Remplacer le SMIC par un Revenu de Base Inconditionnel

Remplacer le SMIC par un Revenu de Base Inconditionnel

Dossier : ExpressionsMagazine N°784 Avril 2023
Par Frédéric de MANEVILLE (X88)
Par Léon RÉGENT (X64)

Une fois la bar­rière men­tale « seul le tra­vail peut pro­cu­rer un reve­nu » fran­chie, on com­prend qu’on peut habi­le­ment mixer un socle de reve­nu garan­ti par la soli­da­ri­té natio­nale et des reve­nus du tra­vail, variables en fonc­tion des sou­haits et capa­ci­tés de cha­cun. Il s’agit de rem­pla­cer le SMIC par un RBI ; un reve­nu de base incon­di­tion­nel. Nous t’invitons à en débattre si des­sous, dans la rubrique commentaires.

« Dans la lutte contre le chô­mage, on a tout essayé », disait Fran­çois Mit­ter­rand en 1993. Mais feu le pré­sident et ses suc­ces­seurs se sont-ils vrai­ment posé la ques­tion de savoir pour­quoi par exemple il n’y avait pas de pom­pistes dans les sta­tions-ser­vice, ni de cireurs de chaus­sures dans les rues pas­santes, ou pour­quoi on délo­ca­li­sait nos indus­tries de main‑d’œuvre ?

Le SMIC remplit-il sa fonction ? 

La loi de 1970 sti­pule que « le Salaire mini­mum de crois­sance assure aux sala­riés dont les rému­né­ra­tions sont les plus faibles la garan­tie de leur pou­voir d’achat et une par­ti­ci­pa­tion au déve­lop­pe­ment éco­no­mique de la nation ». Si le SMIC atteint sans doute son pre­mier objec­tif pour un céli­ba­taire en CDI à plein temps, qu’en est-il des autres ? Une cais­sière de super­mar­ché, tra­vaillant 20 heures par semaine, de sur­croît divor­cée avec deux enfants à charge, voit-elle son pou­voir d’achat garan­ti ? Et les artistes, les chô­meurs, les étu­diants, les CDD à temps par­tiel ? La réponse est NON pour une très grande par­tie de la popu­la­tion. Quant au second objec­tif fixé par la loi, citons le groupe d’experts sur le SMIC qui éta­blit dans son rap­port annuel de 2019 : « À son niveau actuel, la reva­lo­ri­sa­tion du SMIC a un impact limi­té contre la pau­vre­té, y com­pris la pau­vre­té labo­rieuse. » Les réduc­tions colos­sales de charges sociales au niveau du SMIC, faites pour ten­ter de réduire le coût du tra­vail pour les employeurs, ont eu pour effet per­vers de créer une trappe à bas salaires. Ain­si le SMIC répond très mal aux deux objec­tifs que la loi lui a assignés.

La valeur travail

Il existe un très large consen­sus en France pour affir­mer que le tra­vail est essen­tiel à l’intégration de l’être humain dans la socié­té. La fonc­tion du tra­vail va bien au-delà du simple rôle de sub­ve­nir aux besoins moné­taires du tra­vailleur : tra­vailler, c’est se socia­li­ser ; tra­vailler, c’est être digne ; tra­vailler, c’est se sen­tir exis­ter. Et pour­tant la contrainte du SMIC prive des dizaines de mil­liers de gens peu qua­li­fiés de travail. 

Le SMIC peut être vu de deux manières : « il est inter­dit à un employeur de rému­né­rer ses sala­riés en des­sous de 10 €/heure » paraît être une mesure garde-fou de bon sens. Mais « il est inter­dit à un tra­vailleur de vendre sa force de tra­vail pour 9 €/heure » est une for­mu­la­tion dif­fé­rente qui fait réflé­chir sur la pri­va­tion de liber­té que repré­sente le SMIC : de quel droit la loi m’interdit d’échanger une heure de mon temps contre 9 € ? Alors que je vis peut-être dif­fi­ci­le­ment avec un RSA de 506 €/mois ?

