­vé des tem­pêtes, régime des cala­mi­tés agri­coles), en Espagne (Consor­cio), en Bel­gique (pool Cat’Nat’ des risques simples) ;
3) un sché­ma majo­ri­tai­re­ment pri­vé en Alle­magne ou en Angleterre ;
4) une absence de sys­tème struc­tu­ré où l’indemnisation dépend de l’État-providence ou de l’aide inter­na­tio­nale, comme en Ita­lie ou dans la plu­part des pays émergents.

Mais une ana­lyse plus fine sur les der­nières années montre que l’assurance a un impact variable selon les pays et reste peu déve­lop­pée dans les pays pauvres, alors même que ces pays sont très vul­né­rables aux catas­trophes naturelles.

Solidarité versus responsabilité

On observe, selon les pays, des sché­mas d’assurance très hété­ro­gènes qui ne favo­risent pas tou­jours la res­pon­sa­bi­li­sa­tion des acteurs.

Les moda­li­tés de cou­ver­ture des risques natu­rels sont donc condi­tion­nées à la matu­ri­té du mar­ché de l’assurance. En pré­sence d’une solu­tion de mar­ché en asso­cia­tion avec l’État, les assu­reurs sont sou­vent contraints dans leur poli­tique de sous­crip­tion. La pré­sence de ces régimes ou l’intervention de l’État ex-post est sou­vent un gage de soli­da­ri­té et pal­lie l’impossibilité de trou­ver dans cer­taines zones des assu­rances à un prix admissible.

À rebours, ces solu­tions induisent sou­vent une sub­ven­tion des risques les plus expo­sés, ce qui affai­blit la res­pon­sa­bi­li­sa­tion des acteurs et donc la pré­ven­tion. De plus, les méca­nismes d’indemnisation ne per­mettent pas tou­jours d’éviter la répé­ti­tion des désordres.

Investir dans l’étude des risques climatiques

La pre­mière réponse des assu­reurs au chan­ge­ment cli­ma­tique est d’investir dans l’étude du chan­ge­ment climatique.

Finan­cer la recherche
Les assu­reurs tra­vaillent aus­si à la dif­fu­sion et à l’accroissement des connais­sances scien­ti­fiques. Par exemple, via notre fonds pour la recherche, nous nous enga­geons en finan­çant des cher­cheurs dans le monde entier qui œuvrent notam­ment à mieux com­prendre le chan­ge­ment cli­ma­tique pour ain­si mieux pré­voir les risques qui y sont liés et savoir y faire face.

Le sec­teur dis­pose de don­nées et des capa­ci­tés de modé­li­sa­tion pour ana­ly­ser les risques liés aux évo­lu­tions cli­ma­tiques. Dans un contexte où les scien­ti­fiques pré­fèrent décrire des scé­na­rios de long terme et s’engagent peu sur le court et moyen terme, l’assurance déve­loppe ses propres outils de modé­li­sa­tion. Notre indus­trie peut éga­le­ment s’appuyer sur son por­te­feuille de risques, qui four­nit un ensemble impor­tant d’observations sur les expo­si­tions mais aus­si sur les dégâts obser­vés par le pas­sé. Cela passe par une meilleure iden­ti­fi­ca­tion et obser­va­tion des risques, et par une meilleure anti­ci­pa­tion des phé­no­mènes extrêmes.

Repenser nos modèles de prévision

Mieux esti­mer la dis­tri­bu­tion des risques et bâtir des scé­na­rios vraisemblables

