« Accélérer le déploiement de l’IA sur l’ensemble du tissu économique français »

Dossier : Vie des entreprises - Transformation numérique et intelligence artificielleMagazine N°805 Mai 2025
Par Caroline CHOPINAUD

Déployer l’IA sur tout le tis­su éco­no­mique fran­çais et la faire rayon­ner à l’échelle euro­péenne : la mis­sion de Hub France IA est ambi­tieuse mais noble. Éthique, sou­ve­rai­ne­té et res­pon­sa­bi­li­té sont les maîtres mots de l’association, active depuis 2017.

Pouvez-vous nous présenter Hub France IA et ses principales missions ?

Le Hub France IA est une asso­cia­tion à but non lucra­tif créée en 2017 sous l’impulsion d’entreprises, grands groupes et start-up, d’académiques et d’experts IA qui avaient anti­ci­pé le besoin de se regrou­per pour faire avan­cer les sujets IA en France et en Europe.

Depuis sa créa­tion, l’association s’est don­née pour mis­sion d’accélérer le déploie­ment de l’IA sur tout le tis­su éco­no­mique fran­çais avec un rayon­ne­ment à l’échelle euro­péenne prin­ci­pa­le­ment. C’est ain­si que très rapi­de­ment le Hub France IA a sou­hai­té accom­pa­gner la stra­té­gie natio­nale et s’impliquer dans de grands pro­jets euro­péens. Aujourd’hui, le Hub France IA accom­pagne le déve­lop­pe­ment et l’adoption d’une IA sou­ve­raine, éthique et res­pon­sable et se posi­tionne comme fédé­ra­teur de l’écosystème IA. L’association regroupe la plus grande com­mu­nau­té IA en France avec plus de 250 membres et une cin­quan­taine de par­te­naires en France et en Europe. Ses membres sont des entre­prises : des start-up, scale-up mais aus­si des PME, ETI ou Grands Groupes ; des ins­ti­tu­tions, des col­lec­ti­vi­tés ou des écoles et centres de recherche ; des fonds d’investissement, des asso­cia­tions, des cabi­nets d’avocat, mais aus­si des experts indé­pen­dants béné­voles, tous mobi­li­sés sur des sujets stra­té­giques en lien avec l’Intelligence Artificielle.

“L’enjeu est de faire de la France un leader dans le domaine de l’intelligence artificielle tout en respectant nos valeurs éthiques.”

Pour rem­plir sa mis­sion, d’intérêt géné­ral, le Hub France IA pro­duit plu­sieurs publi­ca­tions annuelles sous la forme de rap­ports, d’études, de notes ou de guides per­met­tant de répondre à des ques­tions pour les­quelles il n’existe pas tou­jours de réponse struc­tu­rée et faci­le­ment acces­sible. C’est en mobi­li­sant ses membres, prin­ci­pa­le­ment au tra­vers de groupes de tra­vail, que l’association peut pro­duire régu­liè­re­ment du conte­nu ouvert et utile à tous.

Quelques mots sur vos principaux membres et parties prenantes

En 2017, le Hub France IA com­pre­nait quelques dizaines d’entreprises et orga­ni­sa­tions membres ce qui repré­sen­tait une petite cen­taine de per­sonnes adhé­rentes, prin­ci­pa­le­ment des pro­fils tech­niques et experts IA dans des grands groupes ou des start-up, ain­si que des cher­cheurs en IA qui évo­luaient dans les meilleurs centres de recherche et labo­ra­toires. Aujourd’hui, la typo­lo­gie des membres de l’association a beau­coup évo­lué, en même temps que leur nombre a sui­vi une crois­sance qua­si­ment expo­nen­tielle depuis fin 2020. 

L’association est depuis tou­jours sou­te­nue par des grands groupes qui ont com­pris qu’il était pri­mor­dial de s’engager et de col­la­bo­rer pour faire avan­cer l’IA en France dans un contexte où la concur­rence inter­na­tio­nale a tou­jours été par­ti­cu­liè­re­ment pesante pour l’Europe. C’est ain­si que des groupes comme La Poste, France Télé­vi­sions, SNCF, L’Oréal… ont été dès la créa­tion du Hub France IA par­ti­cu­liè­re­ment enga­gés dans la défi­ni­tion de sa feuille de route et la réa­li­sa­tion de ses acti­vi­tés. Par la suite, de grandes banques comme Socié­té Géné­rale et BNP Pari­bas ont rejoint l’association pour tra­vailler conjoin­te­ment sur des sujets en lien avec la défi­ni­tion et l’opérationnalisation des risques spé­ci­fiques liés aux sys­tèmes d’IA. Avec les pre­mières dis­cus­sions sur le règle­ment euro­péen sur l’IA, le Hub France IA a vu des pro­fils plus juri­diques rejoindre ses groupes de tra­vail pour suivre la mise en place pro­gres­sive de ce qui devien­dra l’AI ACT.