Peu de gens se déclarent contre le SMIC car cela semble être une mesure de jus­tice sociale évi­dente que, petit à petit, même les pays les plus récal­ci­trants mettent en place, sous la pres­sion des syn­di­cats. Pour­tant, la vraie jus­tice sociale pour l’État n’est pas de s’insérer dans la rela­tion contrac­tuelle entre employeur et sala­rié comme il le fait en créant le SMIC, mais elle serait plu­tôt de garan­tir par lui, l’État, un reve­nu mini­mum pour tous, quelle que soit la situa­tion pro­fes­sion­nelle et fami­liale du citoyen. 

Le revenu de base inconditionnel (RBI)

L’État peut assu­rer cette mis­sion de garan­tie uni­ver­selle de reve­nu en uti­li­sant un outil inno­vant, beau­coup dis­cu­té par les phi­lo­sophes et les éco­no­mistes depuis Tho­mas Paine en 1795. Le Prix Nobel Mil­ton Fried­man recom­man­dait déjà l’usage de l’impôt néga­tif en 1962 dans Capi­ta­lisme et Liber­té. En France, c’est l’économiste Marc de Bas­quiat qui a démon­tré qu’une réforme fis­cale ins­tau­rant une flat tax de 30 % des reve­nus per­met­trait de finan­cer un reve­nu uni­ver­sel de ­500 €/mois.adulte sans aug­men­ter la pres­sion fis­cale. Il s’agit du 2RU, abré­via­tion pour reve­nu uni­ver­sel finan­cé par une rede­vance uni­ver­selle, pro­mu par l’association AIRE (Asso­ciés pour l’instauration d’un reve­nu d’existence).

La mise en place du 2RU en France sup­pose au préa­lable une indi­vi­dua­li­sa­tion de l’impôt sur le reve­nu, réforme salu­taire pour échap­per à la com­plexi­té engen­drée par le concept de foyer fis­cal (lire L’ingénieur du reve­nu uni­ver­sel de Marc de Bas­quiat). Ensuite, l’impôt étant pré­le­vé à la source pour les sala­riés, la DGFIP ver­se­ra (pré­lè­ve­ra le cas échéant) tous les mois, auto­ma­ti­que­ment sur le compte en banque, la somme de 500 € – 30 % du salaire, à tous les citoyens adultes, sans condi­tion ni exi­gence de contre­par­tie. C’est simple, auto­ma­ti­sable et néces­site très peu de fonc­tion­naires pour l’administrer.

“C’est simple, automatisable, et nécessite très peu de fonctionnaires pour l’administrer.”

Ain­si, la mise en place d’un RBI com­pris entre 500 et 600 €/mois.adulte (valeur 2022), asso­ciée à une sup­pres­sion des allè­ge­ments de charges sociales au niveau du SMIC, per­met­trait de redon­ner une vraie dyna­mique au mar­ché du tra­vail des peu qua­li­fiés, tout en assu­rant une éga­li­té des chances et un socle de pou­voir d’achat aux moins productifs. 

Cer­tains pour­ront accu­ser cette pro­po­si­tion d’être une ubé­ri­sa­tion des smi­cards : je réfute cet argu­ment car d’abord les livreurs Uber ne sont pas sala­riés et je ne pré­co­nise pas la fin du sala­riat ; ensuite, les livreurs Uber ne béné­fi­cient pas aujourd’hui du socle de sécu­ri­té qu’offre le RBI. D’ailleurs, comme l’a mon­tré le phi­lo­sophe belge Phi­lippe Van Pari­js dans ses ouvrages, l’existence d’une garan­tie uni­ver­selle de reve­nu change le rap­port de force entre employeur et sala­rié, ce qui fait que le rem­pla­ce­ment du SMIC par le RBI ne devrait pas engen­drer de baisse impor­tante des bas salaires ; en revanche cer­tai­ne­ment une baisse du chô­mage, une aug­men­ta­tion du temps par­tiel choi­si, une meilleure confiance en soi pour les pré­caires et fina­le­ment une réduc­tion de la frac­ture sociale.

