Exotec

L’automatisation des entrepôts : le nouveau défi des retailers

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°784 Avril 2023
Par Stanislas NORMAND (X06)

Exo­tec connaît depuis sa créa­tion récente une crois­sance ful­gu­rante, ser­vie par l’explosion du e‑commerce. À une époque où la digi­ta­li­sa­tion et la conver­sion au mul­ti­ca­nal des acteurs du retail deviennent des enjeux cru­ciaux de com­pé­ti­ti­vi­té, Sta­nis­las Nor­mand (X06), mana­ging direc­tor pour l’Amérique du Nord, nous raconte la suc­cess sto­ry d’Exotec.

Quelle est l’histoire de la société et comment s’est-elle développée ?

Exo­tec a été fon­dée en 2015 par deux ingé­nieurs fran­çais, Romain Mou­lin et Renaud Heitz. L’entreprise a vu le jour au sein de l’incubateur de Télé­com Paris puis elle a démé­na­gé dans le Nord. Son siège est situé à Croix, dans les Hauts-de-France.
Cdis­count a été le pre­mier client d’Exotec et l’entreprise s’est déve­lop­pée sur le mar­ché fran­çais pen­dant deux ans. En 2019, elle a com­men­cé son déploie­ment à l’international, d’abord en Ita­lie, en Espagne, puis au Japon et depuis 2020 aux États-Unis. Aujourd’hui, Exo­tec sou­tient plus de 30 marques lea­ders dans le monde entier dans les sec­teurs du e‑commerce, de l’alimentaire, du retail, de la fabri­ca­tion et de la logis­tique exter­na­li­sée (3PL).

En quoi consistent les solutions que propose Exotec ?

L’ambition des fon­da­teurs était de mettre à dis­po­si­tion des entre­pôts leur savoir-faire en robo­tique. L’industrie fonc­tion­nait alors beau­coup sur des tech­no­lo­gies d’automatisation plus anciennes, repo­sant sur de lourdes struc­tures en acier, des convoyeurs, des auto­mates, en bref des dis­po­si­tifs assez peu flexibles. Romain Mou­lin et Renaud Heitz ont alors révo­lu­tion­né le sec­teur en met­tant au point un inno­vant sys­tème auto­ma­ti­sé de sto­ckage et de récu­pé­ra­tion (ASRS), basé sur la modu­la­ri­té et la flexi­bi­li­té. Le sys­tème déve­lop­pé par Exo­tec, bap­ti­sé Sky­pod, fait appel aux robots du même nom qui peuvent se dépla­cer dans les trois dimen­sions, et jusqu’à une hau­teur de 12 mètres.

Quelle est votre ambition aujourd’hui ?

Un entre­pôt logis­tique est un site où des pro­duits arrivent, sont sto­ckés, puis sont pré­le­vés pour assem­bler des com­mandes, avant d’être envoyés au consom­ma­teur final. Nous vou­lons appli­quer notre savoir-faire à l’ensemble des pro­ces­sus des entre­pôts de nos clients, avec l’objectif de four­nir toutes les briques tech­no­lo­gies qui leur per­met­tront d’augmenter la pro­duc­ti­vi­té de leurs sites. Notre ambi­tion est de cou­vrir toute la chaîne logis­tique. C’est un tra­vail de longue haleine. Nous ne sommes qu’au début de l’aventure.

Comment l’apport de vos robots se traduit-il concrètement ?

D’abord, nous ne ven­dons pas seule­ment des robots, nous com­mer­cia­li­sons des sys­tèmes com­plets. Et der­rière cette tech­no­lo­gie, nous amé­lio­rons au fond la per­for­mance de nos clients, qui s’exprime en nombre d’articles pré­le­vés par heure. Les sky­pods voyagent jusqu’à 4 m/s pour accé­der à n’importe quel élé­ment du sys­tème en deux minutes. Nous nous enga­geons d’ailleurs contrac­tuel­le­ment sur la per­for­mance : nous payons des péna­li­tés à nos clients si nos sys­tèmes n’atteignent pas les objec­tifs fixés. En ins­tal­lant nos pro­duits, le client mul­ti­plie en moyenne par cinq la per­for­mance de son site.

Nos sys­tèmes répondent ensuite à une pro­blé­ma­tique de péni­bi­li­té et de recru­te­ment. Pour des tâches aus­si répé­ti­tives que par­cou­rir des kilo­mètres dans les rayons ou por­ter des charges lourdes, il est dif­fi­cile de trou­ver et sur­tout de fia­bi­li­ser les employés. Par ailleurs, le fort taux de turn over engendre un coût de for­ma­tion éle­vé. Cette dif­fi­cul­té à recru­ter limite la crois­sance de nos clients. Nos robots rem­placent le tra­vail phy­sique des opé­ra­teurs qui se déplacent pour pous­ser des cha­riots et aller cher­cher des pro­duits un par un dans les éta­gères. Avec nos dis­po­si­tifs, les robots apportent les articles aux opé­ra­teurs en sta­tion pour qu’ils pré­parent les commandes.

