Artefact

Artefact, devenir une référence mondiale dans le conseil spécialisé en data

Dossier : TrajectoiresMagazine N°774 Avril 2022
Par Hervé KABLA (84)

En 2014, Vincent Lucia­ni (2005) a cofon­dé avec Guillaume de Roque­mau­rel (2003) et Phi­lippe Rolet (2003) Arte­fact, qui est une socié­té de ser­vices inter­na­tio­nale se situant au croi­se­ment du mar­ke­ting, du conseil et de la data science et employant plus de 800 col­la­bo­ra­teurs. L’objectif affi­ché est de bri­ser les silos com­mer­ciaux et infor­ma­tiques et, grâce au numé­rique, à la data et à l’IA, trans­for­mer les orga­ni­sa­tions en lea­ders cen­trés sur le consommateur.

Quelle est l’activité d’Artefact ?

Arte­fact offre l’ensemble des ser­vices néces­saires pour aider une entre­prise à exploi­ter le poten­tiel de ses don­nées. Notre cœur de métier his­to­rique est le trai­te­ment de la don­née des consom­ma­teurs avec une offre data-dri­ven mar­ke­ting qui est aujourd’hui la plus com­plète et avan­cée du mar­ché. Parce que la numé­ri­sa­tion du mar­ke­ting s’est opé­rée bien avant celle des autres dépar­te­ments, nous avons pris une avance consi­dé­rable dans le déve­lop­pe­ment de solu­tions de per­son­na­li­sa­tion et de mesure de la performance. 

Par ailleurs, nous pro­po­sons aus­si des offres autour de la data rea­di­ness : orga­ni­sa­tion, gou­ver­nance des don­nées, infra­struc­ture, créa­tion de data fac­to­ry… qui visent à trans­for­mer l’entreprise sur le long terme. Enfin, Arte­fact regroupe des solu­tions métiers fon­dées sur des modèles d’IA avan­cés, d’analyse séman­tique ou de recon­nais­sance d’images. Le champ des pos­sibles est très vaste et nous étu­dions pré­ci­sé­ment les enjeux de nos clients pour y répondre de façon spécifique. 

Quel est le parcours des fondateurs ? 

Nous sommes tous les trois sor­tis de l’X (en 2003 et 2005) avec un fort esprit entre­pre­neu­rial. Guillaume de Roque­mau­rel est un ex-Goo­gler qui a vu le poten­tiel de la don­née dans le mar­ke­ting digi­tal, Phi­lippe Rolet est un ingé­nieur en recherche fon­da­men­tale sur le déve­lop­pe­ment de tech­no­lo­gies IA et je suis un ancien mana­ger de McKin­sey. J’y ai fait mes armes dans le conseil en trans­for­ma­tion numé­rique des organisations.

Guillaume de Roquemaurel (2003) et Vincent Luciani (2005) cofondateurs d’Artfact
Guillaume de Roque­mau­rel (2003) et Vincent Lucia­ni (2005) cofon­da­teurs d’Artfact avec Phi­lippe Rolet (2003).

Comment vous est venue l’idée d’Artefact ?

Arte­fact c’est art… et fact, soit la ren­contre entre le busi­ness et la tech­no­lo­gie, que nous avons construite pro­gres­si­ve­ment. Guillaume et Phi­lippe ont créé en 2013 Lit­tle Big Data, un pro­duit en machine lear­ning. J’avais créé de mon côté l’agence de mar­ke­ting digi­tal Augus­ta, inté­grant déjà le trai­te­ment de la data dans nos ser­vices. Or Lit­tle Big Data man­quait de per­sonnes orien­tées busi­ness pour expli­quer la valeur de la tech­no­lo­gie et Augus­ta n’avait pas assez de tech. C’est pour­quoi nous nous sommes natu­rel­le­ment regrou­pés pour créer Arte­fact fin 2014. 

Qui sont les concurrents ? 

Le mar­ché des ser­vices autour de la data est extrê­me­ment frag­men­té. Il regroupe, aux extrêmes, soit de grands cabi­nets de conseils (MBB), des spé­cia­listes en IT (Cap­ge­mi­ni, Accen­ture) ou en mar­ke­ting (comme Jel­ly­fish ou S4), soit de nom­breuses petites struc­tures locales. Nous avons d’ailleurs en France des socié­tés concur­rentes de taille infé­rieure, mon­tées par d’anciens X comme Quant­me­try et Eki­me­trics. L’ambition d’Artefact, c’est de deve­nir une réfé­rence dans le monde sur ce métier, comme l’a fait Palan­tir. Un pari en cours de réus­site : nous sommes aujourd’hui l’un des plus gros spé­cia­listes de la data et les seuls à être implan­tés sur le mar­ché chi­nois, ce qui nous paraît cru­cial dans les cinq années à venir ! 

Un autre axe de dif­fé­ren­cia­tion fort chez Arte­fact est notre pari sur les soft­wares ingé­nieurs pour construire des pro­duits data. La plu­part de nos concur­rents se foca­lisent sur la data science. Nous avons déci­dé très tôt de recru­ter des équipes soft­ware et de déve­lop­per for­te­ment la com­po­sante pro­duit, notam­ment au tra­vers d’une matière nou­velle qui regroupe data et pro­duit : le MLOps (machine lear­ning ope­ra­tions).

Quelles ont été les étapes clés depuis votre création ? 

