Aider les élèves étrangers dans leur orientation professionnelle

Dossier : ExpressionsMagazine N°679 Novembre 2012Par : Philippe TOURNEUR (66), parrainant Xin WANG (08) et Jianqio LI (11)

Un suivi régulier

L’AX pro­pose aux X de par­rai­ner des élèves inter­na­tio­naux dès leur entrée à l’École.

Un par­rai­nage orienté
Phi­lippe Tour­neur a béné­fi­cié de pres­ta­tions de « repo­si­tion­ne­ment pro­fes­sion­nel » d’un grand cabi­net spé­cia­li­sé au cours de sa car­rière. Cette expé­rience lui a per­mis d’acquérir une com­pé­tence qu’il a trans­for­mée en acti­vi­té à temps par­tiel pen­dant sa retraite. Il a alors pro­po­sé à Vincent Cou­sin (69), qui gère l’affectation des filleuls pour la tranche de pro­mo­tions dont fait par­tie Phi­lippe Tour­neur, un par­rai­nage tour­né vers l’orientation professionnelle.

Ayant tou­jours été très inté­res­sé par l’international, j’ai posé ma can­di­da­ture, en pro­po­sant un par­rai­nage de type out­pla­ce­ment, s’adressant à des élèves qui s’interrogent sur leurs futures orien­ta­tions de car­rière. Je n’étais pas sûr qu’une pro­cé­dure plu­tôt tour­née a prio­ri vers le repo­si­tion­ne­ment de cadres expé­ri­men­tés puisse s’appliquer à des étu­diants. J’avais pré­ve­nu Xin, ma pre­mière filleule, et nous avons été d’accord pour essayer. Les résul­tats ont été pro­bants. Je tra­vaille avec Xin et Jian­qiao, depuis leur inté­gra­tion, envi­ron un dimanche sur deux pen­dant envi­ron deux heures. Ces entre­tiens sont com­plé­tés par des échanges de cour­riels ou d’appels télé­pho­niques, en dérou­lant les pro­cé­dures clas­siques du repo­si­tion­ne­ment professionnel.

« Y a pas le feu au lac »

Je les ai éga­le­ment aidées dans la pré­pa­ra­tion de comptes ren­dus d’entretiens (dans le cadre d’une recherche de stage, par exemple) et de cour­riels de remer­cie­ments avec syn­thèse à la suite d’un entre­tien. Et aus­si en cor­ri­geant, par échange de mails, des pro­jets de comptes ren­dus ou de cour­riels de remer­cie­ments. C’est une occa­sion de faire pro­gres­ser la filleule dans le fran­çais écrit en uti­li­sant uti­le­ment la fonc­tion « révi­sion » de Word. La cor­rec­tion de ces textes est sou­vent un délice du fait de l’utilisation d’expressions savoureuses.

Au fil de l’eau, nous sommes pas­sés à une rela­tion de type coaching

En outre, l’achat de DVD de chan­son­niers fran­çais avec sous-titrage fran­çais a per­mis à mes filleules de pro­gres­ser aus­si dans la langue cou­rante, voire argo­tique, avec éga­le­ment un pro­grès dans la connais­sance de la France, faci­li­tant ain­si leurs inté­gra­tions auprès des Fran­çais. Leur apprendre aus­si des expres­sions cou­rantes, telles que « La roche Tar­péienne est près du Capi­tole » ou « Y a pas le feu au lac », est appa­ru utile.

Au fil de l’eau pour Xin, nous sommes pas­sés à une rela­tion de type coa­ching : intro­duc­tion auprès de cama­rades dans des groupes fran­çais, pré­pa­ra­tion de cour­riels, ana­lyse com­pa­ra­tive de pro­po­si­tions, réflexions sur le contrat de tra­vail, la notion de déta­che­ment, etc.

Une activité gratifiante

L’accompagnement de deux poly­tech­ni­ciennes s’est révé­lé extrê­me­ment gratifiant.

Des outils pour orga­ni­ser sa recherche
Pour bien orga­ni­ser sa recherche d’emploi, de nom­breux outils sont indis­pen­sables : liste docu­men­tée du réseau pro­fes­sion­nel (il faut prendre conscience de l’importance d’un réseau pro­fes­sion­nel, savoir l’entretenir) ; fiches d’analyse des prin­ci­pales réa­li­sa­tions (avec pré­sen­ta­tion du pro­blème, de la solu­tion, du résul­tat obte­nu et d’une courte syn­thèse) ; ana­lyse de la per­son­na­li­té, des atouts et des talents ; liste des com­pé­tences pro­fes­sion­nelles ; pro­jet pro­fes­sion­nel, pré­sen­ta­tion en trois minutes (avec pré­pa­ra­tion d’un script, puis entraî­ne­ment en uti­li­sant la vidéo), pré­pa­ra­tion de CV, etc.

Il demande dis­po­ni­bi­li­té, hon­nê­te­té intel­lec­tuelle et trans­pa­rence. Leur vitesse d’apprentissage de la langue fran­çaise, orale et écrite, et de la façon de fonc­tion­ner en France sont stu­pé­fiantes. Pour moi, c’est le plai­sir infi­ni d’un pilote de for­mule 1 pre­nant en main une nou­velle Fer­ra­ri. Par ailleurs, quand je ren­contre des cama­rades de pro­mo­tion, j’entends tou­jours la ques­tion : « Alors, où en es-tu avec tes filleules ? » Plu­sieurs de mes cama­rades ont ren­con­tré Xin pour par­ler de dif­fé­rents sujets de leurs domaines de com­pé­tences. Pour Xin, un de mes cama­rades l’a fait ren­con­trer un de ses amis, cama­rade grand diri­geant d’une mul­ti­na­tio­nale fran­çaise, dans laquelle elle a fait des stages et est en cours de recrutement.