L’augmentation des pertes liées aux risques cli­ma­tiques a ren­du vital pour la sol­va­bi­li­té des assu­reurs de mieux esti­mer la dis­tri­bu­tion des risques ou tout au moins d’être capable de bâtir des scé­na­rios vrai­sem­blables. Les assu­reurs sont pas­sés de modèles clas­siques fon­dés sur l’expérience à des approches sur expo­si­tion, per­met­tant de mieux prendre en compte les phé­no­mènes rares et extrêmes, qui se com­posent de trois com­po­santes prin­ci­pales : un module d’aléas cen­sé repré­sen­ter le spectre des évé­ne­ments phy­siques poten­tiels, un module de vul­né­ra­bi­li­té tra­dui­sant l’intensité des phé­no­mènes en dégâts sur les ouvrages, et un module finan­cier conver­tis­sant les dégâts en dom­mages assu­rables en tenant compte de la nature des cou­ver­tures d’assurance. Sur l’aspect expo­si­tion et vul­né­ra­bi­li­té, les équipes conti­nuent d’améliorer la connais­sance sur la nature et la loca­li­sa­tion de leurs risques à une maille suf­fi­sante selon les périls (elle sera dif­fé­rente pour le risque tem­pête, inon­da­tion ou séche­resse). Conscients d’être en « Extrê­mis­tan » (néo­lo­gisme tiré du livre Le Cygne noir de Nas­sim Nicho­las Taleb), nous tra­vaillons à rendre nos modèles robustes et fiables sur les évé­ne­ments rares.

L’effet de l'ouragan Sandy aux États-Unis.L’ouragan San­dy aux États-Unis. © REUTERS


Obser­va­toire des risques naturels

La connais­sance des risques est un fac­teur essen­tiel de la capa­ci­té des assu­reurs à assu­mer plei­ne­ment leur rôle, tant en matière de seg­men­ta­tion des risques et que de tari­fi­ca­tion au juste prix. Cepen­dant, nous fai­sons aujourd’hui le constat d’une réelle insuf­fi­sance en la matière dif­fi­ci­le­ment jus­ti­fiable dans des pays matures comme la France. Il a fal­lu attendre 2012 pour que soit créé en France un Obser­va­toire des risques natu­rels ras­sem­blant en un seul lieu, et de façon acces­sible, l’ensemble des don­nées publiques en matière d’exposition aux risques naturels.

Les modèles sont revus après la sur­ve­nance d’un évé­ne­ment extrême (comme Katri­na, le tsu­na­mi du Japon, l’inondation en Thaï­lande). La sophis­ti­ca­tion des modèles cli­ma­tiques actuels per­met non seule­ment une gra­nu­la­ri­té plus forte dans l’analyse, mais aus­si une simu­la­tion des évé­ne­ments com­plexes sans com­mune mesure avec les pos­si­bi­li­tés offertes il y a quelques décennies.

Adapter l’ensemble de son activité

Mieux accom­pa­gner l’évolution cli­ma­tique implique de revoir toute sa chaîne de valeur face aux évé­ne­ments extrêmes.

Élar­gir l’offre d’assurances
Il fau­dra, avec l’évolution des régimes de finan­ce­ment, revoir les tranches basses et hautes : cou­vrir si pos­sible les risques infra-Cat’Nat’ (évé­ne­ments d’ampleur moyenne) en pré­ci­sant mieux les périls et leurs mesures, et les méga-catas­trophes en déve­lop­pant des sché­mas de finan­ce­ment inter­na­tio­naux public-privé.

En pre­mier lieu, le déve­lop­pe­ment de l’offre néces­site un ren­for­ce­ment des par­te­na­riats public-pri­vé. L’assurance des dom­mages cau­sés par les évé­ne­ments natu­rels est un mar­ché impor­tant à fort poten­tiel de crois­sance. Cepen­dant, les assu­reurs doivent encore faire des efforts pour trans­for­mer le chan­ge­ment cli­ma­tique en une oppor­tu­ni­té de crois­sance et d’innovation.

Par­fois, les condi­tions d’assurabilité ne sont pas réunies par manque d’investissement des assu­reurs, mais aus­si parce que l’ensemble des acteurs n’ont pas encore réus­si à s’unir pour bâtir des solu­tions com­munes. Les assu­reurs doivent appro­fon­dir la connais­sance de cer­tains risques (notam­ment sur les inon­da­tions) et la qua­li­té de leur sous­crip­tion pour trou­ver une réas­su­rance adap­tée, mais il faut aus­si déve­lop­per des par­te­na­riats public-pri­vé afin de sol­va­bi­li­ser la demande dans les mar­chés émer­gents. Enfin, dans cer­tains cas, la pré­ven­tion est une condi­tion sine qua non de l’existence d’une offre d’assurance.