Éradiquer la grande pauvreté

Reve­nu de digni­té pour les pauvres, reve­nu de liber­té pour les femmes, reve­nu de confiance pour les jeunes, le RBI pour­rait très avan­ta­geu­se­ment se sub­sti­tuer au SMIC en étant cumu­lable avec les reve­nus du tra­vail, dont le prix serait enfin libre­ment négo­cié entre sala­rié et employeur. 

L’abondance créée par la crois­sance éco­no­mique du XXe siècle nous per­met de réa­li­ser un vieux rêve des huma­nistes : éra­di­quer la grande pau­vre­té. Et cela par un méca­nisme simple qui, s’il est bien cali­bré, ne repré­sente pas une pres­sion fis­cale néfaste pour l’économie.

Lio­nel Sto­le­ru avait com­pris les pro­blèmes du sys­tème socio­fis­cal fran­çais lorsqu’il avait convain­cu Michel Rocard de mettre en place le RMI. Mal­heu­reu­se­ment, ni le RMI, ni son suc­ces­seur le RSA, n’a osé fran­chir la ligne jaune de l’inconditionnalité, qui est pour­tant la clé du suc­cès d’un reve­nu de base. Emma­nuel Macron dans sa cam­pagne 2022 a pro­mis l’automatisation du paie­ment des pres­ta­tions sociales tout en pro­met­tant de condi­tion­ner le RSA à 15 heures de tra­vail par semaine : ces pro­messes brouillonnes ne ver­ront pas le jour tant que le Pré­sident de la Répu­blique n’aura pas com­pris les ver­tus de l’inconditionnalité du reve­nu de base. Elle est pour­tant aus­si une condi­tion néces­saire à la réduc­tion du nombre de fonc­tion­naires admi­nis­trant notre État-pro­vi­dence complexissime.

24 Commentaires

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Nico­lasrépondre
21 avril 2023 à 17 h 43 min

Bon­jour, je suis étu­diant en pré­pa éco et je ne com­prends pas en quoi l’ins­tau­ra­tion d’un RBI ne dimi­nue­rait pas les bas salaires ( cf : « D’ailleurs, comme l’a mon­tré le phi­lo­sophe belge Phi­lippe Van Pari­js dans ses ouvrages, l’existence d’une garan­tie uni­ver­selle de reve­nu change le rap­port de force entre employeur et sala­rié, ce qui fait que le rem­pla­ce­ment du SMIC par le RBI ne devrait pas engen­drer de baisse impor­tante des bas salaires »). Pour­riez-vous déve­lop­per ce point-ci svp ? Mer­ci bonne journée

F. de Manevillerépondre
12 mai 2023 à 7 h 42 min
– En réponse à: Nicolas

Phi­lippe Van Pari­js est phi­lo­sophe et éco­no­miste. Ses ouvrages décrivent de manière exhaus­tive les tenants et abou­tis­sants du RBI. Le salaire est d’a­bord un prix qui est fixé par un équi­libre offre/demande. Il consi­dère que le RBI va réduire l’offre de tra­vail non qua­li­fié, car les tra­vailleurs en ques­tion ose­ront refu­ser un job dont le rap­port rémunération/pénibilité est vrai­ment trop mau­vais. C’est un pari car seule une appli­ca­tion à grande échelle du RBI per­met­trait de confir­mer sa thèse, mais elle est tout à fait cré­dible. Un sujet de thèse en économétrie ?

Nico­lasrépondre
25 mai 2023 à 22 h 14 min
– En réponse à: F. de Maneville

Bon­jour, mer­ci de votre réponse. Je ne fais pas de recherche pour une thèse haha, je me ren­sei­gnais seule­ment sur des alter­na­tives pos­sibles au SMIC ; féli­ci­ta­tions pour votre article, il est bon !

Jean Bénardrépondre
4 mai 2023 à 11 h 51 min

Bon­jour,
Le RBI a de nom­breux atouts, comme vous le sou­li­gnez dans l’ar­ticle. Tout à fait d’ac­cord sur la puis­sance de sim­pli­fi­ca­tion et de clar­té que repré­sente son carac­tère incon­di­tion­nel. En revanche, le pas­sage à la « sup­pres­sion du SMIC » est très cavalier!!

