Un double ADN investisseur et industriel pour accélérer la croissance des champions français de la HealthTech

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°783 Mars 2023
Par Grégoire CAYATTE (X90)
Par Jacques Hubert ROSSIGNOL (X90)

Gré­goire Cayatte (X90) et Jacques Ros­si­gnol (X90), mana­ging part­ners de Techlife Capi­tal, nous en disent plus sur le posi­tion­ne­ment de leur fonds d’investissement dédié à la Heal­th­Tech. Ils reviennent notam­ment sur les spé­ci­fi­ci­tés de leur approche et leur valeur ajou­tée dans le monde de la san­té et de la tech, qui connait actuel­le­ment un fort développement.

Comment se positionne le fonds d’investissement TechLife Capital ?

TechLife Capi­tal est un fonds d’investissement de crois­sance ou Growth Pri­vate Equi­ty dédié à la san­té, à la tech, ain­si qu’à la san­té-tech ou HealthTech.

Agréée par l’AMF, TechLife Capi­tal est une socié­té de ges­tion indé­pen­dante qui a vu le jour il y a 3 ans. Nous sommes aus­si labe­li­sés TIBI, par le minis­tère de l’Économie et des Finances, dans le cadre du finan­ce­ment des entre­prises inno­vantes en tech­no­lo­gie et santé.
Nous nous posi­tion­nons donc comme un fonds de Growth qui aide les entre­prises dans l’accélération de leur crois­sance. Pour ce faire, nous cher­chons et iden­ti­fions les entre­prises fran­çaises à la croi­sée du monde de la san­té et des nou­velles tech­no­lo­gies et qui ont la capa­ci­té à deve­nir des lea­ders euro­péens, voire mon­diaux sur leur mar­ché. Ce chan­ge­ment d’échelle implique géné­ra­le­ment des enjeux signi­fi­ca­tifs pour ces entre­prises notam­ment en termes de struc­tu­ra­tion, de conso­li­da­tion, de recru­te­ment, d’internationalisation… Nous les accom­pa­gnons sur une durée moyenne de cinq ans.

Aujourd’hui, TechLife Capi­tal est un acteur iden­ti­fié et recon­nu dans le sec­teur de l’investissement dans la san­té. Nous avons plus de 100 mil­lions d’euros sous ges­tion et nous réa­li­sons des inves­tis­se­ments d’un mon­tant com­pris entre 5 et 50 mil­lions d’euros, pour un mon­tant moyen de l’ordre de 15 mil­lions d’euros. Nous avons d’ores et déjà réa­li­sé 6 inves­tis­se­ments dont 5 en Heal­th­Tech ou en san­té avec une forte dimen­sion technologique.

Qu’est-ce que ce positionnement implique ?

L’investissement dans la san­té néces­site une maî­trise avé­rée non seule­ment des enjeux de san­té mais aus­si des enjeux tech­no­lo­giques, car aujourd’hui les nou­velles tech­no­lo­gies sont omni­pré­sentes en san­té et peuvent appor­ter une évo­lu­tion com­plète des busi­ness models et voire plus glo­ba­le­ment des secteurs.
Ain­si, en ce qui concerne les don­nées de san­té, his­to­ri­que­ment la pro­blé­ma­tique pour les acteurs du sec­teur était l’accès à la data. Aujourd’hui, les volumes de don­nées acces­sibles explosent ce qui pose un enjeu fort en matière de tri, d’exploitation, de pro­tec­tion et de valo­ri­sa­tion de ces don­nées afin de les mettre au ser­vice des patients et du déve­lop­pe­ment de nou­veaux trai­te­ments. On voit ain­si des entre­prises de ser­vices mettre à dis­po­si­tion des outils et solu­tions logi­cielles pour mieux exploi­ter et valo­ri­ser cette masse d’informations.

En paral­lèle, de nou­veaux enjeux et sujets tech­no­lo­giques émergent pous­sés par l’innovation. Par exemple, l’IA a voca­tion à digi­ta­li­ser l’imagerie et la radio­lo­gie, et à en dis­rup­ter com­plè­te­ment le modèle. Elle est aus­si de plus en plus uti­li­sée dans les pro­ces­sus de déve­lop­pe­ment des nou­veaux médi­ca­ments et thérapies.

Quelle est la typologie de projets que vous financez ? Sur quels critères de sélection vous concentrez-vous ?

Nous avons une approche proac­tive d’identification et d’investigation de ver­ti­cales sec­to­rielles de mar­ché, qui cor­res­pondent à des métiers en forte crois­sance, et dans les­quelles nous cher­chons à inter­agir avec un maxi­mum d’acteurs et d’experts. Dans le cadre de ces démarches, nous avons l’opportunité d’identifier les acteurs les plus dyna­miques, cher­chant un par­te­naire pour les épau­ler dans leur déve­lop­pe­ment, et avec les­quels nous nous associons.
En termes de moda­li­té d’investissement, nous sommes flexibles : majo­ri­taire ou mino­ri­taire, par aug­men­ta­tion de capi­tal ou par rachats d’actions, avec ou sans endet­te­ment, en une fois ou en plu­sieurs tranches…
Le moteur pre­mier de notre inves­tis­se­ment est avant tout une convic­tion sec­to­rielle forte cou­plée à l’ambition et au dyna­misme de l’entreprise dans laquelle nous inves­tis­sons ; ensuite nous sommes pragmatiques !

