Choose Paris Region développe l’attractivité de l’Île-de-France

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°785 Mai 2023
Par Lionel GROTTO (X05)

Choose Paris Region se mobi­lise en faveur du déve­lop­pe­ment de la région Île-de-France au tra­vers du prisme de l’attractivité et de l’accompagnement des entre­prises étran­gères qui sou­haitent inves­tir sur le ter­ri­toire. Lio­nel Grot­to (X05), direc­teur de cette agence d’attractivité, nous en dit plus sur son posi­tion­ne­ment et son péri­mètre d’action.

Choose Paris Region est une agence d’attractivité. Qu’est-ce que ce statut implique ?

Les agences d’attractivité, qui ont sou­vent le sta­tut d’association, ont un objet et des mis­sions lar­ge­ment mécon­nus du grand public. Concrè­te­ment, il s’agit d’un outil dont se dotent les ter­ri­toires, les col­lec­ti­vi­tés et en par­ti­cu­lier les régions afin de gérer de manière plus agile leur déve­lop­pe­ment éco­no­mique. Dans ce cadre, ces agences opèrent à l’interface entre les pou­voirs publics et les entre­prises, avec un ADN emprun­té à cha­cun de ces deux mondes. Même si on parle d’associations, il s’agit sou­vent d’outils extrê­me­ment rôdés et pro­fes­sion­na­li­sés, et qui adoptent des modes de fonc­tion­ne­ment qui res­semblent plus à celui d’une entre­prise qu’à celui d’une col­lec­ti­vi­té : on parle de mar­ke­ting, pilo­tage finan­cier et évo­lu­tion des busi­ness models, par­cours clients, fixa­tion d’objectifs et de KPI, repor­ting, future of work, etc. Choose Paris Region compte 90 collaborateurs.

Dans cet éco­sys­tème, le métier de Choose Paris Region est d’agir en faveur de l’installation ou du déve­lop­pe­ment d’entreprises inter­na­tio­nales en Île-de-France et donc, in fine, de contri­buer au déve­lop­pe­ment éco­no­mique et social de la région sur le long terme. Pour cela nous avons une mis­sion de noto­rié­té pour que l’Île-de-France vienne immé­dia­te­ment à l’esprit (« top of mind ») des diri­geants dans les sec­teurs que nous ciblons.

« Le métier de Choose Paris Region est d’agir en faveur de l’installation ou du développement d’entreprises internationales en Île-de-France. »

Plus récem­ment, au cours des der­nières années, de nou­velles mis­sions nous ont été pro­gres­si­ve­ment confiées : la mis­sion d’attraction de pro­duc­tions audio­vi­suelles fran­çaises et étran­gères en 2019 et celle de pro­mou­voir l’Île-de-France auprès des talents inter­na­tio­naux en 2022 pour les faire vivre et tra­vailler dans notre région. Et à l’été 2023 est pré­vue une fusion avec le Comi­té Régio­nal du Tou­risme afin de pou­voir tou­cher nos dif­fé­rentes cibles d’une manière cohé­rente, qu’il s’agisse de visi­teurs, d’investisseurs, de futurs habi­tants, de visi­teurs de salons pro­fes­sion­nels, de spec­ta­teurs de film, etc.

À noter que ce type d’outils n’est pas spé­ci­fique à la France : toutes les grandes métro­poles mon­diales sans excep­tion ou presque se sont dotées d’un outil simi­laire. Cette année nous sommes par­ti­cu­liè­re­ment fiers car Choose Paris Region a été clas­sée par fDi intel­li­gence, la divi­sion « inves­tis­se­ments directs étran­gers » du Finan­cial Times, comme l’agence qui a la meilleure stra­té­gie d’attraction d’investissements inter­na­tio­naux en Europe, UK inclus.

Quel est le potentiel d’attractivité de l’Île-de-France à une échelle internationale ?

Mal­gré un contexte éco­no­mique dif­fi­cile mar­qué par la crise sani­taire, la région a conser­vé une dyna­mique d’attractivité extrê­me­ment sou­te­nue à tous les niveaux. Selon une étude sur la per­cep­tion glo­bale de l’attractivité des grandes métro­poles mon­diales que nous avons menée fin 2022 avec Opi­nion­Way auprès de 400 entre­prises implan­tées sur tous les conti­nents et repré­sen­ta­tives des prin­ci­paux inves­tis­seurs inter­na­tio­naux, l’Île-de-France arrive en deuxième posi­tion des régions et métro­poles les plus attrac­tives dans le monde. C’est une étude que nous réa­li­sons depuis plus de 10 ans et, en 2022, l’Île-de-France atteint son meilleur positionnement.

