PERFORMANCE, INNOVATION, ENVIRONNEMENT : les fondations de l’expertise de Soletanche Bachy

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°785 Mai 2023
Par Serge BOREL (X90)

Forte d’une exper­tise avé­rée dans les fon­da­tions et les tech­no­lo­gies du sol, Sole­tanche Bachy, entre­prise lea­der à l’international, contri­bue aux pro­jets les plus emblé­ma­tiques du moment, dont le Grand Paris. Serge Borel (X90), Direc­teur Géné­ral Adjoint et Direc­teur Tech­nique de Sole­tanche Bachy, répond à nos ques­tions sur le posi­tion­ne­ment de l’entreprise, ses exper­tises, sa capa­ci­té d’innovation et son enga­ge­ment sur le plan environnemental.

Pouvez-vous nous rappeler le positionnement de votre entreprise ?

Sole­tanche Bachy est un lea­der mon­dial des fon­da­tions et tech­no­lo­gies du sol. Pré­sente dans 60 pays, l’entreprise réa­lise un chiffre d’affaires de 2 mil­liards d’euros et emploie envi­ron 10 000 per­sonnes. Nous pro­po­sons à nos clients des solu­tions de construc­tion au ser­vice de la per­for­mance de leurs pro­jets (fon­da­tions pro­fondes, sou­tè­ne­ments, étan­che­ment, génie civil, tun­nels…). Chaque année, nous réa­li­sons près de 4 000 chan­tiers de toute taille dans le monde entier. Au fil des années, nous avons déve­lop­pé une véri­table exper­tise et connais­sance des sols qui nous per­mettent de réa­li­ser ces tra­vaux d’une grande com­plexi­té tech­nique qui sont invi­sibles, mais indispensables.

Nous nous appuyons sur une acti­vi­té d’ingénierie de pointe avec des bureaux d’études inté­grés. Nous avons aus­si une acti­vi­té de concep­tion et de fabri­ca­tion de maté­riel, notam­ment l’Hydrofraise® qui fête ses 50 ans cette année et qui fait aujourd’hui auto­ri­té sur le mar­ché. En paral­lèle, nous avons un labo­ra­toire spé­cia­li­sé dans les maté­riaux, en par­ti­cu­lier les bétons bas car­bone. Grâce à notre capa­ci­té de réa­li­sa­tion des tra­vaux spé­cia­li­sés et nos moyens en propre, nous cou­vrons toute la chaîne de valeur.

Nous accor­dons une atten­tion par­ti­cu­lière à la dimen­sion envi­ron­ne­men­tale en déployant des solu­tions de construc­tion inno­vantes et per­for­mantes au ser­vice de la mobi­li­té décar­bo­née et la qua­li­té de l’eau notam­ment. On inter­vient ain­si sur de nom­breux pro­jets de mobi­li­té, notam­ment des pro­jets de lignes de métro en France, mais aus­si à Sin­ga­pour, à Hong-Kong ou en Nou­velle-Zélande. Nous par­ti­ci­pons aus­si au pro­jet fer­ro­viaire emblé­ma­tique High Speed 2 au Royaume-Uni. Dans le cadre du trai­te­ment et de l’assainissement de l’eau, on réa­lise de nom­breux ouvrages inno­vants. Ain­si, pour une sta­tion d’épuration à Bon­neuil-en-France, notre filiale Bes­sac a construit l’intégralité d’un micro- tun­nel plus de 900 m de long en béton ultra bas car­bone, une pre­mière mondiale !

« Soletanche Bachy est un leader mondial des fondations et technologies du sol. »

Au cours des der­nières années, nous avons assis­té à une aug­men­ta­tion des tra­vaux sou­ter­rains notam­ment dans le cadre du Grand Paris. Qu’est-ce qui, selon vous, fait le carac­tère excep­tion­nel de ce pro­jet ? Le Grand Paris est le plus impor­tant pro­jet d’infrastructures de trans­port pari­sien de ces 50 der­nières années. Ce pro­jet excep­tion­nel a pour objec­tif de construire 200 kilo­mètres de métro et 68 gares. Le pro­jet se démarque aus­si par ses carac­té­ris­tiques géologiques.