“Le Hub France IA accompagne le développement et l’adoption d’une IA souveraine, éthique et responsable et se positionne comme fédérateur de l’écosystème IA.”

Mais le Hub France IA c’est sur­tout une asso­cia­tion ouverte et diver­si­fiée. L’association regroupe ain­si plus de 200 start-up et scale-up qui façonnent le pay­sage de l’IA, éta­blies en France ou dans des pays limi­trophes. C’est aus­si grâce à cette com­mu­nau­té que l’association est en mesure de valo­ri­ser le savoir-faire fran­çais en IA sur toute la chaîne de valeur.

Depuis un peu plus d’un an, l’association a éga­le­ment eu la chance d’accueillir des fonds d’investissement, Cathay Inno­va­tion fut le pre­mier fonds à rejoindre le Hub France IA ; ain­si que des métro­poles, la Métro­pole du Grand Paris a été la pre­mière à s’appuyer sur l’association pour accom­pa­gner sa stra­té­gie IA auprès des collectivités.

Grâce à son éco­sys­tème gran­dis­sant, la qua­li­té de ses pro­duc­tions et son réseau euro­péen, le Hub France IA est régu­liè­re­ment sol­li­ci­té par les pou­voirs publics pour accom­pa­gner leur stra­té­gie IA. C’est tout par­ti­cu­liè­re­ment avec ECOLAB (minis­tère de la Tran­si­tion Éco­lo­gique) et la DGE (minis­tère des Finances) que le Hub France IA tra­vaille plus étroitement.

Dans cette continuité, quelles sont les principales actions que vous déployez ?

La feuille de route de l’association est orga­ni­sée en 5 grandes thé­ma­tiques qui ont été éta­blies à la nomi­na­tion de la nou­velle Pré­si­dente, Rim Teh­raoui, en 2023 : IA de confiance ; Adop­tion & Usages ; Impacts ; Éco­sys­tèmes et Tech­no­lo­gies. Ces thé­ma­tiques visent à cadrer les grands axes de tra­vail de l’association qui se déclinent sous dif­fé­rents for­mats : pro­duc­tion de rap­ports, réa­li­sa­tion de pro­jets, mise en place de confé­rences ou de webi­naires… tou­jours en visant la mise à dis­po­si­tion de conte­nus utiles à tous.

Ain­si, depuis un peu plus d’un an, le Hub France IA a lan­cé 4 groupes de tra­vail trans­verses et prio­ri­taires sur des sujets à fort impact pour les orga­ni­sa­tions : IA géné­ra­tive : usages, risques, bonnes pra­tiques ; AI ACT : com­ment accom­pa­gner la mise en confor­mi­té ; Tran­si­tion Éco­lo­gique : IA fru­gale et éva­lua­tion de l’impact envi­ron­ne­men­tal de l’IA ; Cyber­sé­cu­ri­té : sécu­ri­sa­tion des sys­tèmes d’IA.

« Aider les PME à se lancer dans l’IA par la mise en plus d’un premier projet concret et à fort ROI. »

Mais le Hub France IA est éga­le­ment un envi­ron­ne­ment neutre et de confiance pour trai­ter des sujets plus sec­to­riels ou spé­cia­li­sés : Main­te­nance ; Trans­port & Logis­tique ; San­té ; Voix & Lan­gage ; RH… autant de sujets que de pro­blèmes à résoudre pour aider les orga­ni­sa­tions à s’approprier l’IA, maî­tri­ser sa mise en œuvre et en com­prendre les impacts.

Au-delà des groupes de tra­vail, le Hub France IA est éga­le­ment impli­qué dans de grands pro­jets euro­péens. Le Hub France IA par­ti­cipe par exemple au pro­jet DeployAI finan­cé dans le cadre du pro­gramme euro­péen Digi­tal Europe : 28 mil­lions d’euros pour finan­cer la mise en place d’une pla­te­forme euro­péenne AI-on-Demand. Dans ce pro­jet le Hub France IA porte plu­sieurs études annuelles en lien avec les besoins des entre­prises à tra­vers l’Europe vis-à-vis de l’IA, mais éga­le­ment la mise en place d’une ambi­tieuse car­to­gra­phie des start-up IA à l’échelle européenne.