Mais plus lar­ge­ment, depuis 2017, L’Île-de-France est remon­tée dans tous les clas­se­ments et de nom­breux cli­chés et pré­ju­gés sont tombés.

« Malgré un contexte économique difficile marqué par la crise sanitaire, la région a conservé une dynamique d’attractivité extrêmement soutenue à tous les niveaux. »

Cela se retrouve dans les chiffres : entre 2003 et 2018, chaque année, on recen­sait en moyenne 250 pro­jets par an, soit 7 300 emplois créés. Entre 2018 et 2022, on recense envi­ron 400 pro­jets et 11 000 emplois chaque année. À titre com­pa­ra­tif, nous atti­rons en Île-de-France le double du nombre de pro­jets d’investissement étran­gers que l’Italie attire chaque année. L’Île-de-France est aus­si la région au monde qui accueille le plus de pro­jets de centres de R&D, de recherche, de desi­gn… devant Sin­ga­pour, les grandes villes indiennes, Londres et d’autres capi­tales euro­péennes. Enfin, on note aus­si de plus en plus une plus forte inter­na­tio­na­li­sa­tion des pro­fils qui s’installent dans notre région.

Quels sont les enjeux et les sujets qui vous mobilisent dans le cadre de votre mission de promotion de l’attractivité de l’Île-de-France ?

Nous fonc­tion­nons de manière contra­cy­clique par rap­port aux enjeux aux­quels sont confron­tés les col­lec­ti­vi­tés et l’État. En effet, nos actions d’attractivité vis-à-vis des inves­tis­seurs étran­gers s’inscrivent dans le temps long. En moyenne, les pro­jets que nous accom­pa­gnons s’étendent sur 18 mois. Si l’État et les col­lec­ti­vi­tés sont mobi­li­sés sur des sujets d’actualité et de court terme pour sou­te­nir le tis­su éco­no­mique et les entre­prises, nous sommes plu­tôt dans une logique d’accompagnement et de faci­li­ta­tion des inves­tis­se­ments sur le long terme.

Un enjeu qui nous mobi­lise concerne le déve­lop­pe­ment de l’industrie. Entre 1990 et 2015, l’Île-de-France a per­du 50 % de ses emplois indus­triels, alors que la moyenne natio­nale est de 30 %. À l’instar des autres régions et ter­ri­toires du pays, l’Île-de-France a besoin de retrou­ver une acti­vi­té indus­trielle afin d’accompagner les trans­for­ma­tions que connaissent des filières stra­té­giques comme celle de l’automobile, de l’aéronautique. L’implantation de grands pro­jets indus­triels est pour nous une prio­ri­té et les atouts en termes de ter­rains dis­po­nibles mal­gré les fortes contraintes actuelles, et de dis­po­ni­bi­li­té de main d’œuvre qua­li­fiée, sont uniques en France.

Quels sont les axes économiques et technologiques qui peuvent contribuer au développement de la région ?

Ils sont nom­breux car l’économie fran­ci­lienne est très diver­si­fiée. Les ser­vices aux entre­prises et les fonc­tions de siège, de R&D et de logis­tique sont notre force. L’IA, le quan­tique, la cryp­to­gra­phie sont à la fois des forces et des axes de déve­lop­pe­ment. Notre volon­té est aus­si de posi­tion­ner l’Île-de-France comme un ter­ri­toire incon­tour­nable dans la construc­tion de l’aéronautique et du spa­tial de demain. Nous accor­dons aus­si une atten­tion par­ti­cu­lière à la ques­tion de la mobi­li­té, ain­si qu’aux pro­jets sur les bat­te­ries, les véhi­cules élec­triques et auto­nomes, l’hydrogène, les pro­jets dans le sec­teur de l’énergie.

Enfin, on retrouve éga­le­ment l’univers du luxe et de la cos­mé­tique, la filière de la san­té et des bio­tech­no­lo­gies. Sans oublier le sec­teur de la construc­tion bas car­bone : le sec­teur étant aujourd’hui le pre­mier émet­teur de gaz à effet de serre. Le sec­teur de la finance occupe une place à part post Brexit : nous avons mené et menons encore de nom­breuses actions pour enfor­cer l’attractivité de la place finan­cière de Paris et cela com­mence à vrai­ment por­ter ses fruits : Paris dis­tance toutes les autres capi­tales euro­péennes sur le nombre d’emplois relo­ca­li­sés, ce que la presse anglo­saxonne com­mence à reconnaître.