Je tique par­ti­cu­liè­re­ment sur la phrase « D’ailleurs, comme l’a mon­tré le phi­lo­sophe belge Phi­lippe Van Pari­js dans ses ouvrages, l’existence d’une garan­tie uni­ver­selle de reve­nu change le rap­port de force entre employeur et sala­rié » … Il le chan­ge­rait, oui, mais… à la marge!! 500€ par mois, ce n’est rien du tout. Avez-vous déjà vécu avec 500€ par mois, sans rien d’autre ? (pas 50 000€ sur votre compte ou celui de vos parents, pas un diplôme de poly­tech­nique en poche…?) Pas de quoi équi­li­brer le rap­port de forces. De nom­breux autres fac­teurs entrent en jeu, notam­ment la déten­tion de capi­tal éco­no­mique (les inéga­li­tés de patri­moine sont signi­fi­ca­ti­ve­ment plus éle­vées que les inéga­li­tés de reve­nus, on pour­rait donc impo­ser sérieu­se­ment le capi­tal et pro­po­ser une dota­tion incon­di­tion­nelle en patri­moine, comme le recom­mande Tho­mas Piket­ty) mais aus­si le capi­tal cultu­rel, rela­tion­nel, symbolique…

Par ailleurs, je vous encou­rage cha­leu­reu­se­ment à lire ce que les plus pauvres pensent de l’i­dée d’un reve­nu universel
https://www.atd-quartmonde.fr/revenu-universel-garantir-a-chacun-un-minimum-de-securite-financiere-ne-suffit-pas/

REGENT LEONrépondre
12 mai 2023 à 8 h 55 min
– En réponse à: Jean Bénard

Oui, les inéga­li­tés de patri­moine sont très éle­vées et aug­mentent. Il fau­drait les taxer pour rem­bour­ser la dette sou­ve­raine. C’est un sujet essen­tiel, dif­fé­rent du RBI, et dif­fi­cile (refer plan­tage de l’impôt sur la fortune).
Oui, ATD mène des actions « ter­rain » magni­fiques. Le RBI est com­plé­men­taire. Il est un cadre natio­nal simple et com­pré­hen­sible qui évi­te­ra aux actions « ter­rain » per­son­na­li­sées d’être entra­vées par une bureau­cra­tie stig­ma­ti­sante et insensée.
J’ai tra­vaillé sur l’équilibre éco­no­mique de « TZCLD » avec l’un de ses pro­mo­teurs. Je suis main­te­nant convain­cu que, pour l’État, il est finan­ciè­re­ment rai­son­nable – voire avan­ta­geux – d’embaucher des chô­meurs de longue durée pour des tâches peu ren­tables. On peut donc géné­ra­li­ser l’expérience sans poser des préa­lables finan­ciers (enve­loppe, quo­tas…), il suf­fit d’avoir les moyens humains.
Cer­taines per­sonnes enga­gées dans ATD sont enga­gées prio­ri­tai­re­ment dans l’aide aux plus dému­nis, et c’est très bien. A cha­cun sa voca­tion. Je com­prends qu’elles n’aient pas le temps ou le goût de se plon­ger dans un pro­jet de sim­pli­fi­ca­tion admins­tra­tive. Pour amé­lio­rer ce qui existe, il faut le connaître. Cela m’a occu­pé à mi-temps depuis 2012, soit plu­sieurs mil­liers d’heures, et a débou­ché sur deux livres télé­char­geables à https://leonregent.fr/Revenu_de_Base.htm.
Par ailleurs, la posi­tion d’ATD sur le RBI évo­lue petit à petit dans le bon sens : https://www.lagazettedescommunes.com/862377/lettre-ouverte-datd-quart-monde-autour-de-lexperimentation-sur-le-rsa-conditionne/

Vincent Drépondre
4 mai 2023 à 12 h 18 min

Bon­jour. Le mon­tant du RBI est très impor­tant. Comme dit dans l’ar­ticle à pro­pos du RSA et du SMIC à temps par­tiel d’un parent céli­ba­taire, 500€ par mois n’est pas suf­fi­sant pour vivre cor­rec­te­ment. Cela ne chan­ge­rait pas le rap­port de force employeur/salarié car les gens auraient besoin de ce reve­nu sup­plé­men­taire. Je pense qu’il fau­drait au strict mini­mum 800€, avec un sup­plé­ment pour les enfants à charge (~400€ par enfant par exemple).