Couvrir tous les besoins

Le mar­ché doit faire évo­luer l’offre afin de suivre l’évolution des risques et des attentes des clients. Les assu­reurs sont déjà confron­tés à plu­sieurs défis : celui de mesu­rer et tari­fer cor­rec­te­ment les risques, de revoir les garan­ties « perte d’exploitation et carence de four­nis­seurs » dans un monde inter­con­nec­té, de mieux cou­vrir les pertes indi­rectes et les sinistres cor­po­rels. Si les assu­reurs ont cer­taines des réponses, d’autres res­tent à trou­ver, par­fois avec l’accompagnement de la puis­sance publique.

Gérer les catastrophes

Évi­ter les répétitions
Les assu­reurs pro­posent de plus en plus des ser­vices d’indemnisation avec des remises en état plus res­pec­tueuses de l’environnement et per­met­tant d’éviter la répé­ti­tion des dégâts (il faut rap­pe­ler que, dans la plu­part des pays, l’obligation de répa­rer n’existe pas, ce qui peut entraî­ner des dérives).

Les assu­reurs doivent être capables de gérer des évé­ne­ments catas­tro­phiques en appor­tant à cette ges­tion réac­ti­vi­té, flexi­bi­li­té et empa­thie. C’est ain­si que nos enti­tés, en exploi­tant des modèles internes ou en s’associant avec des par­te­naires, déve­loppent des ser­vices d’alertes ciblées conju­guant alerte de risque par envoi de SMS aux clients des zones concer­nés et conseils de pré­ven­tion selon la nature de l’événement. Il appa­raît en effet que des mesures simples per­mettent de réduire for­te­ment les dégâts maté­riels, mais aus­si de sau­ver des vies.

Des mesures simples per­mettent de réduire l’impact des catastrophes

Ont été éga­le­ment déve­lop­pés des pro­grammes de ges­tion des sinistres d’ampleur per­met­tant de gérer com­mu­ni­ca­tion de crise, ges­tion des moyens (régleurs, experts, etc.) et de mettre en place des pro­cé­dures adap­tées pour gérer proac­ti­ve­ment et effi­ca­ce­ment l’ensemble des sinistres après un évé­ne­ment catastrophique.

Lors de ce type d’événement, les assu­reurs doivent être encore plus proches des vic­times et, en par­ti­cu­lier, mettre en place des fonds d’urgence et de soli­da­ri­té per­met­tant de pal­lier des absences de cou­ver­ture dues à une mau­vaise connais­sance de l’assurance ou cor­ri­ger des situa­tions de détresse.

Une approche globale de la réassurance

La plu­part des grands assu­reurs mon­diaux ont adop­té une approche glo­bale de leur réas­su­rance catas­trophe. Le mar­ché de réas­su­rance « Cat » (catas­trophes natu­relles) a connu deux déve­lop­pe­ments majeurs ces der­nières années.

Le rôle des assu­reurs vient en com­plé­ment des pou­voirs publics

Le pre­mier est un plus fort déve­lop­pe­ment de la réas­su­rance alter­na­tive via les mar­chés de capi­taux. Même si le mar­ché des « Cat Bonds » (obli­ga­tions liées à la cou­ver­ture des risques Cat) existe déjà depuis vingt ans, il s’est diver­si­fié avec de nou­veaux outils, mais aus­si struc­tu­ré, ce qui faci­lite son utilisation.

Le second déve­lop­pe­ment a été l’émergence de pro­tec­tions de fré­quence ; une pro­tec­tion non seule­ment du bilan des assu­reurs, mais aus­si du compte de résul­tat contre la fré­quence des évé­ne­ments. Le plus grand péril assu­ré dans le monde est actuel­le­ment l’ouragan dans le golfe du Mexique tou­chant les États- Unis.

Les nou­velles éco­no­mies, notam­ment la Chine et l’Inde, devien­dront à terme les mar­chés les plus expo­sés aux périls Cat. Néan­moins, le mar­ché de réas­su­rance et les mar­chés alter­na­tifs des capi­taux four­ni­ront tou­jours la capa­ci­té néces­saire si le ren­de­ment du capi­tal est inté­res­sant pour les investisseurs.

