Satellites tout électrique pour missions haute puissance et haute capacité

AIRBUS : des sondes spatiales à la production en série de satellites !

Dossier : Dossier FFEMagazine N°727 Septembre 2017
Par Nicolas CHAMUSSY (87)

En quoi le spatial est-il important dans notre société ?

Le sec­teur spa­tial est un contri­bu­teur majeur au déve­lop­pe­ment éco­no­mique, socié­tal et tech­no­lo­gique. Il par­ti­cipe très lar­ge­ment à la trans­for­ma­tion digi­tale de nos socié­tés en met­tant à dis­po­si­tion de cha­cun des don­nées d’observation de la terre, de navi­ga­tion, de météo­ro­lo­gie, trans­mises dans le monde entier par le biais de satel­lites de télécommunication. 

Lorsque nous uti­li­sons notre smart­phone, nous fai­sons ain­si appel à plu­sieurs dizaines de satel­lites dif­fé­rents chaque jour. 

Dans le monde de l’industrie spatiale européenne, Airbus est devenu le champion…

Notre groupe a beau­coup inves­ti ces der­nières années. Sou­te­nu depuis long­temps par les gou­ver­ne­ments fran­çais et en Europe, il est le seul acteur pré­sent sur tout le spectre des acti­vi­tés spa­tiales (satel­lites civils et mili­taires, infra­struc­tures orbi­tales, lan­ceurs, équipements…). 

Cette diver­si­té per­met, grâce au sou­tien des États, au pre­mier rang des­quels la France, de mul­ti­plier les contrats d’export (plus de 30 pays) et de riva­li­ser avec les lea­ders mondiaux. 

Outre la communication, quel est le secteur d’activités où le spatial est incontournable ?

Après la Terre, la Mer et l’Air, l’Espace est la nou­velle dimen­sion de la sou­ve­rai­ne­té nationale. 

Le sec­teur mili­taire repré­sente aujourd’hui envi­ron 20 % des acti­vi­tés d’Airbus Space, qui en tant que pre­mier four­nis­seur de la défense en France, est le maître d’oeuvre ou co-maître d’oeuvre (outre le sta­tut de four­nis­seur d’équipements clés) de tous les grands pro­grammes spa­tiaux mili­taires fran­çais depuis plus de 30 ans et en déve­lop­pe­ment : (MUSIS CSO, CERES, Syra­cuse IV). 

Soutenu par l’État (CNES, DGA, BPI, CGI…), l’espace attire de nombreux pionniers sur un marché en « disruption ». Quelles sont leurs qualités premières ?

Aujourd’hui plus que jamais, il faut inno­ver pour res­ter à la pointe et déve­lop­per des com­pé­tences technologiques. 

Il faut être éga­le­ment en mesure d’investir sur tous les fronts si l’on veut façon­ner le futur de l’espace et res­ter un lea­der de ce monde en ®évo­lu­tion exponentielle. 

Innover deviendrait-il un acte courageux ?

Il faut chan­ger sa façon de pen­ser, de tra­vailler, de faire équipe et d’appréhender le mar­ché. Avec le pro­gramme One­Web (voir enca­dré), nous sommes dans un vrai chan­ge­ment de phi­lo­so­phie, de para­digme, sur la manière d’appréhender la concep­tion et la fabri­ca­tion de satellites. 

Nous sommes réel­le­ment des pionniers. 

Comment accompagnez-vous ces innovations ?

Il nous a fal­lu chan­ger de « logi­ciel » et embar­quer nos équipes et nos four­nis­seurs dans des temps de concep­tion, de déve­lop­pe­ment et de pro­duc­tion réduits. 

LE DÉFI OneWeb

Par le biais de notre co-entreprise OneWeb Satellites, nous sommes les premiers à développer une méga-constellation de satellites (près de 1 000 dans un premier temps). Leur lancement s’étalera entre 9 et 24 mois ! C’est un vrai défi dans la mesure où nos chaînes d’assemblage à Toulouse et en Floride devront livrer plus de 2 satellites par jour, alors même qu’Airbus livre entre 5 et 10 satellites par an en moyenne !

Cela a été ren­du pos­sible par de lourds inves­tis­se­ments et grâce à un pro­ces­sus de pro­duc­tion plus Lean et ultra moderne (robo­tique, chaîne d’assemblage ins­pi­rée de l’expérience du groupe Air­bus, hub logis­tique pour la chaîne d’approvisionnement..).

