PrimeRadiant

Pour une gestion individualisée de l’épargne et des investissements

Dossier : Supplément : Fintech & croissanceMagazine N°785 Mai 2023
Par Éric MOOKHERJEE (X78)

Éric Moo­kher­jee (X78), fon­da­teur de Pri­me­Ra­diant, nous en dit plus sur le posi­tion­ne­ment de sa Fin­tech de tech­no­lo­gie inédite qui per­met d’avoir une approche sur-mesure et indus­tria­li­sée de la ges­tion pri­vée. Explications.

Dans l’univers des FinTechs, quel est le positionnement de PrimeRadiant ?

Pri­me­Ra­diant est une Fin­Tech, orien­tée vers les autres Fin­Techs de ges­tion pri­vée et les direc­tions tech­niques et mar­ke­ting des grandes ins­ti­tu­tions finan­cières offrant le ser­vice de ges­tion d’épargne et de patri­moine (banques, assu­reurs-vie, socié­tés de ges­tion pri­vée, conseillers en ges­tion de patrimoine).

Dans le cadre de leur digi­ta­li­sa­tion, ces pres­ta­taires ont sché­ma­ti­que­ment deux com­po­santes inti­me­ment liées. La pre­mière consiste à conce­voir une offre et la seconde une appli­ca­tion web ou télé­phone pour accom­pa­gner l’offre avec des fonc­tion­na­li­tés com­plètes et une expé­rience uti­li­sa­teur aus­si simple et intui­tive que pos­sible et qui s’insère faci­le­ment dans leur logis­tique existante.

Cela néces­site la créa­tion d’outils repo­sant sur des algo­rithmes mathé­ma­tiques com­plexes qui ont mis des années à déve­lop­per. En termes ima­gés, nous avons fabri­qué un moteur de créa­tion d’offres de ges­tion d’épargne pour les pres­ta­taires financiers.

En quoi est-ce complexe ?

Il y a trois de dif­fi­cul­tés de natures très dif­fé­rentes. La plus connue des finan­ciers, mais lar­ge­ment igno­rée du public, est que la mesure des risques sur les mar­chés finan­ciers n’est pas modé­li­sable sim­ple­ment et direc­te­ment injec­table dans des for­mules mathé­ma­tiques. Il s’agit, par exemple, mais pas uni­que­ment, du fait que les pro­ba­bi­li­tés de crises graves sont plus éle­vées que ce que sug­gèrent les régimes ‘’nor­maux’’ des mar­chés financiers.

La seconde est que la varié­té des clients est lit­té­ra­le­ment infi­nie. C’est aus­si pour cela que l’offre est res­tée très rus­tique en dehors du seg­ment des grandes for­tunes (« Ultra High Net Worth »). D’ailleurs, cette der­nière repose essen­tiel­le­ment sur les conseillers finan­ciers, qui ne dis­posent pas d’outils comme nous en avons créés. De ce fait, l’offre est géné­ra­le­ment peu adap­tée à leurs besoins spé­ci­fiques indi­vi­duels : dans l’immense majo­ri­té des cas, les conseillers classent les clients dans un « pro­fil de risque » de type « Pru­dent », « Equi­li­bré »…, et tous les clients du même type ont le même por­te­feuille, qui ne change, d’ailleurs, pra­ti­que­ment jamais dans le temps.

La troi­sième est que la diver­si­té du type de comptes, de leur fis­ca­li­té, de leurs règles de fonc­tion­ne­ment, des véhi­cules d’investissement qui y sont acces­sibles, créent aus­si un com­bi­na­toire immense avec des contraintes qui se che­vauchent, et rendent la créa­tion de mil­liers de por­te­feuilles non-stan­dar­di­sés com­pa­rable à un casse-tête Rubik’s Cube. Et ce d’autant que pour une cer­taine caté­go­rie de clients, il y a sou­vent plu­sieurs types de comptes simul­ta­né­ment (PEA, assu­rance-vie, PER…).

Est-on dans une configuration où l’intelligence artificielle est en train de rattraper l’humain ?

Non, pas du tout, et elle ne le fera jamais ! Elle occu­pe­ra des ter­rains que l’humain n’a jamais occu­pé, ce qui lui sera très utile, mais elle res­te­ra exclue de cer­tains domaines.

Pour des rai­sons struc­tu­relles, qui exis­te­ront encore quand les ordi­na­teurs quan­tiques et autres pro­grès anti­ci­pés auront été réa­li­sés, l’intelligence arti­fi­cielle n’aura tou­jours qu’une valeur ajou­tée mar­gi­nale et instable dans l’investissement sur les mar­chés finan­ciers. Au mieux, elle amé­liore les mesures de risque, mais ceci est essen­tiel­le­ment dû à des pro­grès dans l’approche théorique.
Pour l’illustrer, citons sim­ple­ment les inves­tis­se­ments colos­saux et crois­sants que les plus gros ‘’hedge funds’’ ont fait pour des résul­tats qui ont des durées de vie limi­tées. Les mar­chés finan­ciers sont selon l’expression consa­crée un jeu à somme nulle, avec pour consé­quence que quand les machines luttent contre d’autres machines, elles s’annihilent rapi­de­ment. L’apparence de science et de tech­nique qu’est l’IA est par­fois un outil essen­tiel­le­ment mar­ke­ting pour les profanes !