Arte­fact a fonc­tion­né comme une start-up jusqu’en 2017, où se pro­duit alors un pre­mier chan­ge­ment d’échelle. Nous avons fusion­né avec Net­boos­ter, agence digi­tale inter­na­tio­nale cotée en Bourse. Cela nous a notam­ment per­mis d’étendre nos ser­vices data à l’étranger, tout en répon­dant aux enjeux de sca­la­bi­li­té de nos clients. Nous sommes pas­sés de trois sala­riés en 2015 à près de 1 000 aujourd’hui, pré­sents dans nos 18 bureaux implan­tés par­tout dans le monde. En décembre der­nier, nous sommes entrés dans une nou­velle phase d’accélération de notre crois­sance : nous sommes sor­tis de la Bourse et nous nous sommes rap­pro­chés des fonds d’investissement Ardian et Cathay Capital.

“Près de 1 000 salariés aujourd’hui, présents
dans 18 bureaux implantés partout dans le monde.”

Comment expliquez-vous votre très forte croissance ? 

Nous avons connu une crois­sance ultra-rapide grâce à notre spé­ci­fi­ci­té qui est de com­bi­ner l’innovation et la science de la data. Les entre­prises sont sou­vent obli­gées de mul­ti­plier les pres­ta­taires sur ces sujets très com­plexes, ce qui crée des len­teurs et des risques d’incohérence. Arte­fact casse ce modèle en regrou­pant trois grands types de métiers en une seule enti­té : des consul­tants par sec­teurs et métiers, des experts en data (data scien­tists, data ana­lysts, data engi­neers), ain­si que des spé­cia­listes en digi­tal marketing. 

Autre atout : notre grande maî­trise en intel­li­gence arti­fi­cielle et machine lear­ning, qui nous per­met de créer et d’assembler des briques tech­no­lo­giques stan­dar­di­sées, tes­tées sur des contextes busi­ness dif­fé­rents. Nous les ren­dons dis­po­nibles en open source : nos clients peuvent donc en dis­po­ser gra­tui­te­ment, en toute trans­pa­rence. Nous tra­vaillons aus­si bien avec des entre­prises du CAC 40, comme L’Oréal, Danone, Orange, qu’avec des grands comptes inter­na­tio­naux comme Sam­sung, Reckitt ou Unilever. 

Pourquoi faire le choix d’un rapprochement avec des fonds d’investissement ?

Bien qu’être coté en Bourse nous ait ouvert des occa­sions incroyables, cela nous contrai­gnait à des échéances court-ter­mistes. En revanche, les fonds d’investissement tra­vaillent sur des cycles de quatre à sept ans en moyenne. Ils sont aus­si capables d’investir à nos côtés sur des pro­grammes impor­tants de déve­lop­pe­ment busi­ness et d’acquisition. Nous avons donc la séré­ni­té néces­saire pour nous concen­trer sur notre ambi­tion de deve­nir un des lea­ders mon­diaux des ser­vices data. 

Quel est votre plan de développement sur ces cinq prochaines années ? 

Nous avons quatre axes de déve­lop­pe­ment. Tout d’abord un axe de crois­sance orga­nique, puisque nous comp­tons tri­pler nos effec­tifs et pas­ser à 3 000 Arte­fac­tors d’ici 2025. Nous avons déjà 500 recru­te­ments pré­vus en 2022, dont 200 en France. Le second axe est l’expansion géo­gra­phique et nous pou­vons comp­ter sur le réseau d’Ardian et de Cathay Capi­tal pour conso­li­der notre pré­sence dans le monde. 

Nous vou­lons éga­le­ment inves­tir dans la R & D pour conti­nuer d’avoir une lon­gueur d’avance dans l’IA et l’algorithmique. À cet égard, nous venons aus­si de lan­cer l’Artefact Research Cen­ter en col­la­bo­ra­tion avec des uni­ver­si­tés de renom, des par­te­naires tech­no­lo­giques et des grands groupes inter­na­tio­naux. Enfin, qua­trième vec­teur de crois­sance, l’acquisition de socié­tés stra­té­giques dans la data afin d’être un acteur émi­nent de la conso­li­da­tion d’un mar­ché actuel­le­ment très dispersé. 

Un triplement des effectifs sur un marché qui connaît une pénurie des talents… Comment comptez-vous y parvenir ? 

Le recru­te­ment et la réten­tion des talents sont le nerf de la guerre. C’est pour­quoi nous sou­hai­tons nous démar­quer par la qua­li­té de l’expérience pro­po­sée à nos col­la­bo­ra­teurs, avec un effort par­ti­cu­lier sur la for­ma­tion. Nous inves­tis­sons énor­mé­ment de temps pour les for­mer et les accom­pa­gner sur des car­rières riches et variées pour être the best place to learn. Nous avons aus­si lan­cé l’Artefact School of Data en 2021 après avoir rache­té Viva­Da­ta, dont nous avons com­plé­té les cur­sus par les retours d’expérience ter­rain de nos experts. Cette for­ma­tion va per­mettre de recru­ter, chez Arte­fact et chez nos clients, des nou­veaux pro­fils issus de la recon­ver­sion pro­fes­sion­nelle, dans une approche plus inclusive. 

Pensez-vous avoir un rôle à jouer dans l’accès aux métiers de la data et à leur démocratisation ? 

L’Artefact School of Data fait par­tie d’une démarche socié­tale plus glo­bale que nous appe­lons Data for Impact. Parce qu’il y a un fort poten­tiel d’employabilité, il faut abso­lu­ment démo­cra­ti­ser la for­ma­tion aux métiers de la data et cou­per court aux idées reçues. Nous sou­hai­tons accé­lé­rer l’accès à ces car­rières sans frac­ture sociale, de genre, de géné­ra­tion ou de géo­gra­phie. Pour cela, nous faci­li­tons l’ouverture à notre école, orga­ni­sons du mécé­nat, du men­to­ring, et nous effec­tuons un tra­vail de ter­rain avec les auto­ri­tés publiques.

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