Ces pro­grès en termes de prix, de qua­li­té, de cadence de pro­duc­tion seront réuti­li­sables autant que pos­sible pour les autres branches de nos acti­vi­tés, au pro­fit de toute l’industrie spatiale. 

Évoquons l’aventure d’Ariane, autre grand sujet spatial. Que vous a‑t-elle permis ?

Cette aven­ture a per­mis beau­coup d’émulation et d’évolution dans le monde spa­tial. Plus récem­ment elle a impo­sé à la com­mu­nau­té spa­tiale euro­péenne de s’adapter aux nou­velles règles. 

Notre groupe Air­bus, avec Safran a su le faire en s’impliquant et en s’engageant dans la réor­ga­ni­sa­tion, aux côtés des États, du sec­teur des lan­ceurs en Europe. Cet enga­ge­ment a conduit à la nais­sance d’Airbus Safran Laun­chers, récem­ment bap­ti­sé ArianeGroup. 

Il a sim­pli­fié la donne, res­pon­sa­bi­li­sé les par­ties pre­nantes, pré­ser­vé et ren­for­cé le cham­pion mon­dial des lan­ce­ments com­mer­ciaux (Ariane 5, Vega, Soyuz, et bien­tôt Ariane 6). 

Airbus a donc su faire preuve d’audace…

Notre groupe a déci­dé de contri­buer très lar­ge­ment à l’évolution néces­saire de l’espace euro­péen et fran­çais, en inves­tis­sant dans des pro­grammes ambi­tieux, en contri­buant à déve­lop­per un éco­sys­tème spa­tial, en sou­te­nant par le biais de notre fonds de Cor­po­rate Ven­ture Air­bus Ven­tures le déve­lop­pe­ment de start-up (comme par exemple LEO Labs, spé­cia­li­sée dans les ser­vices de sur­veillance des débris spa­tiaux : un nou­veau mar­ché en croissance). 

Quel est votre dernier grand chantier ?

Air­bus finance le déve­lop­pe­ment d’une constel­la­tion de satel­lites d’observation de la terre à très haute réso­lu­tion (VHR2020). C’est un défi tech­nique indus­triel et com­mer­cial qu’il faut rele­ver pour res­ter dans la course et faire pro­gres­ser l’industrie spa­tiale euro­péenne et française. 

Mais Air­bus est prêt à prendre le risque. 

Lorsque vous étiez étudiant à Polytechnique, était-ce le genre de secteur ou d’entreprise que vous imaginiez pour vous ?

Dès le col­lège, j’ai construit des fusées dans le cadre d’une asso­cia­tion sou­te­nue par le CNES. 

À l’époque, le pre­mier lan­ce­ment d’Ariane le 24 décembre 1979, le pre­mier lan­ce­ment de la navette spa­tiale amé­ri­caine, ont été des évé­ne­ments qui m’ont beau­coup mar­qués et ont cer­tai­ne­ment joué un rôle très impor­tant dans ma pas­sion pour ce secteur. 

À la sor­tie de l’X, j’ai eu la chance unique de pou­voir tra­vailler un an dans un labo­ra­toire de l’US Air Force aux États-Unis spé­cia­li­sé dans les tech­no­lo­gies spa­tiales puis de rejoindre les équipes de la DGA (minis­tère de la Défense) en charge des pro­grammes spa­tiaux militaires. 

DES SATELLITES À PROPULSION ÉLECTRIQUE

Le tout premier satellite à propulsion entièrement électrique de sa catégorie au monde est en train de terminer sa mise à poste pour atteindre son orbite géostationnaire.
En utilisant les propulseurs électriques situés sur ses bras robotiques (une autre innovation), l’Eutelsat 172B permet à l’opérateur de télécommunications français Eutelsat, un des leaders mondiaux, d’économiser plus de 2 tonnes au lancement, soit 40 % de son poids.
Outre les services classiques de télévision par satellite et d’internet haut débit, le satellite permettra un service d’accès à internet à bord des vols transpacifiques d’une qualité inégalée.
Le luxembourgeois SES, autre opérateur client d’Airbus pour un satellite électrique, a lui décidé de profiter de la propulsion électrique pour augmenter la puissance de sa mission, à poids égal au lancement. Ainsi avec près de 20 kW, le satellite SES-12, sera le plus puissant satellite d’Airbus au jour de son lancement d’ici quelques semaines.

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