En effet, les sols pari­siens ont la par­ti­cu­la­ri­té d’être par­mi les plus com­plexes du monde. Ils sont très durs avec des roches, des marnes, des cal­caires, des craies… Il y a aus­si des sols moins durs avec des sables et des argiles, ain­si qu’une forte pré­sence d’eau. Au-delà, il s’agit de mener ces chan­tiers au cœur même de la ville. Les zones d’intervention sont exi­guës. Les réseaux de trans­port ter­restres et sou­ter­rains sont très denses. Il faut aus­si prendre en compte les réseaux les réseaux d’eau et d’électricité, les habi­ta­tions, les flux et les monu­ments his­to­riques. Pour tra­vailler dans ces condi­tions, il faut mobi­li­ser toute l’expertise et les tech­no­lo­gies de Sole­tanche Bachy !

Quels sont les projets et chantiers sur lesquels vous avez été amenés à travailler ?

Nous sommes actifs sur la ligne 15 Sud, notam­ment les lots T2A (entre les gares Vil­le­juif Louis-Ara­gon et Cré­teil l’Echat) et T3A (entre les gares de Pont De Sèvres et de Fort d’Issy-Vanves- Cla­mart). Au niveau du Pont de Sèvres, entre Bou­logne-Billan­court et le Parc de Saint-Cloud, nous réa­li­sons la sta­tion de métro et le tun­nel qui passe sous la Seine, la RN 118, le musée de la Manu­fac­ture de Sèvres, la Seine Musi­cale… Pour créer la gare de Mai­sons-Alfort sous un bâti­ment clas­sé ettrès sen­sible aux mou­ve­ments de ter­rain, nous avons recours à l’injection de com­pen­sa­tion pour jus­te­ment com­pen­ser les dépla­ce­ments du sol liés au creu­se­ment de la caverne.

On emploie aus­si la congé­la­tion des sols pour les rendre plus solides, évi­ter les mou­ve­ments d’eau et être en mesure de venir les creu­ser. Nous avons ain­si construit à une pro- fon­deur très impor­tante, plus de 70 mètres, une véri­table cathé­drale inver­sée prise entre une ligne de TGV exis­tante et un bâti­ment his­to­rique. À la sur­face, cela cor­res­pon­drait à des immeubles de plus d’une dizaine d’étages ! Enfin, nous inter­ve­nons sur de nom­breux ouvrages de connexion, notam­ment avec des gares exis­tantes, par exemple la sta­tion Mai­son Blanche dans le cadre de l’extension de la ligne 14 vers Orly.

Qu’en est-il de la dimension environnementale du projet ?

Au niveau de la concep­tion, l’idée a été de pri­vi­lé­gier des struc­tures solides et per­for­mantes qui consomment le moins de maté­riaux pos­sible. Pour le béton, nous optons sys­té­ma­ti­que­ment pour des for­mu­la­tions bas car­bone qui sont beau­coup moins émet­trices de CO2. Dans le cadre des forages et des exca­va­tions, nous réuti­li­sons les boues, par exemple sur le chan­tier de la nou­velle sta­tion Mai­son Blanche sur la ligne 14, en les mélan­geant avec un ciment bas car­bone pour amé­lio­rer le sol en pro­fon­deur et buton­ner les soutènements.
Sur les chan­tiers, nous mobi­li­sons éga­le­ment du maté­riel élec­trique moins bruyant, ce qui est for­te­ment appré­cié dans un envi­ron­ne­ment urbain, qui consomme moins de car­bu­rant et émet moins de pol­lu­tion tout en conser­vant une per­for­mance éner­gé­tique opti­male. Le Grand Paris est l’un des pre­miers chan­tiers d’ampleur où nous avons eu recours à des Hydro­fraises® élec­triques, des machines entiè­re­ment « made in Sole­tanche Bachy » !

« Au niveau de la conception, l’idée a été de privilégier des structures solides et performantes qui consomment le moins de matériaux possible. »

Enfin, nous mesu­rons notre impact car­bone grâce à nos outils de cal­cul qui per­mettent de quan­ti- fier avec pré­ci­sion les gains en termes d’émissions. Cette démarche s’inscrit tota­le­ment dans la stra­té­gie glo­bale de Sole­tanche Bachy qui a pour objec­tif de réduire de 40 % ses émis­sions d’ici 2030 (scopes 1 et 2) par rap­port à 2018, notre année de réfé­rence. Et sur le scope 3, nous avons, entre autres, l’objectif d’utiliser 90 % de béton bas car­bone sur nos chan­tiers d’ici 2030.

Comment les techniques et les méthodologies ont-elles évolué notamment sous l’impulsion des nouvelles technologies ?