Le Hub France IA est éga­le­ment copi­lote d’un dis­po­si­tif de finan­ce­ment por­té par la Région Île-de-France qui vise à aider les PME à se lan­cer dans l’IA par la mise en plus d’un pre­mier pro­jet concret et à fort ROI. C’est plus de 130 entre­prises fran­ci­liennes qui ont déjà été finan­cées et accom­pa­gnées par des pres­ta­taires de confiance sur le territoire.

Quels sont les temps forts organisés et soutenus par l’association ?

Une grande par­tie de l’activité de l’association passe par la réa­li­sa­tion et la publi­ca­tion de livrables issus de ses groupes de tra­vail. Ce sont les com­muns de l’IA dont l’ambition est d’aider les entre­prises ou les ins­ti­tu­tions à mieux com­prendre les enjeux. Ain­si, plu­sieurs temps forts dans l’année sont mis en place sous la forme d’événements, de prises de parole ou de webi­naires per­met­tant de res­ti­tuer le conte­nu des livrables.

Mais de manière récur­rente, depuis 4 ans main­te­nant, le Hub France IA publie, au prin­temps, la mise à jour du volet fran­çais de la car­to­gra­phie des start-up IA. Ce pro­jet, ini­tia­le­ment lan­cé en 2020 avec l’Allemagne, la Suède et les Pays-Bas, vise à struc­tu­rer et rendre acces­sible l’écosystème IA euro­péen au sein d’une pla­te­forme com­mune. Depuis 2024, ce pro­jet a pris une toute nou­velle enver­gure en étant trans­fé­ré dans le cadre du pro­jet DeployAI. La car­to­gra­phie euro­péenne vise à terme à mettre en lumière les start-up des 27 pays membres de l’Union européenne. 

Un pro­jet ambi­tieux, mais dans lequel le Hub France IA s’investit tout par­ti­cu­liè­re­ment pour sou­te­nir et valo­ri­ser les com­pé­tences euro­péennes, mais aus­si pour per­mettre aux entre­prises et aux ins­ti­tu­tions d’identifier plus faci­le­ment les acteurs en mesure de les accom­pa­gner dans leurs pro­jets. C’est aus­si un pro­jet utile pour les pou­voirs publics, les fonds et les grandes entre­prises, tant l’Europe regorge de talents, mais par­fois dif­fi­ciles à identifier.

“C’est en mutualisant nos forces et en harmonisant nos actions que l’IA pourra être également plus accessible.”

Le Hub France IA a aus­si pour ambi­tion de sou­te­nir les actions por­tées par ses par­te­naires, c’est ain­si que l’association se fait le relais des actions d’autres asso­cia­tions, des syn­di­cats pro­fes­sion­nels et s’allient à des asso­cia­tions en région. Car c’est en mutua­li­sant nos forces et en har­mo­ni­sant nos actions que l’IA pour­ra être éga­le­ment plus acces­sible. Mais c’est au niveau euro­péen que le Hub France IA a struc­tu­ré avec ses par­te­naires his­to­riques un véri­table éco­sys­tème, en créant offi­ciel­le­ment une asso­cia­tion euro­péenne, l’EAIF (Euro­pean AI Forum), qui siège à Bruxelles et qui sert de relais aux dif­fé­rentes actions natio­nales des 9 asso­cia­tions fondatrices.

Alors que le déploiement de l’IA s’accélère, pourquoi est-ce essentiel pour la France de se structurer à ce niveau ?

En 2017, juste avant la créa­tion du Hub France IA, la France avait lan­cé des groupes de tra­vail pour conso­li­der une pre­mière ver­sion de la future stra­té­gie natio­nale en IA, qui avait été offi­ciel­le­ment annon­cée en 2018 par Cédric Villani. 

Déjà à l’époque, le gou­ver­ne­ment fran­çais avait iden­ti­fié l’urgence de struc­tu­rer le déploie­ment de l’IA en France et de conso­li­der une vision euro­péenne. La France n’était clai­re­ment pas en retard sur cette prise de conscience, car des pays comme la Chine et les États-Unis lan­çaient éga­le­ment leur stra­té­gie sur cette même période. Ain­si, la France a mis en place plu­sieurs actions pour aider les orga­ni­sa­tions à pen­ser leur stra­té­gie IA en s’appuyant sur le trans­fert tech­no­lo­gique (car en France nous avons tou­jours eu des talents et des com­pé­tences scien­ti­fiques recon­nus en IA) et en met­tant l’accent sur cer­taines filières stra­té­giques comme la santé. 

