Inflation : une notion à faire découvrir aux jeunes générations

Inflation : une notion à faire découvrir aux jeunes générations

Dossier : Mot du présidentMagazine N°783 Mars 2023
Par Marwan LAHOUD (X83)

La géné­ra­tion de poly­tech­ni­ciens à laquelle j’appartiens a connu, dans ses jeunes années, une France avec des niveaux d’inflation très éle­vés. On se sou­vient de trois années consé­cu­tives avec une infla­tion à deux chiffres, avec un point culmi­nant à 12 % pour l’année 1981. En consé­quence, quand nous étions élèves, l’inflation était au centre de l’enseignement de macroé­co­no­mie, dis­pen­sé par un groupe d’enseignants jeunes et dyna­miques du non moins jeune et dyna­mique dépar­te­ment d’économie.

Je me sou­viens de débats enflam­més sur les mérites d’une infla­tion modé­rée qui peut être béné­fique pour l’économie, car elle peut sti­mu­ler la crois­sance éco­no­mique, alors qu’une infla­tion exces­sive peut cau­ser des pro­blèmes éco­no­miques tels que la perte de pou­voir d’achat des consom­ma­teurs, l’augmentation des coûts pour les entre­prises, la dimi­nu­tion de la com­pé­ti­ti­vi­té inter­na­tio­nale, la déva­lua­tion de la mon­naie et j’en oublie. J’ai un sou­ve­nir ému (un oral hou­leux) de la courbe de Phil­lips, réfu­tée depuis, qui ten­tait d’expliquer une rela­tion inverse entre taux d’inflation et taux de chômage.

“L’inflation est aujourd’hui la préoccupation principale de tous les gouvernements occidentaux.”

À par­tir de 1983, la poli­tique de dés­in­fla­tion, la baisse du prix du pétrole dans la deuxième moi­tié de la décen­nie 1980 et la marche vers l’Union moné­taire euro­péenne ont rame­né les taux d’inflation de la zone euro à des niveaux beau­coup plus modé­rés, à tel point que le sujet est deve­nu un thème exo­tique qui ne concerne que des pays loin­tains et en crise. Je revois, il y a peu de temps encore, en 2019, avant la pan­dé­mie il est vrai, une jeune sta­giaire issue d’une grande école de com­merce deman­der au jeune ana­lyste de mon équipe de pri­vate equi­ty s’il était utile d’intégrer l’inflation au modèle de valo­ri­sa­tion sur lequel elle travaillait.

En peu de temps, alors que beau­coup de pré­vi­sion­nistes gar­daient la tête dans le sable, l’augmentation de la demande, notam­ment après la levée des res­tric­tions liées à la pan­dé­mie de Covid-19, com­bi­née à des pénu­ries d’approvisionnement et de main‑d’œuvre dans cer­tains sec­teurs, la hausse des prix des matières pre­mières tels que les pro­duits pétro­liers et les métaux, liée à la guerre en Ukraine, enfin les poli­tiques éco­no­miques des gou­ver­ne­ments et des banques cen­trales, qui ont injec­té des liqui­di­tés impor­tantes dans l’économie, sont venues faire décou­vrir l’inflation aux jeunes géné­ra­tions. C’est aujourd’hui la pré­oc­cu­pa­tion prin­ci­pale de tous les gou­ver­ne­ments occi­den­taux, tout en conti­nuant d’être le cau­che­mar de pays comme le Liban ou le Brésil.

Sans rap­port avec le sujet de l’inflation, je pro­fite de ce numé­ro de La Jaune et la Rouge pour signa­ler l’appel à can­di­da­tures pour le conseil de l’AX et vous invite à vous réfé­rer aux publi­ca­tions correspondantes.

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