Enfin, nous per­met­tons de bais­ser le coût du sto­ckage en aug­men­tant sa den­si­té. Nos robots peuvent mon­ter très haut dans les racks, et de ce fait per­mettent de réduire la sur­face de l’entrepôt pour ces opé­ra­tions. De plus, l’installation n’est pas figée : nous pou­vons accom­pa­gner la crois­sance de nos clients de manière simple et flexible, en ajou­tant des robots selon le déve­lop­pe­ment des opé­ra­tions du client.

La mise en œuvre de vos systèmes est-elle une opération complexe ?

C’est au contraire très simple, et c’est jus­te­ment le grand avan­tage de nos solu­tions. Nos racks sont modu­lables. Nous fai­sons peser un mini­mum de contraintes sur site : toute l’électrification se concentre dans les robots. Ascen­seurs, convoyeurs, câblages font place à des robots auto­nomes qui fonc­tionnent sur bat­te­rie. Chaque sys­tème est conçu avec le nombre appro­prié de robots de manière à garan­tir une per­for­mance et une effi­ca­ci­té opti­males. L’installation se fait dans un temps très court, ce qui per­met à l’entreprise de voir rapi­de­ment le béné­fice de sa mise en œuvre. Pour les petits sys­tèmes que nous ins­tal­lons en arrière de maga­sin (chez Car­re­four par exemple), nous avons besoin de six semaines pour la mise en œuvre opé­ra­tion­nelle dans l’entrepôt.

Quels sont les enjeux majeurs pour Exotec actuellement ?

Exo­tec gran­dit à une très grande vitesse : tous les ans, nous dou­blons notre CA et notre effec­tif. Cette année, nous sou­hai­tons atteindre les 1 000 col­la­bo­ra­teurs. Un des prin­ci­paux enjeux est donc pour nous le recru­te­ment. Nous avons besoin d’un grand nombre d’ingénieurs, en R&D, en soft­ware, en hard­ware, en ingé­nie­rie de sys­tèmes, dans les équipes de pro­duc­tion (méthode, qua­li­té, per­for­mance), dans les équipes de vente (sales exe­cu­tives, ingé­nieurs avant-vente), mais aus­si en tant que chefs de pro­jets dans la par­tie déploie­ment des sys­tèmes. Sur la par­tie main­te­nance, nous cher­chons des ingé­nieurs autant pour tra­vailler sur l’analyse de la per­for­mance des sys­tèmes que pour assu­rer la main­te­nance sur site chez nos clients.

La culture d’entreprise a‑t-elle une forte identité chez Exotec ?

C’est un point essen­tiel. Notre tra­vail dans l’entreprise est gui­dé par trois grands prin­cipes, qui sont rap­pe­lés régu­liè­re­ment à tout le monde. Il s’agit d’abord de com­prendre le client : nous inven­tons, construi­sons, ins­tal­lons et main­te­nons nos sys­tèmes d’abord pour répondre à ses besoins. La deuxième valeur, c’est construire ensemble. Il est très impor­tant que les col­la­bo­ra­teurs se connaissent, ce qui est un vrai défi quand une entre­prise gran­dit et se déve­loppe à l’international.
Nous vou­lons gran­dir, mais gar­der notre cohé­sion. La troi­sième valeur est d’être fier. Nous sommes fiers de nos pro­duits, et de ce que l’on fait. Cette fier­té se mani­feste par le goût de l’excellence, le sens du détail, ou le réflexe de par­ta­ger un pro­blème avec les col­la­bo­ra­teurs, la transparence…

Qu’est-ce qui est le plus important pour vous ?

La R&D et l’innovation sont au cœur d’Exotec : nous vou­lons des pro­duits par­faits. Et cet état d’esprit se tra­duit notam­ment par des plans de car­rières tech­niques qui sont autant valo­ri­sés que des par­cours dans le mana­ge­ment. Dès le départ, il était fon­da­men­tal pour les deux fon­da­teurs que la tech­nique soit recon­nue comme la valeur car­di­nale d’Exotec. Par consé­quent, quelqu’un qui n’est pas inté­res­sé par le mana­ge­ment pour­ra par­fai­te­ment s’épanouir dans la tech­nique chez nous. C’est vrai non seule­ment dans la R&D, mais dans d’autres sec­teurs comme la pro­duc­tion, le déploie­ment de sys­tèmes, la main­te­nance, etc.

Quels sont vos objectifs pour les années à venir ?

En 2023, nous vou­lons conso­li­der notre crois­sance de manière saine, et conti­nuer de nous for­ti­fier sur nos trois mar­chés, l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Asie du Sud-Est. Dans les pro­chaines années, nous sou­hai­tons atteindre 1 mil­liard de CA et nous vou­lons étendre nos solu­tions sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’entrepôt, en amont et en aval de la pré­pa­ra­tion des commandes.

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