Stockage de bauxite à Gardanne

ALTEO : l’innovation au service du développement durable

Dossier : Dossier FFEMagazine N°728 Octobre 2017
Par Éric DUCHENNE

Instal­lée à Gar­danne, dans les Bouch­es-du- Rhône, l’usine de fab­ri­ca­tion d’alumine fut la pre­mière à utilis­er le procédé de l’ingénieur Bay­er dans le monde. 

Après avoir appartenu suc­ces­sive­ment à Pechiney, Alcan puis Rio Tin­to, elle est désor­mais sous la coupe du groupe Alteo depuis le 1er août 2012. « Elle est un mod­èle d’innovation pour toutes ses con­sœurs en Asie, Afrique et en Amérique », note Eric Duchenne. 

« De nom­breux investisse­ments y ont été réal­isés ces dernières années pour amélior­er le sys­tème de pro­duc­tion (équipements de broy­age et de stock­age, mise en place du lean management). » 

600 000 TONNES D’ALUMINE

Pro­duisant plus de 600 000 tonnes d’alumine, Alteo met à dis­po­si­tion de sa clien­tèle un large porte­feuille de pro­duits. « Nous nous sommes diver­si­fiés dans les alu­mines de spé­cial­ité à haute valeur ajoutée », con­fie le directeur. 

EN DIX ANS, L’INDUSTRIE MONDIALE A RECYCLÉ 2 % DE SES DÉCHETS, NOTRE USINE PRÈS DE 10 %. NOTRE AMBITION EST D’ATTEINDRE LES 30 À 40 % DE VALORISATION ET DANS QUELQUES ANNÉES LES 100 %.

« Nous retrou­vons nos pro­duits dans des pots cat­aly­tiques, dans des ver­res spé­ci­aux, dans des isolants de bou­gies, dans des écrans de télé­phone, dans la pâte de den­ti­frice, dans des bat­ter­ies de lithium. 

À par­tir d’un mil­lion de tonnes de baux­ite exportée des car­rières guinéennes, notre groupe fab­rique plus de 500 pro­duits dif­férents pour plus de 400 clients, sur près de 600 sites dans le monde. » 

Tou­jours au ser­vice de sa clien­tèle, Altéo fait de la haute cou­ture, du sur-mesure. « Pour répon­dre aux besoins de nos clients, nous accom­pa­gnons leurs efforts R&D et nous allons jusqu’à leur pro­pos­er dif­férents types d’hydrates (tri­oxyde d’aluminium), d’alumines cal­cinées (stan­dard et basse teneur en soude), broyées et super broyées », ajoute le directeur, Éric Duchenne. 

Depuis main­tenant quelques années, Altéo exporte 90 % de ses pro­duits. « La part des ventes hors Europe a aug­men­té de 150 % en 5 ans. Pour soutenir ce développe­ment dans les zones à plus forte crois­sance, Alteo a mis en place trois grands hubs régionaux et 14 bureaux com­mer­ci­aux en Europe, en Amérique du Nord et en Asie. 

Pour réduire les délais de livrai­son, Alteo a créé des stocks de prox­im­ité dans les prin­ci­paux pays de ses clients. » 

ÉCONOMIE CIRCULAIRE

Composés d’oxyde de fer (d’ou leur couleur rouge), d’oxyde de titane, d’oxyde d’aluminium, de silice ainsi qu’une faible proportion de métaux (chrome et vanadium principalement), les résidus de bauxite deviennent une ressource environnementale et économique. Ils peuvent être utilisés comme couverture de décharge de déchets ménagers, comme matériaux de construction ou comme produit décontaminant.
Les filières les plus prometteuses seront analysées pour être mises en œuvre par Alteo. Alteo estime son gisement de résidus de bauxite disponible à terre à 400 000 tonnes en moyenne chaque année. Avec l’aide de partenaires industriels, de chercheurs, de son service de recherche et développement, il compte aller bien plus loin. D’ici quelques années, le groupe espère valoriser 100 % de ses résidus de bauxite.

MAIS QUOI FAIRE DES RÉSIDUS !