Dans notre démarche, nous ne cher­chons pas à prendre de risque tech­no­lo­gique dis­rup­tif. Ain­si, nous n’investissons pas dans des start-up, mais dans des entre­prises pro­fi­tables, au busi­ness model éprou­vé, avec des pro­duits, des clients, dans une logique d’accélération et de chan­ge­ment d’échelle, en ren­for­çant leur lea­der­ship fran­çais et leur assu­rant un rôle pro­émi­nent au niveau euro­péen, voire glo­bal. Et notre rôle est jus­te­ment de leur appor­ter les moyens pour fran­chir ce cap.

Pouvez-vous nous donner des exemples ?

Nous avons notam­ment inves­ti dans l’entreprise Quin­ten. En capi­ta­li­sant sur l’IA, Quin­ten a déve­lop­pé un logi­ciel qui per­met de sécu­ri­ser les ordon­nances éta­blies par les méde­cins et vali­dés par les phar­ma­ciens en hôpi­taux notam­ment dans le cadre d’une hos­pi­ta­li­sa­tion. L’idée est ain­si de pou­voir iden­ti­fier les patients à risque afin de véri­fier que les médi­ca­ments pres­crits ne sont pas en contre-indi­ca­tions avec d’autres patho­lo­gies, ce qui, in fine, per­met aus­si de limi­ter voire évi­ter, les mau­vais trai­te­ments. En paral­lèle, Quin­ten met aus­si à la dis­po­si­tion des labo­ra­toires phar­ma­ceu­tiques des modèles com­plets de mala­die, s’appuyant sur des don­nées de vie réelle, ce qui leur per­met d’extrapoler sur l’ensemble de la popu­la­tion et sur longue période les don­nées limi­tées issues des essais cli­niques pour des can­di­dats médi­ca­ments. L’enjeu est ain­si d’en opti­mi­ser l’efficacité et le coût de développement.

« Nous avons la chance en France, en santé comme en technologie, d’avoir un vivier de dirigeants et d’entrepreneurs de qualité qui ont créé de belles entreprises très prometteuses qui ont ce potentiel de rayonnement à l’international.”

On peut éga­le­ment citer l’entreprise XPATH qui opère dans le diag­nos­tic des can­cers. C’est une socié­té de ser­vices san­té com­po­sée de méde­cins spé­cia­listes qui posent leur diag­nos­tic sur la base d’images de cel­lules obser­vées au micro­scope. Ce métier, qui a une cer­taine ancien­ne­té, connait une forte accé­lé­ra­tion avec la digi­ta­li­sa­tion des images, obser­vables sur ordi­na­teur, et en fai­sant poten­tiel­le­ment appel à l’IA.

Un autre exemple est MyDa­ta-Trust, une socié­té belge posi­tion­née dans le domaine de la ges­tion des don­nées pour les labo­ra­toires phar­ma­ceu­tiques avec un focus sur la pro­tec­tion des don­nées dans le cadre des essais cli­niques. Les labo­ra­toires phar­ma­ceu­tiques et les bio­techs doivent, en effet, enrô­ler des patients dans leurs essais cli­niques afin de déve­lop­per leur can­di­dat-médi­ca­ment. Dans cette démarche, ils ont l’obligation d’anonymiser ces don­nées et de res­pec­ter un cer­tain nombre de pro­to­coles pour garan­tir la sécu­ri­sa­tion de ces don­nées. MyDa­ta-Trust pro­pose jus­te­ment des solu­tions afin d’être en confor­mi­té avec ces contraintes règle­men­taires, en s’appuyant sur des outils technologiques.

Comment résumeriez-vous la valeur ajoutée de TechLife Capital ?

Le métier d’investisseur est un métier de grande humi­li­té. Il faut être à l’écoute du mar­ché, par­tir à la ren­contre des entre­prises et des acteurs qui font ce mar­ché et être en veille per­ma­nente sur le plan tech­no­lo­gique et en matière d’innovation. TechLife Capi­tal a ain­si déve­lop­pé cette capa­ci­té à com­prendre un mar­ché et en cer­ner les enjeux afin d’identifier les ver­ti­cales et les thé­ma­tiques sec­to­rielles les plus per­ti­nentes. Au-delà, il y a aus­si une forte dimen­sion humaine. Il faut, en effet, pou­voir choi­sir les bonnes équipes diri­geantes et les sou­te­nir pour réus­sir les plans de trans­for­ma­tion envi­sa­gés et le chan­ge­ment d’échelle.

Basés en France, nous nous concen­trons sur l’accompagnement de cham­pions fran­çais qui, comme pré­cé­dem­ment men­tion­né, ont le poten­tiel de deve­nir des lea­ders euro­péens. Nous avons, d’ailleurs la chance en France, en san­té comme en tech­no­lo­gie, d’avoir un vivier de diri­geants et d’entrepreneurs de qua­li­té qui ont créé de belles entre­prises très pro­met­teuses qui ont ce poten­tiel de rayon­ne­ment à l’international.
Enfin, notre valeur ajou­tée réside aus­si dans notre double ADN indus­triel et inves­tis­seur très com­plé­men­taire au regard des mar­chés que nous appré­hen­dons. En effet, pour réus­sir un scale up, la dimen­sion finan­cière ne suf­fit pas et doit être com­plé­tée par des consi­dé­ra­tions humaines, stra­té­giques et industrielles.

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