Puerto Varas, région des lacs @tvannoy

Juan Pablo Morales Fernandez (X07), ambassadeur AX au Chili

Dossier : Vie de l'associationMagazine N°786 Juin 2023
Par Michel GEORGIN (66)

Juan Pablo Morales Fer­nan­dez (X07), CTO de Kwa­li AI, est ambas­sa­deur AX pour le Chi­li. Il nous pré­sente son par­cours et les actions qu’il mène pour la com­mu­nau­té polytechnicienne.

Pourquoi as-tu choisi l’X en 2007 ? Qu’est-ce que tu retiens de l’enseignement à Polytechnique ?

Je suis chi­lien ori­gi­naire de San­tia­go, même si ma famille vient du sud, de Concep­ción et Lota. Pen­dant mon Bac scien­ti­fique au lycée fran­çais de San­tia­go, j’ai décou­vert la réa­li­té des classes pré­pa­ra­toires et des grandes écoles lors de la visite d’un pro­vi­seur de classe pré­pa pari­sienne. Mon attrait pour les maths et la répu­ta­tion de l’École poly­tech­nique m’ont très vite ame­né à viser l’X. Plus tard, muni d’une bourse, j’ai pris mon départ pour Paris.

Santiago, vue des quartiers Las Condes (affaires) et Vitacura (résidentiel, lycée français) @franciscokemeny
San­tia­go, vue des quar­tiers Las Condes (affaires) et Vita­cu­ra (rési­den­tiel, lycée fran­çais) @franciscokemeny

J’ai fait une 3A aty­pique : j’ai com­bi­né une spé­cia­li­sa­tion en mathé­ma­tiques pures en topo­lo­gie algé­brique avec des cours d’entrepreneuriat. À l’époque, les cours de busi­ness n’étaient pas aus­si popu­laires qu’aujourd’hui, on en était encore aux débuts du lan­ce­ment des start-up. Par la suite j’ai inté­gré le mas­ter HEC entre­pre­neurs et très vite j’ai lan­cé ma start-up. Aujourd’hui j’en suis à ma deuxième start-up et, grâce à l’explosion de l’IA après 2012, j’ai trou­vé un bon équi­libre maths-busi­ness qui me convient parfaitement.

De mon par­cours à l’X je retiens par­ti­cu­liè­re­ment l’enseignement du man­da­rin qui m’a ame­né à vivre en Chine pen­dant plus d’un an, la sec­tion vol­ley et l’excellente for­ma­tion spor­tive, ain­si que les cours de maths de Pierre Col­mez et Jean Lannes.

Combien d’X sont présents au Chili ? Et dans quels secteurs ?

Une qua­ran­taine d’X sont pré­sents au Chi­li. Les sec­teurs les plus repré­sen­tés sont la tech, la banque et la recherche. Avec le groupe X Chi­li, nous avons orga­ni­sé des ren­contres infor­melles entre anciens élèves et plu­sieurs d’entre nous, entre­pre­neurs, reçoivent chaque année des sta­giaires de Poly­tech­nique. La pan­dé­mie a ralen­ti ce pro­ces­sus, mais le lan­ce­ment des ambas­sades AX nous a redon­né de l’élan.

Comment est la vie au Chili en 2023 ?

San­tia­go est à 1 h 30 de la mer et à 45 minutes du ski. Les infra­struc­tures à San­tia­go sont de qua­li­té : excellent inter­net, auto­routes et réseau de métro impec­cables, beau­coup de sécu­ri­té pour sor­tir, des parcs dans la ville et la cor­dillère à proxi­mi­té pour par­tir en ran­don­nées. L’offre gas­tro­no­mique et cultu­relle est variée, ce n’est pas São Pau­lo, mais nous sommes imbat­tables dans la région pour le vin et les fruits. L’effervescence sociale de 2019–2020 s’est apai­sée depuis les élec­tions, donc nous retour­nons vers une période de confiance dans l’économie même si les temps sont dif­fi­ciles un peu par­tout en ce moment. Avec le télé­tra­vail, de nou­veaux pôles sont en déve­lop­pe­ment, notam­ment Puer­to Varas qui a un envi­ron­ne­ment natu­rel pri­vi­lé­gié : bord du lac Llan­qui­hue, fjords et proxi­mi­té du lac de Todos los San­tos et de Bari­loche (Argen­tine).

Torres del Paine, Patagonie @stalskaya
Torres del Paine, Pata­go­nie @stalskaya

Pourquoi le Chili attire-t-il autant de stagiaires chaque année ?

Le Chi­li a l’avantage de pro­po­ser un dépay­se­ment et de magni­fiques pay­sages avec le désert d’Atacama, la région des lacs et des vol­cans, la Pata­go­nie et le parc Torres del Paine, tout en assu­rant des condi­tions de tra­vail simi­laires à celles qu’on trouve en Europe en termes d’infrastructures, de qua­li­té des trans­ports, de main d’œuvre qua­li­fiée et de sécu­ri­té. Le monde aca­dé­mique chi­lien res­semble au sys­tème fran­çais. L’Inria (Ins­ti­tut natio­nal de recherche en sciences et tech­no­lo­gies du numé­rique) a un centre à San­tia­go ; les pro­grammes pour ingé­nieurs uni­ver­si­taires sont com­plè­te­ment ins­pi­rés par le sys­tème fran­çais, notam­ment concer­nant la méthode d’enseignement de mathé­ma­tiques. Le Chi­li est un des pre­miers pôles tech­no­lo­giques en Amé­rique Latine grâce à des pro­grammes comme Start-Up Chile, grâce aux aides pour la R & D de la Cor­fo (Cor­po­ra­ción de fomen­to de la pro­duc­ción, orga­nisme éta­tique chi­lien char­gé du déve­lop­pe­ment de l’industrie) et de la Coni­cyt (Comi­sión nacio­nal de inves­ti­ga­ción cientí­fi­ca y tec­noló­gi­ca) et plus récem­ment grâce au déve­lop­pe­ment du sec­teur du lithium.

Valle de la Luna, San Pedro de Atacama @x_vinicius
Valle de la Luna, San Pedro de Ata­ca­ma @x_vinicius

Quelles sont les perspectives pour renforcer les flux d’étudiants chiliens vers l’X et la coopération pour la recherche entre les universités chiliennes et l’X ?

Tout d’abord je pense que les pro­grammes Bache­lor et MScT (Mas­ter en sciences et tech­no­lo­gies), étant plus jeunes, néces­sitent plus de visi­bi­li­té. Plus de 95 % des Chi­liens qui vont à l’X le font par le cycle ingénieur.

Nous avons aus­si besoin d’accords impor­tants comme celui entre l’X et l’Université pon­ti­fi­cale catho­lique du Chi­li (PUC), ou avec d’autres uni­ver­si­tés comme l’Université du Chi­li ou l’Université tech­nique Fede­ri­co San­ta María (UTFSM) de Val­pa­raí­so, voire avec des uni­ver­si­tés pri­vées. Je pense aus­si que les échanges fran­co-chi­liens de stages de recherche – on en voit moins que des stages en entre­prise – seraient bien reçus par nos uni­ver­si­tés et pré­pa­re­raient le ter­rain pour des accords comme celui avec la PUC.

Île de Pâques. @franz_nawrath
Île de Pâques. @franz_nawrath

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