F. de Manevillerépondre
12 mai 2023 à 7 h 57 min
– En réponse à: Vincent D

Il y a deux ques­tions. La pre­mière est la ratio­na­li­sa­tion du sys­tème socio-fis­cal (réforme sys­té­mique). La seconde est le niveau de redis­tri­bu­tion (réforme para­mé­trique). Mélan­ger ces deux ques­tions, c’est semer la confu­sion, comme l’a fait Benoît Hamon en 2017.
Un RBI au niveau des mini­ma sociaux actuels n’est pas une révo­lu­tion, mais un pro­grès réa­liste. Le pro­jet de RBI dont nous par­lons a un péri­mètre limi­té. Il linéa­rise l’aval des « reve­nus nets » avec une for­mule du type 500 à 600 € par adulte + 200 à 250 € par enfant – 30 % à 33 % x R. Il garde inchan­gées les allo­ca­tions logement.
Une fois ce RBI en place et les bien­faits d’un sys­tème simple et linéaire com­pris, on pour­ra abor­der d’autres sujets, telle la ratio­na­li­sa­tion des coti­sa­tions sociales, effroyables par leur com­plexi­té, et leurs effets néga­tifs. A la base des aber­ra­tions, il y a le SMIC horaire. Les coti­sa­tions ne devraient dépendre que des mon­tants ver­sés, avec un taux uni­forme, et pas de la durée tra­vaillée (non mesu­rable dans nombre de cas).
Nous consi­dé­rons qu’en 2023, fixer un RBI supé­rieur à 600 € serait insou­te­nable fis­ca­le­ment. Il faut être patient et géné­rer de la richesse avant de l’augmenter.

Michelrépondre
4 mai 2023 à 13 h 31 min

Oui, depuis Tho­mas Paine en 1792…
Un reve­nu de base incon­di­tion­nel, uni­ver­sel, impo­sable, cumu­lable avec tout autre reve­nu, outre redon­ner de la digni­té, de la liber­té et de la confiance, ce reve­nu de base pour­rait chan­ger beau­coup d’autre chose comme faire bais­ser la cri­mi­na­li­té, faire bais­ser la mal­nu­tri­tion, faire bais­ser la pros­ti­tu­tion, faire bais­ser le suicide …
Afin d’é­vi­ter cer­tains effets per­vers, le reve­nu de base ne devrait pas, seul, don­ner accès au luxe, et on en est bien pro­té­gé avec les 500€/mois dont on parle comme du niveau rapi­de­ment faisable.
L’u­ni­ver­sa­li­té me semble indis­pen­sable : E. Macron devra rece­voir ce reve­nu. Libre à lui d’y renon­cer, comme De Gaulle renon­çait à la tota­li­té de son trai­te­ment de Pré­sident de la République.
Bonne journée

Fré­dé­ricrépondre
12 mai 2023 à 8 h 07 min
– En réponse à: Michel

Il me semble que tu es mûr pour adhé­rer à l’AIRE, notre association !

BISMUT Phi­lipperépondre
4 mai 2023 à 14 h 50 min

Le concept de RBI est sédui­sant et, de fait, convient aus­si bien aux libé­raux qu’aux socia­listes. Cepen­dant il bute sur les valeurs rela­tives du SMIC et du RBI. Si elles sont éloi­gnées l’une de l’autre, notam­ment avec un RBI bas, on abou­tit à une pau­pé­ri­sa­tion des ex-Smi­cards, sans pour autant pro­po­ser un socle suf­fi­sant aux « rbistes » . Si elles sont proches, il y a « dés­in­ci­ta­tion » au tra­vail. Dans l’état actuel de nos moyens il me semble qu’on se trouve plu­tot dans le cas no 1.