Cette stra­té­gie a por­té ses fruits, car aujourd’hui nous comp­tons en France un vivier de start-up IA en san­té assez impor­tant, ain­si qu’un nombre consé­quent de pro­jets déployés sur le sec­teur (le Hub France IA a lan­cé il y a 1 mois une grande enquête sur l’adoption de l’IA en san­té avec le sou­tien de la DGE et la dyna­mique est assez impressionnante !).

« La deuxième phase de la stratégie nationale IA s’orientait plus spécifiquement sur 2 choses : le soutien aux PME et la formation. »

La deuxième phase de la stra­té­gie natio­nale IA s’orientait plus spé­ci­fi­que­ment sur 2 choses : le sou­tien aux PME et la for­ma­tion. La France – et c’est aus­si vrai plus lar­ge­ment en Europe – est com­po­sée d’un très grand nombre de petites entre­prises, TPE, PME et ETI qui n’ont pas tou­jours le temps et les moyens de se pen­cher sur la numé­ri­sa­tion et encore moins sur l’IA. Sou­te­nir cet éco­sys­tème dans leur adop­tion de l’IA est pri­mor­dial car deve­nir un pays cham­pion de l’IA passe par deux choses : construire un éco­sys­tème d’offreurs de solu­tions IA en pleine crois­sance et voir émer­ger des cham­pions qui pour­ront garan­tir à nos entre­prises d’avoir le choix des solu­tions à déployer au-delà des géants amé­ri­cains ou chi­nois ; mais éga­le­ment doter nos entre­prises des moyens pour leur per­mettre d’intégrer, de déve­lop­per, de déployer en pro­duc­tion des sys­tèmes d’IA.

C’est en sui­vant ce niveau d’adoption qu’on pour­ra vrai­ment juger de la capa­ci­té de l’ensemble du tis­su éco­no­mique fran­çais à se posi­tion­ner face à la concur­rence. Et la stra­té­gie natio­nale vise donc d’une part à four­nir les moyens aux petites et moyennes entre­prises pour « déris­quer » la mise en place d’un pre­mier pro­jet d’IA : accom­pa­gne­ment par des experts, aide au finan­ce­ment… (via le pro­gramme IA Boos­ter de la BPI ou le pro­gramme PACK IA de la Région Île-de-France par exemple), mais aus­si de mettre en place des grands plans de créa­tion de for­ma­tion à l’IA pour les « gens des métiers ».

« Il y a un enjeu pour la France de s’équiper en data centers et en puissance de calcul. »

Aujourd’hui, les annonces du Som­met pour l’Action sur l’IA démontrent qu’il y a aus­si un enjeu pour la France de s’équiper en data cen­ters et en puis­sance de cal­cul. Ce n’est pas nou­veau, car la France a déjà plu­sieurs super­cal­cu­la­teurs dédiés à la recherche (public ou pri­vé) avec par exemple Jean Zay (GENCI), mais cela s’accélère net­te­ment. Pour aider les start-up à gran­dir plus vite et les entre­prises en géné­ral à déployer des pro­jets d’IA, cela peut être clai­re­ment inté­res­sant d’avoir à la fois les res­sources tech­niques, mais aus­si le sup­port d’experts pour les accom­pa­gner. C’est aus­si un enjeu de sou­ve­rai­ne­té, de fru­ga­li­té (en lien avec la créa­tion de la Sus­tai­nable AI Coa­li­tion) et de par­tage des don­nées (en lien avec la créa­tion de CurrentAI).

Aujourd’hui, en matière d’IA, quels sont les enjeux et les freins qui persistent ?

Bien que l’IA soit deve­nue un sujet par­ti­cu­liè­re­ment d’actualité et que les orga­ni­sa­tions au sens large s’intéressent au sujet, il ne faut pas oublier que l’IA aus­si intrigue, fait peur… et que cer­tains y vont clai­re­ment à recu­lons. Il y a aus­si des niveaux de matu­ri­té assez dis­pa­rates et des bud­gets alloués à l’IA qui ne sont pas les mêmes dans toutes les orga­ni­sa­tions. Un des grands enjeux c’est la for­ma­tion ! Aujourd’hui, on n’est pas encore arri­vé à un stade où tout le monde peut s’approprier le sujet si facilement. 

Alors oui, il y a et il y aura de plus en plus de solu­tions IA sur éta­gère, et avec la défer­lante de l’IA géné­ra­tive et des agents conver­sa­tion­nels vrai­ment fonc­tion­nels, l’IA est sou­dai­ne­ment deve­nue plus acces­sible. Mais dans la sphère pro­fes­sion­nelle concrè­te­ment où en est-on ? Encore au stade de l’expérimentation, de la recherche de valeur… aus­si, car les uti­li­sa­teurs ne com­prennent pas tout à fait les tech­no­lo­gies sous-jacentes, ni les risques.

