argenx : la BioTech européenne de référence dans le domaine de l’immunologie

argenx : la BioTech européenne de référence dans le domaine de l’immunologie

Dossier : Vie des entreprises - HealthtechMagazine N°804 Avril 2025
Par François RAUCH

Grâce à son modèle col­la­bo­ra­tif de recherche et sa très forte capa­ci­té d’innovation, argenx s’est impo­sée comme une Bio­Tech inter­na­tio­nale d’origine euro­péenne de réfé­rence dans le domaine des mala­dies auto-immunes rares. Dans cette inter­view, Fran­çois Rauch, son direc­teur géné­ral, nous en dit plus sur le modèle inédit de son entre­prise, la place stra­té­gique occu­pée par l’innovation et les sujets qui le mobi­lisent actuellement.

Quel est le positionnement d’argenx ?

argenx ambi­tionne de redé­fi­nir le trai­te­ment des mala­dies auto-immunes. La socié­té a vu le jour en 2008 à la suite d’un trans­fert de tech­no­lo­gie de l’Université de Gand qui a mené d’importants tra­vaux et recherches autour de la connais­sance du sys­tème immunitaire.

Aujourd’hui, argenx s’appuie sur un savoir-faire clé dans le domaine de l’ingénierie des anti­corps et tra­vaille de manière sys­té­ma­tique avec des centres de recherche uni­ver­si­taires et des ins­ti­tu­tions aca­dé­miques de réfé­rence et à la pointe de leur domaine afin de déve­lop­per des anti­corps spé­ci­fiques pour cibler les méca­nismes res­pon­sables de mala­dies auto-immunes. 

Grâce à ces col­la­bo­ra­tions à très forte valeur ajou­tée, nous béné­fi­cions d’un pipe­line d’innovation remar­quable et d’une capa­ci­té de crois­sance signi­fi­ca­tive. Ce posi­tion­ne­ment inédit nous a per­mis de deve­nir la Bio­Tech euro­péenne ayant la plus forte valo­ri­sa­tion sur le marché.

Quelles sont les aires thérapeutiques qui vous intéressent plus particulièrement ?

Dans le domaine des mala­dies auto-immunes, qui se sont for­te­ment déve­lop­pées au cours des der­nières années, nous tra­vaillons sur plu­sieurs aires thé­ra­peu­tiques, dont la neu­ro­lo­gie, l’hématologie, la rhu­ma­to­lo­gie, ou encore la néphro­lo­gie… Cela repré­sente plus d’une tren­taine de pro­grammes de déve­lop­pe­ment avec un focus sur les mala­dies rares, dites orphe­lines, et pour les­quelles les besoins médi­caux res­tent insuf­fi­sam­ment satis­faits aujourd’hui.

Actuel­le­ment, argenx a trois molé­cules en déve­lop­pe­ment cli­nique chez l’Homme, et une de ces molé­cules a, d’ailleurs, déjà reçu deux auto­ri­sa­tions de mise sur le mar­ché (AMM) aux États-Unis et au Japon et une dans l’Union Européenne.

Au cœur de vos expertises, on retrouve donc l’immunologie. Dites-nous en plus. 

Les mala­dies auto-immunes sont des patho­lo­gies dans le cadre des­quelles votre propre sys­tème immu­ni­taire se retourne contre vous. Depuis 2008, nous avons déve­lop­pé une véri­table exper­tise dans ce domaine et plus par­ti­cu­liè­re­ment en matière d’autoanticorps patho­gènes qui, dans le cadre d’une mala­die auto-immune, ont la par­ti­cu­la­ri­té de se retour­ner contre le sys­tème immu­ni­taire au lieu de le pro­té­ger. Nos tra­vaux portent notam­ment sur une modu­la­tion du sys­tème auto-immu­ni­taire afin de cibler le plus pré­ci­sé­ment pos­sible ces méca­nismes et amé­lio­rer, in fine, la prise en charge d’une patho­lo­gie, sans impac­ter notre immu­ni­té dans sa glo­ba­li­té. En effet, l’enjeu et la dif­fi­cul­té de cette approche consistent à ne pas « mettre à plat » l’ensemble du sys­tème immu­ni­taire afin de ne pas expo­ser les malades à de poten­tiels dan­gers ou infections.

Quelle place occupe l’innovation dans votre modèle ?

Elle est bien évi­dem­ment cen­trale ! Notre mis­sion pre­mière en notre qua­li­té de Bio­Tech est d’apporter des inno­va­tions qui vont chan­ger la prise en charge d’une patho­lo­gie en ayant un impact socié­tal mesurable.

En paral­lèle, dans notre sec­teur, l’innovation reste le prin­ci­pal levier de crois­sance pour des entre­prises comme la nôtre. Si l’innovation est avant tout scien­ti­fique et tech­no­lo­gique, elle doit aus­si contri­buer à faire évo­luer le fonc­tion­ne­ment des éco­sys­tèmes afin de favo­ri­ser les col­la­bo­ra­tions et la créa­tion de syner­gies ver­tueuses au béné­fice des méde­cins et de leurs patients.