Dans ce cadre, quelles actions déployez-vous ? Pouvez-vous nous donner des exemples ?

Citons deux exemples.
Nous tra­vaillons sur la mobi­li­té aérienne volante et avons lan­cé en 2021 un appel à pro­jets avec le Groupe ADP et la RATP et avons reçu 150 can­di­da­tures d’entreprises de 25 pays. La filière est en train de se déve­lop­per et va béné­fi­cier d’une impor­tante visi­bi­li­té dans le cadre des Jeux Olym­piques et Para­lym­piques de Paris en 2024. Il y a par ailleurs déjà une zone de test sur l’aérodrome de Pon­toise (95). Nous sommes assez fiers de ces déve­lop­pe­ments aux­quels nous avons contribués.

En paral­lèle, nous par­ti­ci­pons au MIPIM, le plus grand salon de l’immobilier qui se tient en mars à Cannes. Sur cet évé­ne­ment, le Grand Paris est le ter­ri­toire avec la plus forte par­ti­ci­pa­tion, et c’est l’agence qui coor­donne la pré­sence de près de 50 par­te­naires publics et pri­vés pour un bud­get de près de 2 M€ sur cette opération.

Dans cette démarche, quel rôle joue le facteur humain ?

En 2017, Gold­man Sachs annon­çait que son déve­lop­pe­ment euro­péen post-Brexit serait pilo­té depuis Franc­fort. Tou­te­fois, entre­temps, la banque s’est déve­lop­pée de plus en plus for­te­ment à Paris.

Il s’agit d’un exemple par­mi beau­coup d’autres. Ce regain d’intérêt pour Paris s’explique notam­ment par le dyna­misme crois­sant que j’ai pré­cé­dem­ment men­tion­né, mais aus­si par le fait que les col­la­bo­ra­teurs de ces entre­prises ont doré­na­vant la pos­si­bi­li­té de choi­sir leur lieu de tra­vail. En effet, dans un contexte de pénu­rie et de guerre des talents, les entre­prises qui ont plu­sieurs hubs euro­péens offrent à leurs col­la­bo­ra­teurs la pos­si­bi­li­té de choi­sir l’endroit d’où ils veulent tra­vailler. Et Paris reste une ville qui attire !

Tou­te­fois, au même titre que les grandes villes euro­péennes, la métro­pole est confron­tée à de forts enjeux de défi­cit de per­son­nels sur des métiers très variés, à la fois tech­no­lo­giques mais aus­si sur les ser­vices clés du quo­ti­dien. Nous avons un impor­tant vivier de talents grâce aux nom­breuses écoles et uni­ver­si­tés pres­ti­gieuses mais l’enjeu est aus­si de for­mer plus et plus vite en déve­lop­pant des for­ma­tions plus courtes.

Et pour conclure, quelles pistes de réflexion pourriez-vous partager avec nos lecteurs ?

Le prin­ci­pal enjeu auquel est confron­té notre pays est la valo­ri­sa­tion et le déve­lop­pe­ment du « col­lec­tif ». Sur de nom­breux sujets struc­tu­rants, une forme de pola­ri­sa­tion du débat freine notre déve­lop­pe­ment et notre rayon­ne­ment à une échelle internationale.
En effet, on note d’importantes divi­sions entre l’État, les col­lec­ti­vi­tés locales et les ter­ri­toires, les entre­prises et la socié­té civile : les états des lieux, stra­té­gies et plans d’actions gagne­raient à être mieux alignés.

Cela implique une coor­di­na­tion plus effi­ciente dans la sphère publique, mais éga­le­ment vis-à-vis des acteurs pri­vés, et notam­ment des entre­prises. Pour rele­ver ce défi, il est essen­tiel de dépas­ser les cli­vages et de pro­mou­voir un débat ration­nel et rai­son­né qui fasse pri­mer la réus­site du col­lec­tif et qui implique l’ensemble des par­ties pre­nantes. Cela paraît évident mais sur de nom­breux sujets ce n’est pas de cette manière que les choses se passent.

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