REGENT LEONrépondre
12 mai 2023 à 8 h 58 min
– En réponse à: BISMUT Philippe

Oui, les reve­nus effec­ti­ve­ment dis­po­nibles d’un inac­tif, d’un smi­card et d’un tra­vailleur aisé devraient être mieux connus pour pou­voir être dis­cu­tés démocratiquement.
S’agissant d’un loca­taire céli­ba­taire, avec les divers, un inac­tif au RSA en IdF dis­po­se­rait de 540 € de RSA et prime de Noël, 320 € d’APL et au moins 110 € de CSS et divers, soit 970 € en mai 2023.
Un smi­card ne coûte que 1840 € /mois à son employeur. Il a une prime d’activité de 228 € et n’a pas droit aux APL. Son reve­nu dis­po­nible est de 1610 €.
Un sala­rié aisé (5 SMIC) coûte 12 690 € à son employeur, soit 6,9 fois plus qu’un smi­card. Son IR est de 1410 € /mois. Son reve­nu dis­po­nible est de 5550 €, soit 3,4 fois celui du smicard.
En rete­nant une pro­gres­sion linéaire (les seuils et effets de seuils sont des hor­reurs), il n’y a qu’un para­mètre. A bud­get contraint, l’ordonnée à l’origine (le RBI) déter­mine la pente.
L’INSEE publie main­te­nant des études de redis­tri­bu­tion incluant les ser­vices publics. Voir https://www.insee.fr/fr/statistiques/5371275?sommaire=5371304. La redis­tri­bu­tion est deux fois plus ample en les intégrant.
Un RBI trop pingre va géné­rer du chô­mage. Un RBI trop géné­reux va géné­rer des dif­fi­cul­tés de recru­te­ment. On pour­rait com­men­cer au niveau des mini­ma sociaux actuels, et ajuster.

Louis-Marie BOUVATTIERrépondre
4 mai 2023 à 17 h 10 min

Bon­jour, je trouve le concept de reve­nu uni­ver­sel (ou RBI ici) inté­res­sant car il per­met effec­ti­ve­ment au tra­vailleur de pro­po­ser son temps et ses com­pé­tences que s’il estime qu’il est rému­né­ré suf­fi­sam­ment pour cela, et non plus parce qu’il est obli­gé de le faire pour sur­vivre (et en ce sens le mon­tant pro­po­sé dans l’ar­ticle me semble un peu faible). Néan­moins j’ai tou­jours pen­sé que cela pour­rait for­te­ment favo­ri­ser le tra­vail « au noir » (après tout, le BRI m’as­sure ma retraite et mon reve­nu en cas de mala­die chô­mage , pour­quoi coti­ser pour cela?). Est-ce que vous avez des idées pour évi­ter cet effet néga­tif ? Il faut bien finan­cer cette mesure par une flat tax sur des reve­nus qui doivent res­ter déclarés…

REGENT LEONrépondre
12 mai 2023 à 9 h 00 min
– En réponse à: Louis-Marie BOUVATTIER

Le RBI ne sera pas un remède miracle par rap­port au tra­vail au noir, mais il sera un pro­grès. Le sys­tème actuel est ter­ri­ble­ment dés­in­ci­ta­tif. Une per­sonne au RSA ou à l’ASS (fin de droits de chô­mage), si elle déclare un petit reve­nu occa­sion­nel, s’expose à des consé­quences lourdes et impré­vi­sibles, par exemple sur la CSS.
Le dos­sier « retraites » a été ouvert sans oser une refon­da­tion, sans viser la sim­pli­ci­té, la linéa­ri­té, sans inté­grer l’ASPA à la réflexion. La retraite devrait être du genre A + B x coti­sa­tions payées. Aujourd’hui, une per­sonne n’ayant pas coti­sé aura ASPA (961 €) + APL, et une per­sonne ayant tra­vaillé toute sa vie au SMIC aura moins (APL réduite à cause de ses revenus !).