J’ai com­men­cé à « pilo­ter » une nou­velle Fer­ra­ri : Jian­qiao, très brillante, très drôle. Quelle réac­ti­vi­té à la conduite ! Ces par­rai­nages sont de vrais plaisirs.

Enfin, je remer­cie vive­ment les amis de mon réseau et les amis de ces amis, qui ont accep­té de pas­ser du temps avec elles, et de les accom­pa­gner aussi.

Attirée par la culture française

Je suis née dans une petite ville de la pro­vince de Sichuan, au centre de la Chine, région célèbre pour sa pro­duc­tion de poivre. Au col­lège et au lycée, j’étais pas­sion­née par la phy­sique, et j’ai reçu plu­sieurs prix régio­naux et natio­naux dans ce domaine.

Après le lycée et un voyage de trente-sept heures en train, j’ai com­men­cé mes études à l’université de Nan­jing, une des plus répu­tées de Chine. En pre­mière année, je me suis inves­tie dans toutes les acti­vi­tés. Repré­sen­tante des élèves de ma facul­té, j’ai beau­coup par­ti­ci­pé à l’organisation de fêtes, expo­sés et spectacles.

À la fin de l’année, j’ai deman­dé mon trans­fert à la facul­té de phy­sique. L’année sui­vante, il m’a fal­lu beau­coup tra­vailler pour rat­tra­per les cours que j’avais manqués.

En troi­sième année, j’ai eu la chance d’étudier à l’université de Hong­kong pen­dant six mois. J’ai bien pro­fi­té de mon séjour. J’ai ensei­gné béné­vo­le­ment le man­da­rin aux élèves d’un col­lège et j’ai assis­té à beau­coup de conférences.

À la fin de mon cur­sus, atti­rée par la répu­ta­tion de l’École poly­tech­nique et par une culture brillante tota­le­ment dif­fé­rente de la mienne, j’ai pris la déci­sion de pas­ser le concours de l’X, que j’ai rejointe après avoir réussi.

Avec les dif­fi­cul­tés de la langue fran­çaise (alpha­bet latin, concor­dance des temps, les genres en fran­çais, etc.), mes débuts n’ont pas été faciles.

Mais les choses fonc­tionnent de mieux en mieux. Sur­tout, les conseils et l’aide d’un par­rain fran­çais très au fait de mon nou­vel envi­ron­ne­ment m’ont don­né beau­coup d’assurance :

Phi­lippe Tour­neur m’aide à bien m’adapter à la France. De plus, nous avons enta­mé ensemble des démarches de type out­pla­ce­ment.

Jian­qiao Li (2011)

Parrainage de deux jeunes polytechniciennes
Xin Wang, Phi­lippe Tour­neur et Jian­qiao Li.

Une pas­sion­née de mathématiques

Je suis en école d’application aux Mines Paris­Tech. Je viens du centre de la Chine et ai gran­di dans une petite ville de la pro­vince de Hubei, à côté de la rivière Yangtze. Avec un deuxième prix d’un concours natio­nal en mathé­ma­tiques des lycéens, je suis entrée à l’université des sciences et de la tech­no­lo­gie de Huaz­hong, la meilleure uni­ver­si­té du Hubei et aus­si une des uni­ver­si­tés chi­noises les plus répu­tées. J’ai choi­si le dépar­te­ment mathé­ma­tiques afin de satis­faire ma grande pas­sion pour les mathématiques.

J’avais à peine dix-huit ans quand j’ai quit­té l’Empire du milieu, où j’avais tout le confort et la tran­quilli­té, en embar­quant pour le pays des Gau­lois le 6 sep­tembre 2005 afin de suivre un pro­gramme d’échange avec l’université de Picar­die Jules-Verne. Je suis très vite tom­bée amou­reuse de la langue fran­çaise. L’esprit car­té­sien et l’humour des Fran­çais m’ont déci­dée à pour­suivre mes études à Amiens, une ville calme et douce.

Via le concours d’entrée à Poly­tech­nique des­ti­né aux élèves inter­na­tio­naux, j’ai inté­gré la pro­mo­tion 2008 et com­men­cé une nou­velle aven­ture. Trois ans sur le cam­pus de Palai­seau m’ont non seule­ment for­mée à des connais­sances dans des domaines scien­ti­fiques divers, mais aus­si com­plè­te­ment ouvert l’esprit. J’ai pu à la fois appro­fon­dir mon contact avec la culture fran­çaise, ren­for­cer mes capa­ci­tés à apprendre, et sur­tout appré­hen­der l’art de vivre et de travailler.

Grâce au par­rai­nage de l’AX, mon par­rain Phi­lippe Tour­neur m’aide beau­coup dans tous ces appren­tis­sages et dans l’orientation du choix pro­fes­sion­nel : j’aimerais rejoindre une mul­ti­na­tio­nale fran­çaise tra­vaillant avec la Chine.

Mer­ci à l’École, mer­ci à l’AX, et mer­ci à mon parrain.

Xin Wang (2008)

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