En France, cet éco­sys­tème regroupe les méde­cins et cher­cheurs des centres de réfé­rence mala­dies rares regrou­pés en filières de san­té mala­dies rares, la Fon­da­tion Mala­dies Rares, les asso­cia­tions de patients ain­si que les acteurs ou orga­nismes ins­ti­tu­tion­nels comme la Banque Natio­nale des mala­dies rares (BNDMR), le Sys­tème natio­nal de don­nées de san­té (SNDS) qui rendent acces­sible la don­née de san­té. Une meilleure col­la­bo­ra­tion et coor­di­na­tion entre l’ensemble de ces par­ties pre­nantes doit per­mettre de mieux com­prendre et accom­pa­gner la tra­jec­toire de soins des patients à tra­vers l’ensemble du sys­tème de san­té afin d’avoir un réel impact sur la prise en charge de ces patho­lo­gies et le bien-être des patients.

Aujourd’hui, quels sont les sujets et les enjeux qui vous mobilisent ?

La France a été pion­nière dans la prise en charge des mala­dies rares avec une prise en charge struc­tu­rée autour de filières, de centres dédiés dans la majo­ri­té des CHU… Au-delà, la France s’est aus­si dotée de 3 Plans Natio­naux Mala­dies Rares (PNMR). Aux côtés d’autres acteurs, argenx a, par ailleurs, contri­bué au 4e PNMR dont nous atten­dons la publi­ca­tion par nos auto­ri­tés de tutelle. 

Aujourd’hui, il s’agit donc de pour­suivre ces efforts avec un focus sur l’accès à l’innovation qui pose un double enjeu : une meilleure prise en charge des patients et la recon­nais­sance de la valeur des recherches et des efforts de notre BioTech.

“argenx ambitionne de redéfinir le traitement des maladies auto-immunes. […] Grâce à ces collaborations à très forte valeur ajoutée, nous bénéficions d’un pipeline d’innovation remarquable et d’une capacité de croissance significative.”

Pour ce faire, la don­née issue de notre sys­tème de san­té est clé, car elle nous per­met de mieux com­prendre et appré­hen­der la prise en charge de la mala­die aujourd’hui et, in fine, la façon dont nos inno­va­tions peuvent contri­buer à l’améliorer. Cela demande de s’inscrire dans une logique par­te­na­riale avec l’ensemble des acteurs de l’écosystème pour réa­li­ser ce tra­vail essen­tiel dans la durée. Cette réa­li­té légi­time aujourd’hui le modèle pour lequel nous avons opté à la créa­tion d’argenx en 2008.

Au-delà, le ren­for­ce­ment de cet éco­sys­tème et la valo­ri­sa­tion de l’innovation doivent éga­le­ment per­mettre l’émergence de suc­cess sto­ries dans le monde de la Bio­Tech euro­péenne. Dans cet uni­vers, argenx est une illus­tra­tion concrète de l’excellence de la recherche scien­ti­fique et uni­ver­si­taire euro­péenne, de la capa­ci­té à inno­ver de nos talents et de la pos­si­bi­li­té de construire une tra­jec­toire de valo­ri­sa­tion sur le mar­ché qui n’a rien à envier aux Bio­Techs américaines ! 

Aujourd’hui, comment vous projetez-vous ? Quelles sont les pistes que vous explorez ?

Conti­nuer à inno­ver pour amé­lio­rer la prise en charge des mala­dies auto-immunes et rares en capi­ta­li­sant sur nos dif­fé­rents par­te­na­riats et l’écosystème de san­té dans sa globalité !

Sur un plan plus opé­ra­tion­nel, suite à l’obtention de l’autorisation de mise sur le mar­ché de notre pre­mière molé­cule, notre enjeu est d’accompagner la bonne inté­gra­tion et uti­li­sa­tion de notre inno­va­tion dans le sys­tème de soins et de nous assu­rer qu’elle puisse aider le plus grand nombre de patients.

Enfin, à titre per­son­nel, je reste convain­cu que les don­nées de san­té res­tent lar­ge­ment inex­ploi­tées en France et en Europe. Il est pri­mor­dial de mieux les valo­ri­ser pour aug­men­ter l’impact de l’innovation por­tée par les Bio­Techs et garan­tir que cette inno­va­tion soit béné­fique aux patients.

Et pour conclure ? 

Aujourd’hui, les Bio­Techs n’attirent pas for­cé­ment les jeunes ingé­nieurs mal­gré les très belles oppor­tu­ni­tés qu’elles peuvent leur offrir. Diplô­mé de l’École Cen­trale, j’ai pu me rendre compte que la for­ma­tion déli­vrée par les écoles d’ingénieurs est pour­tant un atout dans ce domaine, car elle donne à ses diplô­més les outils et les méthodes pour appré­hen­der et com­prendre des sys­tèmes com­plexes, une réelle com­pré­hen­sion de la science, des com­pé­tences en matière de ges­tion de pro­jets plu­ri­dis­ci­pli­naires… Autant de qua­li­tés recher­chées par le sec­teur de la bio­tech­no­lo­gie et du déve­lop­pe­ment de médicaments !

Au-delà, il s’agit aus­si d’un sec­teur qui a une forte culture de l’innovation et un poids éco­no­mique consi­dé­rable, sans oublier un impact socié­tal indéniable !

Poster un commentaire