DELFOSSE Thier­ryrépondre
4 mai 2023 à 17 h 29 min

Oui pour le RBI incon­di­tion­nel, pour tous, y com­pris les enfants, les « ménages aisés » et meme notre cama­rade B.Arnault
Mais avec la sup­pres­sion de toutes les aides dites « sociales »
800E/mois semble adéquat.
Résul­tat : un véri­table filet de sécu­ri­té pour tous, suf­fi­sam­ment fian­cé par l’a­ban­don de l’in­vrai­sem­blable maquis des aides et sur­tout tres simple et com­pré­hen­sible par tous. Si on veut gagner plus, il suf­fit de travailler

Fré­dé­ricrépondre
12 mai 2023 à 8 h 12 min
– En réponse à: DELFOSSE Thierry

Je suis comme toi très favo­rable à une sim­pli­fi­ca­tion dras­tique, à l’intégration de mul­tiples tarifs sociaux, chèques éner­gie… dans un RBI majo­ré. Mais je crains qu’on veuille le beurre et l’argent du beurre. Sup­pri­mer les divers, c’est sup­pri­mer la bureau­cra­tie qui les gère. Elle va se défendre !
800 € est une bonne cible à long terme, mais c’est trop tôt pour démarrer.

Miche­lOrépondre
4 mai 2023 à 18 h 29 min

Le SMIC n’est certes pas satis­fai­sant, mais pour moi le RBI serait bien pire.
Le tra­vail ne peut appor­ter de digni­té que s’il est rétri­bué à sa juste valeur, sans pré­lè­ve­ment ni com­plé­ment modu­lé sur d’autres cri­tères que la richesse que crée ce tra­vail. La soli­da­ri­té doit s’exer­cer au grand jour, en pleine conscience des contri­bu­teurs et avec leur consen­te­ment déli­bé­ré. Elle doit être dis­tincte de l’im­pôt de l’ar­ticle 13 de la DDHC. Ces prin­cipes sont incom­pa­tibles avec un RBI.
Obte­nir de l’argent auto­ma­ti­que­ment, sans l’a­voir gagné, via un pré­lè­ve­ment obli­ga­toire contraint mis en place par l’E­tat est juste une forme de racket qui n’a rien à voir avec la digni­té. La solu­tion à la trop grande pau­vre­té de cer­tains doit être de mettre en place des moyens pour qu’ils s’en­ri­chissent par leur propre tra­vail. Cela passe sans doute par le ver­se­ment à tous du salaire com­plet et la cla­ri­fi­ca­tion des charges sociales à payer, par une sim­pli­fi­ca­tion radi­cale de ces ques­tions sala­riales et du droit du tra­vail, par des socié­tés pri­vées de secours mutuel, des prêts d’hon­neur, etc.

Fré­dé­ricrépondre
12 mai 2023 à 8 h 16 min
– En réponse à: MichelO

L’ap­pli­ca­tion depuis envi­ron 1946 de tous les bons prin­cipes que tu décris a abou­ti à un Etat-Pro­vi­dence obèse qui génère 30% de non-recours au RSA, une dette stra­to­sphé­rique, une socié­té divi­sée et des trappes à pau­vre­té. C’est indéfendable…
Nous pro­po­sons un chan­ge­ment radi­cal d’ap­proche par la for­mule 500€-30% R.

etienne.de-basquiat-de-mugriet.2013répondre
4 mai 2023 à 18 h 42 min

Idée inté­res­sante qui consis­te­rait à ver­ser le RSA à tous et à voir ensuite, elle n’est pour autant pas dépour­vue de points morts : que faire lorsque l’inflation se char­ge­ra d’empêcher que cette allo­ca­tion rem­plisse son office, à savoir per­mettre à cha­cun de se nour­rir et de se vêtir, mais pro­ba­ble­ment pas de se loger ? La réponse d’une reva­lo­ri­sa­tion régu­lière ne me convainc pas : l’exemple du point d’indice des fonc­tion­naires est élo­quent. Il fau­drait affron­ter le sujet de la com­pa­ti­bi­li­té avec le pilo­tage des finances publiques en temps de crise pour per­mettre à cette uto­pie de deve­nir réalité.