Au-delà de l’électrification du maté­riel et du recours au bas car­bone, la digi­ta­li­sa­tion de nos acti­vi­tés s’accélère. En effet, la col­lecte, l’analyse et la valo­ri­sa­tion des don­nées ne sont pas des choses nou­velles pour Sole­tanche Bachy. Cela fait déjà plus de 20 ans que nous tra­vaillons sur ces sujets. À l’époque, où nous inter­ve­nions à Londres sur la Jubi­lee Line, nous avons mené un pro­jet visant à mesu­rer le tas­se­ment des bâti­ments afin notam­ment d’optimiser les opé­ra­tions d’injection de com­pen­sa­tion, que j’ai pré­cé­dem­ment mentionnées.

Pour ce faire, il faut recou­rir à des théo­do­lites auto­ma­tiques et à des logi­ciels qui vont col­lec­ter, visua­li­ser et ana­ly­ser ces don­nées afin d’optimiser les prises de déci­sion. Ce pro­jet a évo­lué et a don­né lieu à la créa­tion d’une acti- vité busi­ness por­tée par la socié­té Sixense, spé­cia­li­sée dans l’ingénierie de spé­cia­li­té, l’instrumentation et la sur­veillance, la numé­ri­sa­tion et les solu­tions logi­cielles pour la construc­tion et la ges­tion des infra­struc­tures, et qui fait par­tie de notre mai­son-mère Sole­tanche Freyssinet.

« En effet, la collecte, l’analyse et la valorisation des données ne sont pas des choses nouvelles pour Soletanche Bachy. »

Il y a quelques années, nous nous sommes éga­le­ment dotés d’une équipe qui a créé Zet­ta-Lyze, la pla­te­forme de Sole­tanche Bachy pour la col­lecte et le trai­te­ment du Big Data afin de valo­ri­ser les don­nées pro­ve­nant de nos opé­ra­tions, de nos machines et de nos cap­teurs, mais aus­si les don- nées de sols afin de mieux pilo­ter l’avancement d’un chan­tier en temps réel.
Nous nous inté­res­sons aus­si aux bio­tech­no­lo­gies. On a déve­lop­pé Bio­cal­cis®, une solu­tion bio­mi­mé­tique inno­vante qui imite les pro­ces­sus natu­rels de cal­ci­fi­ca­tion pour cimen­ter le sol en place, grâce à des bac­té­ries qui agissent en quelques heures ou une jour­née. Nous ne modi­fions pas la per­méa­bi­li­té, nous venons juste don­ner de la résis­tance aux sols. Cette méthode est par­ti­cu­liè­re­ment avan­ta­geuse pour les ouvrages hydrau­liques ou les digues qui ont un cer­tain équi­libre hydrau­lique à préserver.

Et en plus, elle a un impact car­bone très posi­tif. Ce type de tech­no­lo­gies inno­vantes per­met d’explorer les pistes qui redes­si­ne­ront demain le contour de nos acti­vi­tés et les alter­na­tives poten­tielles au béton, à l’acier ou au ciment.

Quelles sont les compétences que vous recherchez pour renforcer vos équipes dans ce domaine ?

Chez Sole­tanche Bachy, nous sommes posi­tion- nés sur des métiers qui se sont empa­rés des enjeux envi­ron­ne­men­taux et cli­ma­tiques. Plus que jamais, nous déve­lop­pons des solu­tions inno­vantes pour trans­for­mer la manière dont on construit. Pour ce faire, nous recher­chons des pro­fils qui veulent contri­buer à la trans­for­ma­tion digi­tale et envi­ron­ne­men­tale de la construc­tion, des tra­vaux sou­ter­rains et du sec­teur des fon­da­tions, tout en rele­vant des défis tech­niques, sur des chan­tiers au bout du monde comme au coin de la rue.

Mais sur­tout, rejoindre Sole­tanche Bachy, c’est vivre une expé­rience humaine avec des hommes et des femmes pas­sion­nés, dans un envi­ron­ne­ment véri­ta­ble­ment mul­ti­cul­tu­rel. C’est aus­si évo­luer dans une entre­prise ani­mée par des valeurs fortes comme l’esprit d’équipe, la cohé­sion ou la trans­pa­rence. Et grâce à notre vaste porte- feuille de pro­jets, qui vont des plus petits chan­tiers de proxi­mi­té aux ouvrages d’envergure, comme le Grand Paris ou ses équi­va­lents à l’international, nous favo­ri­sons l’autonomie et la prise de res­pon­sa­bi­li­tés de nos équipes pour leur per­mettre de bâtir des car­rières uniques !

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