Depuis quelques années, Alteo s’engage pour réduire l’impact de ses activ­ités sur l’environnement. Depuis 2015, le groupe ne rejette plus ses résidus de baux­ite en mer. « Env­i­ron 30 ans d’études poussées ont été néces­saires pour s’assurer de l’innocuité du rejet. 

Grâce à de nom­breux investisse­ments, nous avons com­plète­ment inté­gré dans nos procédés de fab­ri­ca­tion la ges­tion des boues. Nous con­tin­uons d’ailleurs à innover dans ce domaine ! » 

À défaut d’être rejetés en mer, les résidus de baux­ite sont stock­és sur le site de Gar­danne. « La R&D Alteo, comme d’autres lab­o­ra­toires dans le monde, a exploré de nom­breuses pistes pour leur val­ori­sa­tion », pré­cise Eric Duchenne. 

« Nous nous sommes d’abord tournés vers des solu­tions forte­ment con­som­ma­tri­ces en matéri­aux. Nos résidus sont util­isés comme cou­ver­ture de décharge de déchets ménagers ou comme soubasse­ments routiers. » 

Toute­fois, les débouchés restent encore lim­ités. « Pour des ques­tions de coût de trans­port, nous ne pou­vons pas livr­er nos résidus à plus de cinquante kilo­mètres à la ronde. » En con­cur­rence avec de nom­breuses entre­pris­es, Alteo, des uni­ver­si­taires, des start-up ont cher­ché d’autres pistes dans la dépol­lu­tion, dans les matéri­aux de con­struc­tion, dans les tuiles, dans les pots de fleurs, dans la déphosphatation… 

« Soutenus par l’Europe, nous col­laborons avec l’école des Mines, avec l’école cen­trale de Lyon, l’université de Nice. Nous avons désor­mais besoin de parte­naires indus­triels pour met­tre sur le marché de nou­veaux pro­duits. Il est impor­tant de trou­ver, crois­er nos idées et de véri­fi­er la fais­abil­ité de nos recherches. » 

D’ici là, Eric Duchenne espère une évo­lu­tion dans la régle­men­ta­tion des déchets. « La lég­is­la­tion enferme les pro­duc­teurs des déchets dans une impasse. Elle ne per­met pas leur vente, leur trans­port. Dif­fi­cile donc de faire du busi­ness dans ces conditions ! 

Pour­tant, le lég­is­la­teur avait la volon­té d’encourager l’économie cir­cu­laire. Mais cette lég­is­la­tion reste encore une sim­ple déc­la­ra­tion d’intérêt général ! Or si l’on ne facilite pas les ini­tia­tives privées, la planète risque d’être une décharge à ciel ouvert. » 

RÉDUCTION D’ÉMISSION D’AZOTE DANS LE CIEL

L’usine de Gardanne a entièrement supprimé les émissions de SO2 (dioxyde de soufre) dans l’atmosphère grâce à un changement de combustible. Elle a réduit de 25 % les émissions de CO2 (gaz carbonique) en 10 ans grâce à des optimisations énergétiques.
Émis par la combustion des fours, les NOx (oxyde d’azote) ont été réduits de 50 % sur le site. « Nous continuerons à travailler pour respecter le seuil des rejets azotés », confie Éric Duchenne. À noter que l’usine de Gardanne veut baisser sa consommation énergétique d’1 % par an.

100 % DE VALORISATION DE NOS DÉCHETS

CHIFFRES CLÉS

600 000 tonnes d’alumine
200 millions d’euros
650 clients
1000 points de livraison
500 salariés

Mal­gré tout, Alteo ne perd pas espoir, le groupe con­tin­ue à croire à sa poli­tique de développe­ment durable. « En dix ans, l’industrie mon­di­ale a recy­clé 2 % de ses déchets, notre usine près de 10 % », explique Éric Duchenne. « Notre ambi­tion est d’atteindre les 30 à 40 % et dans quelques années les 100 % de valorisation. 

Nous mis­ons sur plusieurs solu­tions et non sur une solu­tion mir­a­cle ! Plusieurs options sont d’ailleurs déjà envis­agées : soit un site de traite­ment dédié aux résidus de baux­ite, soit un étab­lisse­ment accep­tant d’autres résidus minéraux. » 

À moins que le groupe Alteo ne fasse le choix de gér­er directe­ment une fil­ière de production.

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