Au Hub France IA, nous sommes régu­liè­re­ment sol­li­ci­tés pour réa­li­ser des actions de sen­si­bi­li­sa­tion à l’IA : repo­ser les bases, l’histoire, les enjeux et les impacts, mais sur­tout don­ner un coup d’accélérateur, de déclen­cheur et apai­ser les craintes pour don­ner envie de s’y mettre.

« Il y aura de plus en plus de solutions IA sur étagère. »

Il y a des sec­teurs où on se pose aus­si beau­coup de ques­tions sur l’impact de l’IA, par exemple les ser­vices RH sont depuis un peu plus d’un an très actifs sur le sujet et en 2024 de nom­breuses confé­rences IA dédiées au sec­teur RH ont vu le jour. Cela se com­prend pour dif­fé­rentes rai­sons : d’une part les RH sont les pre­miers à accom­pa­gner les col­la­bo­ra­teurs dans l’évolution de leurs métiers et il est clair que l’IA aura un impact par­fois impor­tant sur cer­taines tâches ; d’autre part, déployer l’IA dans les RH est caté­go­ri­sé à haut risque dans le règle­ment euro­péen sur l’IA (AI ACT), ce qui néces­site pour ce sec­teur de bien com­prendre les enjeux et jus­te­ment les risques pour pou­voir « pas­ser à l’échelle » en IA.

Il y a donc un très grand enjeu sur l’adoption de l’IA : par les petites entre­prises, sur cer­tains sec­teurs encore peu numé­ri­sés et par des ser­vices qui doivent clai­re­ment se struc­tu­rer. Mais il y a aus­si des enjeux tech­niques : avec l’IA géné­ra­tive se tient une course incroyable à la mise en place de grands modèles de lan­gages de plus en plus per­for­mants au point qu’il devient de plus en plus dif­fi­cile d’être à jour et d’assurer une veille per­ti­nente sur ces modèles.

Quelles pistes de réflexion pourriez-vous partager avec nos lecteurs ?

Il faut arrê­ter de traî­ner des pieds, l’IA est déjà par­tout dans le quo­ti­dien, et ce depuis bien avant que la lumière soit faite sur l’IA géné­ra­tive. Ce qui a chan­gé fin 2022, c’est que le grand public a pu tou­cher du doigt ce qu’on peut entendre par IA. Bien sûr, l’IA est un domaine vaste, qui inclut de nom­breuses solu­tions ou tech­no­lo­gies, mais l’appropriation sou­daine et hyper rapide des solu­tions à base d’IA géné­ra­tive reste quand même une pre­mière pour le domaine de l’IA ! Et depuis, tout le monde s’y met de bonne volon­té ou par la force des choses, et c’est bien, il faut y aller avant de se faire dépas­ser. Il faut se for­mer, sans néces­sai­re­ment deve­nir des experts tech­niques, mais com­prendre com­ment cela fonc­tionne, à quoi ça sert sur­tout, l’impact et les risques.

« L’IA est déjà partout dans le quotidien, et ce depuis bien avant que la lumière soit faite sur l’IA générative. »

Ensuite, il ne faut pas non plus se dire de faire de l’IA à tout prix, il faut sur­tout réflé­chir à ses pro­blèmes, à son métier, à ce qu’on aurait envie d’améliorer et le retour sur inves­tis­se­ment que cela peut ame­ner. Ce retour n’est pas tou­jours chif­frable par­fai­te­ment, mais l’IA, aujourd’hui encore en tout cas, cela a un coût que ce soit pour déve­lop­per, pour inté­grer ou pour exé­cu­ter et c’est impor­tant de l’avoir en tête. Non pas pour lais­ser tom­ber son pro­jet, car poten­tiel­le­ment on trouve cela « trop cher », mais plus pour mettre en face les béné­fices que ce pro­jet peut appor­ter en termes de temps gagné, en bien-être des col­la­bo­ra­teurs, en opti­mi­sa­tion de ses pro­ces­sus métiers, peut-être en chiffre d’affaires, en posi­tion­ne­ment par rap­port à la concurrence. 

Il y a plu­sieurs métriques à avoir en tête, car comme tout pro­jet de trans­for­ma­tion, ce n’est pas tou­jours évident de trou­ver les bons leviers. Mais il faut à mini­ma lan­cer la réflexion de ce que l’IA pour­rait nous appor­ter, sen­si­bi­li­ser ses équipes et s’appuyer sur les bons par­te­naires pour réa­li­ser les pro­jets quand on n’a pas les res­sources internes. 

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