“Nous avons fabriqué un moteur de création d’offres de gestion d’épargne pour les prestataires financiers.”

Par ailleurs, sur des sujets aus­si sen­sibles que son épargne, toutes les expé­riences ont démon­tré la néces­si­té pour une per­sonne d’avoir un inter­lo­cu­teur humain dans cer­taines cir­cons­tances, même si l’IA peut trai­ter beau­coup de ques­tions cou­rantes. Le domaine de Pri­me­Ra­diant n’est pas dans les deux acti­vi­tés pré­ci­tées, mais celui d’individualiser pour chaque client la ges­tion de son épargne, à par­tir de ce que les spé­cia­listes finan­ciers et les conseillers clien­tèle du pres­taire indiquent d’un côté pour les mar­chés, et de l’autre pour leurs clients.

Pour résu­mer, il y a deux par­ties nobles dans la ges­tion d’épargne pri­vée : l’analyse des mar­chés finan­ciers, et la rela­tion clien­tèle, pour laquelle les hommes ne seront jamais rem­pla­cés. En revanche, pour toute la par­tie pesante, règle­men­tée, contrainte, cal­cu­la­toire qui se trouve entre les deux, un robot allège immen­sé­ment la tâche. C’est un outil comme n’importe quel autre entre les mains d’humains, dont le tra­vail acquiert avec lui plus de valeur ajou­tée et plus d’intérêt. L’intelligence arti­fi­cielle en fait par­tie, rien de plus.

Pouvez-vous expliciter l’apport dans la pratique ?

Le champ d’intervention est bien spé­ci­fique : il n’est pas de sug­gé­rer une orien­ta­tion sur les mar­chés finan­ciers du fait de la conjonc­ture, qui est le domaine des spé­cia­listes de mar­ché du pres­ta­taire, ou de conce­voir l’offre de ser­vices qui est la res­pon­sa­bi­li­té de l’équipe Pro­duits, sous le contrôle d’autres éven­tuel­le­ment (Confor­mi­té, Risques…), ou encore de rem­pla­cer les conseillers clien­tèle. Il s’agit d’individualisation de la ges­tion de l’épargne après ces étapes.

Par­mi les fonc­tion­na­li­tés impor­tantes qui indi­vi­dua­lisent la ges­tion de l’épargne d’une per­sonne phy­sique, on peut noter :

  • La prise en compte des besoins per­son­nels que cette épargne doit cou­vrir, et qui sont géné­ra­le­ment mul­tiples (retraite, études des enfants, inves­tis­se­ment immo­bi­lier…), et des flux de reve­nus pré­vi­sibles de la personne ;
  • La prise en compte des enve­loppes fis­cales (les comptes) où se trouve cette épargne, et qui peuvent être mul­tiples (contrat d’assurance-vie, Plan d’épargne en actions, PER…) ;
  • Les sen­si­bi­li­tés par­ti­cu­lières d’une per­sonne pour des rai­sons per­son­nelles ou éthiques qu’elle sou­haite retrou­ver dans ses inves­tis­se­ments (atten­tion à la pro­tec­tion de l’environnement, sujets sociaux, pro­tec­tion ren­for­cée contre l’inflation, famille à l’étranger…) ;
  • Les contraintes (sou­vent dis­con­ti­nues) dues à la règle­men­ta­tion ou au fonc­tion­ne­ment du compte…

Ces aspects, simples à décrire et natu­rels chez toute per­sonne, créent la mul­ti­pli­ci­té qua­si-infi­nie de com­bi­nai­sons évo­quée alors que la plu­part de ces cri­tères ont des sous-cri­tères. Mais toutes ces petites modi­fi­ca­tions se traitent très effi­ca­ce­ment avec des mathé­ma­tiques, de l’expérience en finance théo­rique et appli­quée, l’intelligence arti­fi­cielle et la puis­sance du pool de tech­niques accessibles.

Quels sont vos principaux vecteurs de différenciation ?

Il y en a deux. D’abord, la limi­ta­tion au champ de recherche où les outils mathématiques/numériques ont de la valeur ajou­tée plu­tôt que la quête d’une mar­tin­gale mathé­ma­ti­co-finan­cière secrète et géniale. Le deuxième est que nos concep­teurs sont des ingé­nieurs ou des scien­ti­fiques de haut niveau qui ont tous une longue expé­rience pra­tique dans la ges­tion de capi­taux, et l’utilisation de modèles et de théo­ries finan­cières dans ce domaine. Ce mix est cru­cial, tant l’application de théo­ries finan­cières est dans la pra­tique délicate.

Comment vous projetez-vous ?

Nous avons de grands clients fran­çais et euro­péens, et une avance tech­no­lo­gique forte dans notre domaine. Je pense notam­ment que nous sommes les seuls à pou­voir trai­ter réel­le­ment l’avènement de l’Investissement Socia­le­ment Res­pon­sable dans la règle­men­ta­tion MIFID qui régit ce ser­vice finan­cier aux particuliers.
Nous espé­rons que nos déve­lop­pe­ments vont inté­res­ser d’autres grands acteurs ins­ti­tu­tion­nels et fin­techs euro­péens et au-delà, et pro­je­tons pour cela une levée de fonds.

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