REGENT LEONrépondre
12 mai 2023 à 9 h 04 min
– En réponse à: etienne.de-basquiat-de-mugriet.2013

Bon­jour,
En 2008, l’État a sau­vé la bourse (qui a fina­le­ment gar­dé la forte hausse des années pré­cé­dentes). En 2020, l’arrosage mal ciblé de l’État (quoi qu’il en coûte) a géné­ré une hausse sen­sible de l’épargne. Ces deux crises ont aug­men­té la dette sou­ve­raine de presque 1000 mil­liards par rap­port à son évo­lu­tion habituelle.
Dans une for­mule du type « 500 € – 30 % », seuls les « 500 € » doivent être actua­li­sés. La logique serait de suivre l’évolution du PIB par habi­tant, y com­pris si le PIB dimi­nue. Si on estime qu’il faut plus de redis­tri­bu­tion, on décide alors, excep­tion­nel­le­ment, de majo­rer le taux de 30 %.

seke­lyrépondre
7 mai 2023 à 13 h 24 min

mer­ci de com­pa­rer ce taux de 30% au taux actuel­le­ment prélevé

seke­lyrépondre
7 mai 2023 à 13 h 54 min

500 € par moi et par adulte, cela fait 6 000 € par an
40 mil­lions d’a­dultes = coût de la mesure 240 milliards
quelle est l’as­siette de l’im­pôt sur le reve­nu qui serait alors taxée à 30% flat ?

Fré­dé­ricrépondre
12 mai 2023 à 8 h 39 min
– En réponse à: sekely

Le cali­brage de la for­mule 500 € – 30% flat tax a été fait de manière à res­ter à bud­get constant. La redis­tri­bu­tion de 300 mil­liards envi­ron (en comp­tant les enfants) est celle exis­tante aujourd’­hui, mais en beau­coup plus simple, plus lisible, plus moti­vante et facile à gérer.
Les cal­culs détaillés ont fait l’ob­jet de la thèse de doc­to­rat de Marc de BASQUIAT.

Théo­philerépondre
3 août 2023 à 9 h 16 min

Puis­qu’on ver­se­rait le RBI aux seniors, le besoin de finan­ce­ment de la retraite publique (fonc­tion­naires, ou CNAV + com­plé­men­taire obli­ga­toire) pour­rait être réduit d’en­vi­ron 13 ce qui auto­ri­se­rait la créa­tion d’une nou­velle retraite uni­ver­selle s’a­jou­tant au RBI finan­çable par la TVA. Il est assez logique d’u­ti­li­ser la TVA pour cela puisque la retraite est plus de la consom­ma­tion dif­fé­rée que du reve­nu dif­fé­ré (il y a régres­si­vi­té). Du coup les coti­sa­tions actuelles peuvent être dépla­fon­nées et inté­grer (avec la CSG) l’im­pôt sur le reve­nu. Ceci condui­rait à un impôt algé­brique linéaire affine de pente plu­tôt proche de 50% que de 30% avec un cré­dit néga­tif d’un RBI par part fis­cale inté­grant le sys­tème social à l’ex­cep­tion de l’aide au loge­ment et du han­di­cap. Pour le loge­ment et le tra­vail, il est pré­fé­rable d’al­ler vers la réa­li­sa­tion du droit oppo­sable en sub­ven­tion­nant (un loge­ment nor­mé ou un tra­vail) plu­tôt que de ver­ser des allo­ca­tions (APL ou chômage).
Le sys­tème pour­rait être com­plé­té par une flat tax sur le patri­moine (brut ou net à dis­cu­ter) de l’ordre de 0,5% par an pour finan­cer le régalien.

Louis Gran­bou­lanrépondre
14 octobre 2023 à 11 h 43 min
– En réponse à: Théophile

La taxa­tion du patri­moine pour finan­cer le RBI est pro­ba­ble­ment la meilleure solu­tion à terme, mais cela néces­site que le patri­moine soit connu, et donc qu’une autre réforme soit mise en place pour que le patri­moine soit taxable y com­pris s’il a des pro­prié­taires étran­gers : l’ex­ten­sion de la notion de cadastre à l’en­semble des biens, en impo­sant une trans­pa­rence telle que prô­née par exemple par https://www.openownership.org/

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