Responsabiliser pour faire évoluer les comportements

Les assu­reurs auront à agir sur les com­por­te­ments et la rési­lience des socié­tés. Par les méca­nismes de prix et de cou­ver­ture, ils peuvent favo­ri­ser les com­por­te­ments ou tech­niques adé­quats face aux risques, à l’instar de ce qui existe en assu­rance auto­mo­bile ou dans les risques d’entreprises traditionnels.

L’assurance, moteur d’une éco­no­mie durable
Plu­sieurs assu­reurs vont s’engager sur les prin­cipes d’assurance res­pon­sable (Prin­ciples of Sus­tai­nable Insu­rance) de l’UNEPFI. Ce pro­gramme se fixe comme objec­tif de déve­lop­per le lien entre déve­lop­pe­ment durable et per­for­mance financière.

Cepen­dant, pour un plein effet, il fau­dra revoir les sys­tèmes de par­te­na­riat public-pri­vé afin que le signal du prix soit plus clair tout en main­te­nant des sys­tèmes de soli­da­ri­té plus res­pon­sa­bi­li­sants (par exemple avec des sub­ven­tions conditionnelles).

Ensuite, le rôle des États est impor­tant dans l’aménagement des ter­ri­toires et les normes de construc­tion. Même dans les pays déve­lop­pés, nous n’avons pas tou­jours le niveau d’engagement suf­fi­sant pour une réelle évo­lu­tion sur ces sujets, à la hau­teur des enjeux.

Communiquer et accompagner les initiatives

Les assu­reurs, qui ont déve­lop­pé une connais­sance et une exper­tise des risques, doivent aus­si mettre ce savoir-faire au ser­vice de la socié­té. C’est ain­si que nous sommes enga­gés aux côtés de l’ONG Care dans un par­te­na­riat décli­né sur deux ini­tia­tives visant la réduc­tion de l’impact éco­no­mique des catas­trophes natu­relles sur cer­taines popu­la­tions à risque. Mais le rôle des assu­reurs vient en com­plé­ment des pou­voirs publics et ne peut se sub­sti­tuer à eux.

Aujourd’hui, selon les Nations unies seuls 4 % des dix mil­liards de dol­lars inves­tis en aide huma­ni­taire dans le monde sont dédiés à la pré­ven­tion. Or, des exemples récents en Chine montrent tous l’intérêt de ce type d’investissement dans la réduc­tion des pertes éco­no­miques en cas de catas­trophe. De plus, le contexte fixé par les États dans lequel s’inscrit l’action des assu­reurs peut frei­ner les efforts de pré­ven­tion : l’absence de finan­ce­ment ou les moda­li­tés des régimes obli­ga­toires (notam­ment sur les prix), la com­mu­ni­ca­tion peuvent être autant de fac­teurs posi­tifs ou au contraire inhibants.

Bienvenue dans l’anthropocène

Cette période se dis­tingue de toutes les autres parce que l’homme n’est plus un simple obser­va­teur de la nature, mais joue un rôle cen­tral dans son évo­lu­tion (d’où la pro­po­si­tion d’un nou­veau terme pour la qua­li­fier : anthro­po­cène), période durant laquelle l’influence de l’homme sur le sys­tème ter­restre serait deve­nue pré­do­mi­nante. Elle peut être éga­le­ment celle qui ver­ra l’émergence de nou­velles formes de coopé­ra­tion et d’innovation sur l’ensemble de la pla­nète pour rele­ver les défis cli­ma­tiques. Les assu­reurs seront un des acteurs majeurs de cette évo­lu­tion, car la pré­ven­tion et l’atténuation des risques font par­tie inté­grante de leur métier dans le déve­lop­pe­ment d’une approche glo­bale et pérenne. Mais, pour faire évo­luer les com­por­te­ments et déve­lop­per l’assurance des risques cli­ma­tiques, il sera néces­saire que les par­te­na­riats avec les États se développent.

Les catastrophes naturelles en 2011

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